Chapitre 16 : L’efficacité en duo

ShiroiRyu
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Chapitre 16 : L’efficacité en duo

« Attention à toi, Tery. Ils sont plus nombreux de ton côté. »

« Tu n’as pas à t’en faire pour moi, je ne suis pas bête à ce point non plus. » répondit-il, ses deux griffes ensanglantées sur ses mains.


Que s’était-il passé en quelques heures ? Rien de bien spécial, ils avaient simplement décidé de continuer une courte exploration des bois dans lesquels ils se trouvaient. Et là … Ils étaient tombés nez à nez avec une petite troupe de gnomolds. Une vingtaine environ. Autant dire selon les propres termes de Manelena, c’était plutôt facile comme divertissement.
Actuellement, il se trouvait entouré par quatre gnomolds, ses deux griffes en main alors que Manelena avait un sourire aux lèvres. Munie de son épée, elle ne semblait même pas utiliser ses lignes d’Alzar contrairement au jeune homme. L’expérience était clairement différente et visible entre eux deux. Elle se débarrassait de ses ennemis avec une telle aisance que cela le mettait mal à l’aise d’être avec elle. Il para les coups de deux gnomolds avec ses griffes avant de viser tout simplement la jugulaire de chacun. Ils tombèrent au sol, parcourus de spasmes avant de rendre définitivement l’âme. Une bonne chose … qui était faite.

« Je te conseille de t’abaisser, Tery. Je ne vais pas me priver pour éliminer les derniers puisque visiblement, tu prends trop de temps à mon goût. »

Comment ça ? Il n’eut pas vraiment le temps de répliquer que lorsqu’il se retourna, son corps s’affaissa aussitôt. Autant dire que son instinct de survie venait de le sauver, des éclairs sortant de la lame de la jeune femme pour venir foudroyer les deux gnomolds. Après, comme si de rien n’était, Manelena rangea son arme, tendant la main vers Tery.

« Tu vois ? Ce n’était pas si difficile que ça … Mais si tu ne mets pas un peu de bonne volonté, tu risques de le regretter au fur et à mesure que le temps passe. »

« Euh … Disons que je ne suis pas aussi spécialisé que toi, Manelena. Mais bon … Merci pour le petit coup de main. Par contre, tu les as cherchés exprès ? Ou alors … Ils nous sont tombés réellement dessus par accident ? »

« Qu’est-ce que tu veux insinuer par-là ? Que je suis à l’origine de cette attaque sur nous ? »

« Je ne pense pas du tout cela … Je ne veux surtout pas me mettre en colère contre toi, pas le moins du monde. Hum … Non … Juste que bon, c’est un manque de chance alors, n’est-ce pas ? Le fait que l’on soit tombé sur un groupe dès le premier jour d’exploration. »

« Et bien … C’est juste un manque de chance. » conclut-elle en haussant les épaules, relâchant sa main avant de s’éloigner de lui.

« Je ne suis pas vraiment convaincu mais bon … Passons. »

Il avait fait quelques mouvements avec ses griffes, retirant le sang qui se trouvait dessus. Il rangea ses armes, accompagnant la jeune femme aux cheveux argentés avant de se placer à côté d’elle. Bon … Ils n’allaient pas ENCORE se disputer tous les deux n’est-ce pas ? Alors autant éviter les ennuis. Mais en même temps …

En même temps, ils étaient finalement sortis des bois et lui, il avait besoin de souffler. Il passa ses deux mains derrière la tête, s’étirant longuement comme pour bien montrer qu’il était fatigué et exténué. Vraiment … Avec toute cette histoire, il ne savait plus quoi faire. Mais bon … En même temps, il devait reconnaître qu’il n’était pas mécontent d’être avec la maréchale. Comme si elle avait remarqué sa joie, son visage se tourna vers lui et il ne put s’empêcher de lui sourire. Finalement, elle lui demanda :

