Epilogue : Deux chefs

ShiroiRyu
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Epilogue : Deux chefs

« Qu’est-ce qu’on va faire de son corps, Zéran ? »

« Rien du tout. On ne va pas l’emporter, on va le laisser là. Il est assez reconnu non ? Nous n’avons donc pas à nous en occuper, ce n’est pas à nous de gérer sa mort. »

« Vous … Vous allez … même pas les prévenir ? » bafouilla Cator, perturbé par les propos de Zéran et Klork. Le premier répondit sur un ton nonchalant :

« Prévenir ? C’est déjà fait. Ces personnes qui nous regardent à travers leurs fenêtres, qu’est-ce que tu crois exactement à leur sujet ? Elles sont au courant de la situation. Elles doivent nous haïr et actuellement, c’est réciproque. Je ne veux rien avoir affaire avec eux, rien du tout. »

La fin de ses paroles était maintenant sur le ton de la colère. Cator devait arrêter de se bercer d’illusions. Vélisa n’avait eut que ce qu’elle méritait et même Réxéros était encore sur le choc de voir à quel point le reste du groupe ne s’apitoyait pas sur le sort de Vélisa.

« Elle a joué avec nos vies, elle a tout simplement perdu la sienne. Fin de l’histoire. Pourquoi devrait-on s’attarder plus longtemps à son sujet ? Réxéros, ça aurait put être la même de toute façon, ce n’était pas comme si ça aurait changé grand-chose. Réxéros, tu as été acquitté des accusations à ton sujet mais ça ne change pas que tu as accepté ce qu’elle t’a proposé. Ne comptes pas sur moi pour te faire confiance dorénavant.  Enfin, tu t’en doutes que c’était déjà le cas auparavant. Maintenant, tu n’as qu’à récupérer les affaires de Vélisa qui pourraient nous être utiles, c’est bien toi qui faisait les poches des célestiens, non ? »


Encore une remarque qui était plus que blessante en direction de Réxéros. Bon les autres cadavres, ils ressemblaient à quoi ? Leurs tenues étaient bien différentes. Aucune ne ressemblait à une autre. Il n’y avait que parfois, un symbole en forme de tête de chat cornu. Bon c’était pas tout ça, il finit par s’approcher du corps de Vélisa, finissant par en retirer le fameux médaillon en forme de coeur. Zéran haussa un sourcil, murmurant :

« C’est quoi ça ? Comment ça se fait qu’elle a ça de son côté ? Elle ne me l’aurait quand … »

Le félémon aux cheveux blonds se mit à fouiller dans son sac avec un peu d’appréhension avant d’en extirper son propre médaillon. Il n’avait jamais essayé d’en parler, pensant à un souvenir de la part de sa cousine qu’elle aurait mis dans son sac discrètement mais maintenant qu’il le sortait, il ressemblait exactement à celui de Vélisa.

« Comment elle peut avoir le même ? C’est … Klork ? »

« Tu n’étais pas avec nous, c’est vrai. Mais ça ne change pas que c’est étrange que ton père n’en ait pas parlé. Il en a confié un à chacun d’entre nous. Il nous a expliqué que chaque expédition pour récupérer le coeur avait cet artefact. Ses propres paroles, c’était, si je ne me trompe pas : « Même lorsque vous serez seuls, ceux qui sont morts continueront de vous accompagner pour vous prêter leur force. » »

Ceux qui sont morts ? Comme Vélisa ? Et elle allait faire ça comment ? Car maintenant qu’elle n’était plus qu’un cadavre comme tant d’autres dans cette soirée, il était difficile de voir comment tout cela allait être possible en fin de compte, oh que oui.

Du moins, jusqu’à ce que son médaillon commence à s’illuminer comme celui de Vélisa mais aussi chez chaque candidat félémon en un endroit précis sur leurs corps ou dans leurs sacs. Tous commencèrent à sortir leur médaillon à leur tour, finissant par observer ce qui était en train de se produire. De nombreuses fissures commencèrent à apparaître sur le médaillon de Vélisa, de plus en plus en même temps qu’un craquement sonore se faisait entendre.

