Chapitre 3 : Vision des autres

ShiroiRyu
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Chapitre 3 : Vision des autres

« Hum… Hummm… Soif… L’est l’heure… médicaments… »

Il s’était réveillé au milieu de la nuit, n’ouvrant pas ses yeux néanmoins avant de tâtonner tout autour de lui dans son lit. Qu’est-ce qu’il cherchait ? Ce n’était pas si difficile à savoir… Il voulait juste être sûr… qu’Helena ne dormait pas de son côté du lit. Rien… Rien du tout. Elle n’était pas près de lui… Bougeant légèrement son corps, il alla se diriger vers l’autre bout du lit, constatant la même chose. Non, elle n’était pas venue… Enfin, il ouvrit ses yeux pour voir la jeune femme aux longs cheveux verts. Elle était endormie sur le fauteuil, une couverture posée sur elle. Elle semblait si apaisée… Il se mit assis dans son lit, posant une main sur son cœur avant de se lever complètement. D’un pas lent, il quitta la chambre, se dirigeant vers la salle de bains… Encore une gigantesque pièce.

« Deux… Trois… Et en une bouchée s’il vous plaît. »

Il eut un petit rire triste avant d’avaler ses gélules en même temps, buvant son verre d’eau avant de pousser un profond soupir. C’était trop… pénible d’être gravement malade. Il devait avoir avalé plus de gélules que toutes les personnes réunies dans la demeure, jardiniers et serviteurs y compris ! Lorsqu’il revint dans sa chambre, une petite voix s’adressa à lui :

« Tu es déjà debout ? Il n’est que quatre heures, Xavier. Tu devrais dormir. »

« Parle pour toi, Helena. Mais pourquoi tu es réveillée ? »

« Je… ressens lorsque tu n’es plus là. Tu as à peine fait quelques pas en-dehors de la chambre que je me suis réveillée. Je suis comme ça. »

Même si il ne voyait que très faiblement son sourire grâce aux reflets de lune cachés par les rideaux, il était content… d’apprendre ça. Il se dirigea vers son lit, s’y replongeant à l’intérieur avant de fermer les yeux. Elle s’était remis la couverture sur elle alors qu’il disait d’une voix chétive et à moitié ensommeillée :

« Est-ce que tu veux bien venir à l’intérieur du lit ? »

« Ma position… ne me gêne pas. Je peux très bien… »

« Mais moi, elle me gêne. Prend l’autre côté du lit et dors correctement. J’aime encore moins te voir dormir sur un fauteuil. Et ce n’est pas parce que tu es une femme humaine hein ? Je t’empêchais déjà de dormir sur ce foutu fauteuil… Lorsque tu étais une pokémon. »

« Je m’en rappelle très bien. Alors… Je vais accepter ta proposition. »

« Merci bien et je te souhaite une bonne nuit. Enfin… Une moitié de nuit maintenant. »

Elle rigola doucement alors qu’elle se levait du fauteuil. Elle plia correctement la couverture, le jeune homme entendant quelques bruits de vêtements qui se frottaient contre le tissu du lit. Il s’était mis à trembler légèrement… Il ne devait pas avoir de pensées impures… Helena dormait à l’autre bout du lit… Et lui de ce côté… Il referma ses yeux, rouge de gêne avant de s’endormir peu à peu. Cette après-midi allait être différente.

« Xavier. Il est temps de se lever. Ce n’est pas l’heure de faire la grasse matinée. »

Hum ? Comment ça ? Encore cette voix… Il ouvrit faiblement les yeux, poussant un cri en voyant le visage d’Helena près de lui. Il… Il… Il était humain ! Il lui fallut quelques secondes de réflexion avant qu’il ne se donne légèrement une claque sur le front.

