Chapitre 51 : Ivre de haine

ShiroiRyu
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Chapitre 51 : Ivre de haine

« Qui est cet homme ? Il semble bien connaître la maréchale. »

« T’es pas au courant ? Il est toujours à ses côtés. Il n’a rien de spécial quand on le regarde comme ça mais c’est un spécialiste des golems et il possède les lignes d’Alzar. On ne dirait pas mais il faut toujours se méfier des apparences. »

« Ouais mais bon … On dirait qu’il y a quand même plus que ça. » marmonna le premier soldat après les paroles du second, toujours étonné.

La maréchale … Non … La princesse. C’était la première fois qu’il voyait une princesse devant ses yeux. Mais ce n’était pas une simple princesse comme dans les contes de fée. Les princesses avec de longues robes et toutes ces choses. C’était une princesse guerrière. Une princesse qui avait caché son rang depuis des années.

« Manelena … Ne fais pas ça. » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns.

« Sais-tu à qui tu t’adresses ? » répondit avec calme la jeune femme aux cheveux argentés.

« Ça ne change rien ! Je ne vais quand même pas abandonner une personne pour … »

« Tery, tu voudrais donc que toute l’armée se sacrifie à ma place ? Préférais-tu une mort ou plusieurs milliers d’entre elles ? »

Encore une fois, elle venait de dire des paroles sensées et plus que justes mais … MAIS … MAIS NON ! NON ET NON ! On parlait de la maréchale ! On parlait de la princesse du royaume ! Même si personne ne connaissait son existence avant aujourd’hui …

« Roi Theor ! Faites quelque chose ! C’est quand même votre fille ! »

« Petit impertinent, sais-tu à qui tu t’adresses ? » dit l’un des généraux, employant la même phrase que la jeune femme aux cheveux d’argent.

« Manelena … » murmura faiblement le roi alors qu’il observait la femme en face de lui.

« Oui, père ? Que désirez-vous ? » demanda avec calme la femme aux yeux rubis.

« Rends-toi utile. » déclara le monarque, la jeune femme ne faisant qu’hocher la tête.

Se rendre utile ? Elle n’était pas un objet ! Pas du tout ! C’était quoi cette blague ? Il regarda le roi, serrant le poing tout en voyant que le roi faisait de même. Il avait des paroles très dures ! Beaucoup trop dures pour sa fille ! D’ailleurs, pourquoi est-ce qu’il n’en avait jamais parlé ? Attendez … un peu. Il y avait quelque chose de choquant, de très choquant même. La maréchale, si elle contrôlait ses lignes d’Alzar aussi bien, c’est bien parce qu’elle haïssait une personne en particulier ? Elle lui avait déjà dit qui c’était mais … mais … C’était le roi non ? Elle haïssait terriblement le roi ? Alors pourquoi rejoindre l’armée ? Pourquoi en devenir la maréchale ? Pourquoi est-ce qu’elle faisait tout ça ? POURQUOI ? POURQUOI ? IL VOULAIT UNE EXPLICATION ! Il voulait qu’elle lui réponde avant ! Il voulait … Il commença à faire quelques mouvements vers elle mais s’immobilisa lorsqu’elle posa ses yeux sur lui. Il demanda d’une voix triste :

« Maréchale … Pourquoi est-ce que vous faites tout ça ? »

« Pour sauver tout un peuple irresponsable. Tu connaissais pourtant la réponse. »

« Oui mais … Maréchale ! Non … Manelena, c’est juste de … »

« La folie ? C’est le cas. Mais il faut savoir se montrer raisonnable. Maintenant, si tu veux bien, j’ai une séance de tortures à subir. » déclara la jeune femme aux cheveux d’argent.

Une séance de torture ? Et le roi qui lui disait de se rendre utile ? C’était quoi cette blague ? C’était quoi cette blague ? Il n’allait pas la laisser faire ! Il jeta un regard sur Clari, celle-ci ayant perdu son sourire, détournant le regard. On ne pouvait pas se rebeller contre le roi et ses ordres, c’était tout simplement impossible.


Il refusait de laisser partir la maré … NON ! La princesse Ma… NON ! Il refusait tout simplement de laisser partir Manelena ! La femme qui était en face de lui ! Non pas parce qu’elle avait un titre, qu’elle avait un rang mais parce qu’elle était trop importante pour lui ! Il était hors de question de la laisser se sacrifier !

