- Chapitre 52 : De longues explications - 6 janvier 2021
- Chapitre 51 : Réunis pour de bon - 16 décembre 2020
- Chapitre 50 : L’assaut salvateur - 18 novembre 2020
Chapitre 13 : En retrait
« J’ai besoin de reprendre mon souffle, je … »
« Coucou, Nev. Tu vas bien ? Tu as pas l’air tellement. J’espère que ce n’est pas trop grave. »
C’est le visage recouvert d’entailles diverses et de quelques brûlures que Niny m’adresse la parole. Qu’est-ce que … AAAAH ! J’ai essayé de me remettre correctement mais Giréléna me sert bien alors que Niny s’écroula sur son bas du corps ressemblant à la moitié d’une ruche.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi est-ce qu’elles sont comme ça ? Giréléna ! »
« Car elles sont blessées, tout le monde est blessé ! Et je ne parle pas des morts ! Mais mes générales sont en vie et les autres aussi. Enfin, les morts sont morts … mais il fallait s’en douter. Elles n’hésitaient pas à combattre comme des damnées. »
« Où est-ce qu’elles sont toutes ? Et Saikan ? Où est-ce qu’elle est ? »
Elle me force à tourner ma tête sur la droite pour que je puisse toutes les apercevoir. Ah … oui, d’accord. Je comprends. Elles sont toutes à genoux, toutes les quatre. Et sous bonne garde. Les générales sont salement blessées, Panilkia aussi mais Dénialka surveille tout ça. Où sont Titonée et Migacirpy ? Et surtout, où se trouve ma fille ?
« Vu comment tu regardes de tous les côtés, je peux te le dire : Migacirpy et Titonée se font soigner. Gilitée est juste derrière moi. Elle a peur de voir son père endormi pour toujours. »
« Hein ? Mais non, mais non, Gilitée ? Je suis là. Papa va bien. »
« Vrai ? De vrai ? Vrai de vrai ? Papa ? » murmure une petite voix alors que je ne peux pas me retourner puisque Giréléna m’en empêche. Finalement, une petite fille au long corps cylindrique finit par se présenter à moi. Je place l’une de mes mains livres sur son crâne.
« Bien entendu. Regardes donc. Papa va bien, tu ne vois pas ? »
« Papa ne bougeait plus du tout. Papa restait couché sur le sol sans bouger. »
« Mais si, mais si, Giréléna, tu peux me libérer, s’il te plaît ? »
Elle sait ce que j’ai en tête mais bon. Elle finit par dénouer sa queue autour de moi puis je commence à faire des claquettes devant ma fille. Oui, j’ai l’air bien ridicule mais au moins, je lui montre que je sais tenir sur mes jambes malgré l’état dans lequel je suis.
« Tu vois, Gilitée ? Je vais bien. Papa va très bien. Tu viens me faire un gros gros câlin ma puce ? Pour montrer que tu adores ton papa ? »
« D’accord mais pas trop gros car je veux pas te faire mal. »
Je tente de m’agenouiller et je retiens mes gémissements. Ca me fait mal mais moins que de voir ma fille aussi triste et soucieuse. J’espère que ça va être fini. J’espère vraiment que ça va être bientôt fini. Je tiens à peine sur mes jambes. Ce combat était horrible.
« Attendez un peu ? Je suis en train de me dire ! Libérez donc Saikan ! »
« Saikan est une ennemie comme les autres, Nev. Ne commence pas à faire dans le sentimental et le pathétique en déclarant que l’on doit la laisser vivre. »
« Si je dois mourir aujourd’hui, j’aimerai que cela soit de la main du héros. J’estime que c’est le seul qui puisse accomplir un tel acte. »
« Tu n’es pas vraiment en position de réclamer qui va te tuer, ma grande. »
Giréléna réplique aussitôt à Saikan mais celle-ci soutient son regard. WOWOW! Non non et non ! Il en est hors de question ! Je me place entre le groupe des quatre femmes-pokémon et Giréléna. J’ai libéré Gilitée de mes bras.
« On arrête ça. On ne leur fera aucun mal. Je le refuse. »
« Hein ? Quoi ? Ces femmes-pokémon sont des meurtrières ! Autant celle nommée Saikan, ça peut passer, elle a tout fait pour ne pas tuer nos soldats mais les autres, elles ne se sont pas privées pour ça ! Elles adoraient ! On va pas les laisser partir comme ça ! »
« Elles ne partiront pas. J’ai cru comprendre qu’une majorité de femmes-pokémon se soumettent à ceux qui sont plus forts qu’elles. Je pense qu’elles ont compris qui l’était, n’est-ce pas ? Néanmoins, je ne veux pas les obliger, je ne suis pas comme ça. Même si elles sont à peine maintenues en vie, je ne veux pas les tuer. »
« Et qu’est-ce que vous allez en faire alors, héros ? Car ce sont elles les responsables des morts de nos hommes et des femmes-pokémon ! »
« Leurs méfaits, je les connais. Je veux juste savoir ce qu’elles en pensent. »
« Nous sommes des femmes-chiennes. Comme l’animal, nous sommes fidèles à la déesse Harsia jusqu’à la mort. Ce n’est pas en … » commence à dire la femme-Entei mais je la stoppe d’un mouvement de la main, lui répondant :
« Même un chien sait reconnaître quand son maître abuse de lui. Un chien est loyal envers la main qui le nourrit. Considérez les chiens au même statut que vous, c’est insulter cette noble race. Vous êtes des femmes-pokémon, des entités intelligentes. »
« Je suis prête à vous suivre, Nev. »
« Qu’est-ce que … ah bien entendu ! Saikan ! Pourquoi je n’en ait pas douté un instant ? Tu as complètement flashée sur lui dès que tu l’as vu la première fois ! » s’exclame la femme-Raikou alors que la femme-Suicune tente de rester indifférente.