« Que je suis bête. Bonjour Helena. Je suis réveillé. »

« Tu n’es pas encore habitué à me voir comme ça ? Pourtant, je suis bel et bien une humaine maintenant… et pour toute une semaine. Enfin… Plus que six jours maintenant. »

« Et nous allons en profiter le plus possible ! Ce matin et cette après-midi, c’est direction en pleine ville ! »

« En… En pleine ville ? Tu es sûr de ça ? Tu… es malade… et puis… Le maria… ge. Si les gens te voient avec moi… Ils vont croire… »

« Que je l’ai vite oubliée ? Ce n’est pas un peu une bonne chose ? »

« Est-ce que… je suis un objet de vengeance ? Pour toi ? »

Hein ? Comment ça ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Un objet de vengeance ? Se venger de qui ? Sandra ? Il observa la jeune femme… et remarqua finalement qu’elle était à quatre pattes sur le lit, que son décolleté… était un peu trop ouvert et qu’elle ne le voyait même pas. Il passa une main sur ses yeux pour se les cacher avant de dire :

« Arrête de dire n’importe quoi. Tu n’es pas un objet et je ne me servirais pas de toi pour toi. Il ne faut pas rêver. Je ne suis pas comme ça et tu le sais très bien. »

« Oui ! Mais je voulais te l’entendre me le dire. Mais… Tu n’as quand même pas peur ? »

« Peur ? Avec toi à mes côtés, je ne risque pas de l’être… »

« Tu n’es qu’un vilain flatteur. Par contre… Ma robe est un peu froissée… Je la porte depuis que je suis… humaine et je n’ai rien d’autre à me mettre. »

« On ira faire les boutiques, tu n’as pas à t’inquiéter pour ça. Je vais demander un peu d’argent à mes parents et nous irons ensembles t’habiller. »

Il retira sa main qui lui cachait ses yeux. Voilà ce qu’ils allaient faire : Une petite balade en ville ! Cela lui changerait les idées ! Il se redressa dans son lit, Helena poussant un petit cri de surprise avant de tomber ce dernier à cause de Xavier. Il avait un peu trop brusque. Il rigola faiblement, se mettant debout avant de faire craquer son cou. Il devait reprendre quelques médicaments. Il signala à Helena de demander aux servants de préparer le petit-déjeuner alors qu’il se dirigeait vers la salle de bains. Dans le couloir pour s’y rendre, il fut surpris de voir que son père et sa mère étaient présents. Il s’approcha d’eux, les deux vieilles personnes se tournant vers lui. Son père se caressa sa fine moustache grisonnante tandis que sa mère semblait légèrement triste et inquiète. Si c’était quelque chose le concernant, ils n’avaient pas à s’en faire… Il prit la parole d’une voix calme :

« Bonjour… Cela est étonnant de vous voir en ces lieux le matin. »

« Bonjour, mon fils. Nous avons une question pour toi : Comment vas-tu ? Il faut que tu reposes le plus possible. Tu devrais rester ici pour aujourd’hui. »

« Ah non ! Ce n’est pas possible ! Moi et Helena, nous allons faire les boutiques. Elle n’a pas grand-chose à se mettre sur le dos. »

« Ah oui… Helena… Il est vrai qu’elle est humaine maintenant. Elle ne peut pas toujours porter cette robe blanche. Il faudrait aussi qu’elle aille faire une manucure ou alors qu’elle aille chez le coiffeur. Il y a beaucoup de choses à faire avec elle. »

La mère s’était adressée à lui avec une pointe d’amertume. Qu’est-ce qui se passait avec ses deux parents ?! Ils cachaient quelque chose mais il ne savait pas quoi ! Et ça… Ca, ça ne lui plaisait pas. Il demanda :

« Est-ce que je peux donc sortir avec Helena ? Nous aimerions… avoir aussi un peu d’argent. Je ne pense pas qu’Helena soit très dépensière donc je ne demande pas grand-chose. »

« Tu n’as pas à t’en faire pour cela. Prend donc l’une de mes cartes et amusez vous bien. »

« Merc… Merci beaucoup. Je crois… que c’est la première fois que je me sens aussi bien. »

Il aurait presque sauté dans les bras de ses parents pour les remercier, chose qu’il n’avait plus fait depuis plus d’une dizaine d’années mais il s’était retenu. Une carte bancaire à la main, il nota dans la tête le code que son père lui donnait avant de s’éloigner. Sa mère passa une main sur l’épaule de son mari, murmurant :

« Il se sent bien ? Quelle ironie… »

