Chapitre 37 : Une décision irrévocable

ShiroiRyu
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Chapitre 37 : Une décision irrévocable

« Alors ? De quoi est-ce qu’elle t’a parlé ? » demanda Tery alors que Clari revenait vers lui, un peu soucieuse d’après ce qu’il voyait sur son visage.

« Hum … Pas grand-chose. Enfin, je lui ai posé quelques questions aussi de mon côté. Mais bref, en quelque sorte, dis-toi que dorénavant, tu as une protectrice attitrée. »

Une protectrice attitrée ? Le visage anxieux se transforma en un grand sourire avant qu’elle ne vienne l’enlacer contre elle. Hey hey ! Qu’est-ce qu’elle faisait ? Il avait besoin d’en savoir plus … Le protéger ? Mais de quoi ? Contre qui ? Il savait se débrouiller tout seul quand même ! Enfin bon, elle semblait folle de joie donc il ne disait rien du tout. Pourtant, c’est elle qui arrêta de l’enlacer contre elle, reprenant :

« Par contre, je n’ai pas pu avoir plus d’informations sur ce qu’elle pensait de toi. »

« Euh … Je peux te poser une question ? Enfin … Mais à voix basse. Est-ce que la maréchale était recouverte par son armure quand tu es venue à l’intérieur ? Enfin pour parler entre vous. » demanda-t-il, un peu gêné par la question qu’il venait de dire.

« Hum ? Bien entendu. De la tête aux pieds. Tu ne penses quand même pas qu’elle va se montrer sans son armure en public ? Ca serait une révolution ! »

« Ah non non … Bien entendu que non. Ca ne serait pas du tout son genre de toute façon. » bafouilla le jeune homme, un peu gêné. Aussitôt, la jeune femme fut suspicieuse, commençant à réfléchir à une telle réaction de la part de Tery. Puis soudainement, elle s’écria : « Ah ! Mais bien sûr ! Ta petite dulcinée s’est montrée sans rien ! »

« MAIS TAIS-TOI BON SANG ! » hurla le jeune homme en se jetant sur elle, une main sur la bouche. Qu’elle la mette en veilleuse ! Surtout pour balancer une telle phrase ! Il tomba sur elle, plusieurs soldats les regardant.

« Euh … Tery, tu m’écrases … la poitrine. » murmura Clari en rougissant un peu. Tery se releva aussitôt, tout aussi gêné qu’elle avant de prendre sa main pour l’aider à se lever.

« Oui mais bon … C’est pas comme ça que ça s’est passé ! Faut arrêter de dire n’importe quoi aussi … C’est vraiment perturbant ça … »

« Je voulais te gêner … Mais une telle réaction … C’est qu’il y a quand même quelque chose ! Qu’est-ce qu’elle a dit ? Vite, vite ! » demanda la jeune femme aux couettes blondes.

« Elle n’a rien dit de spécial. C’est juste qu’avec moi, elle n’avait pas son casque. Tu sais que ça change carrément une impression ? Enfin, la voir dans son armure mais avec juste son visage découvert, cette impression de puissance. Elle est vraiment grande … dans tous les sens que tu veux donner à ma phrase. » s’exclama-t-il.

« J’ai eu ce que je voulais entendre. Par contre, elle parle à tous ceux qui auront un rôle important dans cette guerre. Donc tu sais … Il y a aussi …Salazar. » répondit Clari calmement alors qu’il hochait la tête. Il savait parfaitement cela. Il était au courant … et de toute façon, il s’en doutait puisqu’il l’avait vu parmi les personnes qui partaient pour combattre Mékalarma. Mais il avait préféré ne rien dire et juste se concentrer sur la mission.

