Chapitre 52 : Partie ailleurs

ShiroiRyu
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Chapitre 52 : Partie ailleurs

« Swar … Tu devrais quand même faire un peu la conversation quand Katérina est là, tu sais ? » murmura l’adolescent aux cheveux argentés.
« Sincèrement … Pourquoi faire ? Je n’ai pas envie de perdre mon temps avec une gamine bien trop précoce et qui semble avoir écumé les trottoirs de tous les villages aux environs. »

« SWAR ! Ça ne se dit pas ! Ce n’est pas parce que Katérina ne s’habille pas … chaudement … qu’elle est ainsi ! Je t’interdis de parler de la sorte à propos de Katérina. »

« Je vais prendre alors son langage : tu attends quoi pour la tringler de tous les côtés ? »

PFIOU ! Il eut une bouffée de chaleur, rougissant violemment à cette idée alors que l’épée se plongeait maintenant dans son mutisme. Elle venait de marquer un point par rapport à l’adolescent, qu’il le voulait ou non. Mais bref, de toute façon, elle n’était pas du genre à perdre son temps pour des futilités de la sorte.

Bon … Ca ne servait à rien de discuter à propos de l’adolescente. Mais quand même, il aurait aimé que Katérina comme Swar soient plus ouverts à la discussion. C’était juste une question de bon sens … et un peu de principe aussi. Il aurait aimé que tout se passe bien mieux entre Swar et Katérina. Mais bon … C’était ainsi et il ne pouvait rien y faire !

« Swar … Tu peux rester muet comme à ton habitude le temps que je ramène cette tête ? »

« Si tu continues avec ces remarques stupides, je n’hésiterai pas à prendre la parole pendant que tu te feras « féliciter » par tes « camarades » pour avoir tué un pokémon dont ils pensaient qu’il allait te dévorer. C’est compris ? »

«  Oui … Oui … C’est compris … Comme d’habitude. Merci beaucoup pour cette remarque très appréciable, Swar. Comme à ton habitude … Tu me rends drôlement service lorsque je ne combats pas une créature. Il faudrait vraiment que tu sois plus sociable. »

« Bien entendu, une créature spectrale ou ténébreuse est toujours la fanfaronne du village. Encore une judicieuse remarque de ta part, Kéran. »

« … … … D’accord, si tu le prends comme ça, tu n’as qu’à t’apitoyer sur ton pauvre petit sort de créature spectrale ou ténébreuse. Tu m’excuseras encore une fois de chercher à te rendre un peu plus … humain ou « pokémon » si tu préfères dans ton cas. Tu as les capacités pour parler, tu pourrais apporter tellement de choses aux humains de notre monde … mais toi, tu préfères juste t’apitoyer sur ton sort, posséder un corps et voilà, l’affaire est réglée. Vous êtes plus à plaindre qu’à craindre … »

« Vous ? De qui parles-tu ? » demanda Swar, restant néanmoins méfiant par rapport aux propos de l’adolescent aux cheveux argentés.

« Et bien, mon cerveau judicieux me fait penser que tu devrais chercher la réponse toute seule, Swar. Tu es une grande épée non ? »

De l’ironie de la part de Kéran ? Il ne perdait rien pour attendre s’il continuait sur cette voie. C’était même très risqué pour lui de penser à faire une telle chose. Mais pour l’heure, il allait le laisser tranquille. L’adolescent retourna à l’Enceinte aux esclaves, des regards surpris se faisant voir à son retour, accompagnés par de nombreux murmures.

« Mais je pensais qu’il avait été envoyé en « mission » ? »

« Ouais moi aussi … Mais il semblerait qu’il s’en soit sorti … T’as vu ses blessures ? Mais tu crois qu’il a quoi dans son sac ? Quand même pas ce que je pense ? »

« C’est la tête du Branette que l’on m’a envoyé chercher, c’est aussi simple que ça. » rétorqua l’adolescent, étant d’une humeur de chien à cause de toute cette histoire stupide.

