Chapitre 2 : Première journée

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 2 : Première journée

« Xavier ! Tu ne dois pas oublier tes médicaments ! »

« Hého, je ne vais pas m’évanouir sur le moment. On peut quand même sortir dans le jardin sans que je prenne mes médicaments non ? »

« Je ne veux pas… S’il… vous arrivait quelque chose… »

« Bon… Tu ne me laisse pas le choix, mais arrête le vouvoiement et je vais chercher mes médicaments comme ça… Mademoiselle Helena n’a pas à s’inquiéter. »

Elle lui fit un grand sourire alors qu’il s’éloignait d’elle pour retourner dans l’imposant manoir. Il revint quelques minutes plus tard avec un petit sachet en plastique. Le sourire d’Helena disparu à ce moment là, cela ne passant pas inaperçu.

« Qu’est… Qu’est-ce qu’il y a ? J’ai fais ce que tu voulais, Helena. »

« Non… Non ! Ce n’est rien ! On y va, Xavier ? »

Bien sûr qu’ils y allaient ! Ils n’allaient pas perdre plus de temps que ça ! Il lui prit la main en se mettant à courir dans le jardin. Elle poussa un petit cri de surprise, lui signalant que ce n’était pas très commode de courir avec sa robe blanche. Il s’arrêta après quelques secondes, se retrouvant devant l’entrée d’un labyrinthe de haies… Ses parents avaient des goûts décoratifs assez… spéciaux dira t-on.

« Tu es prête à te perdre ? Je te préviens : Interdiction d’utiliser tes pouvoirs psychiques pour en sortir ! Ca me fait penser… Tu es encore capable d’utiliser tes pouvoirs au passage ? »

« J’ai réussi à lire… dans ton cœur. Donc je pense… Que j’en suis capable alors. »

« Alors je t’interdis de les utiliser sinon, ce n’est pas du jeu et ça sera loin d’être drôle. »

« Mais est-ce que tu ne connais pas déjà le chemin ? »

« Non, non et non ! Tu devrais le savoir… Tu me téléportais à chaque fois. »

« Ca sera donc une grande découverte pour nous deux, c’est cela ? »

« Exactement ! Bon… Par contre… On fait comment ? Est-ce que tu veux… que l’on se tient la main pour ne pas se perdre ? En tant que Gardevoir… C’était normal… »

C’est vrai qu’il avait gardé sa main dans la sienne et que cela l’avait un peu gêné auparavant mais là, c’était un peu différent non ? Enfin… Elle était devenue humaine. Est-ce qu’elle devait garder sa main ? Sa réponse ne mit guère de temps à venir. Elle glissa lentement ses doigts entre ceux de Xavier pour dire que c’était bon. Maintenant que c’était fait, autant continuer sur cette voie non ? Il n’y avait aucun problème à ça. Il hocha la tête sans rougir, se mettant à marcher pour rentrer dans ce labyrinthe fait d’herbes. Les haies devaient bien mesurer plus de trois mètres de hauteur… Un travail d’architecte floral magnifique… et il était sûr que l’intérieur l’était encore plus.

« On évite de se perdre… Car je ne suis pas sûr de pouvoir m’en sortir à nouveau héhéhé. On aurait du prendre de quoi se nourrir entre temps. Avec mon sachet de médicaments, j’ai l’air un peu ridicule. A croire que je ne peux pas m’en séparer. »

« Mais c’est le cas, maître… Euh… Xavier. Vous ne pouvez pas vous en séparer. Vous ne DEVEZ pas vous en séparer. Désolée, je te vouvoie encore. Je n’y arrive pas. »

« Bon… Je laisse tomber, je n’aime pas forcer les gens. Quand tu étais une pokémon, je trouvais ça plus facile. Je ne sais pas comment te le dire… mais tu es une jeune femme. »

« C’est si différent ? Que je sois une femme ? Ma sexualité n’a pas changé non ? J’étais déjà une femme auparavant… Une femme Gardevoir. »

« Hahaha… Tu sais très bien… que moi et les pokémons… »

« Je t’ai appris tout ce que je connaissais… mais tu n’as jamais pu faire comme les jeunes de ton âge… Pardonne-moi… J’aurais bien aimé être ta pokémon… pour combattre. »

