Chapitre 31 : Insupportable

ShiroiRyu
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Troisième axe : Que la foudre s’abatte sur nos ennemis

Chapitre 31 : Insupportable

« Faites que Tery aille bien, c’est tout ce que je vous demande. Je ne veux rien de plus. »

« Elen, s’il te plaît, tu sais pertinemment que ton petit Tery adoré va bien. Ils ne vont pas bouger d’Omnosmos, voilà tout. Il n’y a aucune chance qu’ils soient en danger là-bas. Ils sont même protégés par le grand Archimage, tu l’oublies ou quoi ? »

« Oui mais c’est pas la même chose. J’ai peur par rapport à Manelena. » chuchota Elen avec inquiétude, comme à son habitude depuis qu’ils sont partis.

« Même si je pense que Tery n’est pas très doué pour comprendre les messages … et que Manelena n’est pas très douée pour les déclencher, je ne crois pas qu’il y aura quelque chose entre eux. Tery est dingue de toi, ça ne fait aucun doute. Je dirai que tu devrais même avoir honte de douter de son amour. »

« Je sais, je sais … mais c’est plus fort que moi, Clari. Heureusement que tu es là pour me comprendre sinon, je ne sais pas ce que je ferais exactement. »

« Pas grand chose ! Et oui, j’aime beaucoup de Tery donc je le comprends très bien. Il faut dire qu’il est si mignon avec son comportement parfois stupide. » déclara Clari dans un grand sourire, Elen la regardant avec un peu de suspicion, disant à son tour :

« Je n’ai jamais vraiment compris ce que ça veut dire avec toi. Qu’est-ce que tu es réellement pour Tery ? Du moins, comment est-ce que tu le vois ? »

« Comme un petit frère à adorer et à protéger mais je ne l’ai jamais caché non ? Tu ne vas pas commencer un interrogatoire quand même, non ? »

« Non, non ! Tu n’as pas à t’en faire à ce sujet ! Pas du tout ! C’est juste que parfois, je trouve ça super surprenant et que je ne sais jamais ce qui se passe par la tête. »

« Ah ça, bon nombre d’hommes et de femmes ont essayé, ils n’ont pas réussi. Dommage et désolée pour toi. Mais tu peux continuer d’essayer hein ? »

« Je ne m’y risquerai pas. Je tiens au calme de mon cerveau sans me complexer plus encore tout cela. Mais merci de la proposition. » termina de dire Elen en ayant un faible sourire aux lèvres. Il suffisait vraiment de quelques mots avec Clari pour que son cœur se calme. Elle se demandait vraiment comment elle faisait cela. Était-ce une autre forme de magie ?

« Vous avez terminé, toutes les deux ? Nous devrions avancer rapidement. »

« Oui, oui, Royan, ne t’en fait pas. Ce n’était qu’une petite discussion entre moi et Clari. Cela concernait Tery, tu dois t’en douter. »

« Oh, je fais plus que m’en douter. Je tiens juste à signaler que Sérest et Séran ont déjà bien avancé, c’est pourquoi je voulais vous prévenir d’aller un peu plus vite, voilà tout. On doit donc se dépêcher car sinon, ils partiront sans nous. »

Roh ! Pas besoin de faire une petite moue boudeuse hein ? Elles avaient toutes les deux parfaitement compris le message de l’adolescent aux cheveux bleus. D’ailleurs, au fil du temps, il devait être bientôt adulte non ? Ils ne pensaient jamais aux anniversaires.

Mais ça, ce n’était pas à eux de le deviner, ils n’avaient jamais posé la question. Peut-être qu’au détour d’une discussion, ils pouvaient en parler ? C’est vrai que ça ne serait pas déplaisant. Mais Royan allait-il être adulte ? Il l’était déjà par le caractère mais voilà, elle ne savait pas précisément son âge. Enfin, ce n’était pas à elle d’y réfléchir.

Sérest et Séran avançaient sans même chercher à converser. C’était bien dommage mais aucun ne leur en tenait rigueur. S’ils voulaient accélérer et résoudre ce problème de créature légendaire et mythique rapidement, c’était la solution la plus facile.

Mais bon, avant qu’ils n’arrivent jusqu’à Mékalarma mais qu’en même temps, ils mettent la main sur la dite créature. D’ailleurs, comme auparavant, ils allaient sûrement cacher Elise pour éviter les problèmes. Même si cela n’avait pas montré une réelle efficacité et que la créature était dans le domaine de Mékalarma, il valait mieux essayer.

