Chapitre 43 : La vie d’antan

ShiroiRyu
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Chapitre 43 : La vie d’antan

« Confirmation qu’ils sont tous partis ? »

« Un éclaireur a décidé de les suivre discrètement oui, c’est bien le cas. Ils ne sont plus autour de nous. Nous sommes en sécurité. »

« Pendant ce temps, j’avais demandé un bilan pour savoir combien d’hommes nous avons perdus et aussi l’état des blessés. »

« Les pertes sont minimes, les blessés sont néanmoins assez importants, voire même graves. Mais aucun n’est en danger de mort. »

« D’accord, il y a plus ou moins une bonne nouvelle. Nous allons perdre quelques heures mais essayez de trouver les cadavres de tous les démons vivants dans les environs. On va quand même leur offrir une sépulture décente. »

C’était la moindre des choses. Ils n’avaient pas demandé à se faire exterminer par des créatures dont ils n’avaient jamais entendu parler avant aujourd’hui. Ah… Et c’était vraiment pas joyeux. Durant le combat, il n’avait pas vraiment été se préoccuper de ça mais… que ça soit femmes et enfants, ils n’avaient fait aucune distinction à ce sujet.

Ah… Et bien entendu, certaines femmes avaient protégé leurs enfants du mieux qu’elles le pouvaient mais cela n’avait pas réussi à les sauver. C’était bien là l’horreur de la guerre. Et en un sens… Il se disait qu’il avait été chanceux que cela n’ait été qu’armée contre armée lorsqu’il s’était retrouvé aux côtés de Manelena, enfin la maréchale Nali à l’époque. Au moins, dans une bataille de la sorte, ils affrontaient des êtres qui étaient eux aussi préparés à mourir.

Mais les villageois ? Ils n’avaient rien demandé. Ils n’étaient que de nombreuses victimes… et à l’heure actuelle, les démons étaient bien plus nombreux à faire partie de ce côté que l’inverse. Oui, comme il se trouvait parmi eux, il avait aisément pu voir à quel point les dégâts étaient nombreux.

Comme les démons se combattaient entre eux à cause de cette capacité à pouvoir se nourrir d’autrui pour obtenir plus de pouvoirs, les démons étaient son propre ennemi sur ce terrain. Et comme la peur était la règle première des races de la surface par rapport aux démons, les premiers n’hésitaient pas à attaquer les seconds même s’ils n’étaient pas belliqueux.

C’était un gros bordel, il le reconnaissait amplement et il espérait vraiment qu’un jour, tout cela allait se résoudre. Même si Sérest et Séran étaient deux dieux imbéciles, leurs intentions n’avaient jamais été mauvaises et ils aspiraient à un monde en paix. Avec une pensée aussi simplette que ça, s’il le disait à haute voix, on irait lui rire au nez… mais c’était sûrement possible. Une paix globale et complète, non, il ne fallait pas rêver. Mais que les cinq nations de la surface soient en paix avec celle des démons, c’était possible.

Surtout que pour Mékalarma, il suffisait de mettre en position les nombreux mékalarmiens porteurs des lignes de Zélisia, qui avaient été manipulés et torturés par les autres mékalarmiens. Peut-être qu’il pensait aussi à les manipuler, c’était vrai, mais pour une bonne cause. Enfin, ils n’en étaient pas encore là, bien loin même.

« Qu’allons nous faire maintenant, Tery ? »

« Cela ne sert à rien de rester par ici et je pense que pour les gnomolds, il y a une bonne chance qu’ils remontent à la surface. On va pouvoir continuer notre chemin. »

« Au cas où, Tery, tu te doutes que nous risquons fortement de rencontrer d’autres villages dans cet état mais avec… des morts depuis plusieurs jours voire semaines hein ? »

« Je le sais bien… Les gnomolds seront sûrement passés par là, il n’en est pas possible autrement mais qu’est-ce que je peux vraiment y faire ? »

« Rien du tout. » termina de compléter Manelena alors qu’il marmonnait quelques paroles dans sa barbe. Elle venait de l’extirper de ses pensées mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Il fallait avancer à nouveau, sans un regard de plus vers les morts. Il avait juste une partie de ses pensées qui était concentrée sur les gnomolds.