Elle tendit ses deux bras, le jeune homme aux cheveux bruns se mettant à reculer avant de remarquer qu’en fait, elle était un peu plus grande que lui. Cinq centimètres au grand maximum… mais… Ce n’était pas ça le problème. Elle alla le serrer contre elle, engouffrant sa tête dans sa poitrine recouverte de tissu blanc alors qu’il poussait un petit gémissement plaintif. Ce n’était pas du tout la même sensation qu’auparavant, pas du tout ! Il retira vivement sa tête, complètement rouge aux joues avant de dire :

« Je je je… On peut éviter ça à l’avenir ?! »

« Pourquoi ? Je suis… ta pokémon… Et c’est normal que je fasse ça. »

« Tu n’es plus une pokémon ! Tu es une femme dorénavant et et et… Tu as ça… »

Il désigna du doigt sa poitrine, la jeune femme aux yeux bleus baissant son regard pour l’observer. C’est vrai. Elle l’oubliait complètement mais maintenant, elle était dotée d’atouts féminins… assez importants. Contrairement à son statut de Gardevoir, ces choses… faisaient d’elle une femme… humaine. C’était à peu près l’unique chose qui la séparait d’une femme humaine… Mais maintenant… Ce n’était plus le cas. Elle eut un grand sourire avant de dire :

« Moi, ça ne me m’embête pas plus que ça, Xavier ! »

« Non ! Non et non ! Recule Helena ! Recule je t’ai dis ! »

« Hihihi ! C’est bizarre de te voir dans cet état à cause de moi. Je ne pensais pas voir cette réaction un jour de ta part… en ce qui me concerne. Xavier ! »

Elle fit un pas vers lui, poussant un cri de stupeur en s’emmêlant les pieds avant de venir tomber subitement en avant… C’est-à-dire sur lui… Et lui était tombé dans la haie. Il gémit de douleur, sentant tout le corps d’Helena contre lui. Combien de temps cela faisait-il qu’il n’avait pas ressenti un corps féminin contre lui ? Plus d’un mois… Oui… Sandra avait refusé de le voir jusqu’au mariage. Mariage annulé aujourd’hui.

« Par… Pardon, Xavier. Je te le jure que je n’ai pas fait exprès cette fois-ci. »

« Ca… ne fait rien… Rien du tout… Helena. »

« Mais tu… Xavier ! Tu pleures à nouveau ! »

Elle s’était rapidement relevée, faisant de même avec lui alors qu’elle voyait des larmes dans ses yeux. Elle passa sa main sur les joues de Xavier, nettoyant ses larmes avant de prendre sa main droite, la ramenant à ses lèvres. Elle y déposa un fin baiser avant de la laisser contre sa joue, lui disant avec un sourire triste :

« Arrête donc… de penser à elle… Xavier… »

« Tu crois que c’est vraiment aussi simple, Helena ? Sandra a parcourue ma vie pendant deux années ! Deux années ! Peut-être que… Je n’ai jamais été très proche d’elle, peut-être qu’elle… Qu’elle… jouait avec mes sentiments… qu’elle était simplement attirée par mon argent… Qu’elle me trompait… Mais… Je l’aimais… »

« Alors aime une autre personne et passe à autre chose ! »

« Tu crois que c’est aussi simple ?! Qu’est-ce que tu en sais au sujet de l’amour hein ?! Les pokémons ne sont pas capables d’éprouver des sentiments comme nous ! D’éprouver des sentiments aussi complexes que les nôtres ! »

« Tu… Tu parles… à une Gardevoir… Une Gardevoir… L’une des rares créatures… qui sait exactement ce que sont les sentiments… et les émotions… »

« Pardonne-moi… Helena… Je ne peux pas supporter… J’ai toujours été souriant, agréable, je sais que je vais mourir bientôt, je le sais ! Mais… Je voulais être heureux quelques années… ou quelques mois… Je ne sais pas combien de temps je vais vivre… et je voulais en profiter. »

« Tu es là… avec moi… Alors on peut en profiter à deux ? Mais il faut arrêter de penser à elle. Tu ne dois pas rester fixée sur Sandra. »

« C’est trop… dur, Helena. Pardon… Je gâche notre journée avec mes pensées. Tu es la seule personne avec qui je n’aimerais pas être triste mais c’est à chaque fois toi qui prends tout pour les autres. Je suis content… que tu sois une humaine. Ca me permet de mieux dialoguer avec toi. Est-ce que tu veux toujours te promener avec moi ? »

« J’en serais plus que ravie, Xavier. Mais si… Tu as un problème, dis le moi, d’accord ? Ne garde pas pour toi tout ce que tu as sur le cœur. »

« Je te le promets… et encore pardon pour tout ça. Est-ce que je peux te reprendre la main ? »

Elle hocha la tête pour dire que oui, tendant sa main droite. Lorsqu’il alla la chercher, elle le tira subitement vers elle, l’emmenant contre son corps. Sa tête baissée vers celle de Xavier, elle le regarda pendant de longues secondes alors qu’il faisait de même. Elle le laissa quitter ses bras, le jeune homme évitant de s’adresser à elle avant de se remettre à marcher. Ils devaient continuer leur voyage dans le labyrinthe.

