Chapitre 8 : Fantômes physiques

ShiroiRyu
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Chapitre 8 : Fantômes physiques

Il n’arrivait pas à croire ce qui se produisait devant lui. Ce qu’il venait de faire … Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis ce petit incident et là, aujourd’hui, il était en plein centre-ville, attendant assis sur le bord d’une fontaine. Oui … Il n’arrivait pas à croire ce qu’il avait demandé … Enfin, on l’avait un peu forcé en lui demandant d’aller prendre du repos car il travaillait beaucoup trop ces derniers temps mais quand même …

« Il faudrait que j’arrête de dire des bêtises … Ca n’emmène jamais rien de bon. »

« Personne. Je suis là. » répondit subitement une voix alors qu’il relevait les yeux, arrêtant d’observer ses deux pieds.

Metsubi … Ah … Depuis quand est-ce que … l’adolescente portait des jupes ? Elle était plus que ravissante dans sa jupe blanche lui allant jusqu’aux genoux alors qu’elle chandail de même couleur. Elle avait toujours ses deux couettes noires au niveau des joues mais elle était drôlement belle. Elle portait un petit sac à dos tandis que lui-même se levait.

Lui avait opté pour quelque chose de plus simple. Juste un jean bleu avec un pull noir. Rien de bien transcendant quand on y réfléchissait. Mais pourquoi avait-il accepté de prendre quelques jours de repos ? Puis aussi d’inviter Metsubi à aller se promener en ville ? Quand il lui avait posé la question, toutes les têtes dans la cantine s’étaient tournées vers eux. Et après, ce fut plusieurs éclats de rire amusés.

« Personne ? Nous y allons ? » demanda une nouvelle fois l’adolescente aux cheveux noirs.

Hein ? Oui … Bien sûr. Il tendit sa main mais dès l’instant où leurs doigts voulurent se croiser, Metsubi retira aussitôt sa main, rouge de gêne. Hein quoi ? Elle ne voulait pas qu’ils se prennent la main ? C’est vrai que … En y pensant … Euh … Ils n’étaient pas ensembles le moins du monde. Ils commencèrent à s’éloigner de la fontaine, se dirigeant vers les rues bondées de personnes.

C’était ça … Une grande ville … A chaque fois, il faisait la comparaison avec les petites villes d’esclaves … Enfin … Celles où il était presque devenu un esclave. Ici, cela devait sûrement se faire mais dans la discrétion et encore … Il y avait une certaine justice donc il n’était pas forcément possible de faire tout ce que l’on désirait.

« Euh … Personne … Où est-ce que veux que l’on aille ? »

« Je ne sais pas du tout … Tu sais bien que … Comment dire … Que je ne suis pas du genre à me balader n’importe comment aussi hein ? Enfin … Je ne sors pas souvent de l’Ultime Elément … Donc je ne sais pas trop quoi faire … Tu veux aller te promener et voir les magasins ? On pourrait aller dans les librairies, comme ça on trouvera peut-être des livres à t’acheter non ? Tu es très jolie dans cette tenue. »

Elle avait peut-être mal entendu mais … La dernière phrase ? Elle avait été dite de telle manière qu’on aurait pu croire que Personne voulait la prononcer discrètement. Sauf que rien ne lui échappait. Elle avait parfaitement compris ce qu’il venait de dire. Et comme unique réponse, elle lui fit un petit sourire, ses joues s’empourprant avant d’aller prendre sa main. Elle ne devait pas avoir peur de faire ce simple geste.

Enfin, plus facile à dire qu’à faire. Bien que maintenant, ils se promènent main dans la main, ça ne changeait pas à leur état psychologique. Ils étaient … vraiment gênés et tout cela n’avait qu’une seule explication. Ni l’un, ni l’autre n’avait osé parler de cette unique nuit où ils avaient eut ce petit problème sauf … que ce problème avait été le début d’une nouvelle vie … D’une nouvelle activité solitaire et nocturne.
Il n’était plus rare que chaque soir, ils pensent à l’autre mais dans la même tenue qu’à leur naissance. Lui ne faisait que s’imaginer le corps de l’adolescente aux cheveux noirs, ses couettes dénouées pour laisser place à une chevelure couleur onyx à mi-longueur. Cette chevelure qui camouflait une partie de son dos ou alors de sa poitrine appétissante … Oh … Il n’avait plus peur après avoir découvert cela … mais il en avait honte … Honte d’imaginer Metsubi dans cette tenue, dans cette position équivoque … Ah … Jamais il ne pouvait la voir dans les moindres détails, il ne pouvait faire que semblant … Ou alors tenter de deviner. Mais il avait eut l’idée de prendre quelques mouchoirs pour ne pas trop salir son pyjama, c’était une bonne idée bien qu’à force, tout cela s’entassait dans la poubelle. Heureusement, il était le seul à vider celle-ci. HEUREUSEMENT !