Il arriva à sa hauteur, tendant la main droite pour prendre son bras et l’arrêter. La jeune femme s’immobilisa, ayant fait disparaître son armure pour la laisser paraître dans sa tenue habituelle, celle qui consistait en une jupe de métal et le reste. Mais il ne se préoccupait pas de ça, pas du tout même ! Il ne pouvait pas s’en préoccuper ! Le plus important était-elle … La jeune femme aux yeux rubis.

« Relâche-moi, Tery. Tu importunes tout le monde avec tes familiarités. Tu te rends ridicule devant les yeux de milliers de personnes. »

« Et c’est censé être ça qui doit m’arrêter ? Je ne vous lâcherai pas et … »

« Stoppez-le avant qu’il ne fasse une bêtise. » déclara Manelena, les généraux forçant le jeune homme à se coucher au sol, lui retenant les bras, les jambes et la tête.

« Pauvre fou ! Tu sais ce qui t’attends pour ce que tu viens de commettre ? » dit l’un des généraux. « La mort ! Tu tentes de te mettre en travers du chemin de notre roi ! »

« Laissez-le tranquille. Il ne sait pas ce qu’il fait. C’est la moindre des choses. Je veux la promesse qu’il ne lui sera rien fait. Cela est ma dernière volonté. »

Elle s’était tournée vers le roi, celui-ci la regardant longuement avant de jeter un œil à Tery. Il hocha la tête positivement après quelques secondes, la maréchale poussant un profond soupir de soulagement, murmurant :

« Tant mieux … Bon … Tery … Visiblement, ma proposition ne tient plus. Je suis désolée mais bon, tu connais d’autres femmes avec qui boire un verre, n’est-ce pas ? »

« Maré … Manelena. » souffla le jeune homme aux cheveux bruns.

Il ne pouvait rien faire. Même en utilisant ses lignes d’Alzar … Il ne pouvait qu’écouter les paroles de la maréchale, les paroles d’une femme qui avait déjà abandonné toute idée de s’en sortir vivante. Ah … Ah … Il avait chaud au cœur … Vraiment chaud … Il commençait déjà à leur en vouloir à tous. Comment est-ce qu’ils pouvaient accepter ça ?

Comment est-ce qu’ils pouvaient la laisser se sacrifier ? Ils n’avaient aucune réticence à ça ? Ah … Ah … Il n’acceptait pas ça ! Il ne pouvait pas accepter que la jeune femme se sacrifie ! Pas Manelena, aucune personne ne devait se sacrifier ! AUCUNE ! ET SURTOUT PAS MANELENA ! Il les détestait, il les détestait tous de penser de la sorte.
Pire ! Il les haïssait ! C’était un abandon ! C’était de la lâcheté ! Ils préféraient sacrifier les autres pour se sauver ! Ah … Ah … Ah … Abandonner. Il préférait l’abandonner pour sauver sa misérable vie ! Le père qui n’hésitait pas un seul instant à donner son enfant pour pouvoir vivre plus longtemps.

« Prenez-le à ma place ! »

« Hahaha ! Saleté d’humain, tu n’hésiterais pas un instant pour sauver ta misérable vie, n’est-ce pas ? Il vaut mieux encore que tu meures. »

« NON ! Ne faites pas ça ! Je vous en prie ! Vous … »

« Les créatures comme toi doivent disparaître ! Le gamin gardera la vie contrairement à toi. »

Ah … Ah … Pourquoi est-ce que ça revenait maintenant ? Pourquoi maintenant ? Il n’avait pas besoin de se rappeler de ça ! Il n’en avait pas besoin ou alors … Ou alors, c’était exactement le même sentiment qu’il avait envers tous les soldats, envers les armées ennemies, envers le roi, envers toutes ces personnes !

Ah … Ah … Ah … Il avait chaud, tellement chaud et ce n’était pas à cause de tous ces généraux qui l’empêchaient de bouger. Qu’ils le lâchent ! Qu’ils le lâchent ! Qu’ils le lâchent maintenant avant qu’il n’explose ! Avant qu’il ne se mette à utiliser ses … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi est-ce qu’il se sentait si mal ? Il …

Il ne savait pas … Mais il avait une sacrée migraine. Il poussa un hurlement strident, criant ensuite le nom de Manelena avant que des lignes noires n’apparaissaient sur la globalité de son corps, comme si toutes ses veines se présentaient à l’œil nu. Ses deux yeux étaient devenus complètement rouges alors qu’il se redressait, projetant les généraux tout autour de lui comme s’ils n’étaient que fétus de paille.