« 

« Oh ! Il y a un banc au beau milieu de ce petit champ de fleur ! »

« Tous les chemins convergent vers ici… Je crois que nous sommes au milieu du labyrinthe. Tu veux t’asseoir, Helena ? Je prendrais mes médicaments en même temps. »

« Ca serait avec un grand plaisir. »

Elle retira sa main de la sienne, se dirigeant vers le banc avant de donner un petit coup dans sa robe blanche. Il y jeta un œil, remarquant que celle-ci s’ouvrait sur le côté… Gloups… Il se demandait ce qu’elle portait… Des collants blancs ? Ca ne serait pas normal… Ou il ne savait pas du tout… Il préféra ne plus y penser, s’asseyant à l’autre bout du banc alors qu’elle était surprise par ce geste. Il ouvrit son sac en plastique, regardant à l’intérieur.

« Pffff… Tous ces médicaments… C’est comme si je me droguais à ces derniers. Bon… D’abord ceux rouge et vert… Puis ceux blanc et bleu… Je ne dois pas me tromper. Bon… Aller… Heureusement que j’avais cette bouteille d’eau. »

Il plongea sa main dans le sac, en ressortant une bouteille de sa main libre avant de l’ouvrir. D’un geste machinal, il mit ses gélules dans la bouche avant de boire une gorgée, refaisant ce geste une seconde fois pour les autres gélules. Elle l’observa quelques instants alors qu’il reprenait en observant son sac :

« Qu’est-ce que je dois prendre maintenant ? Pfff… Y en a beaucoup trop. »

« Xavier ? Pourquoi est-ce… Tu te mets aussi loin ? »

« Hein ? Attend un peu… J’ai autre chose à faire, je suis désolé… »

« Attend un peu. Je sais ce qu’il te faut. Je suis ton infirmière non ? »

Elle bougeait son corps pour se rapprocher de lui, collant son sein gauche contre le bras droit du jeune homme. Elle se pencha légèrement en avant, fouillant dans le sac avant de lui tendre un spray. Elle reprit d’une voix douce :

« Pas plus de deux ou trois jets, d’accord ? »

« Oui… Merci… Heureusement que tu es là. Et ensuite ? »

« Tu dois prendre une gorgée de ce médicament. Enfin, tu dois terminer avec cinq millilitres de ce produit. Ce n’est pas très bon, je te rappelle. »

« Pfff… C’est vraiment désespérant tous ses médicaments. Et tout ça juste pour me maintenir en vie alors que je suis de toute façon sur le point de mourir. »

Elle lui fit un petit visage triste et il détourna le regard. Ce n’était pas de sa faute à elle… Il retira son bras droit, se disant qu’elle n’avait sûrement pas remarqué que sa poitrine était trop proche de lui. Tous ses médicaments… lui pourrissaient la vie. Enfin bon… Il devait quand même les prendre. L’un… puis l’autre et on termine par le dernier. Voilà ! C’était fait ! C’était parfait. Il remarqua qu’Helena était restée près de lui.

« C’est… C’est bon, Helena. J’en ai fini. Tu peux repar… »

« Repar ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »

« Non… Ce n’est rien, je suis désolé. Tous mes médicaments, c’est gênant à force. »

« Moi… Ca ne me dérange pas… tant que tu les prends. Par contre… Est-ce que tu voulais que je m’éloigne de toi ? Je peux retourner à l’autre bout du banc si c’est ce que tu désires. Ca ne me gêne pas… même… si j’aimerais rester plus longtemps près de toi. »

« Bon… Tu peux rester… Mais je ne sais pas trop de quoi on pourrait parler… »

