Chapitre 44 : Peu enclin à continuer

ShiroiRyu
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Chapitre 44 : Peu enclin à continuer

Il eut du mal à trouver le sommeil cette nuit-là. Il fallait dire qu’il se sentait coupable du meurtre des soldats … alors qu’à côté, les généraux, la maréchale, Clari, tous les autres devaient sûrement n’en avoir rien à faire. Au beau milieu de la nuit, il sortit de sa tente, faisant quelques pas en saluant les soldats qui montaient la garde.

Il avait besoin de marcher … et de ne plus penser à toute cette histoire. Plus facile à dire qu’à faire, comme d’habitude. Alors qu’il en proie à ses réflexions, une lettre ailée vint le frapper en plein visage. AIE ! C’était quoi ça ? Elen ? Elen lui écrivait ? A cette heure-ci ? Ou alors le voyage avait été tellement long que dans le fond, la lettre avait réussi à se perdre ? C’était à se poser la question. Mais bon, elle tombait à pic.
Il récupéra la petite lettre, commençant à l’ouvrir pour pouvoir la lire. Ça commençait à faire un bail entre eux deux. A force, il se sentait s’éloigner peu à peu de la jeune femme au masque blanc. Il fallait dire que lui refuser de se montrer une nouvelle fois en image, ça lui avait jeté un certain froid comme si … Elle ne voulait pas qu’il la voie.

« Mais c’est à elle seule de décider ce qu’elle veut ou non. »

Il avait décidé de se parler à lui-même alors qu’il venait s’asseoir sur un tronc d’arbre. Alors qu’est-ce qu’elle marquait de beau ? Car il ne savait pas du tout où elle était et ce qu’elle faisait maintenant. Mais bon … C’était normal car il ne s’était pas tenu au courant plus que ça. Alors … Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Pourquoi il pensait aussi méchamment ? Qu’est-ce que la petite Elen lui voulait ? Voilà, c’était mieux de penser comme ça.

Alors … Euh et bien, elle voulait absolument qu’il lui donne de ses nouvelles. Qu’il lui dise où est-ce qu’il se trouvait et toutes ces choses. Elle voulait venir le sauver ? Lui ? Hahaha. Qu’elle était quand même charmante quand elle pensait de la sorte. Mais non, il n’avait pas besoin d’aide. De plus, si les autres soldats la voyaient, ils risquaient de l’attaquer. Non et non ! Il était hors de question qu’elle vienne jusqu’ici !

Il n’était pas fou pour la mettre en danger. Elen, c’était un peu quand même comme la petite fille qui voulait se montrer plus grande qu’elle n’était. Elle était bien plus fragile qu’elle ne le croyait et elle donnait plus envie qu’on la protège qu’autre chose. Ou alors de la serrer dans ses bras, ça dépendait de la situation. Pfiou ! A quoi est-ce qu’il pensait ? A cause de toutes ces idées absurdes mises en tête par Clari, il s’imaginait des imbécilités.

« Bon … Qu’est-ce que je vais pouvoir lui écrire pour la rassurer ? La vérité. »

C’était pas vraiment la meilleure idée qu’il avait mais bon … Il n’aimait pas mentir à Elen, c’était aussi simple que ça. Retournant dans sa tente pour avoir de quoi écrire, il s’imaginait déjà quoi lui écrire. Il avait tellement de choses et pourtant en même temps … Rien ne se couchait sur le papier. Il n’arrivait pas à trouver les mots.
C’était bête ! Pourquoi est-ce qu’il ne savait pas quoi lui dire ? Qu’il n’était pas en danger ? C’était faux ! Qu’il était en bonne santé ? Ça, c’était vrai … Mais il se sentait plus que mal ! Est-ce qu’il pouvait lui raconter la vérité ? Il ne lui avait jamais réellement caché tout … AH ! Maintenant qu’il y pensait, il racontait quand même beaucoup de choses à Elen ! Même ses petites anecdotes par rapport à Manelena ! Il n’avait pas honte ? C’était personnel et surtout, en quoi est-ce que ça intéressait Elen ?

