Chapitre 18 : Être conscient

ShiroiRyu
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Chapitre 18 : Être conscient

Et cela avait duré plusieurs mois, comme ce qu’avait prévu Gégé. Contrairement à ce qu’il avait pensé, le jeune homme ne s’était pas énervé ou emporté à ce sujet. Il patientait tranquillement en attendant qu’il l’envoie. Pendant ce temps, il discutait souvent avec Léty et Lito mais principalement Léty. D’ailleurs, le rapprochement entre les deux personnes avait été visible, plus que visible même, au grand désarroi des deux femmes qui accompagnaient Luculos. Celles-ci restaient discrètes mais lorsque la nuit tombait, elles se montraient de plus en plus câlines et amoureuses, ne semblant pas hésiter à utiliser tous les moyens pour éviter que Luculos ne change de personne. La raison était pourtant simple, très simple : Luculos avait toujours été amoureux d’Omera. Il suffisait d’imaginer ne serait-ce qu’un instant qu’il aime une autre personne … pour qu’elles comprennent alors qu’il ne pouvait jamais les aimé elles. Cela voulait dire qu’en dépit de tout ce qu’elles faisaient, il ne serait jamais capable de les apprécier à leur juste valeur. Pourtant, elles étaient toujours les mêmes, elles faisaient tout pour qu’il les aime mais ça ne semblait pas suffisant.

Alors, au fil des mois, elles avaient commencé à dépérir peu à peu. Elles n’étaient plus aussi joyeuses et souriantes qu’auparavant. Non … Elles se montraient très discrètes et réservées, ne faisant que marcher à ses côtés tandis qu’il continuait de discuter avec Léty et Lito. Oui, il souriait, il était heureux et c’était le plus important à l’heure actuelle. C’était ce qu’elles voulaient pour lui. Après toutes ces épreuves, le jeune homme avait le droit de sourire … même si c’était avec une autre femme qu’elles. Elles devaient simplement accepter son choix … Comme elles l’avaient fait pour Omera. Mais … C’était difficile, très difficile pour elles. Elles ne savaient plus comment réagir et quoi faire pour réussir à attirer l’attention du jeune homme ? Encore aujourd’hui, ils étaient dans les jardins, Léty assise à côté de Luculos alors que Lito lisait un livre tranquillement. Elles ? Elles étaient simplement en face du trio, sur leurs genoux alors qu’elles ne proféraient aucune parole.

« Et alors, c’est ainsi que je me suis dit que ça serait vraiment une meilleure chose. Même si je n’étais qu’un enfant à l’époque, ça n’a pas changé depuis toutes ces années. On ne peut pas empêcher l’esclavagisme de proliférer … sauf si on donne un violent coup. Je me rappelle que j’avais été capturé par un homme et que Crusaé m’a sauvé. N’est-ce pas Crusaé ? » murmura le jeune homme aux cheveux noirs, faisant un sourire à la jeune femme aux cheveux châtains.

« Hein ? Euh … Oui … Enfin … Un peu … » chuchota la jeune femme en détournant le regard, les joues un peu rougies. « C’était à l’époque … J’avais transformé une tête … humaine en bombe … Et j’avais joué au bowling avec. Je n’en suis pas fier. »

« Sans tu le sois forcément, je dois te remercier, n’est-ce pas ? Et c’est aussi grâce à toi que j’ai rencontré Metsubi. Dire que je ne l’aurai jamais connue sinon … En fin de compte, tu as fait beaucoup pour moi … Comme Metsubi … Et tout le monde. »

Car il n’oubliait personne … Il ne pouvait pas oublier ceux qui étaient morts pour lui permettre de vivre. Que cela soit un Lockpin des plus charmeurs, une Evoli des plus gentilles et tendres et tellement … d’autres personnes dont celle qui était la plus importante à ses yeux. Hum … Il ne devait pas y repenser, ce n’était pas bon.

« Je n’ai pas fait grand-chose … J’ai même souvent fait des choses qui t’ont nui. » annonça Metsubi avec neutralité, ses yeux dorés se baissant sur l’herbe au sol. Qu’est-ce qu’il y avait avec elles ? Il ne comprenait pas du tout là.

« Je crois … que je vais aller me promener avec Metsubi. Nous te laissons seul, Luculos. »

« Hein ? Comment ? Euh … Si vous le voulez. » répondit le jeune homme, étonné du ton employé qui était assez distant mais aussi … du fait que Crusaé venait de l’appeler Luculos. Il regarda les deux femmes en train de se lever avant de reprendre : « Euh … Crusaé, Metsubi ? Vous ne voulez pas vraiment rester ? »

« Pourquoi faire ? Ne t’inquiète donc pas pour nous, on ne va pas se perdre dans l’Ultime Elément. Continue donc de discuter avec Léty. » dit Metsubi avant de partir, rapidement rejointe par Crusaé. Bon … D’accord, comme elles voulaient. Lorsqu’elles ne furent plus là, Léty chuchota avec douceur :

« Visiblement, elles se sentent un peu exclues, Luculos. Il faut dire que depuis bientôt six mois, tu n’arrêtes pas de passer la majorité de ton temps avec moi. »

« Mais ce n’est même pas de la jalousie qu’elles expriment. Si c’était vraiment le cas, je leur aurais parlé … J’aurai discuté avec elles mais là … Qu’est-ce que je peux dire ou faire d’autre ? Je ne suis pas un magicien. »

« Hum … Tu sais, on peut être jalouse sans pour autant exprimer une vive colère envers la personne qui nous rend jalouse ou l’objet de la personne qui nous rend jalouse. »

« … … … On va éviter de commencer à parler de ça, c’est un domaine où j’avoue ma complète incompréhension, j’espère que tu comprendras. »

Hum ! Un domaine où il n’y connaissait rien ? Elle avait un peu de mal à y croire. Surtout qu’elle savait depuis longtemps que le jeune homme dormait avec Crusaé et Metsubi, voir bien plus que ça avec ces histoires sous la douche. Bref, dire qu’il était complètement néophyte la faisait plus sourire qu’autre chose à ce sujet.