Et elle ? Elle avait simplement fait quelques recherches dans les livres de biologie. Elle savait au final que ce n’était pas mauvais, non … Que c’était en fait un éveil vers l’âge adulte. Au départ, elle s’était sentie sale mais maintenant … Elle savait que c’était normal d’avoir ce genre de pulsions. Elle aurait bien aimé en parler à Personne mais elle n’avait jamais eut le courage … Il fallait dire que chaque soir, elle essayait de donner une forme bien précise à la bosse qu’elle avait aperçue dans le pyjama de l’adolescent. Elle y pensait sérieusement … et elle voulait voir à quoi elle ressemblait sans les morceaux de tissu autour. Et lors de ces moments, elle mordillait la manche de sa chemise pour étouffer les petits cris sortis de sa bouche. Elle espérait que l’adolescent ne l’entendrait jamais faire ça.

Enfin bon … Ils évitaient d’en parler d’y penser alors qu’ils se promenaient. Aujourd’hui était le jour où tous les deux pouvaient se reposer, peut-être ressemblaient-ils deux adolescents qui s’aimaient, c’était même sûrement ce que les autres devaient penser mais à l’heure actuelle, ni l’un ni l’autre ne semblait parler. Puis soudainement, l’adolescent s’arrêta de marcher, clignant des yeux plusieurs fois.

« Que se passe t-il, Personne ? Tu as l’air surpris. »

« Hein ? Que ? Euh … Oui … Surpris … Enfin, peut-être … Sûrement même … »

« Mais surpris de quoi ? » demanda t-elle une seconde fois alors qu’il restait là, parfaitement immobile. Il tremblait même … Mais de quoi ? Elle ne savait pas … Elle n’était pas dans sa tête mais lui … Elle devait peut-être voir dans quelle direction il regardait ? « Alors ? Qu’est-ce qui te surprend, Personne ? Tu pourrais quand même me répondre non ? »

« Je … Euh … Je ne suis pas sûr … Attends ici, Metsubi, s’il te plaît ! »

Comment ?! Elle le voyait courir en s’excusant alors qu’elle restait là, mise en plan. Il venait … de l’abandonner comme ça ? Il en avait un sacré culot ! Plus que tout même ! Elle n’arrivait pas à croire qu’il venait de faire ça et pourtant, c’était la stricte vérité. Lui … Il avait rêvé ! Il était certain d’avoir rêvé mais … Si c’était un rêve … Il devait le vérifier ! Si ce n’était qu’une simple hallucination … Ah … Ah … Ah … Non … Faites que ça ne soit pas une hallucination, faites que ça ne soit pas un rêve !

« CASSY ! C’EST BIEN TOI, CASSY ?! »

Il venait de crier le nom de la Voltali alors que plusieurs têtes se tournaient vers lui. Tous semblaient surpris, se demandant à qui il parlait alors qu’il continuait de courir pour suivre la Voltali à distance. Il en était certain … Il était certain d’avoir remarqué la jeune femme aux cheveux blonds ! La Voltali ! CASSY quoi !

« CASSY ! BON SANG ! Mais arrêtes-toi ! »

Pourquoi est-ce qu’elle ne se retournait pas vers lui ?! Et pourquoi est-ce qu’il avait l’impression qu’il était en train de rêver ? Qu’il était complètement stupide de penser une telle chose ? POURQUOI ?! AH ! Elle venait de passer dans une ruelle, elle n’allait pas pouvoir s’enfuir s’il accélérait le rythme.