Il ne savait pas … Il avait l’impression de quand même commettre une lourde faute. Mais qu’importe, ce n’était pas très grave. Même si y avait des chances que ça soit du domaine du personnel et surtout du secret militaire, il commença à lui raconter tout ce qui s’était passé. Lui qui se voulait rassurant, ce fut loin d’être le cas.
Maintenant qu’il ne choisissait pas vraiment ce qu’il écrivait, ce fut plusieurs pages qui furent écrites avant qu’il ne les mettre dans la lettre. Celle-ci avait même un peu de mal à décoller alors qu’il la regardait partir. Quand même … Il avait peut-être écrit un peu trop mais bon … Il ne faisait pas cela pour rien, loin de là. En même temps, il avait préféré éviter de donner sa localisation. Il ne savait pas du tout où il se trouvait de toute façon.

« Et ça ne la concerne pas le moins du monde. C’est beaucoup trop dangereux. »

Beaucoup trop mais en même temps, il se sentait un peu soulagé et apaisé. Au moins, il avait des nouvelles d’Elen et c’était quand même une bonne chose. En fait, c’était même une très bonne nouvelle. Maintenant, il fallait juste que tout se passe bien. Il arriva à trouver le sommeil quelques minutes plus tard, espérant que demain serait une meilleure journée.
Et ça, il n’en serait jamais réellement sûr. Le lendemain matin, il fut réveillé par Clari qui s’était infiltrée dans sa tente pour l’embrasser doucement sur la joue. Sur le coup, il avait marmonné :

« Hum … Maman, laisse-moi dormir un peu. » qui ressemblait un peu à un grognement avant qu’il n’ouvre ses yeux, voyant les yeux émeraude de Clari. Il tenta de se redresser mais il remarqua qu’elle le bloquait de ses deux mains.

« Non, non … Tu ne bouges pas, Tery. Ca n’avait pas l’air d’aller fort … hier soir. Tu sais, même si ce n’était pas dit directement, la maréchale a dit à voix haute qu’elle te trouvait bizarre … sans pour autant me demander alors de voir comment tu allais. »

« Ah … Euh … Et bien, ça va non ? Tu ne vois pas ça ? » reprit le jeune homme avec neutralité, se laissant faire comme si de rien n’était.

« Mouais, je suis pas vraiment convaincue par ce que tu dis hein ? Tu ne veux pas tout me raconter plutôt ? Ca  éviterait que l’on perde du temps chacun non ? »

Mais sincèrement, il n’avait rien à dire. Elle semblait n’en avoir rien à faire des soldats qui étaient morts à cause des médaillons. Et les autres soldats non plus d’ailleurs … Ils ne se posaient pas de questions, c’était juste la « fatigue » à leurs yeux. Voilà quel était le problème, le problème dont il ne comptait pas parler à la jeune femme.

« Alors ? S’il te plaît, Tery, ça ne sert à rien de la boucler. Ca n’arrangera pas la chose hein ? Alors raconte-moi tout s’il te plaît. Je n’aime pas te forcer quand même. »

« Sans mentir, ce n’est pas important. Ce ne sont que mes pensées personnelles au sujet de quelque chose. Tu n’as pas à t’en faire. Mais tu peux aussi me lâcher ? » demanda-t-il calmement alors qu’elle s’exécutait.

