Chapitre 2 : La loi, c’est nous

ShiroiRyu
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Chapitre 2 : La loi, c’est nous

*Bibibibip ! Bibibibip !* Et voilà … Encore une nouvelle journée qui commence pour moi. Encore une nouvelle journée où je vais faire les mêmes choses, les mêmes gestes, dire les mêmes paroles. Je me lève de mon lit, éteignant ce réveil qui comme à son habitude, sonne beaucoup trop fort. Peut-être devrais-je le mettre plus loin de mon oreille ? Ca ne serait pas une mauvaise idée, j’en suis sûr et certain.

« Bon. » marmonné-je alors que je me déshabille. Et voilà encore d’autres affaires qui s’entassent dans un coin de ma chambre. Je dois réellement penser à faire une lessive. Mais bon, une toutes les deux semaines, ce n’est pas si effrayant que ça, n’est-ce pas ? Avec cette idée, je rentre dans la douche, me lavant la globalité du corps et la moindre parcelle de peau.

Puis, une demi-heure plus tard, je suis sorti de la douche, une serviette de bain autour du corps. N’étant pas réellement un grand lecteur, les seules informations que je récupère sont celles que j’obtiens grâce à la télévision. Vraiment une belle invention dans ce monde. Informations du jour : une nouvelle guerre civile s’est déclarée en Lébye, un petit pays se situant à l’est de la Fronse. Oh, petit pays, pas tellement si on compare à la Fronse mais qu’importe, ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus. De toute façon, moi et la géographie … J’ai intégré les forces de l’ordre dès l’âge de dix-huit ans, ayant passé deux années auparavant en tant que simple apprenti. Si on me considère ainsi, on peut le dire avec sincérité : je ne suis pas une lumière. Je n’ai pas fait d’études supérieures et je ne pense pas en faire. Je suis ainsi et je le resterai.

« Au revoir, papa. Au revoir, maman. » annoncé-je avant de refermer la porte derrière moi. Oui, c’était un automatisme pris au fil des années. Et je ne pense pas le perdre avant très longtemps. Maintenant que je suis en route vers le commissariat, je ne peux m’empêcher de penser à toutes ces années de service.
Des années pour lesquelles j’ai perdu une bonne partie de mon temps. Oh … Je ne regrette pas du tout ce que je suis devenu, c’est ce que je voulais être mais … J’en ai assez … tellement assez de perdre mon temps de la sorte. Lorsque je pénètre dans le commissariat, ma contrariété doit sûrement se voir car la secrétaire me dit :

« Encore plongé dans tes pensées, Ric ? Tu sais parfaitement que c’est pour ton bien qu’ils font cela. Tu ne peux pas leur en vouloir. »

« Non, non … Ce n’est pas … Enfin si … » dit-je en balbutiant un peu. « Je suis vraiment si facile à lire que ça ? Je veux dire … Ca se lit sur mon visage ou quoi ? »

« A peu de choses près, c’est le cas ! Mais sache que le chef et Loïc font ça car toi comme Alphonse, vous êtes un peu les protégés du commissariat. »

« Je ne l’avais pas remarqué. » ironisé-je en haussant les épaules.

« Et ce dont je suis sûre, c’est que ton père, là où il est, veille sur toi. Et il ne voudrait sûrement pas que tu te mettes en quête de retrouver son assassin. »

« Encore en train de parler de ça, Ric ? » annonce une voix derrière moi que je reconnu comme celle de Loïc. Il fait un sourire doux, signe qu’il veut que j’arrête de parler de ça. Ce n’est pas de ma faute, je n’ai pas commencé à en parler que je sache !

« Bon … Ce n’est pas le plus important, Alphonse ! Je t’attends dans la voiture. »

Je ne vais pas chercher à en discuter plus longtemps. La conversation était terminée avant même d’avoir commencée. Quittant le commissariat aussi vite que j‘y étais rentré, je me dirige alors vers la voiture qui m’est attribuée, attendant Alphonse. Celui-ci ne tarde pas à rentrer dans la voiture, me regardant avec interrogation.

« J’ai même pas eu le droit à mon café, Ric ! »

« On ira t’en acheter un avec ton pain au chocolat quotidien. » répondu-je avec neutralité.

« Ouais mais ça vaut pas ton café. »
J’hausse les épaules une nouvelle fois, faisant tourner la clé pour allumer le contact. Pendant une quinzaine de minutes, je commence à rouler sans même savoir où me rendre. Il faut dire … que tout cela me fatigue. L’impression de ne jamais avancé. Finalement, je prends la parole alors qu’Alphonse revient avec son pain au chocolat et son gobelet de café :

« On va traquer des criminels aujourd’hui ! »

« C’est pas ce qu’on fait d’habitude ? Enfin, on chasse les petits voyous. »

« Non … Là, je te parle d’arrêter le plus de personnes au cas où. On va essayer d’attraper un gros morceau parmi les délinquants. Et ensuite … »

« Papa nous laissera des affaires plus sérieuses que des patrouilles complètement pourries ! » annonce le jeune homme aux cheveux noirs qui m’accompagne.