Ce fut après une bonne heure de marche, lorsqu’ils s’étaient remis en route qu’il avait finalement posé la question qui le taraudait à Manelena. Qu’est-ce qu’elle pensait exactement de la situation avec les gnomolds ? Pendant qu’elle restait à ses côtés, elle pensa pendant quelques instants avant de dire :

« Ce gnomold qui a pris la parole était sincère. Cela peut sembler tirer par les cheveux mais il y avait quelques mois, années, nous n’étions même pas au courant de l’existence des démons donc bon, rien d’impossible. »

« Mais maintenant ? Qu’est-ce qu’on doit faire surtout ? »

« Hmm ? Rien du tout ? Ce n’est pas à nous de gérer la crise des gnomolds. On ne peut pas se concentrer sur une histoire perdue depuis des millénaires. N’oublions pas nos premiers objectifs, d’accord, Tery ? »

« D’accord, c’est vrai. J’ai un peu tendance à m’éparpiller pour ne pas changer. »

Et ce n’était pas vraiment dit d’une façon gênée ou autre, c’était juste un constat. Il n’était pas d’humeur à plaisanter de toute façon, en vue de la situation actuelle. Mais il n’avait pas envie de s’énerver en direction de Manelena qui n’avait rien fait.

« Disons plutôt que c’est à cause d’une nouvelle à laquelle personne ne pouvait s’attendre, que ça soit pour des personnes comme nous ou pour les démons. »

« Comme nous ? Tu me considères encore comme un citoyen de Shunter ? »

La question paraissait absurde, vraiment absurde puisqu’elle avait fait disparaître son casque pour le regarder de ses yeux rubis. Elle se demandait s’il était sérieux mais à le voir ainsi, elle lui donna une petite baffe sur le dos du crâne, ayant fait disparaître son gantelet juste avant. Elle répondit :

« Nous avons déjà eu cette conversation, Tery. De nombreuses fois, même. Tu es Tery Vanian. Tu es né à la surface, tu as une mère là-bas, des amis aussi. Tu es de là-bas. »

« Hahaha… Oui. Parlons d’autre chose. Il vaut mieux sinon tu risques de te mettre en colère et je préfère éviter cela, surtout si je suis fautif. »

« Tu crains tellement mon courroux ? Enfin bon… Si ce n’est que ça, je peux te donner des idées d’autres sujets. Comme savoir ce que tu comptes faire lorsque nous allons retrouver Elen et les autres ? Tu as déjà prévu un truc ? »

« Pas vraiment. Enfin, ma priorité va être de voir mon enfant, j’imagine. Pouvoir le prendre dans mes bras et le regarder. Car tu sais, j’ai toujours du mal à croire que je suis père. Ce n’était pas vraiment la vie que j’envisageais en quittant mon village natal à l’époque. »

« Cela ne m’étonne pas. Tu crois que je me voyais être assise sur un trône ? Alors que j’ai toujours été rejetée par mon père ? »

« Pas vraiment, j’imagine. Comme quoi, parfois, on part vraiment bien loin de ce que l’on imaginait avoir prévu pour soi. Mais… Est-ce que tu regrettes tout ça maintenant ? »

« Pas le moins du monde. Je suis plus que satisfaite de la situation actuelle même si je ne suis pas encore totalement heureuse. Il me manque un petit truc que je ne peux malheureusement pas obtenir aussi aisément que je le voudrais. »

« Et c’est quoi ce… petit truc ? » demanda Tery tout en scrutant Manelena du regard. Qu’est-ce qu’une reine comme elle pouvait désirer de plus que ce qu’elle avait déjà maintenant ? Elle rétorqua, remettant son casque sur son crâne :

« Rien de spécial et qui te concerne. Enfin, on peut dire ça comme ça même si ça sonne un peu faux malheureusement. »

« Un peu faux malheureusement ? Tu ne veux pas me le dire car c’est sensé être secret ou alors juste parce que c’est moi ? »

« Principalement parce que c’est toi. Et que je suis certaine que tu es capable de deviner de ce dont il s’agit si tu décides d’y réfléchir un peu plus longuement. »

Y réfléchir un peu plus longuement ? C’était peut-être bien plus personnel qu’il ne le pensait alors. Et si tel était le cas, il valait mieux pour lui alors ne pas s’en mêler plus longuement. Peut-être qu’il ferait mieux tout simplement de…

« OOOOOOOOH ! De quoi est-ce que vous parlez ? OOOOOH ! Tery ! »

Ah oui. Elle. C’était étrange de ressentir un peu de colère envers une personne qui ne lui voulait absolument pas de mal mais voilà… Krawnia était agaçante. Bien plus que dans la tour et s’il ne faisait rien, cela n’allait pas s’arranger. Surtout qu’elle était apparue comme une ombre dans son dos, sans même que Manelena ou lui-même ne la remarque. S’il avait commencé à discuter d’un sujet très important et grave, elle aurait pu tout entendre.