« Est-ce que l’on doit le prévenir ? Pour sa maladie ? Enfin… Qu’elle s’est accentuée ? Et pour Helena ? Est-ce que l’on doit attendre que cette semaine se passe ? »

« Ca sera beaucoup trop dur… J’aimerais plutôt que l’on reste muet à ce sujet. »

« Tu as entièrement raison. Nous n’avons plus qu’à espérer… que tout ça le comble. Nous ferions mieux de partir pour aujourd’hui. »

Oui… Elle hocha la tête pour lui dire de prendre les devants, se mettant à le suivre après quelques secondes. Il n’avait pas besoin de connaître au sujet de sa maladie, ce n’était pas si… important que ça au final. A croire… que c’était dans les derniers moments… que l’on décidait de montrer ce que l’on ressent réellement. Il était parti vers la salle de bain, prêt à se laver et à s’habiller correctement.

Quelques minutes plus tard, il s’était dirigé pour pénétrer dans la salle à manger, remarquant qu’Helena était déjà assise, en train de prendre son petit-déjeuner. En y réfléchissant bien… Il y avait autre chose qui l’avait différencié des autres Gardevoirs. Sa chevelure… avait été anormalement longue… Enfin… bon… Il s’installa en face d’elle, commençant à manger lui aussi sans rien dire. De toute façon, ils étaient repartis pour toute une journée.

« Bon… Nous ne serons pas de retour avant la fin de la soirée… Voir tard dans la nuit. Nous aurions besoin quand même d’un chauffeur pour nous emmener en ville. »

« Nous nous occupons de le prévenir. Avez-vous tout ce qu’il vous faut ? »

Oui, oui, c’était bon. Il n’osait pas prendre la main d’Helena devant les servants, il ne fallait pas qu’ils se fassent des idées là-dessus ! Il murmura à Helena qu’ils partaient dès maintenant, quittant la gigantesque demeure alors qu’un chauffeur les attendait, la portière d’une luxueuse voiture noire ouverte devant eux. Ils s’engouffrèrent à l’intérieur, Xavier demandant au chauffeur de bien vouloir partir dès maintenant.

« Cela risque d’être une très longue journée contrairement à celle d’hier. »

« Nous n’aurons pas le temps de nous reposer, c’est ça ? »

« C’est exact ! Enfin non ! On trouvera bien un petit moment pour ça… Mais aujourd’hui, on va refaire toute ta garde-robe. »

« Et tu vas donc porter toutes mes affaires ? Quelle délicate attention de ta part. »

« J’aurais mieux fait de me taire des fois. »

« Je le confirme, hihi ! Je te promets que ça ne sera pas trop lourd. »

Qu’elle était gentille de penser à son pauvre dos. Ils commencèrent à discuter de tout et de rien dans la voiture, le conducteur ayant mis une petite vitre noire entre lui et les deux personnes sur les sièges arrière. Une bonne demi-heure de route et ils arrivaient finalement dans la ville… Il était pareil qu’Helena dans cet endroit : Il n’y connaissait rien. Il se tourna vers le conducteur, observant sa montre à travers ses lunettes.

« Est-ce que vous pourriez venir nous chercher aux environs de vingt-et-une heures… voir vingt-et-deux, ça serait beaucoup mieux. »

« A cet endroit, messire ? »

« Je ne connais pas vraiment le nom de la rue mais je dirais oui. »

« Cette rue se nomme le chemin de l’Arcanin flamboyant. Vous ne pourrez pas vous tromper. A moins de cinquante mètres, il y a une fontaine représentant ce pokémon. »

« Une fontaine d’un pokémon d’élément feu… C’est un peu… spécial. »

« Je ne vous le fait pas dire, messire Xavier. Je vous laisse ainsi. Bonne journée. »

A lui de même. Ils regardèrent la voiture partir et dès qu’elle ne fut plus visible, Helena poussa un grand rire avant de prendre le bras de Xavier, quelques têtes se tournant vers eux. Heureusement qu’il voulait éviter de se faire remarqué… C’était loupé ! Enfin… Une jeune femme avec une robe blanche était assez remarquée… mais Helena était très belle, ce qui accentuait les regards dirigés vers eux.