« Est-ce que vous voulez bien accélérer au cas où ? »

Royan leur demandait cela, visiblement un peu anxieux à l’idée qu’ils se séparent tous à cause de la distance. Les demoiselles aux cheveux blonds hochèrent positivement la tête tandis qu’elles prenaient un rythme plus rapide pour leurs pas.

Avec facilité, le groupe retrouva Sérest et Séran, les deux personnes semblant les attendre depuis déjà quelques bonnes minutes, adossés à des rochers. Lorsqu’ils furent près d’eux, Séran se remit correctement debout, disant :

« Nous ferons une pause dans une ou deux heures. Nous avons beaucoup de marche à faire. »

« Comme vous le désirez, c’est vous qui guidez hein ? On va pas prétendre le contraire de toute façon. Bon, bon, bon, y a encore beaucoup à marcher alors. »

Clari rigola légèrement. Pourquoi pas hein ? Mais bon, deux heures de marche, c’était déjà pas mal. Et puis, visiblement, Royan avait beaucoup de choses à discuter avec Elise d’après ce qu’elle remarquait. Quant à Sérest et Séran, autant dire qu’ils n’avaient pas besoin de discuter tous les deux. Bon bon bon ! Tout cela voulait dire une chose :

« Elen ? Toi et moi, je crois qu’on va beaucoup parler durant le voyage. »

« Ah bon ? Pourquoi cela ? Il y a une raison spéciale pour ça ? »

« Pas vraiment, juste que j’aime bien cette idée de communiquer avec toi. Allez, je te laisse me raconter tout au sujet de Tery. Il doit bien avoir plein de petits défauts maintenant que tu le connais mieux que nous autres. Je veux tout savoir ! »

« Hein que quoi ? Mais mais mais mais … je ne sais pas du tout ! Je ne me suis pas posé réellement la question si tu veux tout savoir ! Je ne me la suis pas posée du tout en fait. Enfin, je veux bien te raconter ce que je sais mais à part ça, je sais pas tant que ça non plus. »

« Alors, je t’écoute. Dis-moi tout à son sujet ! Quel est son plus grand secret, ses plus grandes faiblesses, ses points forts, tout ça ! »

Elle savait pertinemment que Clari exagérait mais elle ne put s’empêcher d’avoir un sourire aux lèvres. Bien entendu, bien entendu. Comme elle le désirait. Bon ! Alors, au sujet de Tery, elle avait quoi à dire ? Des détails pas trop intimes non plus hein ? Il y avait des choses personnelles, très personnelles, qui ne concernait qu’elle et lui.

« Au moins, malgré vos petites disputes, vous semblez vous aimer réellement et tendrement. »

« C’est le but d’une relation saine. Il y a juste avec Manelena que ça pose problème. Je ne suis pas aveugle ! Ce sont juste eux qui ne veulent pas l’admettre. »

« Je pense surtout qu’ils sont un peu stupides et bloqués sur cette idée, entre nous. Mais bon, tu vois ce que je veux dire ? Ils ne veulent pas l’admettre. »

Ne pas l’admettre. Qu’est-ce qu’ils auraient à admettre ? Elle recommença à être anxieuse, posant une main sur son cœur. Ne pas être anxieuse, ne pas être anxieuse inutilement. C’était se faire du mal sans raison. Pourtant, Clari la regarda, chuchotant :

« Ca ne sert à rien de se voiler la face, Elen. Il faut aussi que tu l’admettes. »

« Je n’ai rien à admettre de mon côté. Entre Tery et moi, tout va bien, c’est ce qui compte le plus. Je n’ai pas à m’intéresser au cas de Manelena. »

« Je n’ai jamais pensé à cela, Elen. Il n’y a que toi qui s’imagine une telle chose. »

Voilà pourquoi Clari pouvait être agaçante. Elle semblait toujours très distante par rapport aux problèmes des autres alors qu’elle y mettait les pieds joints pour bien montrer qu’en même temps, tout cela l’intéressait. La jeune femme aux cheveux blonds et aux yeux bleus regarda son homologue à la coiffure arborant la même coloration.