« Mon but n’est pas de t’imposer quoi que ce soit. Je veux juste que tu évites d’être trop distant avec moi. C’est tout. Nous sommes des soldats mais avant tout, nous sommes des humains. » annonça la jeune femme à la queue-de-cheval blonde.
Il eut un petit rire qui semblait plus nerveux qu’amusé par ce qu’elle venait de prononcer. Tous des humains ? Il n’était pas sûr de ça. Mais il valait mieux pour lui qu’il se taise. Car sinon, il risquait d’être méchant inutilement. Il murmura néanmoins pour la rassurer :

« Ce n’est rien de bien important de toute façon. Tu n’as pas à t’en faire. »

Mais il n’arrêtait pas de lui répéter ça ! Pourquoi est-ce qu’il ne voulait pas plutôt lui dire ce qu’elle avait hein ? Elle le força à le relever avant de l’enlacer longuement. Qu’importe les soldats qui rentraient dans la tente, elle s’en fichait ! Elle souffla dans son oreille :

« Tery … Je n’ai pas envie que tu me caches … quelque chose … Pas toi. Vraiment pas … Tu es trop important pour moi … Alors je ne veux pas que tu me laisses seule. »

« Je n’ai jamais pensé à te laisser seule, tu te fais des idées, là. » répondit-il, plutôt surpris. « Mais quand même, arrête de m’enlacer. C’est plus que gênant et tu le sais parfaitement. »

Elle le savait mais il ne pouvait pas comprendre. Il ne pouvait pas comprendre … pourquoi elle faisait ça. Elle reprit en chuchotant :

« Tery … Tu ressembles tellement à mon grand frère … Et je ne veux pas qu’il y ait de secrets … Je ne veux pas du tout. »
Elle parlait comme une petite fille qu’on avait punie mais il resta de marbre. Son grand frère ? C’est vrai qu’il ne connaissait pas la famille de Clari contrairement à elle qui connaissait un peu sa mère. Pfff …

« C’est trop compliqué et ça me prend la tête pour rien toute cette histoire. Bon … C’est juste par rapport aux soldats morts par les médaillons. Je n’apprécie pas la méthode utilisée, voilà tout. Tu le sais maintenant. Si tu peux me lâcher. »

Elle s’exécuta, le libérant de son étreinte. Et bien voilà ! Elle avait finalement eu gain de cause ! Il fallait juste le pousser un petit pour ça ! Elle lui fit un petit sourire qui disparu rapidement avant qu’elle ne reprenne :

« Si tu veux, je te parlerai un peu de mon grand frère … et de ma famille … Tery. »

« Pourquoi pas ? Ca me permettra de comprendre pourquoi tu réagis toujours de la sorte avec moi. Mais je ressemble … vraiment à lui ? Enfin … A ton grand frère ? »

« Physiquement, c’est le cas. Et un peu aussi dans ta façon de réagir. Tu sais, je l’aimais énormément mon grand frère. » murmura-t-elle doucement.


Aimais ? Il ne posa pas de questions, comprenant parfaitement ce qu’elle voulait dire par là. Il n’avait pas besoin d’être un génie … pour comprendre que son grand frère était mort. Il caressa doucement son dos comme pour lui montrer qu’il restait là … lui.

Elle resta dans ses bras pendant quelques instants tandis qu’il se sentait gêné. Être un grand frère pour une jeune femme plus grande que lui ? C’était spécial … mais il pouvait surement supporter tout cela. Tant qu’il pouvait éviter qu’elle ne soit triste … comme les autres personnes qu’il appréciait, ça serait une bonne chose.

Finalement, il quitta la tente tandis que l’armée devait se réunir pour une nouvelle allocution du roi. Il allait encore faire un discours … mais est-ce qu’il allait parler des soldats ? Il n’en était pas sûr. Est-ce que la vie de simples personnes … qui n’existaient sûrement même pas à leurs yeux … avait une quelconque importance ? Loin de là.

Néanmoins, il se positionna au milieu des autres soldats alors que le roi était en train de faire les cent pas devant eux. Finalement, lorsque la majorité des soldats furent présents, il s’arrêta, observant son armée. Les généraux et la maréchale étaient derrière lui, prêts à l’écouter comme les autres.