Il poussa un léger soupir, déposant son sac en plastique sur le sol avant de pousser à nouveau un grand soupir, étirant ses deux mains en l’air. Dès l’instant où il fit ce geste, Helena alla rapidement se calfeutrer contre son torse en fermant ses yeux bleus. Il émit un petit cri de surprise alors qu’elle murmurait :

« On peut simplement rester comme ça pendant quelques minutes ? Ou quelques heures ? Maître ? Non… Xavier ? »

« Je ne sais pas trop… C’est un peu trop rapide… ce genre de relations. »

Quel genre de relations parlait-il ? Elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il disait. Enfin, qu’importe. Elle eut un sourire amusé alors qu’il arrêtait d’étirer ses bras. Instinctivement, son bras droit passa derrière Helena jusqu’à arriver sur l’épaule de la jeune femme aux cheveux verts, la ramenant un peu plus vers lui.

« Hihihihi… Maintenant que je suis humaine… J’ai un peu plus chaud… quand je suis contre toi, Xavier. Ca doit être différent quand on est humain au final. »

« Tais-toi un peu… Helena. Dans ce genre de moments, il vaut mieux se taire. »

« Comme tu le désires, tant que je peux rester ici. »

Elle peut rester ici, ce n’était pas ça qui allait le gêner. Puisqu’ils avaient déjà déjeuné, ils n’eurent aucun souci en ce qui concerne la nourriture et pour l’eau… Ils avaient toujours la bouteille de Xavier. Rien… Rien ne se passa pendant cette journée. Rien du tout même. Plusieurs heures s’étaient écoulées et il avait baissé la tête, s’étant endormi à moitié alors qu’elle avait rouvert ses yeux.

« C’est vraiment… bizarre d’être une humaine… J’ai l’impression… que mes sentiments… sont plus libres. Je peux les laisser s’échapper… se montrer à tous et à toutes… et surtout à toi, Xavier. C’est ça qui m’importe seulement. »

Elle le laissa se reposer, retirant sa tête de son torse avant de se lever. Elle observa le ciel… Hum… Le soleil allait se coucher d’ici deux ou trois heures au grand maximum. Les parents de Xavier allaient revenir très rapidement. Lorsqu’il faisait une petite chute à cause de sa maladie, ils allaient le voir. Et puis… Maintenant… Elle était une humaine et elle devait leur expliquer la situation et aussi… ce qui s’était passé avant.

« Xavier… Gros dormeur… Il est temps de te réveiller. »

« Hein ? Que quoi ? Zut… Il est quelle heure ? »

« L’heure de rentrer… Viens… Je t’aide à te lever. »

« Ce n’est pas de refus. Je suis encore à moitié endormi. »

Elle le prit par la main, le faisant se lever du banc alors qu’elle tenait le sac en plastique dans l’autre main. Il était somnolant, cela se voyait. Elle prit les commandes, dirigeant le jeune homme et elle-même vers la sortie. Cela avait été fort simple : Dès l’instant où ils avaient pénétré dans le jardin, elle s’était mise à se rappeler du chemin à prendre. Ainsi, après quelques minutes, ils arrivaient au bout, Xavier remarquant que le temps s’était bien écoulé… La preuve ! Le soleil était en train de se coucher.

« AIE ! Tu aurais du me réveiller plus tôt, Helena ! On a gâché… une journée maintenant. »

« Gâcher ? Comment ça ? »

« Gâcher comme gâcher ! On a perdu une journée alors que tu n’es humaine que pour une seule semaine… On doit utiliser ce temps si… »

« Nous n’avons rien gâché… Pas à mes yeux… Tous les moments passés avec vous… euh… toi… sont très précieux pour moi et donc, il me suffit de rester près de toi pour que le reste disparaisse à mes yeux. Non… Je suis désolée… Mais tu ne me gâche rien du tout, Xavier. »

« Si tu le dis… Pardon quand même. »

« Je te pardonnerais à une unique condition qui est la suivante : Que pour les prochains jours, nous puissions vivre des choses aussi merveilleuses que celles d’aujourd’hui. »

« AHEM… Je ne veux pas te… démoraliser… mais nous n’avons fait que dormir sur un banc pendant des heures… comme si nous étions en manque de sommeil. »

« Cela me convient parfaitement ! Alors, est-ce que tu acceptes ? »

« Je vois même pas pourquoi je refuserais… Donc je suis d’accord. »

« Merci ! Merci beaucoup, Xavier. Pour la peine… »

Elle se pencha en avant, venant l’embrasser sur la joue avant d’éclater de rire. Sur un ton plus qu’amusé, elle reprit la parole un court instant :