« Je ne m’imagine rien du tout dès que cela concerne Manelena. »

« Alors pourquoi t’acharnes-tu sur elle ? Est-ce que tu as peur de perdre Tery à son profit ? Toi qui te sens si rassurée auprès de lui, pourquoi … »

« Car il s’agit de Manelena ! Que c’est une femme avec qui Tery a passé des mois entiers en sa compagnie. Une femme qui est actuellement une princesse déchue, prête à se sacrifier pour son royaume ! Une femme qui cache ses sentiments et qui pourtant, sous son armure, a un cœur qui bat pour Tery. Voilà tout ! »

« Tery ne partira pas vers Manelena. Il ne pense pas que ça soit une erreur d’être avec toi. Généralement, les premières fois ne finissent que rarement bien, mais pourtant, il faut s’accrocher et alors, on a la vérité qui apparaît devant nos yeux. Si tu commences à t’en faire pour de simples raisons, tu ne pourras jamais avancer malheureusement. »

« Je ne comprends pas un traître mot de ce que tu racontes, Clari. Tu t’en doutes ? » chuchota Elen avec un peu de dépit dans la voix, Clari soupirant faiblement.

« Ça ne fait rien, je pense qu’il va falloir que tu patientes, que tu patientes énormément puisque visiblement, tu as du mal. »

« Ça ne fait rien, cela m’importe peu dans le fond. Je ne cherches pas à voir comment régler le problème de Manelena mais déjà à régler les miens. »

« C’est vrai que tu en as énormément, n’est-ce pas ? »

« Ne soit pas ironique, tu sais pertinemment que je ne supportes pas du tout cela, Clari. »

« Je ne le suis pas. Je suis plus que sincère, contrairement à ce que tu veux croire. Comme tu le dis si bien, tu as d’énormes soucis aussi. »

« Oui, sûrement. Je ne sais pas pourquoi j’ai cette impression d’être prise pour une idiote de ta part. Ça doit être à cause du sourire, j’imagine. »

Ah ça, elle ne peut pas répondre à sa place de toute façon. Ce n’est pas à elle de lui dire à ce sujet. Elle est assez grande fille pour comprendre ça non ? Gardant toujours le sourire aux lèvres, elle prit un rythme plus rapide pour marcher.

Finalement, retournant auprès de Royan et Elise, voilà que les deux demoiselles allaient discuter avec eux. Cela leur permettrait au moins d’avoir un autre sujet de conversation que Tery. D’ailleurs, elle n’avait pas oublié une chose. Ouvrant son sac, elle en extirpa plusieurs lettres, les regardant longuement. Oui, elle pouvait écrire à Tery s’il le fallait.

Et avec ces lettres, elle était certaine qu’elles ne reviendraient pas ensuite. C’était l’unique solution qu’elle avait en tête pour éviter que les lettres ne soient récupérées par les mains ennemies. Bon, le souci, c’est qu’elle ne pouvait pas se permettre d’en envoyer trop souvent alors qu’elle en mourrait d’envie.

« C’est difficile de tenir le coup dans une pareille situation. »

« Si tu parles du fait de ne pas lui écrire tous les jours, tu peux patienter. Tery ne va pas s’enfuir comme un voleur pendant que tu n’es pas là. »

« Royan, ce n’est pas bien difficile pour toi. Tu es à côté d’Elise. Pour moi, c’est la première fois depuis longtemps que je suis aussi loin de Tery. »

« Qu’est-ce que c’est que ces insinuations en ce qui concerne mademoiselle Elise ? Je ne vois guère où tu veux en venir. »

« Non, rien, rien du tout. » soupira Elen. Elle avait l’impression de revoir Manelena mais peut-être que dans le cas de Royan, c’était vraiment sincère.

« La prochaine fois, j’avoue que je préférerai avoir quelques explications. »

Mais elle n’en avait aucune à lui donner. Question de principe, dira t-on. Ce n’est pas à elle de s’occuper de ça. Elle devait déjà écrire de son côté à Tery, elle n’allait pas se mêler des sentiments des autres alors qu’elle avait fort à faire avec son amour personnel.

Les deux heures de marche passèrent plus rapidement que prévu, Elen n’ayant guère la motivation de parler après la longue discussion avec Clari. Lorsqu’ils purent s’installer pour une bonne heure de repos, elle était partie dans son coin, commençant à écrire.
Qu’est-ce qu’elle allait pouvoir dire dans sa lettre ? Elle n’en avait strictement aucune idée malheureusement. Mais bon, le plus important, c’était de lui écrire et ça, elle savait faire. Et puis, elle commençait à avoir de petites idées en tête pour ça !

« Est-ce que j’ai encore mon miroir ? Même si je l’utilise plus depuis si longtemps. »

Elle jeta un œil dans son sac, commençant à fouiller dedans. Où étais donc ce petit miroir qu’elle utilisait auparavant ? Elle finit par le trouver après cinq bonnes minutes, le regardant longuement. C’est bien celui-là. Hahaha.