« Il est en train de se briser ?! C’est quoi cette aura magique ?! »

Même s’il était impossible de calculer directement la puissance magique d’une personne, si la magie d’un objet ou d’un être était assez forte, il était alors possible de la ressentir … et c’était exactement ce qui était en train se produire en ce moment même ! Le pendentif éclata en morceaux, un souffle en émanant, faisant tomber à la renverse Cator et Réxéros qui étaient les plus près de ce dernier. Les autres se tenaient fermement sur leurs pieds, poussant un gémissement de douleur sauf Silesti et Klork qui serraient les dents seulement.

« Il se passe quoi avec ces foutus médaillons ?! Je ne peux même pas le lâcher ! »

La seule chose qu’il comprenait, c’est que la magie qui venait d’émaner du médaillon de Vélisa était maintenant en train de se transférer dans les six autres. Quelques secondes s’étaient écoulées et Zéran se retrouva à genoux, en train d’haleter pour reprendre son souffle. Il ne restait plus que des cendres du médaillon de Vélisa mais surtout, il se sentait … revigoré ? Oui, il n’était plus fatigué mais pas seulement, il avait la sensation d’être devenu plus puissant. Un bref constat chez les autres et il comprenait que même les yeux bruns de Silesti s’écarquillaient un peu de surprise, ce qui était rare de voir comme état chez elle.

« C’était quoi ce délire ?! Quelqu’un a une explication ? »

« Le … LE CORPS DE VELISA DISPARAIT ! » hurla la voix de Réxéros. Comment ça ? Est-ce qu’ils n’en avaient pas déjà eut assez ?! Ils avaient à peine le temps de souffler que déjà une autre catastrophe était en train de se produire ?


Réxéros ne plaisantait pas. Le cadavre de la candidate de la Cupidité était bel et bien en train de se dissiper, comme si tout son être était maintenant voué à retourner au néant. Déglutissant légèrement car il avait l’impression que la situation dégénérait, Zéran resta parfaitement immobile, n’osant plus faire ne serait-ce qu’un seul mouvement.
Enfin, au bout d’une minute, il recommença à bouger un peu, restant sur place. Son visage se tournait vers tous les autres. Que ça soit chez Réxéros, Cator ou alors les deux félémones, aucun ne prenait la parole. Même Klork ne disait plus rien.

« Je … Je … Je crois que j’ai besoin de m’asseoir sur le coup. C’était quoi tout ça ? »

« Je n’en sais rien, Zéran. Le monarque ne nous a pas parlé de tout ça. Je n’ai donc aucune idée à ce sujet. Je pense que c’est pareil pour vous autres. »

« Je ne connais rien du tout et je crois que je n’ai pas envie d’en savoir plus pour le moment. Je préfère que l’on aille ailleurs. Cette ville n’est définitivement pas faite pour nous. » déclara Agléa avec lenteur, tous acquiesçant d’un mouvement de la tête. Cator comme Réxéros avaient fini de s’apitoyer sur le sort de Vélisa. De toute façon, vue la situation …

Après avoir vérifié que chacun avait ses affaires et le coeur n’étant plus à la moquerie par rapport à Réxéros, surtout en vue de la situation, ils avaient fini par quitter cet endroit qu’ils pouvaient définitivement tous considérer comme un lieu maudit. Un premier candidat était déjà mort et cela en à peine un mois avec le reste du groupe. Un candidat qui avait causé bien plus de problèmes qu’autre chose … mais un candidat quand même.
Le moral n’était vraiment pas au rose dans le groupe et ça n’avait rien d’anormal par rapport à tout ça. Comment pouvaient-ils être réellement joyeux ? Une traîtresse, avec une preuve irréfutable. Un groupe qui voulait leur mort, un groupe qui voulait les protéger aussi ? Et pour ce dernier, ce n’était pas sûr du tout.
Il avait juste jeté un regard à Klork et aux autres. Tous avaient des mines fatiguées et abattues. Sauf Silesti qui était imperturbable à nouveau, comme si tout cela était déjà derrière elle, comme si de rien n’était. Après une bonne heure de marche, alors qu’ils étaient sûrs qu’ils étaient maintenant bien éloignés de la ville, Zéran leva une main :