Pfff ! Ils pouvaient pas le laisser tranquille quelques minutes si ce n’était pas trop demandé ? Il était sûr que pourtant, c’était le cas. Ça ne servait à rien de parler avec eux, avec ces types, de toute façon ! C’était comme avec Swar ou Katérina ! Leur seule occupation, c’était de créer des problèmes ou de venir l’embêter.

« Alors au bout d’un moment, faudrait vraiment arrêter de me prendre pour un idiot ! »

Il poussa sur le côté l’un des hommes qui était prêt de lui, s’enfonçant dans le bâtiment de l’Enceinte. Il se dirigea jusqu’au bureau, toquant plusieurs fois à la porte jusqu’à ce que l’on puisse lui permettre de rentrer à l’intérieur.

« Ah ! C’est toi, Kéran ? Déjà de retour de ta mission ? T’as pas l’air dans un chouette état si tu veux mon avis. Qu’est-ce que tu me ramènes ? Tu sais, si tu as échoué, y a rien d’anormal hein ? J’espère que tu as pas eu trop de pertes quand même … »

« J’ai eu aucune perte … par contre, j’ai aussi ça pour vous. Si vous me permettez d’aller me reposer. » annonça l’adolescent en déposant le sac contenant la tête du Branette. Il se dirigea ensuite vers la sortie sans même attendre de réponse de la part de l’homme.
Il allait se reposer … et demain, il irait voir Sélia. Ça lui ferait bien de voir un visage amical, d’ailleurs, le seul qu’il connaissait. Car s’il devait attendre sur les autres, il était mal barré. Très mal barré ! Avec un peu de rage au cœur, il alla à l’infirmerie, présentant ses trois pokémons pour qu’elles se fassent soigner.
Il ne quitta pas l’infirmerie jusqu’à ce que ça soit terminé, signalant que si on ne lui faisait pas confiance, alors l’inverse était vrai aussi. Il attendit que ses trois pokémons soient à nouveau près de lui avant de retourner dans sa chambre. Il jeta ses deux épées au sol, serant les trois noigrumes dans ses mains alors que Swar prenait la parole :

« Rejette-moi encore une fois comme ça et tu le regretteras toute ton existence. »

« … … … »

Aucun son ne sortit de la bouche de l’adolescent. Pour ne pas avoir à se préoccuper de Swar, il n’y avait qu’une solution : l’ignorer. Il vint s’endormir rapidement, se fichant complètement de ses blessures alors qu’il gardait les noigrumes avec lui. Il avait besoin de dormir après toute cette histoire stupide, comme trop souvent dès que ça le concernait !

Le lendemain matin, on lui donna sa journée car ils devaient discuter sur son sort. HAHAHA ! SON SORT ! Qu’est-ce que ça voulait dire hein ? Qu’ils allaient le tuer ? Et bien qu’ils le fassent ! Il gardait son humeur de chien alors qu’il traversait la forêt, passant à travers les bois pour se rendre dans la ville où tout avait commencé. Où tout avait été décidé … Il devait trouver le bâtiment de la Sainte Alliance. Il n’eut aucun mal puisque le bâtiment était si grand et si beau et si resplendissant. A croire qu’il avait affaire aux héros de ce monde ! Lorsqu’il se présenta devant eux, des grognements se firent entendre.

« Qu’est-ce que nous veut un membre de l’Enceinte aux Esclaves ? » demanda l’un des gardes chargés de surveiller l’entrée du bâtiment. Tiens, chez eux, c’était pas vraiment des gardes qu’ils avaient. C’était plutôt le contraire, ils en avaient strictement rien à faire de qui rentrait et sortait. Comme quoi, la protection n’était pas ce qu’il y avait d’important.

« Je viens voir Sélia, une amie très proche. Elle a des cheveux bleus et des yeux rouges. »

« Ouais … La grande Sélia. Qu’est-ce que tu lui veux ? » demanda le second garde.