« Et pourquoi cela ? Qu’est-ce qu’il y a de si gênant à avoir un dialogue sur ces deux femmes ? Cela nous changera un peu des sujets habituels. »

« Je ne me sens pas vraiment à l’aise avec ce genre de discussion, voilà tout. »

« Ne t’en fait donc pas … Je te poserai des questions toutes simples auxquelles j’aimerai une réponse des plus franches, d’accord ? Ce n’est pas bien compliqué, Luculos. »

« Sincèrement, je ne suis pas convaincu. On peut arrêter ? Lito ? Tu n’as rien à dire ? » demanda le jeune homme en espérant que le frère de Léty l’arrête. Néanmoins, celui-ci semblait être plongé dans son livre, ne voulant qu’on ne le dérange guère.

« Depuis quand es-tu aussi peu courageux ? Tu n’as pas peur d’affronter des golems mais dès qu’il s’agit de tes sentiments, tu t’enfuis ? »

« Je ne m’enfuis pas ! C’est compris Léty ! C’est juste que ça n’a rien à voir avec ça ! Et c’est surtout un domaine privé et personnel, voilà tout ! »

« Hum … Alors, je vais être brève : est-ce que tu sais que Crusaé et Metsubi t’aiment ? Et qu’elles ne penseront jamais à une autre personne ? Tu es leur premier et unique amour ? »

« Voilà, j’en étais sûr que ça serait là-dessus. Oui, je suis parfaitement au courant. Je le sais très bien et je me dis que ça a un rapport avec ça si elles ont changé depuis tout ce temps. »

« Tu sais donc qu’elles t’aiment, tu dors avec elles, tu te douches avec elles, tu passes la majorité de ton temps avec elles … Et c’est tout ? »

« Et c’est tout ? Comment ça, c’est tout ? Je ne peux pas les aimer puisque … Je suis toujours amoureux d’Omera. Je ne peux pas l’oublier ! Omera est tout ce que j’aime, c’est la seule femme de mon existence ! J’en ai marre ! Il faut comprendre que je ne peux pas en aimer une autre ! Je suis tombé amoureux d’une femme qui avait dix ans de plus que moi, c’est un amour de jeunesse, un amour de gamin mais je l’ai aimé et je l’aime encore ! J’en ai marre qu’on me reproche d’être fidèle ! »

Il s’était redressé, potentiellement énervé comme à son habitude dès que l’on parlait de ce sujet qui semblait le fâcher plus que tout. Pourtant, Léty restait calme tandis que Lito arrêtait de lire. Il observait l’avancée de la discussion tandis que Léty reprenait :

« Et est-ce que tu les aimes au point d’être capable … de t’accoupler avec elles ? »

« Non ! Car ce n’est pas possible de faire ça alors que j’en aime une autre ! Et surtout, ça ne se fait qu’avec une seule femme, pas plusieurs que je sache. Et comment est-ce que je peux le savoir ? Et puis zut. Je m’en vais. » s’écria Luculos.

« Tu les aimes aussi. Tu ne devrais pas avoir de réticences à ce sujet. Au final, j’ai plus de peine pour elles que pour toi. Elles t’offrent beaucoup sans jamais recevoir de ta part. Je crois que j’ai terminé de parler. Maintenant, tu es un grand garçon, un jeune adulte, tu peux faire ce que tu veux. Tu devrais être capable de garder ton amour pour Omera dans un coin de ton cœur tout en pouvant aimer d’autres femmes. Je vais paraître méchante et brutale mais je sais que tu ne me vois pas comme ça. Alors, je vais te le dire : penses-tu vraiment que les veufs et les veuves ne doivent jamais se remarier de toutes leurs vies ? Même si ils ont trouvé une seconde personne à aimer de tout leur corps ? En sachant que cette seconde personne est fait pour eux, que c’est un choix parfait, que rien ne le distance ou ne les sépare ? Certains ont la même vision que toi … mais c’est parce que souvent, ils sont déjà trop vieux, ils ont passés des dizaines d’années avec la même personne. Bien entendu, il y a aussi ceux qui sont morts assez jeunes mais qui ont laissé quelque chose à leur conjoint comme un enfant. Toi-même, tiens … Imagine que tu aurais eu un enfant avec Omera, tu aurais décidé de l’élever seul ? Ce n’est pas bon pour lui. Je pourrais te donner tellement d’exemples qui vont dans mon sens. »

« Et moi de même. Je pourrais t’en donner autant qui vont vers mon mode de pensées. »

« Mais j’espère que tu as compris où je voulais en venir. Surtout qu’elles sont auprès de toi depuis quasiment le début de ton existence. »

Il avait compris, parfaitement compris. Ce n’était pas comme s’il ne le savait pas, c’était même tout le contraire. C’était juste … qu’il plaçait des barrières qui l’empêchaient d’oublier Omera. Il ne voulait pas l’oublier … Et il avait peur que ça soit le cas s’il commençait à dériver maintenant. Il allait juste … essayer pour voir.

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