« Bon, Krawnia, il va falloir que l’on discute, toi et moi. »

« Mais quand tu le veux, Tery ! Je suis pendue à tes lèvres quand tu le désires ! »

« Ce n’est pas ce que j’ai dit. Ah… Et puis, j’étais en train de discuter avec Manelena. »

« Hmm, hmm, oh, ce n’est pas bien important ça. Elle peut rester, Tery ! »

« Ce n’est pas là où je voulais en venir… » commença à soupirer le jeune homme. Ne pas montrer son agacement, ne pas montrer. Cela ne servirait à rien, ça serait contre-productif et surtout, il tentait de dire du regard à Manelena de ne pas réagir.

« Je compte bien rester, oui, puisque j’étais en train de discuter avec Tery, Krawnia. »

« Oh mais oui, mais oui, tu peux parler. De toute façon, tu n’es qu’une connaissance pour lui, non ? Enfin, une amie, c’est bien ça ? »

Sur le coup, la femme en armure noire s’était arrêtée. Comme si elle venait d’être touchée en plein coeur par la remarque, elle s’apprêtait à répliquer mais Tery l’arrêta, posant sa main sur le gantelet noir de Manelena.

« Elle est plus qu’une amie puisqu’elle est la personne en qui j’ai le plus confiance à l’heure actuelle dans le monde souterrain. Je pourrais lui confier ma vie en toute sérénité. »

Krawnia regarda Tery avec de grands yeux, presque étonnée par ses propos alors que lui-même sentait la poigne de Manelena se faire moins forte. Krawnia pencha la tête sur le côté, fixant encore une fois la femme en armure puis Tery avant de dire :

« Oh, je commence à voir, oui. Mais ce n’est pas bien grave. »

« Disons que ça l’est quand même vu que tu t’interroges sur le degré de ma relation avec elle. Je la connais depuis bien plus longtemps que je ne te connais. »

« Oh, mais ne t’en fait pas, cela s’arrangera très vite hahaha ! Il faut juste me laisser un peu de temps, rien de plus ! »

« Et je trouve d’ailleurs ton caractère vraiment étrange. Je ne sais pas ce qui s’est passé depuis la dernière fois mais tu as l’air radicalement différente, tu le conçois ? »

« Je suis surtout libre de cette foutue tour dont je ne pouvais pas me débarrasser ! Maintenant qu’il n’y a plus besoin de gardienne pour garder le gardien, il n’y avait plus aucune raison de rester à garder cet endroit ! Hahaha ! »

« D’accord, d’accord mais tu sais, tu n’es pas obligée de me coller. »

« Il me le faut, il me le faut ! Tu sais quoi ? Je vais te raconter tout ce qui s’est passé depuis que tu es parti ! Tu verras, comme c’est assez long ! »

« Assez long ? Hmm… Tu peux garder cela pour plus tard ? Nous verrons cela cette nuit, d’accord ? Maintenant, si tu veux bien me laisser, il me faut discuter de choses assez importantes avec Manelena. »

« Hmm… D’accord. » marmonna Krawnia en faisant une petite moue dépitée.

Et maintenant, elle s’éloignait enfin et il poussa un profond soupir soulagé. Sincèrement, il aurait tellement préféré que ça ne se passe pas ainsi mais bon, il ne pouvait rien y faire et ça l’énervait passablement, il devait avouer.