Bon … La soirée se passa plus tranquillement que prévue. Il discutait avec Clari pendant quelques heures au sujet de tout et de rien. Néanmoins, il fut l’heure d’aller dormir et il remercia la jeune femme de la discussion. S’enfonçant dans une tente qu’il ne partageait avec personne à cause de son « statut » militaire, il resta néanmoins debout pendant deux heures de plus. Un livre en main, il s’était mis à le bouquiner pour se renseigner bien plus sur les golems, comme il l’avait promis à la maréchale.

« Alors … Si je comprends bien … Ces livres ont une magie qui leur est propre. Contrairement à ce que l’on croit, il n’y a pas que la magie de l’utilisateur qui est prise en compte mais aussi celle des livres. Ces livres sont très anciens mais pourtant en parfait état de conservation. Ce n’est pas normal … »

Il se parlait tout seul, espérant que d’autres personnes ne l’entendraient pas. Mais d’après ce qu’il remarquait en jetant un petit regard hors de la tente, il n’y avait que peu de personnes … seulement des gardes qui faisaient des patrouilles. C’était une bonne chose d’ailleurs. Ca permettait une surveillance accrue en cas de gros problèmes.

« Bon … Néanmoins, ce n’est pas suffisant. » se murmura-t-il à lui-même en retournant dans la tente. Il devait faire attention à ces livres. Il avait peut-être une idée sur les golems … comme les utiliser … Qu’est-ce qu’il devait faire ? Pour réussir ?
Peut-être qu’un petit test avant d’aller dormir serait une bonne solution ? Comme les tentes n’étaient pas couvertes au sol pour la grande majorité, c’était possible. Il récupéra un peu de terre, commençant à façonner un golem tout en faisant apparaître ses lignes noires.
Le reste de ce qui se passa cette nuit fut inconnu de tous sauf de lui. La seule chose dont était certains les soldats, ce fut qu’ils retrouvèrent le jeune homme couchée a même le sol, baignant dans une boue à moitié solide. Lorsqu’ils arrivèrent à le réveiller, ils lui demandèrent de nombreuses explications mais le jeune homme semblait avoir tout oublié de cette nuit. Qu’est-ce que ça voulait dire ?

« Bon … De toute façon, la maréchale veut te voir dès que tu seras un peu plus propre. On lève le camp d’ici une heure au grand maximum donc tu ferais mieux de te dépêcher. » dit l’un des soldats en haussant les épaules.

Se laver ? La maréchale pour le voir ? Hey, hey, hey … Clari tenta de se rapprocher de lui pour avoir aussi quelques explications mais il fit un geste évasif de la main avant de s’éloigner. Bon … Où est-ce que les douches étaient installées ? Si on pouvait appeler ça une douche … Car bon, c’était juste seau d’eau manipulé par magie et qui tombait sur lui. Ah … Bon … Ce n’était pas le plus important.

« Hum ? Qu’est-ce que … Tiens … La lettre a changé …. »

Maintenant, il avait une lettre C sur le torse. Il la remarquait … alors qu’elle était de couleur noire. Noire comme l’ébène pour bien représenter son statut de porteur des lignes d’Alzar. Mais bon, s’il avait la lettre C, c’est qu’il s’améliorait non ? De toute façon, ce genre de choses n’avait aucune réelle signification d’après ce qu’il comprenait. Ce n’était pas la lettre qui faisait la personne, loin de là. C’était juste une … marque. Rien d’autre.

Lorsqu’il fut propre et qu’il eut terminé de se laver, il se rhabilla rapidement, se dirigeant alors vers la tente de la maréchale. Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? C’était pour parler de son aspect pitoyable … lors de cette petite scène, c’est ça ? Enfin, ce qui s’était passé cette nuit ? Mais quel idiot, mais quel idiot, voilà tout ! Et s’il y avait eu un traître ? Il aurait pu facilement le tuer puisqu’il s’était évanoui.

« Maréchale Nali ? Je suis là. » murmura-t-il devant la tente.