« Je peux savoir pourquoi tu as cet air niais au visage ? Et surtout pourquoi tu souris de toutes tes dents ? A croire que tu es un peu stupide sur les bords, Tery. »

« Oh … Pour rien, je pensais juste à rien de bien spécial. »

Il n’allait pas encore se dévoiler. Mais bon … Dans le fond, le mieux était quand même de ne pas chercher à trop comprendre ce qui se passait ici. Enfin … C’était comme ça qu’il voyait les choses, il n’était pas vraiment sûr que ça soit du goût de tout le monde. Mais … Avec la maréchale, il n’avait pas à craindre pour sa vie … de la part d’autrui …
Ils reprirent la route sur un chemin de terre, la jeune femme lui faisant maintenant la conversation et inversement. Ils parlaient vraiment de tout et de rien et souvent, il oubliait qu’il avait affaire à la femme qui dirigeait l’armée de Shunter. Hum … Mais quand on la regardait comme ça et qu’on l’écoutait, il était tout simplement impossible de s’imaginer autre chose … Vraiment … Oui … En pleine marche, il demanda :

« Au passage … Pour cette fameuse exploration, est-ce que l’on va devoir obligatoirement dormir dehors tous les jours ou non ? »

« Hum ? Pourquoi ? Ça te dérange la vie en plein air ?  Si tu voulais du confort, une belle vie et toutes ces choses, il ne fallait pas faire soldat de l’armée de Shunter hein ? »

« Dorénavant, j’éviterai de t’adresser la parole. Avec toi, même une simple question peut donner une réponse agressive. Je n’ai pas que ça à faire. »

« Et où est-ce que tu as entendu une réponse agressive de ma part ? » s’écria-t-elle, s’arrêtant pour le fixer longuement. Elle s’approcha de lui, se mettant face à face. Ses yeux rubis semblaient cracher des flammes tandis qu’il lui répondait avec lenteur :

« Je vais même plus chercher à me disputer avec toi. Je veux juste être tranquille au final et ne plus me poser de questions. Je te demandais simplement si nous allions encore dormir dehors cette nuit ou si en fait, tu voulais tout simplement que l’on trouve un petit village avec une auberge. Ce n’était pas une question stupide ou une plainte hein ? C’est juste que tout simplement, je pense que ça te ferait plaisir. »

« Et depuis quand tu t’inquiètes de ce que je ressens ? Et de moi ? » dit-elle sèchement avec ironie, le jeune homme lui répondant aussitôt :

« Depuis le début, maréchale Manelena. Malgré tout ce que vous pensez, vous vous êtes attiré ma sympathie dès le départ. Cela malgré le fait que je sois souvent effrayé par vos actions, vos paroles, vos gestes, ça ne change rien au fait que je reste toujours inquiet à votre sujet. En même temps … Que je pense à votre santé et diverses choses vous concernant. »

« Je ne vois pas où tu veux en venir avec ces paroles mais si c’est pour m’amadouer, je te déconseille de continuer sur cette voie, tu risquerais de le regretter amèrement. »

Elle ne semblait même pas affectée par ses paroles. A croire que tout ce qu’il disait était considéré seulement comme dans du vent pour la jeune femme. Celle-ci continua néanmoins de l’observer attentivement pendant plusieurs secondes avant de hausser simplement les épaules comme si de rien n’était.

« Comme si tu accordais de l’importance à mes émotions. »

« Il y a beaucoup de choses dont tu ne te doutes pas, Manelena, bien plus même. Quand j’apprécie une personne dès le départ, c’est souvent pour le reste de son existence. »

« Malgré tout ce que j’ai fait ? Ce que je suis ? Tu ne sais rien à mon sujet, Tery Vanian. »

« Et alors ? En vue du temps qu’on va passer ensemble, rien ne m’empêchera de mieux te connaître. Maintenant, c’est décidé, Manelena, je ne te quitterai pas d’une semelle ! »

Comment est-ce qu’il était passé d’une absence de discussion … à une telle promesse ? Elle ne put s’empêcher de l’observer de ses yeux rubis, s’avançant pour se retrouver à sa hauteur. Elle était bien plus grande que lui … au minimum d’une tête et pourtant … Pourtant …

« Qu’est-ce que j’ai de si spécial à tes yeux, Tery ? » demanda t-elle tout simplement, cherchant à obtenir une réponse qu’elle aimerait insignifiante.