« Elle est assez irritante quand elle décide de s’y mettre. »

« Je le sais bien… mais elle a l’air… un peu folle. Je ne suis pas certain que ça soit vraiment conseillé de la garder à nos côtés. » murmure doucement Tery pour éviter qu’il ne soit entendu. Bien entendu, il ne pouvait rien y faire mais…

« Cela serait contre-productif. Elle est très utile et sait se battre. Je sais bien que cela serait peut-être pas vraiment ton genre mais… »

« Si je dois un peu la manipuler, je pense que je le ferais. Si c’est pour la sécurité de tout le monde, je préfère ne pas prendre trop de risque. »

« C’est compréhensible. Ah… Je ne vais pas mentir, je suis assez fatiguée avec toutes ces bêtises. Mais maintenant, nous en sommes débarrassés pour au moins quelques heures. »

« Je n’avais pas la tête à supporter ces élucubrations. »

Et maintenant, ils pouvaient alors parler de tout et de rien. Mais voilà, est-ce qu’ils avaient un nouveau sujet de conversation ? Ils avaient été coupé en plein dans leur élan. C’était assez triste mais bon… maintenant, il ne voyait pas vraiment quoi dire d’autre.

Et comme convenu, ils étaient arrivés jusqu’à la nuit et il devait tenir parole… en quelque sorte. Krawnia était venue le voir dès qu’ils avaient terminé et elle voulait absolument lui raconter sa vie depuis son départ de la tour.

« Alors, il faut savoir que tout d’abord, j’ai été réprimandée car je n’ai pas réussi vraiment à défendre le gardien de la tour. Mais bon, qu’est-ce que je pouvais y faire réellement hein ? Je veux dire, qu’est-ce que ça aurait changé ? »

« Je ne vois pas où tu veux en venir réellement. Tu veux bien me donner plus de détails ? Car sinon, je vais être assez perdu, je crois bien. »

« Eh bien, c’était prévu qu’il meure non ? Alors, pourquoi est-ce que je devais réellement me sentir concernée par tout ça ? »

« Eh bien, c’était plus ou moins ton travail. Donc ça ne serait pas si étonnant que ça que tu te concentres dessus quand même. »

Pourquoi est-ce qu’il était avec elle ? Pourquoi est-ce qu’il était aussi exaspéré ? Car il n’avait pas le sentiment que cette femme ailée l’apprécie réellement. Non, elle était vraiment comme une… fanatique. Oui, une fanatique qui était juste captivée par ce à quoi elle vouait un… culte ? Un culte… sur sa propre personne ? Vraiment ? Maintenant qu’il avait juste imaginé cette idée, il commençait à être vraiment effrayé. Cela ne lui plaisait pas du tout.

« Dans tous les cas, j’en avais juste rien à faire de tout ça. Ce sont eux qui m’ont obligée ! »

« C’est vrai que tu en avais parlé à l’époque. »

Et il tentait de raviver des souvenirs. Comme il ne s’y intéressait guère réellement, c’était plus compliqué que prévu mais il allait quand même tenter de faire de son mieux de ce côté. Elle avait bien raconté y a longtemps qu’elle était considérée comme une sorte de « pestiférée » par ses semblables, non ?

« Ce n’était pas à cause de tes ailes que tu as été enfermée là-bas ? »

« Si, bien entendu ! Car oui, il paraîtrait que des ailes qui ne sont pas uniformes peuvent causer un grand malheur et tout le reste ! Ce n’est pas crédible du tout, n’est-ce pas hein ? Tu ne trouves pas ? Qu’ils racontent n’importe quoi ? »

« Disons qu’il y a l’art et la manière… et qu’ils ne semblent pas doués dans l’un et l’autre. »

C’était sa façon à lui de répondre aux propos de la femme ailée. Celle-ci avait toujours son petit air dément dans le regard et il se sentait encore une fois plus que mal à l’aise. Si elle continuait à le fixer ainsi, il n’était pas certain de pouvoir tenir plus longtemps une conversation avec elle. Il détourna légèrement la tête avant de dire :

« Dans tous les cas, ce qui est fait est fait. »

« Et oui ! Mais maintenant, ils n’ont plus de possibilités de me retenir ! Cela les embête tellement hahaha ! De toute façon, ils ne sont plus là pour donner leurs avis. »

« Qu’est-ce que cela veut dire exactement ? »

« Ce que ça veut dire, hahaha ! Ils ont voulu se battre avec moi car ils voulaient m’empêcher de partir. Malheureusement, ils ne peuvent que le regretter ! »

« Tu étais obligée d’en arriver à de telles extrémités ? »