« Arrêtons-nous ici. Installons nos bagages et je crois que l’on peut se reposer pour la nuit. Elle n’est même pas complète. Espérons qu’on arrivera à retrouver le sommeil. »

« Est-ce que tu veux des tours de garde, Zéran ? » questionna Agléa, le félémon à la chevelure blonde hochant négativement la tête. A ses yeux, c’était complètement inutile mais peut-être qu’il se trompait, non ? Il finit par murmurer :

« Faites comme vous le désirez mais je crois que je vais aller m’endormir sans même essayer d’installer la tente. Au moins, comme ça, on sera réveillés automatiquement par le mal de dos que l’on va se choper à dormir de la sorte. Dites … Vos blessures ont disparu aussi, hein ? »

Il avait posé cette question qui le taraudait depuis le départ de cette ville. Lorsqu’il avait décidé d’observer Agléa et Cator, il avait bien remarqué que chez eux comme chez lui, il n’y avait plus aucune trace de blessure. Il en était de même sûrement pour Klork, cela restant difficile à confirmer à cause de son armure. Dans le cas de Silesti, vu qu’elle n’avait pas été blessée, la question ne se posait pas … et même Réxéros était à nouveau indemne.

« Zéran ? Est-ce que je peux ? » murmura faiblement une voix alors qu’il levait la tête en direction d’Agléa. Qu’est-ce qu’elle voulait ? Il s’était positionné contre un arbre, s’étant assis, dos contre ce dernier, dans l’espoir de pouvoir être tranquille.

« C’est pour quoi, Agléa ? Tu as besoin de moi quelque part ? »

« Ce quelque part, c’est dans tes bras. Est-ce que c’est possible ou non ? » demanda t-elle en le regardant droit dans les yeux. Est-ce qu’il en avait envie ? Hmm … Finalement, après quelques secondes d’hésitation, il avait finit par ouvrir doucement ses bras, Agléa en profitant aussitôt pour s’y installer.

« C’est exceptionnel, compris ? J’ai pas envie que les autres s’imaginent des choses à notre sujet, Agléa. On a tous besoin de dormir. »

« Pas de soucis. Je serais sage comme une image. » dit-elle avant de réfugier sa tête contre le torse du félémon blond, celui-ci fermant ses yeux sous le regard envieux de Klork.

Maintenant, le plus important était de sombrer dans le sommeil, ce qui ne fût pas bien difficile pour les six personnes restantes et cela malgré le reniflement de Réxéros. Il devait peut-être l’aimer plus que de raison, malgré les apparences. Néanmoins, la nuit se passa tranquillement, sans qu’il n’y ait plus de problèmes qu’il n’en fallait déjà.

Le lendemain matin, ils n’étaient pas vraiment plus frais qu’avant leur sommeil. Seule Agléa avait une mine presque radieuse, comme si la mort de Vélisa était déjà un mauvais souvenir. Elle était toujours calfeutrée contre Zéran, minaudant dans ses bras tout en disant :

« Vivement la prochaine fois. Tes bras sont si forts et ton corps est si chaud et … »

« Stop, Agléa. Je t’ai dit que cette nuit, c’était exceptionnel. » coupa t-il sur un ton peut-être un peu plus sec que prévu. Il n’avait pas envie d’être trop virulent envers elle, surtout qu’elle ne lui avait rien fait, loin de là. C’était même le contraire.

Il ne s’était jamais senti aussi bien que cette nuit mais revenir à l’avouer, c’était accorder du crédit aux paroles d’Agléa. C’était ça le corps d’une félémone contre le sien ? Il avait sentit son souffle chaud sur son visage, il avait sentit sa poitrine gonflée qui s’appuyait contre son torse à chaque respiration, son visage apaisé, épanoui et heureux. Qu’est-ce qu’elle pouvait lui trouver ? Qu’est-ce qu’il avait de si spécial qui arrivait à l’attirer ? Et puis, son propre corps, il n’était pas stupide, la désirait. Il avait bien ressenti ça dans le bas de son être … et elle aussi, sûrement, en vue de la position dans laquelle ils avaient dormi.

