Chapitre 3 : Bien jeune pour cela

ShiroiRyu
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Chapitre 3 : Bien jeune pour cela

« Qu’est-ce que les Rapions et les Drascores ont pensé en nous envoyant ce Rapion ? »

« Il est si jeune ! Il est sûrement à peine sorti des jupes de sa mère ! »

Ne pas bouger. Rester immobile. Le Rapion garde la tête basse, un genou au sol alors qu’il est dans la salle du trône. La reine Seiry et le roi Tanator sont tous les deux déjà présents ainsi que plusieurs généraux et nobles. Les paroles fusent dans tous les sens.

« Allons allons ! S’il vous plaît ! Un peu de calme ! Qui sommes-nous pour juger les Rapions et les Drascores ? S’ils nous envoient ce jeune enfant, c’est qu’ils ont une raison, n’est-ce pas ? Quel est ton nom, jeune Rapion ? »

« Olistar, madame la reine Seiry. »

Il n’avait toujours pas relevé le visage. Ce n’était pas à lui de le faire. Il devait attendre que la reine Seiry lui ordonne de se relever et il le ferait. Cela ne tarda pas puisqu’il entendait maintenant la reine Seiry qui s’avançait doucement en disant :

« Quel âge as-tu, Olistar ? Un Rapion aussi jeune mais pourtant courageux au point de partir de son village natal est surprenant. »

« Cinq ans, bientôt six, madame la reine Seiry. »

« Six ans déjà ? Et si tu décidais de marcher à mes côtés ? J’ai tellement de questions à te poser. Mais d’abord, je veux que tu me montres ce visage. Pardonnes-donc aux nobles de cette cour. Nous manquons parfois d’éducation dans nos propos. »

« Ce n’est pas grave, reine Seiry. »

L’enfant releva enfin son visage, voyant celui de la reine Seiry. Malgré le fait qu’elle avait une trentaine d’années, elle était si belle et radieuse. Une véritable déesse pour les insectes. Il ne pouvait pas le renier. C’était impossible à ignorer.

« Reine Seiry … est-ce que j’ai le droit de marcher à vos côtés ? »

« Pourquoi n’en aurais-tu pas le droit si je te le proposes ? »

« Je ne sais pas, je ne connais pas les mœurs de la cour. »

« Alors, il va falloir les apprendre. Viens donc. Si je te le proposes, c’est bien parce que je suis d’accord pour que tu marches à mes côtés, n’est-ce pas ? »

« Comme vous le désirez, reine Seiry. »

Finalement, il se devait d’accepter la proposition de la reine. S’il refusait, il sentait qu’il se ferait encore plus d’ennemis que maintenant. Et ce n’était pas ce que son peuple voulait. Il se redressa, se tenant droit et fier pour que la reine Seiry n’ait pas honte de lui … ni de son peuple. Que son peuple n’ait pas honte de lui, oui.

« Alors, que sais-tu faire exactement ? »

« Je ne sais pas lire, je ne sais pas écrire. Du moins, je ne connais pas le langage du royaume des insectes donc je ne veux rien promettre, reine Seiry. »

« Hum? Etrange … » murmura la femme aux cheveux blonds, un rubis planté dans son front bien que cela ne semblait guère la faire souffrir. Elle vint s’accroupir devant Olistar, posant ses mains sur ses épaules. « Est-ce que tu peux me répéter cela ? »

Comme elle désirait. Qu’est-ce qu’il y avait de si bizarre dans son langage ? Il ne voyait pas où elle voulait en venir mais puisque c’était la reine Seiry qui lui demandait. Il se répéta avec nonchalance, n’osant pas détourner ses yeux du visage de l’Apireine.

« C’est bien ce que je pensais. Ah … Pauvre enfant. Tu parles comme si tu avais déjà tout d’un adulte. C’est vraiment malheureux. »

« Je ne suis pas malheureux, reine Seiry. Je peux vous le confirmer. »

« Ce n’est pas de cela dont je parle. Bref, continuons à marcher, j’ai temps à parler avec toi. »

« Reine Seiry, est-ce normal que vous soyez auprès de moi ? Ne faut-il pas que vous soyez auprès de votre peuple ? Je ne suis que l’ambassadeur des Rapions et des Drascores. »

« Malheureux, vraiment malheureux. » soupira la monarque en soulevant le Rapion. Celui-ci, surpris, se laissa faire avant qu’elle ne le serre contre son coeur. « Tu es de mon peuple, Olistar. Ne l’oublie jamais. Ce n’est pas parce que certains insectes ne sont pas d’accord avec ce principe que je suis ainsi. »

Chaleur. Cette chaleur … Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait plus ressenti. Il hoqueta d’étonnement mais resta parfaitement immobile alors qu’elle reprenait avec tendresse :

« Tu es un Rapion, tu es un insecte, tu es donc une personne issue de mon peuple, Olistar. La raison de ta présence en ce lieu est que nous allons travailler ensemble pour que tous et toutes puissent le comprendre. Est-ce que tu es là pour m’aider ? »

« Je suis là pour servir le royaume des insectes mais aussi mon peuple. »

Finalement, elle le retira de ses bras, l’enfant poussant un léger soupir avant que la reine Seiry ne pose une main sur son crâne, caressant ses cheveux violets.