« Ah … Ah … Ah … Relâchez … RELÂCHEZ … RELÂCHEZ MANELENA ! » hurla-t-il de toutes ses forces, le sol se mettant à trembler autour de lui.

Des fissures se formèrent alors que de l’intérieur de celles-ci, une multitude de golems de taille humaine en sortait. Les quatre ambassadeurs s’étaient arrêtés en même temps que la jeune femme aux cheveux argentés, celle-ci murmurant :

« Tery ? TERY ! N’abuse pas de tes pouvoirs ! Je suis prête à mourir ! Arrête tes imbécilités avant qu’il ne soit trop tard ! Je n’ai pas besoin de toi ! »

« IL EST HORS DE QUESTION QUE JE LAISSE QUELQU’UN MOURIR A MA PLACE ! QUE JE LAISSE QUELQU’UN SE SACRIFIER POUR MOI ! JE NE SUIS PAS COMME LUI ! JE NE SUIS PAS COMME EUX ! »

Comme lui ? Manelena le regarda, incrédule alors qu’elle apercevait deux bosses qui se formaient sur le sommet du crâne du jeune homme. Qu’est-ce que ça … voulait dire ? Les bosse continuèrent de grandir, sortant finalement de son crâne pour laisser paraître deux cornes qui se courbaient sur elles-mêmes.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda l’un des généraux, éberlué par cette vision.

« On ne peut pas prendre de risques avec lui. Tuez-le avant qu’il ne soit trop tard. » déclara un second général de l’armée de Shunter.

« Mais la maréchale ne voulait pas que … »

« La maréchale a laissé parler ses sentiments dans cette histoire ! TUEZ-LE ! C’est un ordre ! » hurla une nouvelle fois le même général, quelques soldats bandant leurs arcs.

Le roi restait inflexible, croisant les bras tout en regardant Manelena et Tery. Personne ne se préoccupait de Clari, celle-ci ayant fait paraître ses lignes de Zélisia sur la globalité de son corps. Elle était déjà prête … Il suffisait du bon moment.

« Vous ne toucherez pas … à un seul cheveu de MANELENA ! »

Les flèches partirent en même temps que le jeune homme avait pris la parole. Les flèches se plantèrent dans le dos de Tery sans pour autant que du sang n’en sorte. Non, les flèches quittèrent le dos, tombant au sol alors qu’il se mettait à courir à toute allure vers Manelena et les quatre ambassadeurs. Ces derniers préparent leurs sorts mais ils n’eurent pas le temps.

Il était à leur hauteur, frappant tout simplement du poing. Pourtant, le poing avait une telle force que les ambassadeurs volèrent en arrière. Il récupéra Manelena, la tirant vers lui. Celle-ci vint atterrir contre son torse, disant d’une voix neutre :

« Qu’est-ce que tu fais, Tery ? Tu n’es pas toi-même. Maintenant, il est trop tard pour … »

« POUR ? POUR QUOI ? POUR M’ENFUIR ? IL EN EST HORS DE QUESTION ! PAS SANS TOI ! JE HAIS CETTE ARMEE ! JE LES HAIS TOUTES ! »

« Calme-toi, bon sang ! Ne me force pas à utiliser mes lignes d’Alzar pour te mettre à terre ! » s’écria la jeune femme, les lignes noires se présentant déjà sur son corps.

« Tu ne feras rien du tout ! Je te sauverai ! Le reste, je m’en fous ! Je préfère qu’ils crèvent tous plutôt que de te voir te sacrifier pour eux ! Tu n’as aucune volonté, Manelena ! Tu ne cherches même pas à vivre ! »

« Je ne suis qu’un outil, Tery, voilà tout. » déclara avec douceur la jeune femme aux cheveux argentés, cherchant à frapper le jeune homme dans le ventre pour qu’il la lâche. Ça ne servait à rien de toute façon, c’était trop tard … Alors, elle préférait encore que ça soit avec lui puisque tous les deux allaient mourir. Le coup de poing fut arrêté avec facilité par Tery, celui-ci l’ayant paré de son autre main tout en souriant à Manelena.

« Mais qu’est-ce que vous faites ? Il n’est même pas armé ! Tuez-le ! »

« On voudrait bien mais nos flèches ne lui font aucun effet ! » s’écria un soldat après les paroles du général, celui-ci reprenant avec rage :

« Alors utilisez vos épées, vos lances, vos magies ! Faites quelque chose mais empêchez-le de s’enfuir avec la maréchale ! Sans elle, nous sommes perdus ! »

« Oui … Vous êtes perdus. » déclara le jeune homme subitement, arrêtant de regarder Manelena pour fixer le général. La tenant à une main, il leva la seconde en direction du ciel, des cris se faisant entendre subitement de la part des golems. Les golems venaient de crier ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Ces créatures étaient muettes à la base ! Pourtant, c’était bel et bien ce qui venait de se passer avant que toutes les créatures de terre qu’avait créés Tery commencent à perdre la tête, poussant des nouveaux hurlements avant de se mouvoir dans toutes les directions.