« Helena… Les gens nous regardent… »

« Et alors ? Tu n’avais pas dit que cela ne te gênait pas ? Je suis ta pok… Non… Je suis ton hum… Non… Je suis… »

« C’est bon, j’ai compris le message. Bon, on s’en va, on ne va pas rester plantés là pendant des heures. Ce n’est pas ça que ça me dérange… »

Mais se donner en public, ce n’était pas son genre. Lui-même était habillé d’un magnifique jean noir et d’une veste de même couleur. On pouvait voir qu’il portait sous celle-ci un T-shirt blanc. Il ne manquait plus que la cravate et on aurait pu croire qu’il se rendait à une réception huppée où il devait lever le petit doigt en buvant son thé.

« Alors, on va commencer par te trouver des nouveaux vêtements. Est-ce que je peux te demander quelque chose ? Mais discrètement ? »

Elle hocha la tête pour dire que oui alors qu’il se penchait pour souffler une phrase dans son oreille. Elle s’était mise à rougir mais lui… l’était encore pire. Elle balbutia :

« Je ne sais même pas ce que c’est ! »

« Oh… Zut… Bon ben, direction ce magasin de lingerie féminine. »

Il avait dit ça en baissant la tête, s’engouffrant dans ce qui semblait être un endroit très chic. Il serrait la main d’Helena dans la sienne, préférant ne pas regarder les femmes autour de lui. Mon dieu qu’il avait honte, vraiment honte… Jamais il n’avait fait ça avec Sandra. Il avait honte… Il prit plusieurs sous-vêtements, les mettant dans les mains d’Helena avant de l’emmener dans une cabine d’essayage. Rouge de gêne, il la fit rentrer à l’intérieur en lui disant de les essayer. Il prit une profonde respiration, se mettant dos contre la cabine d’essayage en tentant de retrouver un rythme régulier au niveau de sa respiration. Deux minutes plus tard où il entendit Helena qui semblait se battre contre quelqu’un, la jeune femme aux cheveux verts sortit la tête, tremblant légèrement :

« Xa… Xavier… J’ai… Je n’arrive pas à mettre… un soutien-gorge… Tu veux bien… m’aider ? S’il te plaît ? Je… ne sais pas… »

« Tu crois que je ferais mieux ?! MADAME ! MADAME ! »

Il s’était mis à héler l’une des femmes qui s’occupait de la boutique, demandant à celle-ci de bien vouloir s’occuper d’Helena. Devant le sourire amusé de la femme et les nombreux petits rires autour de lui, il ne savait plus où se mettre. Ce qui l’acheva… Ce fut les paroles de la femme qui était rentrée dans la cabine avec Helena :

« Mais ces soutien-gorge sont trop petits pour vous. Attendez donc un peu ici. Je vais vous en chercher d’autres. Vous serez encore plus magnifique. »

« On dirait que vous êtes un véritable débutant… Est-ce que je me trompe ? C’est rare que les hommes viennent ici sans rien y connaître. Généralement… Ils rentrent dans ce magasin avec des intentions… plutôt perverses comme chercher le sous-vêtement avec le moins de tissu possible mais je ne sais pas… Quand je vous regarde, je me dis que vous ne l’avez vraiment pas fait exprès. Une telle réaction de votre part montre que vous êtes quelqu’un de bien timide et réservé, est-ce que je me trompe ? »

Hein ? Quoi ? C’était la caissière qui s’adressait à lui ? Il baissa la tête tout en l’hochant positivement. Mon dieu… Il ne savait plus où se mettre. Il voyait la femme qui rentrait et sortait de la cabine d’essayage en ramenant différents sous-vêtements. Helena… en sous-vêtements ? Il eut une bouffée de chaleur rien qu’à l’idée, demandant à la caissière si elle n’avait pas un verre d’eau. Celle-ci éclata de rire avant de dire que oui, fouillant sous la caisse. Elle déposa une petite bouteille d’eau avant de lui dire qu’il pouvait s’abreuver.