« Hum. Nous allons tout de suite commencer par les mauvaises nouvelles. Hier, malheureusement, de nombreux soldats sont morts à cause de la trop grande fatigue causée par le combat contre l’armée mékalarmienne. Je tiens tout d’abord à saluer leurs ardeurs au combat qui nous a permis de repousser les lignes ennemies. »

C’était quand même … surprenant de la part du roi. Il ne disait rien du tout, il n’était pas fou pour prendre la parole devant le roi mais quand même. Le roi tenait à saluer ces personnes … qui s’étaient tout simplement sacrifiées, peut-être sans même le savoir ? Car oui, le roi ne parlait pas des médaillons qui étaient responsables de tout cela.

« Mais néanmoins, nous ne devons pas laisser ses sacrifices en vain. Aujourd’hui et pour le reste de cette guerre, nous devons garder en mémoire tous ces hommes et femmes qui sont morts pour repousser l’envahisseur de notre royaume ! Nous combattrons jusqu’à la fin ! Nous combattrons jusqu’à ce que Mékalarma ne soit plus que des ruines après notre passage car OUI ! Nous ne nous contenterons pas simplement de les repousser mais aussi de rayer leur royaume de la carte de ce monde ! Et cela sera de même pour tous les autres royaumes qui tenteront de s’opposer à nous. »

Des applaudissements et des cris se firent entende autour de lui alors qu’il tapait dans ses mains tout doucement. Au moins, le roi savait comment motiver les troupes. C’était toujours une bonne chose … Enfin, c’est ce qu’il pensait. Le roi d’ailleurs, n’avait toujours pas fini de prendre la parole puisqu’il continua :

« Aujourd’hui, nous allons les repousser à l’extrême limite de notre royaume. Aujourd’hui, nous allons les emmener dans un guet-apens … Un endroit dont ils ne pourront pas s’en sortir puisqu’ils ne connaissent pas notre royaume aussi bien que nous ! Je veux bien entendu parler du désert rocailleux … Endroit funeste où rares sont les personnes à s’en sortir sans carte. Nous allons les piéger à l’intérieur et nous nous chargerons alors de ceux qui arrivent à en sortir. Êtes-vous avec moi, ma fidèle armée ? »

De nouvelles clameurs de la part de ses troupes et voilà qu’ils étaient encore plus motivés à aller se battre. Par contre, le désert rocailleux ? Il devait vraiment arrêter de sécher la lecture des cartes de ce monde. Car oui, il n’était pas au courant de ce fameux désert. Son propre royaume lui était encore inconnu. C’en était pathétique.

Toujours dans la partie qui allait avancer alors que ceux qui étaient blessés restaient en arrière, le jeune homme aux cheveux bruns marchait à pas cadencés en direction de ce fameux désert rocailleux. Accompagné par Clari qui ne le lâchait pas d’une semelle, il observa le décor autour de lui.
Des roches … Des rochers et beaucoup de sable. Il n’y avait que peu de végétation mais les rares arbres étaient les bienvenus, faisant un bon nombre de mètres. Et à partir de là, les zones d’ombre permettaient de les protéger du soleil. Par contre, le terrain était assez accidenté et difficile à parcourir.

« Fais attention où tu mets les pieds, Tery. » murmura Clari alors qu’il ne lui répondait pas.

Il n’était pas particulièrement stu … AH ! Sa tête s’enfonça dans le sable alors qu’il venait de se prendre une racine à peine sortie du sol. Des rires se firent entendre, surtout un qui était très proche de lui. Il se redressa, fronçant les sourcils avant de s’épousseter. Le mieux était de ne pas montrer la gêne et la honte qu’il avait.

« Il vaudrait mieux se méfier des racines des rares arbres. A croire qu’ils sont là depuis des siècles pour avoir des racines aussi grandes. »

« Bien entendu, Tery. Bien entendu … Pas trop de bobo ? » murmura la jeune femme à la queue-de-cheval blonde avec un grand sourire.