« Mais c’est un démon ! » s’égosilla l’un des ambassadeurs alors qu’il avait projeté une boule de feu sur le jeune homme aux cheveux bruns et cornu. Celui-ci n’avait même pas réagit au contact de la flamme.

« Disparais. » souffla le jeune homme avant qu’une boule de feu aussi grande qu’un humain n’atteigne l’ambassadeur d’Honoros, le calcinant aussitôt.

« Tery, lâche-moi … Tu … »

« LA FERME MANELENA ! NE ME FORCE PAS A ÊTRE EN COLERE CONTRE TOI ! » dit brusquement Tery.

Que … Cette déferlante de puissance ? Cette rage ? Il semblait si serein et pourtant, quand il criait ainsi, elle avait l’impression que toute la rage accumulée depuis des années venait d’éclater. Tery … Quelle imbécilité allait-il commettre ?

«  Tery … Tu vas sacrifier tout un royaume … juste pour ma personne ? » murmura Manelena, comprenant finalement ce que le jeune homme comptait faire.

« Un royaume dont le roi est prêt à livrer sa fille en pâture … Je ne sais pas … Je m’en fous … J’en ai rien à faire, je n’y ai pas réfléchit, je n’ai pas envie d’y réfléchir ! La seule chose qui m’importe, c’est de te sauver ! »

Peu à peu, les quatre armées ennemies, même cinq si on comptait celle de Shunter, commençaient à se rapprocher inexorablement. Il fallait dire que les généraux de chaque armée se demandaient ce qui était en train de se passer. La proposition était bien longue, bien trop longue et cette déferlante de puissance n’était pas banale.

Il ne savait pas ce qu’il comptait faire. Il n’y pensait pas. La femme qui était dans ses bras, Manelena … C’était l’unique personne qui lui tenait à cœur sur le moment, l’unique personne pour qui il n’avait pas de rage autour de lui à l’heure actuelle. Le reste pouvait bien disparaître. Le reste pouvait tout simplement … être annihilé.

Le reste pouvait bien ne plus exister. Il hurla de rage avant de se mettre à courir, un vent violent se levant en même temps derrière lui. Les soldats tombèrent en arrière alors qu’il se dirigeait vers l’Est, n’ayant nullement peur d’affronter des milliers de soldats de Mékalarma. Avec aisance, il traversa l’armée comme si de rien n’était, une violente tempête se formant à ses arrières, une ombre se déplaçant à sa suite, comme pour l’accompagner.
Il ne savait pas ce qu’il faisait, il ne savait pas du tout où il allait. Il savait juste qu’il continuerait de de courir jusqu’à ce qu’il soit sûr que Manelena soit en sécurité, que la princesse soit saine et sauve. Le reste ? Il s’en fichait. Il ne se préoccupait même pas des cris derrière lui, ayant laissé ses golems finir le travail, quitte à tuer des soldats si cela s’avérait nécessaire. Il avait mal au crâne, terriblement mal au crâne et il n’avait même pas remarqué les changements physiques qui s’étaient opérés en lui.

Où-est-ce qu’il l’emmenait ? Depuis quand est-ce que Tery était comme ça ? C’était la première fois qu’elle le voyait … aussi … déterminé. Non, elle se faisait des illusions, ce n’était pas la première fois que Tery était ainsi. Ce n’était pas la première fois mais elle n’avait jamais voulu l’admettre. Mais à cause de lui … A cause de lui, tout le royaume allait être ravagé par les autres armées.

« Imbécile, le royaume est perdu. »

« Je me fiche du royaume. Je vous l’ai déjà dit, maré, non, Manelena. Je te l’ai déjà dit. La seule personne que je sers est celle qui est avec moi actuellement. Je n’ai jamais été partisan de l’armée de Shunter, seulement de toi. »

« Imbécile. » répondit-elle une seconde fois, détournant le regard. Elle paraissait si légère comparé à la force de Tery à l’heure actuelle. Il fallait dire qu’il ne donnait pas l’impression d’être spécial au départ. Au début, elle s’était attendue à un jeune soldat niais et stupide. Ensuite, ils avaient commencé à parler des lignes d’Alzar et ainsi de suite, ainsi de suite … Elle ne savait plus, elle ne savait pas. C’était la première fois qu’elle se sentait aussi faible par rapport à lui, par rapport à tout ce qui se passait.