« Vous savez… Vous êtes très mignon. Et je ne dis pas ça à cause de vos lunettes. Je trouve simplement… que vos réactions sont assez candides. Si vous n’étiez pas déjà avec elle, je crois que je me serais proposée. »

« Mer… Merci pour ce que vous dites. Cela me touche… beaucoup. »

Elle lui signala qu’elle avait néanmoins du travail et elle repartait accomplir ce dernier. Il attendait devant l’entrée du magasin, se demandant quand tout cela serait terminé. Après une bonne demi-heure, Helena se présenta à la caisse, le visage rougi alors que la caissière mettait plusieurs objets dans des sacs. AH ! C’était à lui d’aller payer ! Il revint vers elle, évitant de lui parler tout en tendant sa carte bancaire, plutôt celle de son père.

« Veuillez rentrer votre code s’il vous plaît. »

Oui, il devait faire ça. Quel idiot ! Il tapota le clavier, attendant que le ticket sorte avant de pouvoir retirer sa carte. Pfiou… Il prit les trois sacs avant de dire à Helena qu’ils partaient. Il salua brièvement le personnel du magasin avant de se remettre en route. Il devait trouver un endroit où se reposer. Il se sentait mal… Trop d’émotions en si peu de temps… Il… Il devait prendre ses médicaments !

« Pardon… Xavier… C’est juste que… »

« Non, c’est bon, ne te justifie pas. Je sais très bien la raison, le pourquoi et toutes ces choses. On se rappelle qu’avant-hier, tu n’avais pas tous… ces soucis. »

« Je ne trouve pas que ça soit un souci… Enfin… pas à mes yeux… »

« Il y a beaucoup trop d’affaires… dedans. Mais est-ce qu’elles… te vont ? »

« Je… euh… Je pourrais te les montrer… lorsqu’on sera à la maison. »

« Hein ? Mais non ! Je ne veux pas les voir ! Bon ! On se trouve un coin pour manger et se reposer. J’ai besoin de prendre mes médicaments ! »

Non mais pourquoi voudrait-il voir ses sous-vêtements ?! Ils n’appartenaient qu’à elle ! Ca ne le concernait pas le moins du monde ! Elle pourra les montrer à l’homme qu’elle aime. A cette pensée, il s’arrêta de marcher. L’homme qu’elle aime ? Pffff ! Même si ce n’avait été qu’un instant, il avait été jaloux, jaloux qu’un autre homme puisse la voir comme ça… en petite tenue. Ils pénétrèrent dans un restaurant, le jeune homme l’invitant à s’asseoir en tirant la chaise. Elle se laissa faire avec amusement, le remerciant. Mais elle ne comprit pas pourquoi il quittait le restaurant bien qu’il lui signalait qu’il revenait dans quelques minutes, chose qu’il fit. Elle ne lui demanda rien du tout et les deux personnes commencèrent à manger ensemble, l’un en face de l’autre.

« Xavier… Est-ce que… pour les desserts… Nous pourrons aller ailleurs ? »

« Pourquoi ? La carte ne te plaît pas ? »

« Non ! Non ! Ce n’est pas du tout ça ! C’est juste que… Voilà… Je trouve que ça serait mieux si… on… prenait une glace chacun chez un marchand. »

« Euh… D’accord… Je ne vois pas de problèmes à ça hein ? Tu aurais pu me le demander plus tôt, on l’aurait fait. Mais d’abord, tu dois terminer ton assiette ! »

« Et toi de même ! Sinon, tu n’auras rien ! »

« Pour une ancienne Gardevoir, tu as la langue bien pendue, Helena. »

Ancienne Gardevoir ? Quelques têtes se tournèrent vers eux. Est-ce que c’était un jeu entre ces deux personnes ? C’est vrai que certains avaient ce genre d’hobby… Peut-être qu’il considérait sa femme comme une pokémon. C’est vrai qu’en y repensant… Elle ressemblait assez à une Gardevoir mais quand même… Ce n’était pas très respectable pour cette jeune demoiselle. Un homme d’une trentaine d’années s’était levé, se dirigeant vers Xavier avant de le soulever par le col, lui criant dessus :

