Chapitre 1 : Au beau milieu du désert

ShiroiRyu
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Chapitre 1 : Au beau milieu du désert

« Aujourd’hui est le jour où nous déciderons celui ou celle qui deviendra l’ambassadeur des Rapions et des Drascores pour le royaume des insectes. Sachez une chose : cette tâche ne sera pas aisée et bien que vous n’êtes que des enfants, il vous sera demandé des tâches normalement difficiles, même pour des adulte. »

Nul ne répondait au vieil homme aux cheveux violets. La mine usée par le poids des années, il regardait la dizaine d’enfants qui se trouvait en face de lui, reprenant la parole :

« Nous ne ferons pas de tournoi. Cela est beaucoup trop basique. Non, nous allons faire tout simplement une mêlée générale. Vous pourrez alors affronter qui vous le désirez, vous allier ou non et ainsi voir lequel d’entre vous survira à cette affrontement. Survivre est un bien grand mot, n’est-ce pas ? N’ayez pas peur, vous ne devez pas tuer vos adversaires. »

Quelques Rapions poussèrent un soupir de soulagement avant que chacun ne prenne place dans ce qui ressemblait à un cercle tout ce qu’il y avait de plus basique. L’âge moyen devait tourner aux environs de huit ans pour aller de cinq à douze ans au grand maximum.

« Vous pouvez commencer le combat … MAINTENANT ! »

Bien que le combat avait débuté, aucun Rapion ne fît de mouvement. Chaque enfant observait les autres, attendant que l’un d’entre eux débute les hostilités. Chose facile et raisonnable, nul ne voulait perdre le combat en premier.

« Puisque c’est comme ça, j’y vais, moi ! J’ai pas peur ! »

Un Rapion d’une dizaine d’années, les cheveux hirsutes, se jeta sur celui qu se trouvait à côté de lui, l’un des plus jeunes. L’enfant fit un pas sur le côté, donnant un croche-pattes pour faire s’écrouler son adversaire. Comme ce n’était pas suffisant, sa queue de Rapion, bien que petite et minuscule se planta dans le dos de son adversaire.

« Et voilà ! Un en moins ! Le poison va faire son effet ! »

« Il en faudra plus que ça pour tenter de m’empoisonner ! Tu vas voir ! »

Le carnage avait tout simplement débuté. Lorsque l’enfant d’une dizaine d’années s’était relevé, chacun avait déjà son adversaire choisie. La bataille venait de commencer ! Chaque Rapion cherchait à en affronter un, les plus petits se liguant ensemble s’il le fallait mais chacun faisait attention à ses alentours.

« Ils sont prometteurs. C’est vraiment une belle et future génération. »

« Où est donc Olistar parmi eux ? Je n’arrive pas à remarquer Olistar. »

« Par ici, tu peux facilement le trouver non ? Celui avec le dard un peu plus épais que les autres. Regarde donc un peu mieux, tu finiras par le trouver. »

Mais le plus simple était de voir tout simplement le jeune Rapion qui arrivait à se défaire de ses adversaires sans réellement se fatiguer. Car oui, cette mêlée était plus que ça, bien plus.

Oui, le Rapion, l’un des plus jeunes, se déplaçait avec aisance et agilité, esquivant les attaques de ses confrères et consœurs, n’ayant aucune difficulté pour repousser ses adversaires sans réellement s’épuiser. Après une vingtaine de minutes, il ne restait plus que trois Rapions. Chacun représentait une tranche d’âge : Le plus jeune âgé de cinq ou six ans, celui qui devait en avoir neuf et enfin le plus vieux du groupe avec une douzaine d’années.

« Laissez-vous faire tous les deux. Vous ne pourrez pas survivre hors du désert. »

« Ça, c’est à nous d’en juger, pas vrai, Olistar ? » dit le Rapion d’environ neuf ans.

« Cela m’indiffère légèrement, sans plus, dira t-on. Je ne suis pas vraiment inquiet à ce sujet. Mais ne perdons pas de temps, s’il n’y a pas de vainqueur d’ici dix minutes, aucun d’entre nous ne sera qualifié et ce n’est pas ce que nous voulons non ? »

« Toujours à parler ainsi alors que tu es le plus jeune du groupe hein ? Mais t’en fait pas ! HEY ! On y va à deux, tu en penses quoi ? »

« Hors de question ! Je me méfies de toi autant que d’Olistar ! Je suis pas bête ! »

L’enfant aux cheveux violets haussa les épaules comme pour montrer que ça ne le dérangeait pas qu’ils s’y mettent à deux contre lui. Pourtant, ce ne fut que l’enfant d’une douzaine d’années qui arriva en sa direction, aveuglant celui de neuf ans avec du sac. Le plus jeune des Rapion vint décocher un coup de pied dans la mâchoire avant que sa queue ne se plante dans le cou du Rapion d’une douzaine d’années. Sans plus attendre, il donna un coup de pied pour l’envoyer au loin mais surtout hors du cercle.

« Je me doutes que le poison ne serait pas assez efficace. Mesure de précaution. Maintenant pour ton cas, qu’est-ce que tu veux faire ? » s’adressa Olistar en direction du dernier Rapion encore conscient, celui-ci hochant la tête négativement.