« C’est pas forcément pourri … C’est juste … ennuyeux. » dit-je en essayant d’édulcorer ses paroles car je n’aime guère qu’on parle de la sorte.

« Oui, oui, ne joue pas avec les mots, Ric. »

J’hausse les épaules sans chercher à lui répondre. Je n’ai pas envie de me battre, du moins, pas avec mon coéquipier. Encore aujourd’hui, je suis à la recherche d’un indice, d’un simple indice qui m’emmènerait alors à l’assassin de mon père.

Mais autant chercher une aiguille dans une meule de foin, si en cinq ans, je n’ai rien trouvé, ce n’est pas aujourd’hui que cela compte s’annoncer meilleur. Autant dire que ma motivation n’est pas à son maximum. Allons-bon, peut-être qu’aujourd’hui sera différent, pourquoi pas ?

Aussitôt dit, aussitôt fait, il faut moins d’une demi-heure pour que l’on mette la main sur un malfrat … ou plutôt un jeunot. C’est à peine s’il vient de sortir de l’adolescence. Néanmoins, à part le fait qu’ait soit habillé comme s’il vient de sortir de la décharge publique, on n’a rien à lui reprocher. Mais il faut dire qu’il a la tête de celui qui est prêt à commettre un crime dès que l’on a le dos tourné. Méfiance ! Sauf que je ne sais pas si je vais pouvoir la garder pour tout le reste de la journée, surtout avec des cas pareils.

« Le projet est réveillé depuis deux jours. Quelles sont les données ? »

« Tout semble opérationnel. Les petites … transformations physiques ne changent en rien ses capteurs sensoriels. Nous lui avons administré un aphrodisiaque. Les réactions sont remarquables. Son comportement est proche de l’humain. »

Deux hommes en blouse blanches discutent entre eux, des petits gémissements se faisant entendre non-loin d’eux. Couchée sur une table d’opération, une créature a sa vision cachée par un bandeau de métal. Ses jambes sont elles aussi bloquées par des morceaux de métal ? Seules ses mains sont libres, parcourant son corps qui semble subir un choc électrique à cause des nombreux spasmes. Mais est-ce vraiment à cause de l’électricité ?

« Quand est-ce que nous devons l’envoyer ? »

« D’ici une semaine, deux au grand maximum. Nous ne sommes guère loin de la ville où se trouve son commanditaire. Dès que cela sera fait, manipuler cette région sera bien plus simple. Mais pour l’heure, il faut que nous observions si son corps est peut-être trop réceptif ou non. Nous avons utilisé un pokémon bien particulier. »

« C’est exact même bien avant les modifications sur son corps. »

Les deux scientifiques observent une nouvelle fois l’être couché sur la table d’opérations, les gémissements devenant des longs râles où se mêlent le plaisir et la douleur.

« Toutes mes félicitations, Alphonse, Ric. Vous faites de l’excellent travail d’après ce que j’ai cru entendre. » annonce un homme qui est proche de la soixantaine d’années donc de la retraite. Un chapeau sur le sommet du crâne, une partie de ses cheveux gris camouflée par celui-ci, il a toujours le sourire aux lèvres. Il est un peu enveloppé, cela étant dû à l’âge avancé et surtout au fait qu’il apprécie un peu trop les beignets à la confiture et au chocolat.

« Merci beaucoup. Nous ne faisons que notre travail, monsieur Casior. » dis-je alors qu’Alphonse fait de même de son côté.

« Ohla ! Je vous ai déjà dit quelque chose les enfants, ici, on m’appelle Jérôme. Monsieur Jérôme passe encore mais pas de monsieur Casior. Bon … Toute façon, il est temps quand même que vous passiez aux affaires un peu plus sérieuses, n’est-ce pas ? Même si Loïc ne sera pas franchement d’accord avec ça, si je trouve une scène de crime, des problèmes de voisinage qui tournent au vinaigre, je vous contacte, d’accord ? »

« Mer … Merci beaucoup ! » s’écrit Alphonse à côté de moi, me perçant les oreilles. Et bien … Au moins, y en a un qui est heureux parmi nous deux. Enfin, de mon côté, ça ne veut pas dire que je suis malheureux d’apprendre ça. Je me dis juste qu’il était temps qu’on nous donne un tel travail. On est policiers ou non ? Tant mieux !

Et nous voilà parti pour une nouvelle journée ! Avec les petites remarques du commissaire Casior, autant dire que nous sommes motivés, moi et Alphonse. Motivé à chasser du brigand, à capturer des bandits, à arrêter des malfrats comme le ferait deux enfants qui jouent aux gendarmes et aux voleurs. Peut-être que cette journée ne s’annonce pas si mauvaise ?

« Tu peux nous donner tes papiers ? Et surtout nous dire ce que tu fais avec cette mérajouina ? T’es pas un peu jeune pour toucher à ça ? »

« Hey, monsieur ! Je vous jure ! C’est un Miaouss qui me l’a mis dans la poche ! »

« Ouais bien sûr, et tu veux me faire croire ça ? » annonce Alphonse en récupérant un petit sachet contenant une poudre dorée.