« J’apprend vite à devenir une humaine non ? »

Oui… Oui… C’est vrai… Il confirmait… Il eut un léger trémolo d’émotion, se demandant ce qui se passait… Il était… joyeux… Il passa une main sur la joue embrassée, ne sachant pas comment réagir. Elle ne lui laissa pas le temps de réagir, lui reprenant la main pour le tirer vers l’intérieur du manoir. Maintenant, il y avait les parents…

« Maître Xavier ! Veuillez venir directement dans la salle de musique ! Vos parents vous appellent ! C’est au sujet… de votre Gardevoir. »

« Helena… Je crois qu’ils ont appris bien plus tôt que prévu si tu veux tout savoir. »

« Il le fallait bien un jour… non ? »

La servante s’inclina respectueusement alors qu’il demandait à Helena de bien vouloir le suivre. Il tremblait légèrement… Il n’aimait pas affronter ses parents, leurs ordres, leurs paroles… TOUT ! Il détestait affronter tout le monde ! Il prit une profonde inspiration, arrivant devant la double porte menant à la salle de musique.

« Ca ne te gêne pas si on ne se prend pas la main, Helena ? »

« Je… Je crois… que cela vaut mieux pour nous deux, maître… Xavier. »

Elle lui avait redonné du maître et il tiqua. C’était normal… Vraiment normal… Devant ses parents, ni lui, ni elle ne pouvaient faire quelque chose contre ça. Ils pénétrèrent dans la pièce, quelques notes de piano se faisant entendre avant qu’un tintamarre ne résonne à leurs oreilles. La mère de Xavier venait d’appuyer sur le piano avec tous ses doigts en même temps.

« Xavier… Jenys… Qui est… cette mendigote qui t’accompagne ? Non… »

« Chérie… Cette femme semble néanmoins correctement habillée contrairement à cette… Je ne préfère rien dire mais je n’en pense pas moins au sujet de cette traînée nommée Sandra. »

« Oui… C’est pour cela que j’ai dis non. Cette femme a au moins la décence de bien porter sa tenue mais qui est-ce donc ? Les servantes m’ont donné une histoire abracadabrantesque comme quoi cette femme serait Helena. »

« C’est le cas… Père et Mère… Je vous présente Helena. »

« Mademoiselle… Confirmez-vous les dires de mon fils ? »

« Maître… Maîtresse… Je le confirme. Je suis bien la Gardevoir qui s’est chargée de lui pendant une quinzaine d’années. »

« Vous comprendrez qu’il faudra bien plus que quelques paroles pour nous convaincre, n’est-ce pas ? J’espère que vous comprendrez que tout ceci ne peut-être qu’une gigantesque farce orchestrée pour profiter de l’état de dépression dans lequel se trouve mon fils. »

« Je le conçois mais je vous pris de bien vouloir me croire. Je n’oserais jamais faire souffrir votre fils et cela surtout à cause de toute cette histoire qui l’a plongé dans un grand trouble. Cette femme ne méritait pas votre fils et même si je ne l’ai pas prononcé devant lui avant maintenant, je ne l’appréciais pas. Cela se lisait dans son cœur… Cette femme était pire que tout… Saviez-vous ce qu’elle avait prévu ? Qu’il la rattrape… et qu’il la force à l’épouser… Ainsi… Cela n’aurait pas été de sa faute… En fait, elle était heureuse de l’abandonner… Tout cela n’était qu’une question de manipulation. Je n’ai pas… osé le lui annoncer… car je ne voulais pas le faire souffrir encore plus… que maintenant. »

Les deux personnes âgées se regardèrent quelques instants alors que Xavier posait son regard émeraude sur elle. Il… Il se sentait trahi… Mais pas forcément dans le bon sens… Pourquoi avoir gardé ça pour elle ? Elle détourna le regard, subitement gênée et attristée de voir ce visage déconfit. La mère de Xavier reprit la parole :

« Cela ne suffit pas à nous convaincre. Vous avez peut-être un langage des plus développés et cela peut prouver en un sens que vous venez d’une famille aisée mais cette histoire de Gardevoir devenue humaine est très difficile à croire. N’avez-vous vraiment aucune idée de ce que vous avancez ? Cela est si peu… réaliste… et si peu crédible. Je ne laisserais personne toucher à mon fils avec de telles pensées ! »