« Et maintenant ? Quelles sont les images que j’aimerai faire pour Tery ? J’en ait aucune idée. Je ne sais pas du tout. C’est vraiment gênant. »

Une pose aguicheuse ? Pour lui plaire ? Une pose classique et normale ? Elle aimerait bien savoir quoi faire mais voilà, elle en avait aucune idée. C’est surtout qu’elle voulait tout faire pour que Tery ne l’oublie pas pendant ce temps. Et qu’il lui signale qu’elle lui manquait terriblement. Comment pouvait-elle accomplir cela ? AH !

Hum, d’abord déjà remettre correctement le miroir pour qu’il fonctionne. Elle ne savait plus comment le faire marcher et même si ce n’était pas une science très difficile, elle devait refaire quelques tests avant. Alors, voilà ? Grand format, cela lui permettrait … hum.

Et ensuite ? Alors, elle devait faire ça, ça et ça. Maintenant, elle devait prendre la pose. Il y avait aussi une petite formule à dire. Mais bon, le souci, c’est que même si elle s’était assez éloignée, elle n’était pas sûre que ça soit assez discret.

Hmmm, bon, alors, une petite pose mais de quelle sorte ? Moue boudeuse ? Sourire ? Sourire tendre ? Position aguicheuse ? Enfin, cette dernière, ce n’était pas du tout son style. Mais bon ? Peut-être que ? Enfin, non ! Ce n’était vraiment pas son genre !

« Qu’est-ce que je peux faire ? Me positionner comme ça ? »

Un peu en avant, elle se penchait. Elle observa brièvement sa poitrine. Heureusement qu’elle avait ses épaulettes qui allaient jusqu’au sommet celle-ci pour lui permettre de bien la maintenir. Elle risquerait de se balancer un petit peu. Elle eut une petite idée qui vint la faire rouge, prenant une première image pour Tery.
Ah … hmm … euh … bon. Elle regarda bien à gauche et à droite, reprenant le miroir avant de s’éloigner d’une bonne centaine de mètres encore. Elle savait où se trouvait les autres donc elle n’avait pas à avoir peur de se perdre mais plutôt de se faire repérer.

Bon … ahem. Elle retira ses épaulettes, s’observant dans le miroir en rougissant violemment. Avec lenteur, elle se pencha une nouvelle fois, rouge comme une pivoine, ne sachant pas quoi faire. Elle savait parfaitement que la sensation était totalement différente, plus libre et que cela plairait à Tery. Elle espérait juste que ça soit lui et nul autre qui trouverait ça.

Finalement, après avoir pris cette seconde image, il ne lui restait plus qu’à écrire sa lettre et à mettre le tout dans l’enveloppe pour la voir s’envoler vers sa destination. Elle avait un peu peur de la réaction de Tery mais elle espérait que cela lui plairait. En regardant les deux images d’elle qu’elle avait faites, elle se gratta la joue.
Elle était … assez jolie, non ? Tery ne devait pas être déçu de la voir normalement, et de pouvoir l’aimer. Bien entendu, elle était loin d’être parfaite, elle se trouvait un peu petite mais elle était bien féminine non ? Et cela importait, n’est-ce pas ?

Enfin, cela importait à ses yeux. Pendant dix-huit ans, elle avait tout simplement ignoré son corps. Aujourd’hui, maintenant, elle pouvait le retrouver. Elle ne devait pas oublier cela. Elle était une belle jeune femme et elle devait en profiter.
Continuant d’écrire, elle disait tout ce qu’elle avait sur le cœur à Tery, ne lui cachant guère le fait qu’elle était bien triste sans lui et qu’elle voulait absolument le revoir le plus tôt possible pour être dans ses bras. Voilà tout ce qu’elle voulait à l’heure actuelle.

« Bon, je pense que ça ne sert à rien d’écrire une lettre trop longue. »

Surtout pour une première fois. Elle eut un faible sourire avant de mettre les images dans l’enveloppe ainsi que la lettre. Elle regarda le papier s’envoler dans les airs, partant en direction d’Omnosmos. Elle espérait que la lettre arriverait à bon port. Enfin, surtout qu’elle arriverait à Tery et non à quelqu’un d’autre. C’était pratique, très pratique. Mais des fois, les lettres pouvaient se perdre ou être alors interceptées, voilà tout.

C’est comme ça qu’elle voyait la chose. Bon ! Elle devait remettre ses épaulettes et aller retrouver les autres. Elle prit une profonde respiration, souriant doucement et tendrement à tout cela avant de se mettre en route. Bon ! Elle avait du travail, beaucoup de travail ! Mais le plus vite elle se dépêchait pour l’abattre, plus vite ils retourneraient à Omnosmos.