« CASSY ! Tu ne peux plus … »

T’enfuir ? Il aurait bien aimé terminer sa phrase mais c’était impossible. Cassy … n’était plus là … Comment c’était … Non … Ca ne l’était pas … Il devait se montrer raisonnable. C’était un cul-de-sac … Il n’y avait pas d’autre chemin !

« Tu dois rêver mon pauvre vieux … Et comment est-ce que j’ai pu faire ça à Metsubi ? Je devrais avoir honte de moi. » marmonna t-il avec lenteur.

Il ressortit de la ruelle, se donnant une petite claque sur les joues. C’était un rêve … Une hallucination … Comme si Cassy était vivante … Non … Elle ne l’était pas et …

« Lina ?! Malixo ?! » dit-il à voix basse bien que pris d’une vive émotion.

ASSEZ ! ASSEZ ! ASSEZ ! Il ne faisait que rêver ! Il n’irait pas voir la jeune fille et Malixo ! De toute façon, s’ils étaient vrais … S’ils étaient bien vivants, Lina serait devenue une adolescente très belle ! Alors, c’était juste impossible que ça soit Lina ! C’est vrai quoi … Comment c’était possible qu’elle soit là … encore sous une forme d’enfant …

« … … Je devrais retourner voir Metsubi mais … »

Mais … Il voulait se convaincre que tout cela n’était qu’un mirage … Une illusion … Si personne ne les voyait et si il était le seul alors … Non … Non … Ce n’était pas le cas. Ce n’était pas le cas ! IL LES VOYAIT ! Il voyait Lina qui bousculait d’un air neutre un enfant de son âge ! Malixo faisait de même ! En fait, ils semblaient se diriger quelque part sans réellement faire attention aux autres ! Mais … Mais … Si ils bousculaient des personnes, que celles-ci les voyaient, ça voulait dire …

« Ils sont bien de chair et de sang ! LINA ! MALIXO ! »

Encore aucune réaction de leur part ! Et même si il décidait de les rejoindre … De leur parler … Ils étaient trop loin. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il les voyait maintenant ?! Depuis cette nuit, il n’avait que très brièvement des cauchemars … et il n’en parlait pas à Metsubi. Il ne voulait pas lui faire peur … Mais là … Il devait s’avouer que …

Il devait retourner voir Metsubi … Il nageait en pleine incompréhension, sans être réellement capable de s’exprimer correctement. Il devait … retourner voir Metsubi … Il se répétait cela en tête, se dirigeant peu à peu vers l’endroit où il l’avait laissé avant de s’immobiliser une dernière fois. La … dernière personne … Elle … Celle qui était la plus importante pour son cœur … Elle se trouvait en face d’elle, marchant à simplement cinq mètres de lui. Il la reconnaissait complètement … Il n’y avait qu’une seule femme aux cheveux noirs, aux yeux dorés, habillée d’une mini-jupe noire et d’une veste bleue trop ouverte.

« OMERA ! OMERA ! »

Il s’attendait à aucune réaction comme les autres mais … mais … C’était bien elle ! Hein ? … … … Que ? La jeune femme aux cheveux noirs se tournait vers lui, l’observant de ses yeux dorés. Mais pourquoi … Pourquoi ? Pourquoi avait-il l’impression de ne rien ressentir de sa part ? Elle était bien là … vivante … Devant lui … Elle l’avait entendu … Elle le regardait … Mais rien … Rien de rien … Il n’y avait plus rien … Il n’y avait plus aucune lueur dans ses yeux. Il arriva à sa hauteur, s’approchant d’elle avant de dire :

« Omera … Tu … Tu es vivante … Je pensais vraiment que … que tu étais … morte … Mais je n’ai pas trouvé ton corps … Ni celui de Cassy alors … Je …. »

Elle continuait de le regarder, restant de marbre avant de partir sans un mot. Il voulut l’arrêter mais … Il n’y arrivait pas. Il n’osait pas poser sa main sur l’épaule de la jeune femme. Un tel rejet … Une telle ignorance … Un tel abandon … le laissait complètement inerte … Il la regardait partir, sans même qu’elle ne se retourne … ou alors pendant un bref instant … Puis plus rien … Plus rien du tout … Elle n’était plus là. Il venait de revoir les personnes qui lui étaient chères … Des personnes mortes … et pourtant … Pourtant … Il en avait complètement oublié son rendez-vous avec Metsubi.

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