« Ohla … Si on commence comme ça, j’en aurai pas terminé. Je dois énumérer les défauts et les qualités ? Ou je dois être bref ? »

« Tiens donc … Ça serait la première fois qu’on me donnerait des qualités. Sauf si elles sont bien entendu militaires. » reprit la jeune femme, comme intriguée maintenant.

« Non … En fait, je préfère ne rien dire, c’est juste une vision personnelle. Ce n’est rien d’ensembles et après, je risquerai de me prendre des baffes. Enfin, plutôt des coups de poing en te connaissant, Manelena. Il vaut mieux arrêter de penser à tout ça. »

Hein ? QUOI ? Il venait de s’amuser à ses dépens ou elle rêvait ? Elle le regarda furieusement, ne semblant pas apprécier cela. Visiblement, il semblait l’avoir remarqué, commençant à courir avant qu’elle ne hurle :

« TERY … VANIAN ! JE T’ORDONNE DE ME DIRE MES QUALITES ! »

« Je ne peux pas Manelena ! C’est vraiment trop personnel et intime ! Si tu savais ce que je pense à ton sujet, tu m’en voudrais pour tout le reste de mon existence ! »

ASSEZ ! Il venait de jouer avec elle ! Maintenant, elle voulait connaître la réponse ! Ses lignes noires se firent voir sur son visage, le jeune homme se retournant à temps pour remarquer ce petit détail. S’il voulait s’en sortir, il n’avait pas le choix ! Il devait faire de même ! A son tour, des lignes noires apparurent sur son visage, lui permettant de reprendre de la distance par rapport à Manelena, du moins pendant un certain temps.

Il savait que s’il décidait de s’arrêter, c’en était terminé de lui. Pour cela, il ne devait pas espérer s’en sortir dès le moment où ses jambes ne le porteraient plus. Autant dire que grâce à leurs lignes d’Alzar, ils avaient la possibilité d’aller très vite, mais aussi très loin. Les bois, les arbres, les chemins de terre, tout cela disparaissait à une telle vitesse qu’il avait un peu mal au crâne.
Mal de crâne qui lui fut fatal, une seconde où il avait ralenti, une unique seconde et tout s’était terminé. Le corps tout entier de Manelena se projeta sur lui, le faisant tomber au sol puis rouler sur de nombreux mètres. Il se retrouva une nouvelle fois allongée sur le sol, elle étant en cavalière sur lui, ses deux mains posées sur ses épaules.

« Tery Vanian … Je te conseille vraiment de me dire toute la vérité si tu ne veux pas finir en purée. Alors … C’est quoi mes qualités ? »

« Je ne peux pas te les dire ! C’est … C’est … »

« Qu’ils n’existent pas … n’est-ce pas ? Tu as essayé de me baratiner comme auparavant. Je commence à être bien servie de ce côté à cause de toi … »

« Ce n’est pas du tout ça, ne pense pas toujours à mal ! »

« Alors, dis-le-moi ! Pourquoi est-ce que tu ne veux pas me l’annoncer ? Qu’est-ce qu’il y a de si perturbant hein ? Hein ? » dit-elle en commençant à le secouer comme un prunier. Elle n’allait pas le lâcher maintenant.