« J’ai aucune chance hein ? C’est bien ça, Olistar ? Tu peux me le dire hein ? »

« Tu as tes chances si tu te débrouilles bien. Tout le monde a ses chances, il faut juste réussir à les attraper. Tu peux venir, je combattrais sérieusement contre toi. »

Il s’était mis en position d’attaque, sa queue de Rapion frappant le sol avec ferveur. Pourtant, l’enfant de neuf ans en face de lui hocha une nouvelle fois la tête négativement. Avec lenteur, il se dirigea hors du cercle jusqu’à ce que le vieux Drascore ne déclare :

« Ce combat est terminé ! Mes félicitations, Olistar. Te voilà devenu alors notre ambassadeur pour le royaume des insectes. Tu peux aller te reposer, tu l’as bien mérité. »

« Je ne comprends pas pourquoi il a abandonné maintenant. »

« Car il connaissait sa propre force et volonté. Il sait qu’il ne pouvait rien faire contre la tienne. Allez, je vais réveiller tes petits camarades. Tu n’as pas à t’en faire, tu ne partiras pas dans la journée qui vient mais sûrement le mois prochain. D’ici là, tu as de quoi te préparer mentalement à quitter le village. » compléta le vieil homme avant de s’éloigner, permettant au Rapion de faire de même de son côté. Il allait rentrer chez lui.

« Qu’est-ce que je vais me faire ce soir ? »

Pénétrant dans ce qui ressemblait à un igloo fait de pierre, il n’y avait alors qu’une seule et unique pièce. Assez spacieuse, il y avait de quoi vivre pour une seule personne, ce qu’il était. Il s’installa sur le lit fait de feuilles et de plumes tout en regardant le plafond.

« Ambassadeur des Rapions et des Drascores, n’est-ce pas ? »

C’était ce qu’il était devenu. C’était donc très important et merveilleux, n’est-ce pas ? Il avait accomplit quelque chose d’aussi important tout en étant seul. Seul, voilà ce qu’il était exactement, il était seul, tout simplement et rien d’autre. Tout simplement seul, sans que l’on ne lui pose de questions. Personne ne lui posait de questions.

« C’est comme ça. Demain, je verrais ce que je dois faire. »

Demain, oui. Il ferma les yeux, sombrant dans le sommeil en même temps que son ventre grondait, signe d’une absence de nourriture à l’intérieur de son estomac. Qu’importe qu’il grognait, il ne lui donnerait rien à manger.

Le lendemain matin, il se réveilla avant même que le soleil ne se lève. Il voyait l’aurore et cela était suffisant pour lui. S’étirant hors de son lit, il baissa les yeux, regardant son ventre pendant quelques secondes. Il valait mieux le nourrir maintenant.

« Sinon, il risque de me dé … »

« Ah ! Olistar ! Déjà debout ? Le vénérable du village voulait te parler ! »

« J’arrive tout de … » commença à dire Olistar alors que son ventre s’était mis à geindre de douleur. Le Rapion qui était venu le chercher eut un petit sourire avant de reprendre :

« Et il paraîtrait que ça soit le petit déjeuner est servi là-ba, pour le vénérable et son invité. »

« Je ne veux pas devoir quelque chose … Mais je ne peux pas être en retard. Je vous accompagne maintenant, il vaut mieux. »

Le Rapion adulte rigola légèrement, incitant alors Olistar à l’accompagner, ce qu’il fit. Les deux personnes marchèrent pendant quelques minutes dans le village, l’aube se levant peu à peu à l’ouest, Olistar l’observant pendant quelques secondes.

« J’espère que tu nous écriras souvent quand tu seras là-bas. »

« Il vous faudra vous tenir au courant au sujet de nos relations avec le royaume des insectes, c’est alors ce que j’accomplirais sans férir. »

« Tu n’es pas obligé de parler ainsi. Tu n’as que cinq ans, ne l’oublie pas, d’accord ? »

« L’âge n’a rien à avoir par rapport à tout cela, loin de là. » répondit Olistar avec neutralité, continuant de regarder le soleil pendant de longues secondes avant que l’homme ne lui rappelle d’avancer pour retrouver le vénérable du village.

Voilà, ils se retrouvaient maintenant dans un salon. Assis sur une chaise, Olistar attendait poliment la suite alors que le Rapion était parti. Quelques instants après, le vieil homme qui avait présidé au combat se présenta en face d’Olistar, disant :

« Te voilà donc … Je voulais parler avec toi de ce qui t’attendait. »

« Je suis prêt pour cela. Vous n’avez pas d’inquiétude à avoir. Je vous enverrais des écrits une fois par semaine. J’apprendrais l’écriture et la lecture du royaume des insectes. »

« Tu sais, elle n’est pas si différente que la nôtre. Tu partirais d’ici la fin de la semaine, je vais te donner quelques recommandations. »

Et voilà, pendant quelques longus heures, Olistar s’était mis à écouter le vénérable du village. Aucun mot, aucune parole, aucune phrase ne fût oubliée. C’était des choses qu’il devait encore inscrire dans sa mémoire car lorsqu’il partirait du village, qui sait ce qui l’attendrait ? Qui sait s’il allait revenir ou non ? Seul l’avenir le lui dira.

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