« Qu’importe tout cela, ce n’est pas bien important. Le plus important est de pouvoir épauler celui qui mettra un terme à la folie de la déesse Harsia. »
« Tu irais jusqu’à trahir ta propre famille pour ta survie, Saikan ? Tu me déçois. » continue de dire maintenant la femme-Ho-oh. Mais Saikan lui répond aussitôt :
« Non, car je veux qu’elle puisse vivre, c’est différent. Ce n’est pas de la loyauté que vous ressentez envers Harsia mais de la fierté et un égo surdimensionné. Retombez un peu sur terre et imaginez vous pourquoi la déesse Harsia nous a contacté que maintenant ? Car elle n’avait aucun intérêt auparavant. Nous avons été choisies pour servir de chair à canon. »
Les paroles sont dures, très dures mais je sais qu’elle veut faire son petit effet et je ne peux que confirmer que c’est la meilleure chose à accomplir, du moins, à mes yeux. Je la laisse faire mais Hanno détourne la tête en pestant. Vraiment ?
« Arrêtez de faire l’enfant. Vous avez toujours la possibilité de vous racheter. Bon, contrairement aux femmes-oiseaux, vous ne paraissiez pas très aimables mais je pense qu’avec un peu d’effort, vous pourriez y arriver. De toute façon, le mieux à faire, c’est d’habiter non-loin de l’endroit où ira vivre Lugrète et ses filles. Je leur ait parlé d’un tournoi et autre. »
Je commence à expliquer de quoi il s’agit. Lorsque j’évoque le terme de jeu, les visages des deux sœurs de Saikan se redressent, comme très intéressées par cela. Des femmes-chiennes, oui. Parfaitement. Comme quoi, je ne me suis pas trompé.
« Alors ? Qu’est-ce que en pensez ? C’est si horrible que ça dans le fond ? Je ne pense pas, non ? Il ne faudrait pas tendre à exagérer. Je vous propose quelque chose très plaisant normalement. Je suis sûr que vous pourriez aimer. »
« Peut-être que ça vaut le coup d’essayer. Surtout si les humains et les femmes-pokémon se montrent aussi très intéressés par tout ça mais bon, on est pas dans leurs têtes. »
« Vous allez aussi trahir la déesse Harsia, mes filles ? » demande Hanno.
« Maman, on a jamais été très proche de la déesse Harsia rien qu’au départ. On a accepté ça car on savait que tu voulais recommencer à briller dans le ciel comme auparavant. De base, on s’en fiche carrément d’elle, c’est pour te dire. On est peut-être des femmes-chiennes mais j’aimerais éviter qu’elle nous considère comme tel. »
« Vous aviez vraiment ces idées en tête ? Et pourquoi est-ce que vous ne vous êtes pas exprimées auparavant ? Pourquoi ? »
« On vient de te le dire. Pour que tu fasses pas vraiment la gueule. »
Visiblement, elles ont besoin de discuter entre elles. Je crois que là aussi, un problème familial doit être résolu. Je pousse un petit soupir de soulagement avant de me mettre assis sur les fesses. J’ai besoin de me reposer.
« On se complique la vie pour pas grand-chose en fin de compte. »
« Non, tu te compliques la vie et visiblement, Hanno n’est pas beaucoup mieux. Vous pouvez pas réfléchir sur le moment et non sur les années à venir. »
Je n’ai pas besoin que Giréléna me fasse des reproches. J’ai beaucoup mieux à faire de mes journées, si elle ne le sait pas encore. Enfin, celle actuelle, j’ai l’impression qu’elle ne va jamais se terminer. Et il faut que je fasse quelque chose pour Niny et les autres.
C’est décidé. Même si elles ne le veulent pas, je les forcerais à rester ici. Je dois les laisser ici. Elles sont dans un triste état, incapables de se battre et de lutter. Je ne vais pas les emmener à la mort ! Je me relève finalement, m’apprêtant à leur parler mais ce n’est pas moi qui vint déclarer d’une voix impériale :
« Bon, c’est décidé. Nous cessons de nous lier à la déesse Harsia. »
« Nous suivons l’exemple de notre mère. » complète la femme-Entei. Saikan semble ravie, allant se rapprocher de ses sœurs, posant ses pattes avant sur elles comme pour les serrer contre elle. Elle fit de même avec sa mère.