« … … … Juste que depuis le début, j’ai cette impression que tu veilles plus sur moi qu’autre chose. Comme une grande sœur, voilà tout. En même temps, malgré tout ce qui s’est passé, je n’ai pas oublié tes nombreux gestes … même si peut-être que de ton côté, c’est le cas. Tu sais … Quand tu m’as pris dans tes bras quand je t’ai annoncé qui était cette personne que je haïssais le plus au monde … Tu sais, même si je n’ai appris que plus tard qui tu étais réellement, je me suis dit que tu étais quand même sincère à ce moment-là. Enfin … Il n’y a pas que ça quoi … Il y a tellement de choses qui font que … »

« Dites, les deux amoureux, c’est pas vraiment un endroit où vous pouvez faire ce genre de choses. » annonça une voix qui coupa la parole à Tery.

Un soldat, légèrement protégé par une armure de mailles, se tenait devant eux, muni d’une lance et d’un casque. Il avait un petit sourire amusé par la situation alors que Tery regardait où ils se trouvaient. Ohla … Ils devaient être à moins de cinq cents mètres d’une petite ville protégée par un mur de pierre. Un coup d’œil vers le mur et il vit plusieurs gardes près de celui-ci. Ah … La folle course entre Manelena et lui s’était terminé de la sorte. Il poussa un profond soupir de soulagement. Ils étaient arrivé à une ville quoi.

« … … … Hum … Tu ne payes rien pour attendre, Tery. » dit tout simplement Manelena en se relevant, le soulevant rapidement par le bras.


Comme à son habitude, elle ne semblait guère offusquée par les paroles du garde au sujet de la relation avec Tery. Elle prit la main du jeune homme, le tirant en avant pour se diriger à l’intérieur de la petite ville. Elle ne fit guère attention au regard des autres gardes lorsqu’ils passèrent à côté d’eux, le jeune homme ne sachant plus vraiment où se mettre. Voilà qu’elle prenait encore les devants sans lui permettre de parler.

Bon … Où est-ce qu’elle l’emmenait ? Au final, ils n’étaient pas si loin que ça de Midès non ? Ou alors peut-être que si … Il ne savait pas combien de temps ils avaient couru mais cela devait faire quand même une sacrée trotte d’après ses souvenirs. Enfin bon … Ce n’était pas le moment de penser à tout cela.

« Où est-ce que tu veux m’emmener, Manelena ? Je croyais que tu ne voulais pas … »

« Dormir dans un lit ? Je n’ai jamais dit une telle chose. Tu sembles très mal comprendre mes paroles mais ce n’est pas la première fois. Ai-je … »

« Oh je vais même pas chercher à me battre avec toi. Je vois où tu veux en venir au final. Non, tu n’as jamais dit que tu ne voulais pas … Tu insinuais simplement que si je voulais avoir une vie confortable avec un bon petit lit douillet chaque nuit, je n’avais pas à être dans l’armée de Shunter. Au final, malgré tes paroles, tu n’es pas si différente qu’une femme normale mais ça … Tu vois, je le savais depuis déjà quelques temps. »

« Oh … S’il te plaît, Tery. Tu peux te taire ? A force de t’écouter, des fois, ça me donne vraiment envie de te baffer. Je commence à comprendre pourquoi tu n’attires que les femmes un peu bizarres comme Clari ou cette Elen. » dit-elle, le statufiant sur le coup. Il répliqua aussitôt d’un air outré tout en rougissant :

« Et devinez qui vient de prendre la parole à ce sujet et qui m’accompagne dans mes « folles » aventures hein ? Je crois que je vais m’abstenir de commenter à ce sujet. »

« … … … Ce n’est pas la même chose, imbécile. »

Elle s’éloigna sans demander son reste, ne semblant plus vouloir continuer une conversation avec lui. Bon … Ils allaient se rendre où puisque ni l’un, ni l’autre ne discutait entre eux. Il tourna son visage vers la droite et la gauche, regardant la ville dans laquelle ils se trouvaient. C’était un endroit plutôt tranquille contrairement aux apparences. Bien que cela ne faisait que quelques minutes, il recommença à parler à Manelena :

« Dis … Est-ce qu’ils sont au courant de ce qui arrive dans le royaume ? »