« T’as pas honte de parler de ça dans un lieu public ?! Avec ton air niais et pervers derrière tes lunettes, cette femme mérite bien mieux que toi ! Une Gardevoir ? Tu devrais mieux fermer ta bouche avant de proliférer de telles paroles. »

« Je suis une ancienne Gardevoir… Où est-ce que cela dérange ? »

« Tu vois ce que tu as fait à cette demoiselle ?! Elle en perd sa dignité à cause de toi ! Je ne sais pas ce qui me retiens de t’en… »

« Ce qui vous retient est moi-même. Veuillez retourner à votre place, merci. »

Elle avait fermé les yeux, déposant délicatement sa fourchette et son couteau alors qu’elle les rouvrait. La main tenant Xavier s’ouvrit faiblement pour le déposer sur la chaise alors que l’homme retournait peu à peu vers sa chaise, d’une façon robotique comme possédé et manipulé par une force psychique plus que puissante. Helena prit une serviette, se nettoyant les lèvres avant de se lever.

« Pardon, Xavier. Je n’ai plus trop faim. Je suis désolée… pour la glace. Est-ce que l’on peut payer maintenant et partir tout de suite ? »

Euh… Euh… Il était encore un peu sonné mais il prit rapidement ses gélules, acquiesçant aux paroles d’Helena. Elle avait subi un sacré coup dans le moral par la faute de cet homme. Il l’aurait bien frappé… mais vue sa carrure de poids plume, il préférait ne rien faire. Il paya l’addition, donnant un léger pourboire avant de sortir avec elle.

« Où est-ce que l’on va maintenant, Xavier ? Nous ne sommes qu’au début de l’après-midi. »

« On va refaire les boutiques. Il te reste encore des habits à t’acheter n’est-ce pas ? »

« Tu… en es sûr ? Je ne voudrais… pas trop te gêner au final. »

« Tu ne me gênes pas ! Ne dit pas de bêtises ! Allez ! On va te trouver une très belle robe, qu’en penses-tu ? »

« Je… suis d’accord. Merci beaucoup, Xavier. »

« Ca serait plutôt à moi de te remercier Helena. Tu as vu la taille de cet homme ? Heureusement que tu étais là sinon je finissais dans un hôpital. »

« Il n’avait pas à se mêler… de ce qui ne le concerne pas. »

Elle baissa la tête : Elle n’utilisait jamais ou très rarement ses pouvoirs. C’était normal pour elle. Elle était là pour être son professeur, son infirmière, sa confidente et non pas pour balancer des décharges psychiques à tout va. Il lui prit la main, la serrant avec douceur avant de se remettre à marcher. Ils arrivèrent rapidement dans un magasin de vêtements, Xavier ne rougissant plus cette fois-ci.
Qu’est-ce qui se passait ? Contrairement à son état dans le précédent… Il semblait complètement changé… comme si c’était une autre personne. Il lui désigna plusieurs jupes et robes, lui signalant que les jeans ne lui iraient pas… Elle était trop belle pour porter de telles choses. Il s’arrêta subitement de parler, observant longuement une robe violette… Il jeta un regard à Helena, celle-ci s’approchant de lui avant de dire :

« Qu’est-ce qu’il y a, Xavier ? »

« Cette… Cette robe ! Il te la faut ! Tu peux aller l’essayer ? »

Devant l’état d’excitation dans lequel il était, elle ne put s’empêcher d’accepter, demandant à une femme du personnel si elle pouvait essayer la dite robe. Celle-ci lui signala que oui, venant la retirer avant de la lui tendre. Elle lui désigna une cabine d’essayage, Xavier se mettant à faire les cent pas en attendant le spectacle. Et ce fut le cas… Un spectacle enchanteur et merveilleux… Un délice visuel et divin… Une vision de bonheur et de magnificence. Cette robe violette en deux tissus dont l’un plus léger… qui cachait même ses jambes et ses pieds… Ses épaules nues… Ce décolleté… Ses protèges-bras noués et tressés de tissu violet. Sa robe était retenue par un nœud qui allait au cou de la jeune femme aux cheveux verts, nœud représenté sous la forme d’une fleur. Il n’eut que deux mots en bouche :

« Je l’achète ! »