« Et rien ne m’empêchera de toute faire pour que ce moment exceptionnel se reproduise. »

« Sûrement … Nous verrons ça plus tard. Hmm ? Où est-ce que Réxéros et Cator se trouvent ? Ne me dites pas qu’ils se sont enfuis ? »

Il avait fini par poser la question en remarquant l’absence des deux félémons. Silesti était toujours endormie complètement tandis que Klork faisait quelques étirements avant de dire d’une voix calme, très calme :

« Ils sont partis se rafraîchir un peu. Vu qu’il y a Cator, je ne m’inquiète pas trop par rapport à Réxéros. De toute façon, maintenant qu’il n’y a plus Vélisa … »

Maintenant qu’elle n’était plus là, il était vrai que Réxéros allait peut-être se calmer. Oh, hors de question de lui faire réellement confiance, personne parmi le quatuor présent ici ne pouvait lui accorder du crédit mais … il était devenu inoffensif normalement. Agléa regarda Zéran avec émerveillement, finissant par dire :

« Zéran, ça me trotte depuis déjà un bout de temps mais avec la mort de Vélisa, maintenant, je suis certaine que c’est une bonne idée mais … pourquoi tu ne serais pas le chef de notre groupe ? Je veux dire, tu n’arrêtes pas de te soucier des autres, tu poses énormément de questions, tu cherches à épauler chaque personne présente. Je suis sûre que Klork et Silesti seront d’accord à ce sujet ! »

« Pour ma part, il est vrai qu’il faut avouer que pour une fois, elle a une bonne idée. »

« Hmm … Zéran … chef ? Pourquoi pas ? Hmm … Oui. Zéran … chef. »

Silesti ne dormait que d’une oreille visiblement. Pourquoi est-ce qu’il ne s’en était pas douté ne serait-ce qu’un seul instant ? Zéran eut un faible sourire, comprenant que dans le fond, on ne lui laissait pas le choix. Pour autant, il se tourna vers Klork avant de dire :

« Seulement si Klork devient mon bras droit voire le second chef. S’il devait m’arriver un malheur, j’estime que ça serait le félémon le plus responsable pour vous permettre de survivre. Je pense que vu que je suis déjà accepté, vous ne pouvez pas contester ma première décision non ? Encore qu’il faut l’accord de Cator. »

Celui de Réxéros ? Pour lui, il en avait strictement rien à faire donc à partir de là, ce qu’il pensait, c’était bien la moindre des choses dont il portait un réel intérêt. D’ailleurs, Réxéros et Cator en mettaient du temps tous les deux, non ?

« Je vais rentrer le premier, Cator. Tu … devrais t’envoyer un peu plus d’eau encore. Tu en as bien besoin. Je vais retourner voir les autres. »

« Dis-leur que j’arrive tout de suite, Réxéros. » répondit le félémon un peu grasouillet alors qu’il plongeait dans ce qui semblait être une rivière avoisinante au campement. Il y avait bien cinq bonne minutes de marche mais aucune difficulté pour se perdre entre les deux endroits.

Réxéros s’était mis à marcher avec lenteur à travers les bois, sortant une lettre de la manche de sa tenue. Sans un mot, la main tenant la lettre se balançait en direction du sol, deux doigts finissant par l’attraper, provenant d’une main cachée derrière un arbre.