« Pas le moins du monde … Rares sont les personnes à être mises au courant de la sorte. A part l’armée et quelques milices de Shunter, la majorité des citoyens ne sait pas réellement ce qui se passe autour d’elle. Ils savent simplement que c’est la guerre et ne se pose pas de questions. Ou alors, ils ne veulent pas se poser de questions. »

« Je pense que c’est plutôt le second. Tu sais … Moi aussi, je n’aimerai pas penser à cette idée. Comme quoi, nous sommes assaillis de tous les côtes, c’est juste affreux en soi, non ? »

« Pourtant, c’est la guerre … A cause de nos actions, il est normal que les autres réagissent de la sorte à notre encontre. » dit-elle avec neutralité.

« D’ailleurs … Manelena … A quoi servent ces médaillons ? Tu dois bien le savoir non ? Tu es quand même … Enfin, tu vois … »

Elle s’immobilisa, ses yeux rubis se posant sur lui comme pour le juger. Est-ce qu’il était digne de connaître la réponse ou non ? Pourtant, elle ne lui répondit pas, prenant simplement sa main dans la sienne. Elle semblait vouloir simplement se promener contrairement à ce qu’il avait pensé au début mais … Bon …

Ils s’arrêtèrent devant une librairie, Manelena observant les livres qui étaient déposés derrière la vitre. Elle aimait lire ? Peut-être que … Enfin non … Il avait une fâcheuse tendance à acheter toujours ce qui pouvait plaire à certaines personnes. A force, il y avait quand même … mais en même temps, c’était la maréchale quoi. Il ne connaissait rien de ses goûts personnels et lui faire plaisir serait tellement … spécial à ses yeux qu’il …

« Tiens … Voilà un livre qui te sera utile. »

Elle le coupa dans ses pensées, lui désignant un livre à la reliure bien spéciale et pourtant … qu’il connaissait si bien. Un livre sur les golems ? Il était content … et triste en même temps. Cela devait sûrement se faire voir sur son visage puisqu’elle reprit :

« Qu’est-ce qu’il y a ? Je croyais que tu étais quelqu’un qui adorait les golems. On va à l’intérieur, on te l’achète et l’affaire est réglée. »

« C’est pas vraiment ça … le problème. Enfin bon … On ne va pas se disputer une nouvelle fois encore. Tu m’attends à l’extérieur ? »

Elle hocha la tête positivement tandis qu’il s’enfonçait dans la boutique. Il s’approcha de la vendeuse, commençant à lui parler tout en jetant un regard en biais vers Manelena. Bon sang … Pourquoi est-ce qu’il avait mal rien qu’en la regardant ? Pourquoi il avait cette impression de souffrir horriblement à chaque fois ? POURQUOI ?

« Messire ? Voilà votre livre mais … Vous savez qu’il n’est pas donné à tout le monde. »

« Bien entendu, ce n’est pas le premier que j’achète. Combien ? » demanda-t-il évasivement, ses yeux n’observant guère la personne à qui il s’adressait. Oui … Il était là, en train de regarder la jeune femme dans sa jupe faite de métal blanc.

La vendeuse lui annonça un prix tandis qu’il remarquait deux jeunes hommes qui s’approchaient de Manelena. Ils discutaient avec elle … Tsss … Bande de beaux-parleurs. Elle n’était pas de ce genre, il le savait parfaitement ! Mais … Ca l’énervait quand même un peu. Ils ne semblaient pas avoir peur de la taille plus qu’imposante de la jeune femme. Trop sûrs d’eux … vraiment trop sûrs d’eux.

« Messire ? Messire ? Avez-vous entendu le prix de ce livre ? » demanda la vendeuse tandis qu’il semblait complètement déconnecté du reste du monde.