Oui… Il l’achetait tout de suite ! Elle n’avait même pas besoin de changer de tenue ! Qu’elle reste comme ça ! Elle était vraiment superbe… Elle s’était mise à rougir et il remarqua que ses cheveux longs pouvaient la gêner un peu. Toujours dans le magasin, il s’était mis à la recherche de quelques barrettes ou nœuds pour lui permettre de les attacher en deux tresses de cheveux verts. Il opta pour deux nœuds violets, demandant à une vendeuse si elle pouvait faire que la jeune femme ait les tresses dont il parlait. Quelques secondes de travail et le résultat était… Il n’avait pas de mots pour exprimer Helena.

« Messire… Bien qu’elle la porte… Cette robe coûte très… »

« Ca ne fait rien ! Votre prix est le mien ! Je… Je veux qu’elle reste comme ça. »

Il tendait sa carte de crédit, ne détachant pas son regard d’Helena. Celle-ci ne savait pas où se mettre, cachant sa poitrine et son décolleté de ses deux mains, détournant son visage. Mon dieu… Vue la façon dont Xavier la regardait, elle se demandait si elle avait déjà vu une telle chose de la part du jeune homme.

« Voulez vous d’autres habits avec cette robe ? »

« Toutes celles que j’ai dans mes mains. »

« Hum… Vous semblez être bien logé. Enfin bon… Si vous voulez bien me les donner pour que je les passe à la caisse et que je puisse les mettre dans des sacs. »

Oui ! Oui ! Tout ce qu’elle voulait ! Il tendit à nouveau sa carte bancaire, rentrant le code en détournant enfin son regard d’Helena. Mon dieu… Quelle idée merveilleuse ça avait été de rentrer dans ce magasin. Non, il ne regrettait pas du tout cette journée. C’était tout simplement la meilleure idée qu’il n’avait jamais eu de toute sa vie ! Il paya tout ce qu’il fallait, emportant tous les sacs avant de faire un grand sourire à Helena :

« On doit s’en aller, Helena ! Aller, hop hop ! »

« Oui ! Oui ! Je suis désolée ! J’arrive tout de suite ! »

Elle n’osait pas trop courir… Elle avait peur de trop en montrer… Enfin… Si c’était Xavier, ça ne la gênait pas du tout. Devant l’air joyeux du jeune homme, elle ne pouvait s’empêcher de l’être tout autant. Tous les sacs en main, il devait bien porter quelques kilogrammes dans celles-ci… mais ça ne semblait pas le gêner.

« Ce n’est pas trop lourd, Xavier ? »

« Si ce sont tes affaires ? Aucun problème pour ça ! »

« Tu me trouves jolie ? Dans cette robe ? »

« Ce n’est pas la robe qui te rend jolie… C’est toi qui la rends belle. »

« Je… Je… Je… Euh… Xavier… Je… Merci… beaucoup… pour ça… Pour le compliment… C’est… C’est vraiment très gentil de ta part. »

Il le pensait sincèrement. Il tendit sa main droite pour qu’elle puisse la prendre, Helena étant complètement rouge aux joues avant de se jeter contre lui. Elle… Elle était si heureuse aujourd’hui ! En ce moment même ! Elle se colla contre son bras droit, l’enfouissant presque par mégarde dans son décolleté en le regardant affectueusement. Elle poussa un grand soupir ravi et de joie, se disant que c’était le plus jour de sa vie.

Le reste de la journée se passa tranquillement et sereinement, les deux personnes ayant finalement trouvé ce qu’elles cherchaient dans cette ville, c’est-à-dire des souvenirs pour eux deux. En regardant Xavier, on n’aurait jamais pu deviner qu’il était atteint d’une maladie grave… Ce n’était pas du tout visible. Les heures s’écoulèrent et il était temps de rentrer… Le chauffeur arriva dans sa voiture, ouvrant la porte aux deux personnes en leur demandant :

« Avez-vous passé une bonne journée ? »

« Observez la demoiselle et vous verrez si je ne suis pas heureux. »

« Mademoiselle… Vous êtes resplendissante. »

« Je vous… remercies beaucoup de ces paroles. »

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