« Vous n’arrivez pas à la croire ?! ALORS NE LA CROYEZ PAS ! De toute façon, vous ne croyez rien ni personne tant qu’il n’a pas ses papiers sur lui !  Cette femme est HELENA ! Cette femme est celle qui vient de me dire que tout ce que j’ai vécu avec Sandra n’était que du bluff ! Et je dois le prendre comment ?! »

« Allons mon fils… Ce n’est pas comme si tu n’étais pas au courant de tout ceci. Nous t’avions pourtant prévenu par rapport à cette gueuse. »

« GUEUSE ?! GUEUSE ?! Mais je m’en fous ! Ce n’est pas ça ! J’avais encore une petite chance de croire que Sandra m’aimait un tant soit peu… et… Et Helena… Et Helena vient de me dire ça ! POURQUOI ?! »

Il empoigna le bras de la jeune femme aux cheveux verts avant de la tirer vers lui. Ses lunettes étaient tombées au sol alors qu’il tremblait. Il serrait les dents en tremblant, tentant de s’adresser à elle sans y arriver. Quelques balbutiements puis il reprit :

« POURQUOI TU NE ME L’AS PAS DIT HIER ?! »

« Je… Je… Je ne voulais pas empirer votre état, maître… »

« ON S’EN FOUT DE MON ETAT ! ON S’EN FOUT ! Je… Je déteste que l’on me cache des choses… Je déteste vraiment ça ! SURTOUT de ta part ! »

« Pourtant, lorsque nous te dévoilons la vérité, tu préfères l’ignorer. »

Le père en rajoutait une couche par-dessus alors qu’il se tournait avec fureur vers ses deux parents. Eux… Eux… Il… Il… Il ne savait plus quoi penser. Son emprise sur le bras d’Helena se fit moins forte alors qu’il posait une main sur son cœur. Du sang… Du sang s’écoula de sa bouche alors qu’il s’écroulait à genoux. Subitement, plusieurs crachats sortirent de sa bouche alors qu’Helena se mettait à crier de toutes ses forces :

« XAVIER ! SES MEDICAMENTS ! Veuillez appeler le médecin ! Ses médicaments ! »

Elle s’était approchée de lui, voyant que les deux parents du jeune homme ne bougeaient pas. Et zut ! Ils ne comprenaient pas ?! Elle quitta la pièce en courant, la mère réagissant enfin en criant à son mari de téléphoner au médecin tout de suite. Helena était revenue avec plusieurs sachets dans les mains, s’approchant du jeune homme allongé au sol, baignant dans une petite flaque de sang. Xavier… Xavier avait fait une rechute !

« Je crois que cela n’augure rien de bon. »

« Que… Que se passe t-il ?! Racontez moi tout, docteur ! »

« Mademoiselle ? Nous nous connaissons ? Enfin bon…Si vous êtes une amie de la famille, vous pouvez être au courant. Disons que sa maladie est au stade terminal… Je ne saurais l’expliquer mais tout ce stress accumulé et les récents ont fait avancé sa maladie… ce qui veut dire que nous venons de passer d’une espérance de vie d’environ deux à cinq ans… à moins d’une année… voir d’un semestre. »

« Un… Un semestre ?! Mais vous êtes médecin ! Vous devez bien réussir à le faire vivre plus longtemps que prévu ! Sa maladie n’a jamais eu le dessus avant aujourd’hui ! »

La mère était dans tous ses états alors que le père appelait déjà sur son portable. Qui donc appelait-il ? Sa femme lui demanda avec inquiétude et il lui répondit :

« Je vais appeler nos avocats… Sandra ne s’en tirera pas cette fois. C’est à cause d’elle que Xavier est dans cet état. Tout allait bien avant qu’elle n’arrive ! »

« Pardonnez-moi… Mais est-ce que vous pouvez aller ailleurs ? Je veux… veiller sur lui. »

« Tu es son infirmière… Helena… Tu sais t’en occuper mais préviens nous quand il est réveillé. Dès qu’il ira mieux, tu viendras avec nous. Nous devons avoir une discussion. »

« Helena ? Cette jeune femme porte le même nom que le Gardevoir de votre fils. »

« Il paraîtrait que c’est elle… Ma femme et moi avons du mal à le croire mais… »

« Certaines choses nous poussent à penser que c’est le cas. »

C’est vrai… Les deux parents de Xavier signalèrent que c’était elle qui avait permis à Xavier de tenir le coup jusqu’à ce que le médecin arrive. Celui-ci remercia la jeune femme aux cheveux verts. Elle était au chevet de Xavier, le jeune homme étant allongé dans son lit. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tout devait se passer ainsi ?!