« Hein ? Que ? Quoi ? Oui, bien entendu … Tenez, voilà l’argent. Vous pouvez garder la monnaie. » dit-il en donnant bien plus que ce qui était nécessaire. Il prit le livre dans ses mains, sortant de la boutique avant de s’approcher de Manelena. Celle-ci avait simplement croisé les bras, les yeux fermés en écoutant les paroles des deux autres personnes. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, il reprit la parole sur un ton irrité : « Dites, je peux savoir ce que vous tentez de faire à ma petite amie ? Et je ne suis pas en train de parler de sa taille dans ce cas. »

Les yeux de Manelena s’ouvrirent légèrement, le fixant avant qu’un sourire ne se dessine sur ses lèvres. Elle savait qu’il avait voulu jouer la comédie avec le ton employé mais que malheureusement, c’était bien trop crédible pour ne pas être vrai. Les deux hommes le regardèrent, l’étudiant de haut en bas avant de ricaner. Pourtant, dès l’instant où ils semblaient dépités par l’apparence de Tery puis prêts à recommencer leur tentative de drague, deux poings s’enfoncèrent dans leurs visages.

« Nous pouvons y aller, Tery. Assez perdu de temps avec eux. »

Ce fut lui qui rigola, avançant avec Manelena pour s’éloigner des deux hommes à moitié assommés par le coup. Il présenta le livre à Manelena, celle-ci regardant la couverture puis le dos. Hum … Tant qu’elle n’était pas propriétaire du livre, elle ne pourrait pas l’utiliser. Et de toute façon, ce n’était pas pour elle mais pour lui.

Néanmoins, pour le reste de la journée, ils cherchèrent une auberge, Manelena ne faisant pas attention à ce qu’il avait dit. Elle préférait visiblement rester muette à ce sujet. Comme elle voulait, toute façon, de son côté, il était clair qu’il ne voulait pas vraiment en parler. Il s’était rendu ridicule … surtout qu’elle n’avait pas besoin de son aide bien entendu. Une femme forte comme elle … Comme si un homme était nécessaire à ses yeux. Quelle blague oui … Une grande et grosse blague. Hum … Tiens … Voilà une auberge qui semblait accueillante.

« Pour la soirée, je pense que c’est mieux que rien. »

« Tout à fait d’accord avec toi, Manelena. Par contre, euh … Sinon … Tu veux quoi comme chambre ? Une chambre à deux ? Deux lits ? Deux chambres séparées ? »

« Tu ne pensais quand même pas dormir dans mon lit, n’est-ce pas ? »

« Bien sûr que non ! Je ne crois pas avoir proposé ça ! » balbutia le jeune homme soudainement gêné par les paroles de Manelena.

« C’est dommage … » murmura Manelena tandis qu’il était surpris. Dommage ? Elle lui fit un léger sourire pour bien lui montrer qu’elle n’était pas sérieuse avec ses paroles. Dommage ? Bien sûr que non. Quel genre de femme croyait-il qu’elle était ? Ils se présentèrent à l’aubergiste, Manelena demandant une simple chambre avec deux lits. Ah … Elle avait quand même décidé de cela donc.

Elle récupéra la clé, demandant à Tery de la suivre alors qu’ils montaient les escaliers, se dirigeant vers le second étage. Hum … Ce n’était pas forcément le grand luxe mais quand même, ils allaient bien dormir pour ce soir. Lorsqu’ils pénétrèrent dans la chambre, elle ferma la porte à clef, le jeune homme s’écroulant sur son lit.

« Bon … Par contre, dès demain, on commence à explorer autour du village, Tery. Je me doute que tu ne l’as pas remarqué mais il y a beaucoup plus d’étrangers ici que de villageois de Shunter. » annonça Manelena, faisant de même bien qu’il entendait plusieurs bruits, signe que ses morceaux de métal tombaient au sol.

« Je ne me suis pas … vraiment préoccupé de tout ça, c’est vrai … Je suis désolé, Manelena. » termina-t-il de dire, un peu gêné par cette remarque. Mais demain serait un autre jour.

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