« Tu peux rentrer, vérifie seulement qu’il n’y ait personne derrière toi. »

Hum ? Bien entendu mais pourquoi ? Il s’exécuta, vérifiant derrière lui avant de pénétrer à l’intérieur de la tente. Drôle de recommandation de la part de la femme en armure noire. Il fallait dire que celle-ci se présentait encore à lui sans son casque noir sur son visage. Quand même … Qu’est-ce qu’elle était belle. Il le remarquait à chaque fois mais bon … Elen aussi était très belle bien que … Bien qu’il ne la voyait que très peu maintenant.
En fait, ça commençait à faire un bout de temps qu’il ne l’avait plus vue sur cette image. C’était vraiment triste pour lui … Ca l’embêtait beaucoup quand même. Mais bref … Manelena le regardait avec un peu d’inquiétude. Euh non ! Ce n’était pas possible qu’elle s’inquiète pour lui ! Après une nouvelle étude de son visage, il vit que c’était plus de la colère. De la colère ? Aie, aie, aie … Qu’est-ce qu’il avait fait de mal ?

« Euh … Maréchale Nali … Pourquoi est-ce que vous vouliez me voir ? »

« Pourquoi est-ce que tu t’es retrouvé couché et évanoui dans la boue ? » répondit-elle aussitôt au tac-à-tac, signe qu’elle semblait plus exaspérée qu’autre chose.

« Euh … Je ne m’en rappelle plus du tout, maréchale … » dit-il en baissant la tête, un peu honteux de ne pas s’en rappeler.

« Hum … Viens par là au cas où. » murmura la femme aux yeux rubis. Elle n’allait quand même pas le frapper non plus hein ? Il avait un peu peur sur le coup. Mais bon, il s’exécuta, se rapprochant d’elle avec un peu d’inquiétude.

La main gantée de métal noir fit disparaître celui-ci, se faisant paraître nue. Avec lenteur, elle la posa sur son front, le jeune homme restant parfaitement immobile. Qu’est-ce que … Hey … Hey … C’était un peu perturbant là.

« Tu n’as rien du tout. Je pensais que tu avais encore un peu de fièvre. Te rappelles-tu au moins ce que tu faisais avant de t’évanouir ? »

« Je crois oui … Enfin, d’après ce qui a été trouvé … J’étais en train d’étudier les livres sur les golems. Je crois que je voulais m’entraîner durement pour ce qui nous attendait. »

« … Oh. C’était donc pour une bonne raison. Je pense que tu étais surtout plus qu’épuisé. Tu as dû faire je ne sais quelle manipulation hasardeuse encore une fois. Bon … Si tout va mieux, je pense que tu peux t’en aller alors. » termina-t-elle de dire tout en retirant sa main de son front. Pourquoi est-ce qu’elle faisait ça ? Ca le perturbait …

« Maréchale Nali ? Est-ce que je peux affirmer une nouvelle fois … quelque chose ? »

« Affirmer ? Que veux-tu dire par là, Tery ? » demanda la femme aux cheveux argentés.

Même s’il était fatigué et exténué à cause de ce qui s’était passé, il vint s’incliner devant elle, mettant un genou au sol, une main sur le cœur. Aussitôt, ce fut elle qui se redressa du trône, plus que surprise mais aussi un peu en colère.

« Réponds-moi dès maintenant avant que je me mette en colère … Et loin qu’un peu. »

« Mademoiselle Manelena, je réitère mes propos. Je resterai fidèle principalement à vous et non pas à l’armée de Midès. Après tout ce que vous avez fait pour moi, ça me semble plus que normal et logique que ça soit ainsi. »

« Tout ce que j’ai fait pour toi ? Arrête donc avec cette vaste blague qui n’a que trop duré ! »

« Je ne plaisante pas, maréchale Nali. Je considère votre personne plus importante que l’armée de Midès. Je tenais à le dire avant que vous vous mettiez en colère. » murmura-t-il avant de se relever, un peu gêné.