« Alors, il est bon que toi et moi restions souvent ensemble. Nous avons beaucoup à faire. Il se peut que tu sois avec moi pour de nombreuses années. Est-ce que tu te sens prêt à cette tâche, Olistar ? A m’accompagner dans tous mes déplacements ? »

« Je suis là pour cela, reine Seiry. Mon devoir est de vous servir. »

« Me servir, me servir … Ah . Oui, c’est cela. Mais je vais éviter que tu deviennes comme quelques nobles de ce royaume. Continuons alors notre marche, j’ai beaucoup à savoir à ce sujet. Il faudra que tu me racontes tout par rapport à ce que tu es, d’accord ? »

Il hocha la tête positivement sans pour autant prendre la parole. Pourquoi est-ce qu’il se sentait épié ? Quelqu’un en voulait à la reine Seiry ? Subitement, il fit un pas sur le côté, tournant sur lui-même avant de se jeter en avant pour s’approcher de l’ombre.

« Que voulez-vous à la reine Seiry ? »

Le dard était déjà apparut dans son dos, au niveau des fesses, dressé et menaçant alors qu’il regardait qui avait osé tenter cela. Il haussa un sourcil en voyant un visage juvénile, d’une enfant encore moins âgée que lui.

« Ma … Maman ! Maman ! »

Qu’est-ce que … Il cligna des yeux. L’enfant aux cheveux blonds devait avoir trois ans au grand maximum. Ses cheveux blonds et sa petite marque rouge sur le front ne laissaient planer aucun doute sur ses origines. Et les sanglots accompagnant la course en direction de la reine Seiry non plus. La princesse du royaume ? Aussitôt, il s’écria :

« Pa … PARDON ! Reine Seiry ! Je ne savais pas ! »

« Allons, allons, ne t’en fait pas. Ce n’est pas grave. Terria ? Terria ? »

« Maman ! Il m’a fait peur, le vilain garçon ! Il m’a fait peur ! »

« C’est fini, ma fille. C’est fini. Olistar, je dois te remercier. » murmura la reine Seiry alors qu’il clignait des yeux. Le remercier ? Pour … Pour quelle raison ? Comment est-ce qu’elle pouvait le remercier après ce qu’il venait de faire. Est-ce qu’elle se moquait de lui ? « J’ai put voir aussitôt à quel point tu étais réactif et prêt à me sauver. »

« Je n’ai fait que ce que je pensais être bon .Rien de plus, reine Seiry. Mais mon excès de zèle m’a emmené à faire une décision irréfléchie. Je devrais être plus prudent néanmoins. »

« C’est le cas, il faut le reconnaître. Néanmoins, tu n’as pas à t’en faire. Je suis sûre que Terria est déjà prête à te pardonner, n’est-ce pas, Terria ? »

« Je … sais pas trop. C’est quoi ton nom ? » demanda la petite fille en regardant Olistar avec de grands yeux rouges, brillant comme la pierre inscrite sur le front de sa mère.

« Olistar, princesse Terria. Je suis l’ambassadeur des Rapions et des Drascores. »

Il s’inclina devant la jeune fille, comme pour expier sa faute mais aussi à cause de son rang. Elle ne comprit pas le geste avant de rigoler faiblement :

« Tu parles bizarrement, Olistar ! On dirait presque une grande personne ! »
Il ne savait pas pourquoi mais il se sentait un peu vexé par les propos de la jeune fille. Enfin bon, elle n’était qu’une enfant et … ah. Voilà le souci en fait. Elle était qu’une enfant mais lui aussi. Elle venait de le lui rappeler. Un peu confus et embêté, il se remit correctement debout pour regarder la reine. Celle-ci semblait maintenant avoir une idée en tête mais laquelle ? Il pencha la tête sur le côté, attendant qu’elle prenne la parole à son tour.

« Oh, je vois, je vois … Soit ! »

Hein ? Juste ça ? La reine allait juste parler de la sorte ? Cela rajoutait à la confusion ambiante mais bon … la jeune fille aux cheveux blonds restait dans les bras de sa mère. Elle semblait parfaitement l’adorer.

« Au moins, l’amour familial est présent. » murmura t-il à voix basse, la reine se tournant vers lui comme pour savoir de quoi il parlait.

Le sourire sur les lèvres de cette dernière resta figé pendant un long moment. L’idée qu’elle venait d’avoir lui semblait parfaite ! Néanmoins, le problème allait être de convaincre une autre personne à ce sujet. Hum …

« Je vais devoir vous laisser les enfants. Olistar ? »

« Oui, reine Seiry ? Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »

« Est-ce que tu peux rester auprè de ma petite fille adorée pendant que je retourne à mes obligations ? Je pense que cela l’occupera et puis, ça sera ta façon de te faire pardonner. Qu’est-ce que tu en dis ? Est-ce que tu te sens capable de cette tâche ? »

« Je l’accomplirais sans faillir, reine Seiry. »

Il posa sa main sur son coeur, la jeune fille aux cheveux blonds le regardant étrangement, clignant des yeux comme pour se demander ce qui se passait exactement. Enfin, avec son jeune âge, elle ne savait pas trop mais bon, sa mère venait de lui dire de rester aux côtés de ce garçon plus grand qu’elle.

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