« La somme est en intégralité. Parfait. Si vous avez besoin de nos services une nouvelle fois, vous savez où nous trouver. Ces … amateurs ne valaient rien s’ils sont pris par surprise. »

« Vu que le travail a été accompli, vous pouvez disposer et bien entendu, qu’aucun d’entre vous ne tente de nous suivre. Votre présence n’est plus nécessaire. »

« La discrétion est notre maître mot … contrairement à celle qui fût votre compagne. »

« Ne parlez plus d’elle. Elle a dépassé les limites un bon nombre de fois. Malgré le messager que j’avais envoyé pour qu’il tombe sur une patrouille de célestiens, cela n’a pas été suffisant pour la tuer, elle. Il faut dire que je l’avais mise en garde. »

« Ce qui vous a permis d’abaisser cette dernière lorsqu’elle vous a proposé de vous faire passer comme mort sous les coups de ce grouspuscule qui avait été payé par elle. »

« Dommage qu’elle ne s’attendait pas à ce que j’ai mes propres « ressources ». Elle a toujours été ainsi : trop sûre d’elle, narcissique et du genre à me sous-estimer. Dommage pour elle, elle avait une certaine énergie au lit et son argent me manquera mais bon … elle n’est pas la seule membre de l’Avidité à aimer débourser des mille et des cents chez notre famille. Vous pouvez maintenant disposer, je dois retrouver le reste de mon groupe. »

Et se faire passer pour une victime, un dommage collatéral. L’être qui avait disparu ne portait pas les mêmes atours que les rares cadavres qui s’en étaient pris à Vélisa et la troupe qu’elle avait engagée. Un petit corps qui laissait simplement paraître un symbole sur ses vêtements : Une tête de chat avec des cornes. Rien à voir avec ce Cercle des Damnés !

« Réxéros ? Où est-ce que Cator se trouve ? Vous n’étiez pas partis tous les deux ensemble ? »

« Il va arriver. Il s’est lavé en second. Je suis juste parti devant. Qu’est-ce qui se passe ici ? »

« Les autres membre du groupe ont décidé de mon nommer chef à l’unanimité. Klork sera le second chef s’il doit m’arriver quelque chose à cause de circonstances ou autres. J’attendais Cator pour lui demander si cela le dérangeait. »

Oh ? Cela voulait donc dire qu’il n’avait même pas voix au chapitre dans cette décision, n’est-ce pas ? Réxéros fit un petit hochement de tête positif, comme pour dire que le message était très bien passé, retournant à ses affaires pour les préparer. Cator arriva une dizaine de minutes après, Zéran lui demandant une confirmation par rapport à Réxéros, confirmation que Cator lui donna. Il accepta aussi le félémon à la chevelure blonde comme chef du groupe, position nécessaire à ses yeux en vue des derniers événements.

« Ca ne veut pas dire que tu ne ne seras plus celui qui nous guidera hein ? Tu es toujours à ta place par rapport à ça. Tu es bien celui qui sait où on doit se rendre. »

« Dans le royaume des félémons, cela sera sans difficultés mais après, ça sera plus ardu mais oui, le message est bien passé, Zéran. Ca me fait plaisir de savoir que c’est toi qui va nous diriger. Enfin, toi ou Klork, bien entendu ! »

Tant mieux alors. Il avait l’approbation des quatre autres membres du groupe. Réxéros était juste une personne accessoire, un félémon qu’il valait mieux ne plus considérer comme candidat pour devenir le monarque du royaume des félémons. A cinq contre un, il n’avait tout simplement aucune chance de pouvoir faire ses manigances.

« Bon, alors, la première décision que je vais prendre, ça va être d’éviter les villes félémones pendant une semaine environ. Il y a de très fortes chances que la mort de la candidate de l’Avidité arrivent aux oreilles de tous et de toutes. Comme chaque ville va être en ébullition, on ne pourra pas les traverser tranquillement. Ca vous semble raisonnable ? »

« Je ne serais pas d’humeur à me quereller avec d’autres individus. Pour moi, ça ne me pose aucun souci. » déclara Klork avec déjà toutes ses affaires sur le dos, visiblement prêt à partir le plus tôt possible. Tant mieux en un sens.