« Dommage pour toi mais c’est déjà le cas. Tu as intérêt à disparaître dès maintenant avant que je m’emporte, c’est compris, Tery Vanian ? Ce genre d’imbécilités n’a pas à être proféré ici. Tu le sais aussi bien que moi alors disparais ! »

« Comme vous le désirez, maréchale. Mais je reste campé sur mes positions, désolé. » termina de dire Tery avant de s’éloigner.

Pourquoi est-ce qu’il continuait à parler de la sorte ? C’était quoi son objectif avec de telles paroles ? Qu’elle le considère comme un ami ? Un allié ? De qui se moquait-on ? Elle n’était pas comme ça et il devrait le savoir ! Ca ne lui faisait aucun effet, rien du tout. Enfin … C’est ce qu’elle aimerait penser mais ce n’était pas totalement vrai.
Elle resta de marbre en le regardant partir de la tente avant de serrer longuement le poing droit. Assez … Si ça s’apprenait … Si ça s’apprenait, ça allait faire encore plus de rumeurs stupides. Ils allaient penser à des choses absurdes qu’elle ne pouvait pas laisser passer. Elle devait mettre un terme à tout ça.

« Pfiou … Vraiment, des fois, j’aimerai que tout soit bien plus simple. » marmonna le jeune homme aux cheveux bruns, ayant quitté la tente de la maréchale pour se diriger vers la sienne. A l’intérieur, il revint s’asseoir sur son lit, reprenant l’un des livres golemiques dans ses mains. Il passa un doigt sur la couverture, un petit sourire aux lèvres.

« Vraiment … Si c’est cela … le problème … Je ne pense pas que ça soit si important alors dans le fond. J’espère qu’ils seront surpris d’ici là. »

Hahaha … Il n’aimait pas mentir, loin de là même. Mais il ne pouvait pas parler de ce qu’il avait fait hier. Il était sûr que cela serait plus qu’utile aux yeux de tous et de toutes, surtout dans cette guerre impitoyable qui allait commencer plus que bientôt. Du moins, c’est ce qu’il croyait … Ou espérait … Il ne savait pas vraiment.

« Toc, toc. Je peux rentrer dans la tente, Tery ? »

« Clari ? Qu’est-ce que tu me veux ? Mais bonjour sinon. » murmura le jeune homme, acceptant par-là l’arrivée de la jeune femme aux couettes blondes.

« Euh … Tu ne trouves pas ça normal que je vienne prendre de tes nouvelles ? Après ce qui s’est passé cette nuit ? » demanda-t-elle, se présentant à lui. Elle vint l’embrasser sur les joues, posant rapidement une main sur son front. « Pas de température … Alors, tu m’expliques ce qui s’est passé ? AH ! Il faut aussi que l’on démonte la tente. »

Elle allait l’aider visiblement. Pourtant, il ne lui répondait pas alors qu’il commençait à mettre ses affaires dans son sac. Bon … Monter une tente, démonter une tente … Il devait prendre l’habitude car ça allait être ça pendant un bon bout de temps.

« Alors ? Tu me parles ou quoi ? J’ai le droit de savoir si tu vas bien ou non. »

« Je vais bien, je vais bien. Tu n’as pas besoin de t’alarmer non plus, Clari. Est-ce que j’ai d’aller mal ? La maréchale m’a déjà pris la température, tu vois bien que je n’ai pas de fièvre alors bon … De toute façon, je ne vois pas en quoi … »

« OH ! J’ai cru bien entendre ? Ou alors … Il se pourrait que la maréchale te dorlote et essaye de voir si le petit bout va bien ? » murmura Clari avec ironie.


TSSSS ! Il aurait mieux fait de se taire ! Heureusement qu’il n’y avait qu’elle pour parler de ça … Car sinon, si les autres apprenaient à son sujet … avec la maréchale, il le sentait beaucoup moins. La tente fût démontée, le jeune homme poussant un profond soupir avant de mettre une main sur son front. Il était en sueur ?