« Tant mieux alors. Je ne pense pas que cela reparera vos fautes mais si on s’attarde trop sur le passé, on n’avance pas dans le présent et on a aucun futur. »
« Pff, je vous jure. Si monsieur le héros et accessoirement mon futur mari a décidé de leur laisser la vie sauve, laissez-les être vivantes. Je vous le jure. »
Giréléna se plaint mais je sais que ses paroles vont suffire à convaincre les soldats. Bien entendu, ils savent qu’avoir de nouvelles alliés aussi puissantes sont un atout majeur pour nous. Bon, maintenant que ça, c’est fait, qu’est-ce que je peux faire?Ah oui.
« Niny, Migacirpy et Titonée, vous restez ici. Et … hum ? Ah oui, Mana et les autres aussi. Vous n’êtes pas en meilleur état que ça. Pareil pour les femmes-pokémon et les soldats qui sont visiblement beaucoup trop blessés pour continuer. »
« Nev ! Qu’est-ce que nous avions dit ?! »
Migacirpy s’exclame mais je pointe une main vers elle. Sans même savoir d’où je tiens cette technique, elle tombe en arrière, plongée dans un profond sommeil. Niny tente de se mouvoir mais elle s’endort elle aussi. Titonée tente de se téléporter pour échapper à ce que e fais mais qu’importe, j’arrive derrière elle et lui murmure :
« Merci à toutes les trois pour tout ce que vous avez fait pour moi. C’est remarquable. »
« Nev, tu fais une grosse erreur, nous pouvons … »
« Je suis sûr et certain de ce que je fais. Je ne vais pas risquer la vie de personnes, même motivées, juste pour tenir quelques secondes de plus. »
« Si j’ai compris, si on t’écoute pas, tu nous fais pareil ? »
La femme-Persian me regarde avec amusement alors que je tiens Titonée dans mes bras. Je l’emmène auprès des corps endormis de Niny et Migacirpy avant de lui répondre :
« C’est le cas. Est-ce que tu vas être assez gentille au point d’obéir ou non ? »
« Ohlala, ce regard et ces paroles, j’en tremble rien qu’à l’écoute ! Si on m’avait dit qu’un jour, l’adolescent que j’ai connu ressemblerait à ça, je ne l’aurais jamais cru. Comme quoi, on peut se tromper, n’est-ce pas ? Comme les apparences mentent sur nous. »
« Est-ce que je peux vous confier les filles ? »
Je leur dis cela mais il y a aussi Gilitée que je veux mettre à l’abri. Je me tourne vers Giréléna, tentant de voir dans son regard si elle comprend ce que je veux dire. Elle soupire avant de me dire d’une voix lente :
« Gilirée ? Est-ce que tu veux bien protéger Niny et les autres ? »
« Hein ? Euh oui ! Je veux bien, papa ! Mais qui qui va te protéger si je suis pas là ? Maman ? Et tata Dénialka ? Et tata Panilkia ? »
WOW ! Je suis un peu sur les fesses. Disons qu’entendre tata Dénialka et tata Panilkia, ça me fait un petit choc. Je crois que pour les deux cousines, c’est le cas aussi.
« Il faut vraiment que j’ai une fille. » murmure Dénialka, comme si de rien n’était.
« J’avoue que ça ne serait pas forcément une mauvaise chose, une cousine à Gilitée. » répond à la suite Panilkia, haussant les épaules. Elles me regardent toutes les deux mais Giréléna se place aussitôt devant moi, s’écriant :
« Même pas en rêve, les cocottes. Trouvez le vôtre. »
« Nous n’avions rien dit. Nous ne faisions que regarder Nev, rien de plus. »
« Ouais, ouais, je vous rappelle que nous sommes cousines et que la première génération de nos ancêtres étaient sœurs. Vous me la faites pas avec moi. Je connais ce regard ! ‘J’ai le même ! Allez zou, du balai ! »
Je ne peux pas m’empêcher de rire faiblement. Je trouve ça ridicule mais vraiment … en même temps, qu’est-ce que je peux dire réellement ? Giréléna colle son visage près du mien, un peu colérique mais rouge aux joues.
« Et toi, évites de trouver ça drôle et je te castre, compris ? Ca t’amuse de voir que tu as la côte même auprès de mes cousines ou quoi ? Fais gaffe ! »
« Ca serait bête de ne pas donner quelques petites sœurs ou petits frères à Gilitée non ? »
« Petit frère ? Petite sœur ? C’est vrai, maman ? C’est vrai ? Je vais en avoir ? » demande aussitôt la petite fille-Giratina, des étoiles dans les yeux.
« Disons qu’on fait tout pour ça, Gilitée. »
« Mais qu’est-ce que tu racontes ? » s’exclame Giréléna alors que Gilitée commence à ramper, les mains en l’air, folle de joie, allant prévenir tout le monde qu’elle aura un petit frère ou une petite sœur.
Maintenant, je sais que je vais devoir y travailler mais surtout que j’ai une raison de plus de rester en vie. Giréléna ne sait plus où se mettre mais ces petits instants m’ont permis de souffler et de faire le calme dans mon esprit. Tant mieux, oui, tant mieux.