« J’irais où tu iras, Zéran. Si tu ne veux pas aller en ville, alors je n’irais pas. Je trouverai bien des moyens naturels dans les forêts ou autres pour garder ma beauté fraîche. »

« Tu n’as pas besoin de tout ça, Agléa. Restes tout simplement naturelle et ça sera déjà parfait et suffisant. Silesti ? Cator ? Vous deux ? Ca vous va aussi ? »

« Je ferais tout pour nous emmener dans des zones où il n’y a VRAIMENT aucun danger ! »

Il prenait ça pour un oui de la part de Cator. Un petit regard en coin en direction de Silesti et il comprenait que c’était bon aussi pour elle. Finalement, ses yeux rubis se posèrent sur Réxéros. Sans même lui adresser la parole, il comprenait que de toute façon, il valait mieux pour lui qu’il accepte. Comme dépité, Réxéros détourna la tête en signe d’acquiescement. Parfait alors, ils étaient tous d’accord ! C’était une excellente chose.

« Un premier candidat est mort, monarque. »

« Oh ? Et de qui s’agit-il ? » demanda un félémon à la chevelure aussi blonde que son fils, bien que sa pilosité faciale s’ornait d’une moustache et d’une barbe de même couleur.

« Vélisa de l’Avidité. Sa famille va déjà être prévenue par rapport à sa défaite dans la course menant au trône. Devons-nous prendre des mesures préventives pour contrecarrer leurs actes ? Comme cela fût si souvent le cas dans les précédentes expéditions ? »

« Comme dans les précédentes, nous ne nous en mêlerons pas personnellement. Ce n’est pas à nous de protéger ces candidats mais à eux-mêmes de se débrouiller avec leurs propres capacités. S’ils n’y arrivent guère, ils n’ont donc pas leur place pour la mission qui leur a été confiée. Par contre … Vous savez quoi faire de ceci, n’est-ce pas, Ekzival ? »

Le monarque cornu assis sur son trône désignait le corps que tenait l’être en face de lui. Non-pourvu de cornes, une chevelure noire, il avait un genou au sol comme preuve de soumission au roi des félémons. Ses yeux clos, il portait dans ses mains le corps sans vie de Vélisa.

« Bien entendu, monarque. Je vais la mettre dans la salle prévue à cet effet. Son corps est toujours très utile même si son cerveau ne répond plus. »

« En attendant que d’autres arrivent, il nous faut bien préparer tout cela pour plus tard. Tu peux disposer dès maintenant. » fit le roi d’un mouvement de la main, l’humain se redressant avec le cadavre de la candidate de l’Avidité dans ses bras.


Se retournant, il disparut en un instant, comme si tout son corps venait de se téléporter hors de la salle du trône. Le monarque eut un léger sourire, chuchotant pour lui-même :

« Finalement, c’était donc bien l’Avidité qui allait mourir en premier. Dire que je pensais entre elle ou la Cupidité. Tous ces millénaires et ces deux familles qui ne changeront jamais de comportement. A partir de là, ils ne comprendront jamais pourquoi ce sont toujours les premières à perdre. Quelle bande d’imbéciles. »

Mais c’était ce genre d’imbéciles qui ne faisait que rendre cette compétition plus intéressante que le reste. Ailleurs, dans une salle complètement plongée dans le noir, l’être dépourvu de cornes déposa le cadavre de Vélisa dans ce qui semblait être un bocal cylindrique de grande taille. Quelques secondes après, quelques petites lumières apparurent tout autour du bocal cylindrique, des fils venant se planter dans la chair de Vélisa en divers endroits, un liquide violet remplissant le bocal pour y plonger le cadavre de la candidate de l’Avidité.

« Première étape accomplie. Plus que cinq autres … enfin, je devrais dire six. »

Maintenant, il n’avait plus aucune raison de rester dans cet endroit souterrain, que nul ne pouvait accéder de manière conventionnelle. Un dernier regard émeraude envers les tubes fluorescents de couleur violet et un soupir se fit entendre de la part de l’humain.

« Bonne survie, mademoiselle Vélisa. Espérons que vous ne deviendrez pas folle. »

Il n’était plus là. Et dans la pièce résonnait inlassablement les battement réguliers d’un coeur.

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