« J’ai l’impression que j’ai fait trop d’efforts. » murmura Tery.

« Tu n’as vraiment l’air de ne pas aller bien … Tu m’inquiètes là. » répondit la jeune femme aux cheveux blonds, passant une main sur les joues de Tery.

« Que se passe-t-il ici ? Vous êtes parmi les derniers. » dit une voix féminine, la maréchale arrivant vers eux. Clari désigna Tery, reprenant :

« C’est lui. Il prétend qu’il n’a aucun problème mais il m’a l’air plus que faible. Je ne suis même pas sûre qu’il tienne vingt minutes en marchant dans cet état. »

« On ne va pas retarder l’armée juste pour un seul homme. Par ici, Tery ! » s’écria la maréchale, le prenant par le bras pour le traîner derrière elle. Il poussa un gémissement de douleur, son sac sur le dos alors qu’il regardait Clari. Celle-ci lui fit un grand sourire et un geste de la main pour le saluer.

« Non mais qu’est-ce … Je vais très bien maréchale ! »

« Oui bien entendu … Alors que tu sembles fondre au soleil avec toute cette sueur qui s’écoule de ton corps ? C’est répugnant. » dit calmement la maréchale, se rapprochant d’un destrier au pelage onyx. Une superbe bête … à deux têtes. A croire que c’était la même que celle d’il y a bientôt … une année ? Lorsqu’il était parti vers Honoros ?

« Qu’est-ce que vous allez faire maréchale ? » demanda le jeune homme.

« Devine un peu, espèce d’idiot. Bon … Tends la main, je ne suis toujours pas sûre que tu sois capable de grimper sur cette bête. » répondit Nali, n’attendant pas qu’il lui montre sa main droite. Elle grimpa sur l’équidé à deux têtes, forçant Tery à faire de même.

« Je ne suis pas sûre que … ça soit une bonne idée. »

« Ce que les autres en penseront, je vais te le dire : ça ne m’intéresse pas. Tu es une personne qui a un statut spécial dans l’armée. Que l’on essaye de me retrouver quelqu’un avec des lignes d’Alzar et capable de créer des golems et je le prendrai à ta place sur le cheval. Et c’est bien parce que tu me sembles exténué que tu as le droit à un tel traitement. Sinon, tu pouvais tout simplement t’attendre à marcher comme les autres. Alors, tu arrêtes de faire la mijaurée et tu places tes mains autour de mon ventre, c’est compris ? »

« D’a … D’accord, maréchale Nali. Pardon … C’est juste que ça me semble un peu gênant, c’est tout. Je n’ai pas l’habitude de ça. » bafouilla Tery, la femme en armure noire le forçant à placer ses mains sur son ventre.

« La ferme, Tery Vanian. C’est compris ? J’en ai assez de me répéter. » coupa-t-elle sèchement, signe qu’elle commençait à être exaspérée. « Tu l’ouvres encore et tu vas retourner au sol, avec mes affaires en plus des tiennes sur le dos. »

« Je devrais plutôt vous remercier, maréchale. »

« Oui … Oui. Remercie-moi et tais-toi. Je pense déjà que tu … Hum non rien. » termina de dire la femme en armure de plaque noire.
Elle n’avait pas besoin de le préciser. Les regards de nombreux soldats et généraux étaient plus qu’éloquents à ce sujet. Certains étaient étonnés, d’autres un jeu jaloux du jeune homme qui semblait avoir une relation plus que spéciale avec elle pour pouvoir se retrouver sur la même monture … que la maréchale.

Il tourna son visage, remarquant l’air surpris d’Olin mais aussi ceux des autres … personnes qui l’avaient accompagné à Honoros. Clari était la seule personne qu’il connaissait qui lui faisait un grand sourire. Elle semblait être heureuse … qu’il soit ici, derrière la maréchale. Pourtant, il n’y avait pas de quoi.