« … … … Je vais éviter de te répondre pour ne pas paraître impoli. »

« Roh. Tu ne peux pas dire que je ne t’avais pas prévenu non plus hein ? »

Il avait dit qu’il ne lui répondrait pas et c’était bien ce qu’il comptait faire. Plongé dans son mutisme, il continua de suivre l’armée jusqu’à ce que la maréchale ne les arrête tous. Car oui, c’était elle qui dirigeait les opérations, le roi étant resté dans le campement, accompagné de nombreux généraux. Par contre … Certains soldats avaient à nouveau les médaillons.

« Nous allons séparer la troupe en trois parties … L’une partira en direction de l’est. L’autre vers l’ouest. Quant à la troisième, dirigée par moi, elle ira plein nord. Normalement, nous nous retrouverons rapidement. »

La maréchale fit un petit geste de la tête, invitant Tery à l’accompagner. Clari fit un petit rire mais arrêta aussitôt de sourire lorsque la maréchale lui annonça qu’elle partait vers l’ouest.

« Hey … Mais attendez, maréchale Nali, je préférai réellement accompagner … »

« Hum ? Tu discutes mes ordres ? Je te conseille d’y obéir avant que … »

« Clari, ça t’apprendra à te moquer de tout et de rien. » coupa doucement le jeune homme, espérant que la maréchale ne lui en voudrait pas pour cela.

« … D’accord, j’ai compris. Je vous laisse en tête à tête. » rétorqua la jeune femme avant de s’éloigner sans plus de mots. Quelques sifflements se firent entendre, signe que les soldats étaient stupéfaits qu’elle n’ait pas peur de la maréchale et surtout de ce qu’elle venait de dire.

La maréchale ne chercha même pas à lui répondre, n’ayant pas de temps à perdre avec une telle femme. Néanmoins, il était vrai que Tery marchait toujours à côté d’elle depuis qu’ils étaient rentrés dans le désert. Après, ce n’était pas pour ça qu’il parlait à la femme en armure de plaques noire. Sur le chemin, il observait les alentours, remarquant quelques rares nuages dans le ciel. Hum … Ca ne lui plaisait que moyennement.

« Maréchale … Même si je deviens un peu paranoïaque, je crois que … »

« Nous surveillerons le ciel au cas où. Il vaut mieux être trop prudent que pas assez … dans ce genre de situations. Sinon, cela risque de très mal se terminer pour ne pas changer. »

« D’accord. Il vaut mieux prévenir que guérir alors. »

Elle ne confirma pas ses dires, tout cela lui semblant plus que logique et normal. Pendant qu’ils continuaient de marcher avec une partie des troupes, il observait encore une fois les environs. Il ne voulait pas tomber dans un guet-apens, ça serait si stupide de sa part.
En même temps, il cherchait à tout prix à ne pas causer d’ennuis à la maréchale. Mais est-ce que les soldats mékalarmiens étaient vraiment ici ? Car d’ailleurs, c’était une chose plus qu’étonnante … Pourquoi viendraient-ils ici ? Peut-être qu’il devait poser la question à la maréchale ? Avec discrétion, il souffla :

« Maréchale Nali … Est-ce que l’on est sûr que les mékalarmiens se trouvent ici ? Ils n’ont pas l’air assez stupide pour se diriger vers un tel endroit. »

« Nos éclaireur ont signalés qu’ils se dirigeaient vers cet endroit. Il y a peu de chances qu’ils connaissent le désert autant que nous le connaissons. »

« Mais et si les éclaireurs … » commença à murmurer le jeune homme.

« Là, je pense que tu peux t’abstenir. Des fois, il vaut mieux garder pour soi ce que l’on pense. Ça permet d’éviter de gros problèmes. »

Hum ? Comment ça ? Bon, d’accord, il allait se taire. Et c’est vrai qu’il n’avait aucune preuve de ce qu’il avançait alors bon … C’est juste qu’il voulait éviter que les soldats n’utilisent encore une fois les médaillons. Si les gens apprenaient que cela nécessitait le sacrifice d’une personne ne possédant pas les lignes d’Alzar ou Zélisia …

Bien entendu, lui-même pourrait essayer d’utiliser les médaillons mais il n’était pas sûr qu’il y arrive. Peut-être qu’il devait avoir bien plus confiance en lui ? Oui, ça serait beaucoup mieux pour tout le monde, surtout lui-même. Il regarda discrètement la maréchale. Elle lui avait souvent crié dessus … mais il était quand même content de la connaître.