« Ah ? Tu as enfin terminé, Elen ? Nous t’attendions, tu le sais non ? »

« Je le sais parfaitement Clari mais tu n’as pas à t’inquiéter. »

« Oh, je ne m’inquiétais pas. Tu as put finir ce que tu voulais ? La lettre est bien partie ? »

« C’est le cas. Normalement, elle devrait arriver à bon bord facilement. Je ne sais pas combien de temps cela va mettre comme aller-retour. Tu en as une idée ? »

« Hum ? Je dirai une semaine au grand maximum. Mais ça, c’est uste ce que j’en pense hein ? Rien n’est confirmé ou infirmé hein ? »

Oui, oui, bien entendu. Elle remercia Clari d’un hochement de tête, regardant ce qui se passait. Royan et Elise continuaient de parler entre eux. D’ailleurs, Elise avait un livre sur les genoux tandis que Royan et elle s’amusaient à créer une petite flamme pour la demoiselle, une sphère d’eau pour l’adolescent. Sérest et Séran mangeaient paisiblement, sans rien dire. Ils n’avaient visiblement pas envie de se mêler de la conversation et elle poussa un soupir.

« Des fois, j’aimerai vraiment savoir si nous sommes unis ou non. »

Et elle ne parlait pas en cet instant de Tery et elle mais bien du groupe. Après, Sérest et Séran ne faisaient aucun effort pour rejoindre le groupe. Pourtant, ils avaient toujours la joie peinte sur leurs visages et ils répondaient avec le sourire.

Cela voulait donc dire qu’ils étaient loin d’être mécontents de la situation actuelle. Ils n’avaient pas à se plaindre de tout cela, oh que non. Bon ? Qu’est-ce qu’il y avait de bon à manger ? Elle observa la casserole avant de se servir puisque visiblement, ils avaient déjà tous manger pendant qu’elle n’était pas là. Elle ne se souciait pas de cela, ne leur en voulant guère alors qu’elle dégustait son repas en silence.

Finalement, l’heure de repos se déroula comme la marche : tranquillement, sans que rien ne vienne la déranger. Lorsqu’il fut le moment de repartir, elle se redressa, s’étirant légèrement avant de dire d’une voix lente :

« Bon, est-ce qu’il y a des auberges en Mékalarma ? Du moins, des auberges où nous sommes sûrs de ne pas se faire tuer pendant notre sommeil. »

« Je sais bien que Tery et Manelena n’ont pas fait une description élogieuse mais de là à penser qu’ils vont tous nous tuer à vue, il ne faut pas exagérer non plus. » signala Sérest dans un grand sourire tout en reprenant aussitôt : « Oui, cela existe pour répondre à ta question et nous allons tout faire pour en trouver une bien rapidement. »

« Nous ne sommes pas encore dans Mekalarma. Du moins, pas encore à l’intérieur même. »

« Je ne vois pas trop la différence. Le décor semble vide, vraiment vide. »

« Ah ça par contre, on ne peut rien y faire. » répondit la femme ailée dans un grand sourire, comme pour signaler que ce n’était pas à eux de s’occuper du décor.

Bon ben, autant prendre un rythme soutenu jusqu’à l’auberge non ? Bien qu’elle avait une marche rapide, elle laissait quand même le couple être devant les autres. Pourquoi ? Car visiblement, ils connaissaient ce monde autant que Tery et Manelena mais surtout car elle n’avait jamais réellement été à Mékalarma. Ça ne lui tentait pas trop à la base.

Les heures passèrent à une vitesse folle car ses pensées étaient fixées sur Tery et uniquement lui. Maintenant qu’elle avait commencé à accepter le fait qu’il n’était pas avec eux pendant plusieurs semaines, elle devait se montrer moins insupportable pour les autres.
Couchée dans le lit de la chambre de l’auberge qu’elle avait prise, elle regarda le plafond longuement, venant serrer le pendentif contre son cœur. Elle ne l’oubliait jamais. Elle ne pouvait pas l’oublier comme ça, d’un claquement de doigts.

« Tery est juste à moi … et non à Manelena. »

C’était sa première fois pour tellement de choses. Elle voulait croire jusqu’au bout que le jeune homme aux cheveux bruns resterait avec elle. Si par malheur, il devait l’abandonner, elle ne savait pas ce qu’elle ferait. Elle avait déjà peur de ce qu’elle était … et de ce qu’il était. Elle n’avait aucune idée de comment gérer toute cette situation. Elle espérait juste qu’avec la mort des créatures légendaires, tout se calme une bonne fois pour toutes.

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