« Tery … Si tu es derrière moi, c’est jusqu’à cette après-midi ou ce soir. Cela dépendra de ton état de santé, est-ce bien clair ? »

« Oui … Oui … Maréchale Nali. Ne vous en faites pas, je vois parfaitement où vous voulez en venir. Mais merci quand même pour tout ça. » dit le jeune homme alors que maintenant, il était temps pour l’armée de continuer son chemin en direction de l’endroit où se trouvait celle de Mélakarma. Ça pouvait être une expérience enrichissante non ?

C’était ce qu’il tentait de penser pour se rassurer. Pas sûr que ça ne marche … Pas du tout même … Ah … Non mais vraiment. Il voulait juste éviter que d’autres soldats soient jaloux de ce qui se passait. Enfin, il espérait … Car devant le regard de certains … Par contre, il remarquait autre chose. La maréchale n’était jamais à côté des autres généraux pendant la marche. Non … Elle était dans son coin … Et c’était presque une balade à deux.

« Maréchale Nali … Vous êtes vraiment une femme solitaire, n’est-ce pas ? » dit-il après une bonne heure de marche en étant sur le cheval à deux têtes.

« Hum ? Qu’est-ce que tu racontes encore, Tery ? »

« Oh … Je ne sais pas … mais pourquoi est-ce que vous ne discutez pas avec les autres généraux ? Je ne pense pas que ces hommes soient des monstres non ? Enfin … Je veux dire, après ce que je sais … Après ce que j’ai connu, je me dis que chaque personne est normale … Enfin, à peu près normale d’après ce que je crois comprendre. »

« D’après ce que tu crois comprendre … Or, tu ne comprends jamais rien. » répliqua-t-elle sèchement, lui montrant bien par là qu’elle voulait éviter toute discussion hasardeuse avec lui.

« C’est sympathique de votre part, maréchale Nali. »

« Je ne suis pas faite pour être sympathique, Tery Vanian. Là, je ne fais que mon devoir en te prenant avec moi sur ma monture. »

« Je le sais parfaitement, maréchale. Je le sais parfaitement … Ne vous inquiétez pas, le message est très bien passé hein ? »

Il avait fini de parler à son tour, soupirant une nouvelle fois alors que la maréchale ne lui répondait pas. C’était trop souvent ainsi. Peut-être devait-il chercher un autre sujet de conversation ? Il n’en était pas sûr, loin de là même. La maréchale n’était pas de bonne humeur … Enfin, elle l’était très rarement. Pourquoi une telle femme était ainsi ? Elle était pourtant plus que jolie d’après ses propres critères … Or il ne trouvait pas qu’ils étaient mauvais, loin de là. Il la trouvait aussi bien qu’Elen, c’était pour dire. Bon, Clari était très belle aussi hein ? Ses couettes blondes lui allaient bien. Ça lui donnait un peu l’aspect d’une guerrière venue d’ailleurs, ce qui n’était pas vilain.

« Maréchale … Dites … Sincèrement … Est-ce dérangeant de m’avoir à vos côtés ? » demanda-t-il, sentant son cœur se serrer faiblement dans sa poitrine.

« C’est quoi ce ton triste que tu me donnes ? Tu crois être une plaie et un boulet ? Tu penserais que je dirai le contraire ? Mais tu l’es, Tery Vanian. »

« … … … Oui. » répondit tout simplement le jeune homme.

« Maintenant, tu arrêtes de poser ce genre de questions particulièrement stupide et tu observes les alentours. Nous nous avançons peu à peu en direction de la zone où l’armée mékarlarmienne s’est installée. Il se pourrait qu’il y ait des éclaireurs. » conclut-elle tandis qu’il hochait la tête. C’est vrai. Qu’il arrête de penser de la sorte, c’était tout simplement stupide de sa part. Il allait l’aider du mieux qu’il le pouvait.

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