« J’aimerais… juste vous parler… ailleurs… Je ne voudrais pas que Xavier entende ce que j’ai à dire… Vous pouvez écouter aussi… monsieur le médecin mais veuillez ne pas le répéter d’accord ? Je vais vous raconter pourquoi je suis ainsi. »

Autant faire que ces trois personnes soient au courant. De toute façon, toute la maisonnée l’était alors pourquoi pas eux ? Elle serra quelques instants la main de Xavier avant de se lever, invitant les diverses personnes à bien vouloir la suivre. Elle connaissait l’endroit comme si elle y vivait depuis des années… Encore une preuve qu’elle était l’ancienne Gardevoir… Voilà… Tout allait être dit… Même ce qu’elle n’avait pas encore annoncé à Xavier… Déjà qu’avec Sandra… Alors si elle lui racontait tout…

« C’est donc… ça ? Mais pourquoi avoir fait une telle chose ? »

«Helena… Juste pour une seule semaine… »

« Ce n’est pas très scientifique… mais vous êtes la preuve vivante… du contraire. »

Les trois personnes étaient d’accord avec elle… mais motus et bouche cousue. Le médecin quitta l’imposante demeure alors que les deux parents de Xavier laissaient ce dernier aux bons soins d’Helena… si elle pouvait encore s’occuper de lui. Ils indiquèrent que c’était possible… mais qu’ils tenaient à être prévenus le plus tôt possible… si tout se dégradait. Ils avaient confiance en elle… contrairement à Sandra. Elle retourna dans la chambre du jeune homme, celui-ci ayant les yeux ouverts bien qu’il ne portait pas ses lunettes. Il n’eut pourtant aucun mal à la reconnaître, murmurant avec amertume :

« Même toi… Tss… Je préférais mourir… plutôt que d’être trahi… par la personne en qui j’avais le plus confiance. Tu m’as trahi… Helena. »

« Je… Je ne t’ai pas trahi ! Xavier ! Je te le promets ! »

« Alors pourquoi ne pas me l’avoir dit plus tôt ?! »

« MALADE ! Tu es malade ! Tu comprends ça ?! Tu as fait une rechute à cause de tout ça ! Tu as fait une rechute car tu n’es pas capable de supporter trop d’émotions ! »

« Trop… d’émotions ? Des émotions par rapport à qui ? Tu m’as menti… Tu me cachais ça… Et après… Je pensais que tu voulais… Non… C’est bon… Il est quelle heure ? »

« Plus de vingt-trois heures. Est-ce que tu veux que je veille sur toi ? »

« Pense plutôt à ta personne. En y réfléchissant bien, est-ce que tu as un endroit où dormir ? Tu n’as jamais dormi dans une pokéball mais ta chambre… ressemble plus à un enclos pour pokémon qu’autre chose. »

« Je m’en contenterais parfaitement. Sauf si tu veux que je reste ici dormir… Je peux dormir sur le fauteuil ou alors te surveiller pendant toute la nuit. »

Il s’était surpris à rougir alors qu’elle avait terminé sa seconde phrase. Un court instant, il s’était imaginé dormir avec elle. Quel idiot… Vraiment quel idiot… Il ne lui répondit pas. Il était encore en colère contre elle… Il alla à l’opposé de son lit à baldaquin, lui tournant le dos avant de dire d’une voix faible :

« Tu peux aller prendre une couverture… ou aller en demander aux servants… Tu peux aussi prendre l’un de mes oreillers… »

« Merci beaucoup, Xavier. Nous ne sommes plus fâchés alors ? »

« On ne l’a jamais été ! Enfin…Si… Peut-être… Et si tu n’arrives vraiment pas à dormir… Ou que tu as mal au dos… Dors dans mon lit mais à l’opposé ! »

L’opposé ? L’opposé dans quel sens ? Celui où il se trouvait ? Ou alors par rapport à lui ? Elle ne lui répondit pas, lui murmurant une bonne nuit avant de quitter la chambre. Elle allait prendre une couverture et venir dormir avec lui… mais sur le fauteuil. Et oui… Elle n’allait quand même pas aller jusque là. Elle était une jeune femme humaine ET honorable.

Laisser un commentaire