Où est-ce qu’il l’emmenait ? Lui-même ne le savait pas. Il ne remarquait pas aussi qu’il était poursuivi, une ombre se déplaçant à toute allure derrière lui, flottant au gré du vent. Il ne savait pas où il était dans le royaume, il savait juste qu’il se dirigeait vers l’Est. Il savait juste qu’il voulait secourir Manelena. La jeune femme aux cheveux argentés n’avait plus pris la parole depuis déjà quelques minutes, ayant posé sa tête contre son torse, chose plus que difficile à y réfléchir en vue de la différence de taille entre eux deux.

« Imbécile, maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ? » demanda-t-elle après quelques minutes de silence, Tery s’arrêtant brièvement.

« Je vais surement m’exiler hors du royaume, Manelena. J’aimerai que tu m’accompagnes. Ne fait pas cette bêtise de retourner auprès du roi. Visiblement, nos pères sont deux bons à rien et des lâches. Ils n’hésitent pas à sacrifier leurs enfants tout simplement pour leurs ambitions ou pour survivre. Mais maintenant, ses plans sont tombés à l’eau. »

« Nos … pères ? Tery ? Quand tu m’as dit il y a longtemps que tu … »

« C’est le cas. Je voudrai que vous m’accompagniez … enfin, que tu m’accompagnes. Je ne sais pas comment je dois m’exprimer par rapport à toi. » bredouilla le jeune homme, un peu confus alors qu’il recommençait à courir avec elle.

Ailleurs, au beau milieu de la plaine recouverte par quelques arbres avec de rares chemins tracés dans la terre, l’être masqué de blanc marchait avec l’adolescent aux cheveux bleus. Celui-ci regardait les alentours, essayant de trouver le moindre détail qui pourrait les emmener à Tery comme elle le désirait tant.

« Mademoiselle l’Ombre, sincèrement, je ne sais pas comment vous comptez trouver Tery. Un royaume est gigantesque, on ne peut pas chercher ainsi. »

« Je t’ai déjà dit qu’avec la vitesse à laquelle nos lettres se renvoient, il ne doit plus être très loin mais il y a aussi le fait que … »

Elle s’arrêta de parler, poussant un petit cri de surprise avant de sentir une forte chaleur l’envahir. Aussitôt, elle releva sa cape, laissant paraître son justaucorps de couleur rouge mais aussi le pendentif qu’elle avait autour du cou. Le cœur fait d’une pierre brune. Avec anxiété, elle remarqua qu’il s’était mis à briller fortement.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Une forte puissance liée à la terre s’approche de nous à toute vitesse. » murmura Elen sous son masque.

« Une forte puissance ? Est-ce qu’il pourrait s’agir d’une créature ? Nous devrions nous préparer au cas où à l’accueillir. »

« Je ne suis pas sûre que ça soit la meilleure des idées mais comme elle semble se rapprocher, il vaut mieux rester sur nos gardes, oui. »

Déjà, elle fit apparaître son arc alors que les lignes de Zélisia se présentaient sur ses deux bras. Bien entendu, ils n’étaient pas réellement visible à cause de sa tenue mais ce n’était pas le plus important. Déjà, elle attendait que la créature se présente à eux alors qu’au loin, une ombre se déplaçait à toute allure en leur direction.
« Qu’est-ce que … Un démon ? Je vois des cornes sur son crâne ! Et il tient un homme ! » déclara Elen, plus que choquée. Il existait d’autres démons qu’Elise ?

Pourtant, le démon s’immobilisa à quelques centimètres d’eux alors qu’Elen était encore plus surprise par ce qu’elle voyait. Ce démon ? C’était Tery ? Et la femme qu’il avait dans ses bras ? C’était la maréchale Nali non ? Enfin, cette … Manelena.

« Tery ? C’est bien toi ? »

« El… Elen … Elen ? » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns, ses yeux rubis se posant sur elle alors qu’il déposait finalement Manelena au sol. Les cornes commencèrent à disparaître en même temps que ses yeux redevenaient verts. Il observa la femme masquée de blanc tandis que Manelena se mettait correctement debout. Elle semblait un peu sous le choc alors que Tery et Elen se regardaient, face à face.

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