« Non mais je vous le promets sur la tête de ma mère malade et alitée ! » répond un adolescent qui doit avoir à peine seize ans mais habillé avec un jean troué de partout.

« Si tu es capable de comprendre ce que ça veut dire alitée, tu ferais mieux d’arrêter tes conneries dès maintenant et d’aller en cours. »

J’ai dit cela avec un ton sec et cassant. L’adolescent part après que je lui dise qu’il valait mieux pour lui que je ne le revois pas devant moi. Je suis ainsi, je ne peux pas m’en empêcher. J’espère sauver ces adolescents au lieu de les faire tomber encore plus bas que terre. Je sais bien que beaucoup de policiers préfèrent abuser de leurs supériorités mais moi … Ca ne me plaît pas. Me revoilà parti avec Alphonse pour la suite de la patrouille.

« Et je peux savoir c’est quoi ce torchon que t’as en main ? » demandé-je en récupérant un papier sur une fille qui doit avoir à peine l’âge de la majorité. Mais bon, vue la dégaine qu’elle a avec sa mini-jupe, son décolleté pigeonnant sur des seins sûrement refaits et son visage maquillé de partout la faisant ressembler à une Lippoutou, il n’y avait pas de doute sur l’activité qu’elle fait quotidiennement.

« Ca ? C’est juste pour me faire de l’argent de poche, rien d’autre, monsieur l’agent ! »

« Et tu vas me le promettre, n’est-ce pas ? Je sais bien qu’il n’y a pas de sot métier mais quand même … Tiens, prends-ça comme adresse. Si tu as un problème, tu pourras t’y rendre. Ils s’occuperont de toi … normalement. » murmuré-je avant d’écrire sur une feuille de papier, une adresse et le nom d’une personne spécialisée dans ce genre de « soucis » qu’ont les femmes qui proviennent d’autres pays.

La jeune femme s’éloigne tandis qu’encore une fois, ma gentillesse me perdra, je le sais parfaitement. Alphonse a le papier en main, haussant les sourcils avec l’air de celui qui se demande si ce qu’il lit est bien réel ou alors une vaste plaisanterie. Je lui demande :

« Y a quoi de si spécial sur cette brochure ? »

« De quoi être dégoûté, Ric. » m’annonce-t-il avant de me tendre la brochure. Un rapide coup d’œil et je vois que c’est une publicité pour une discothèque plutôt réputée. Néanmoins, c’est le reste de la brochure qui m’interpelle et je me sens obligé de la lire à haute voix :

« Nos hôtesses sont prêtes à vous accueillir 24 heures sur 24. Veuillez découvrir nos nouvelles attractions de charme où pokémons modifiés génétiquement se mêlent à nos demoiselles prêtes à toutes les folies pour vous servir le plus agréablement. »

Je ne peux m’empêcher d’émettre un rictus de dégoût en même temps qu’Alphonse. Ce n’est pas une bêtise, c’est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Et si c’est aussi sérieux, alors …

« Ric ! On doit se rendre là-bas ! C’est peut-être la plus grosse affaire qu’on a eu ! »

« … … Il ne vaut pas éveiller les soupçons. Alphonse, d’ici la fin de la semaine, samedi soir, tu dis à ton père qu’on va en boîte. Comme on va y passer la soirée, que ce n’est pas fait sur le moment, il ne se posera pas de questions. Par contre, on y va en civil donc il faut absolument éviter de ramener ne serait-ce qu’une preuve que nous sommes policiers. »

« Je savais que tu aurais une bonne idée ! » s’écrit Alphonse, heureux d’entendre mon idée.

Bon … Il faut alors que l’on se prépare pour cette petite tournée bien spéciale. Peut-être que je peux espérer avoir des informations plus importantes ? Du moins, le début de cette quête éperdue dans laquelle je me suis lancé depuis bien plus de dix ans. Ah … On verra ce que cette discothèque a à m’offrir, voilà tout.

« Les derniers tests sont concluants. D’ici le début de la semaine prochaine, vous pouvez l’envoyer à son destinataire. Je pense qu’il sera ravi d’avoir son nouveau jouet. Nous pourrons alors commencer le contrôle total de cette ville et de ses alentours. »

« Les ordres sont formels. Nous devons faire attention à l’utilisation de ces êtres. S’il y en a trop dans un seul pays, cela serait problématique. »

« Il n’y pas lieu de s’inquiéter. Cette créature est docile … très docile même. De même, elle sera assez puissante pour une bonne partie de ce pays. Peu à peu, il prendra le pouvoir au sein même de la justice, gravissant les échelons. »

« Avant de vouloir poser la main sur l’économie d’un pays, il faut réussir à contrôler toutes ses ficelles, que cela soit politique ou autre. »

Mais ils sont tous d’accord : ce projet n’est que le début de l’implantation de leurs idées dans ce pays. Ailleurs, c’était déjà le cas, depuis quelques temps. Dès l’instant où cet être sera libre, alors cette ville, cette région puis ce pays se trouveront sous leur contrôle.

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