« Pourquoi est-ce que je pense de telles choses ? »

« Car tu es particulièrement stupide. Maintenant, arrête de parler. »

Ce fut la maréchale qui répliquait aussitôt à ses paroles. Il avait encore pensé à voix haute, c’était quand même problématique mais en même temps, la marche était ennuyeuse car nul ne parlait. Bien entendu, s’il commençait à faire la conversation avec la maréchale, il n’était pas sorti d’affaire mais bon … Au moins, il ne s’embêterait pas.

Une pause fut accordée après une bonne heure de marche. Assis à côté de la femme en armure noire, il observait les soldats qui se désaltéraient, certains créant de l’eau avec efficacité grâce à leurs lignes bleues. Il ne disait plus rien, ne faisant que sourire faiblement à la maréchale quand il avait la chance de voir qu’elle le regardait.

« Je peux savoir pourquoi tu as un sourire niais aux lèvres ? Enfin, encore plus que d’habitude. Si tu le sais toi-même bien entendu. »

« Pour pas grand-chose. Je me contente de peu … et puis bon, je dirai que ça va beaucoup mieux par rapport à ce qui s’est passé hier soir. »

De quoi est-ce qu’il parlait ? Qu’est-ce qui s’était passé hier soir ? Peut-être évoquait-il les soldats qui étaient morts par les médaillons ? Est-ce qu’il avait réussi à tirer un trait sur cette histoire et à ne plus y penser ? Elle espérait pour lui car ça serait dommageable sinon.

« Maréchale … Je voulais vous demander en privé … » murmura subitement le jeune homme, regardant autour de lui pour être sûr de ne pas être entendu. « Qu’est-ce que vous pensez sincèrement des soldats … sacrifiés hier ? »

« Ce que je pense d’eux ? Ils sont morts pour le royaume de Shunter, il n’y a pas plus belle mort. Ils sont morts en héros … malgré eux. »

« Et sinon, vous n’en pensez rien de plus ? Du genre que c’est une mauvaise chose non ? Je ne sais pas … J’ai l’impression d’être le seul à me préoccuper de ce qui s’est passé. »

« Tu es sûrement le seul, oui. » répliqua-t-elle sèchement.

« Je m’en doutais … Ca m’apprendra de toute façon. » marmonna le jeune homme, perdant le sourire qu’il lui avait arboré auparavant.

« Au moins, il y a toujours quelqu’un qui pense à eux … ce qui n’est peut-être pas forcément vrai pour tous les autres. Si c’était aussi simple que ça, combattre dans l’armée serait un plaisir. Or, est-ce que tu ressens du plaisir en faisant ce travail ? »

« Avec tout ce qui se passe autour de moi, je ne suis plus vraiment sûr, maréchale. »

« C’est bien ce que je pensais … Après cette guerre, tu pourras sûrement quitter l’armée si tu le désires. Tu ne seras pas le seul à demander une telle chose. Essaye d’y réflé … »

« Pour l’heure, je veux surtout vous servir, maréchale. Ce n’est pas l’armée que je sers … seulement les personnes que je trouve proches de moi. » coupa-t-il faiblement.

« Encore et toujours le même discours … Cela m’exaspère, Tery. »

Et pourtant, elle poussa un soupir car ce n’était pas la première fois qu’il disait une telle chose. Qu’est-ce qu’elle avait de si spécial pour qu’il soit aussi collant avec elle mais aussi son idée de la servir … qu’elle ? Il n’était pas un preux chevalier ! Juste un simple soldat !

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