« Ooooooh ! Ils ne m’ont pas vraiment laissé le choix, hein ? Moi, si on veut m’empêcher de faire quelque chose, eh bien, je vais forcer ! C’est tout ! »

Il avait l’impression de converser avec une sourde. Il était certain que cette discussion n’allait mener nulle part. Il était alors temps de changer de sujet et de demander autre chose. Prenant une profonde respiration, il demanda :

« Tu étais au courant pour la situation avec les gnomolds ? »

« Hmm ? Bien sûr que non. Pourquoi est-ce que je me serais intéressée à eux ? Je veux dire, leur passé, ça ne me concerne pas. Ils peuvent pleurer, j’en avais rien à faire. Je voulais juste pouvoir te revoir, Tery ! »

Et la dernière phrase avait une intonation qui ne lui plaisait pas vraiment. Il connaissait cet autre type de regard. Elen l’avait eu parfois, pendant qu’ils avaient un peu de temps pour eux deux. C’était le regard d’une carnassière. Elle avait de la suite dans les idées sauf qu’il en était hors de question ! Pas avec elle ! Pas du tout !

« Je tiens à le répéter mais je suis un homme marié et je ne vais pas trahir ma femme. »

« Hmm… Hmm.. Mais d’ailleurs, cette femme n’est pas celle avec qui tu étais auparavant, non ? Je veux dire, là, il s’agit de la reine de Shunter, si je ne me trompe pas. Auparavant, tu étais avec une femme aux cheveux blonds. »

Gloups ! Il vint déglutir, comme pris en défaut. Elle avait très vite compris ce qui s’était passé entre Manelena et lui ? Pourtant, il ne le criait pas sur tous les toits. Non, ils évitaient même d’en parler ou d’y faire allusion. Depuis qu’ils avaient quitté la capitale, ils n’avaient rien fait et il ne comptait rien faire de plus.

« La reine de Shunter est la reine de Shunter. Et je compte bien retrouver Elen. »

« Ah oui Elen ! C’était son nom, c’est vrai ! Ce n’est pas que je l’ai oublié mais on va dire que ce n’était pas vraiment ma préoccupation première, hahaha ! »

Et elle trouvait cela amusant ? Ce n’était pas du tout son cas personnellement, loin de là. Mais la conversation était maintenant terminée. Il s’apprêtait à lui dire de partir mais elle avait déjà repris la parole, enjouée :

« Les gens d’ici sont très loquaces. Enfin, pour certains d’entre eux. D’autres m’en veulent pour avoir tué quelques uns des leurs mais ce n’est pas grave, hein ? Je veux dire, ils devaient s’attendre à mourir en venant se confronter à moi. C’est la guerre ! »

« Cela ne veut pas dire qu’ils doivent faire comme si de rien n’était. Cela ne fonctionne pas de la sorte, Krawnia. »

« BAH ! Je vous jure, les mentalités des gens de l’extérieur. Vous aimez vraiment vous compliquer la vie, n’est-ce pas ? Vous autres. »

« Ce n’est pas une question de se prendre la tête. Par contre, je vais aller me coucher. Tu peux donc aller dans ta tente. Tu en as normalement une à toi. »

Elle s’exclama que oui avant de lui sourire. Encore ce sourire qui le mettait mal à l’aise. Mais heureusement, elle quitta bien la tente et il pouvait enfin se reposer. Du moins, il tentait car il ne trouvait pas le sommeil, couché en observant la toile de la tente.

Quand il entendit du mouvement, il ferma subitement les yeux, s’immobilisant complètement. Des pas qui se rapprochaient de lui. Des pas certains, confiants, qui allaient directement vers lui… et la couverture se releva avant qu’un corps ne vienne se nicher contre le sien.

« Je vais lui faire comprendre quelque chose à cette folle. »

Une seule phrase, une voix et un corps aisément reconnaissables. Un corps qui était bien installé contre le sien. Il sentait les bras de Manelena le ramener contre elle mais aussi ses jambes venir l’entourer. Elle ne fit rien de plus, elle savait qu’il était réveillé mais elle ne comptait pas s’arrêter, loin de là. Et il comprenait parfaitement ce qu’elle cherchait à accomplir. Elle voulait le marquer de son odeur, de son empreinte. Peut-être qu’il n’avait pas assez bien… compris à quel point Manelena l’aimait.

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