« En quoi ça vous concerne ? C’est mon amie et j’ai le droit d’avoir une vie privée en ce qui la concerne. Si y a besoin de connaître mon nom, c’est Kéran. »

« Oh merde … T’es LE Kéran ? Celui dont elle n’arrête pas de parler à chaque fois ? Dès qu’un gars de chez nous tente de lui conter fleurette, elle lui balance aussitôt que le seul homme de sa vie dont elle veut s’occuper, c’est Kéran. Mais c’est toi ? Qu’est-ce qu’elle trouve de bien chez un gringalet comme toi ? »

« Surement quelque chose que tu ne possèdes pas. Si elle n’est pas là, je n’ai pas envie de rester ici plus longtemps. J’ai autre chose à faire. »

« Hahahaha ! Comme il t’a mis en pièces, mon gars ! Bon, aller, on peut te prévenir, elle est en mission et on ne sait pas quand elle va revenir. Mais si tu t’inquiètes à son sujet, tu n’as pas réellement à t’en faire. C’est une championne, une battante ! Elle se débrouille super bien ! Faut dire qu’elle semble avoir la haine contre les spectres et les créatures ténébreuses ! »

« Elle l’a toujours eut … Enfin bon … Puisque ça a l’air de bien aller, je peux m’en aller sans aucun problème. Quand vous la reverrez, est-ce que vous pouvez lui dire que je suis passé ? Et qu’au final, l’Enceinte aux Esclaves, c’était peut-être pas la meilleure idée qui soit. »

« Ah … Ouais, ouais … Bien entendu, y a aucun problème à ça. D’ailleurs, si elle est là-dedans, si un jour, tu quittes l’Enceinte, tu peux toujours tenter ta chance parmi nous. »

Tsss … Juste parce qu’il avait dit qu’il n’appréciait plus vraiment d’être dans l’Enceinte, ils changeaient aussitôt de comportement. C’était vraiment pitoyable de leurs parts. Mais en même temps, si ça permettait de renforcer la Sainte Alliance, ils pouvaient toujours essayer.^

« Oui, oui … Je verrais ça. Si vous avez compris le message, je dois m’en aller maintenant. Merci bien et bonne journée. » marmonna l’adolescent.

Il s’éloigna de cet édifice, se disant qu’il avait perdu sa journée … puisqu’il ne pouvait pas voir Sélia. Pfff … Une journée qui était gâchée et voilà … Il allait retourner à l’Enceinte.

Là-bas, il ne perdit pas de temps à se rendre dans sa chambre. Du moins, c’est ce qu’il voulut faire mais on ne lui permit pas cela. Plusieurs hommes lui demandèrent de se rendre dans le bureau du chef du bâtiment, chose qu’il fit avec neutralité.
Qu’est-ce qui se passait avec lui aujourd’hui ? Est-ce qu’il en était finalement las ? Las de tout ça ? Du comportement des autres ? De ceux qui n’arrêtaient pas de l’insulter ? Dans le fond, lui-même avait-il réellement quelque chose à se reprocher.

« Vous vouliez me voir ? » demanda-t-il de l’autre côté de la porte, sans être encore rentré dans la pièce bien qu’il ait toqué.

« Normalement, les gens civilisés se parlent en face à face, non à travers un mur.  Tu peux rentrer, tu sais ? » dit la voix de l’autre côté.

C’était une simple mesure de précaution… car il ne savait jamais. Peut-être qu’il allait faire encore une bêtise par rapport à ça ? Oui … Ca serait bête mais on ne savait jamais. La façon de rentrer dans une pièce, tout ça …

« Installe-toi. Nous avons à parler au sujet de la mort de ce Branette. Je pense que tu sais ce que cela veut dire ? Du moins, ce que tu as fait veut représenter ? »

« Que l’on ne s’attendait pas à ce que je réussisse car on voulait tout simplement me tuer. Merci, je l’avais remarqué … Et aussi que le ciel s’est découvert. »

« Ahem … Ce n’est pas vraiment cela dont je veux parler. Je veux plutôt te signaler que tu vas quitter ce bâtiment pour aller ailleurs, avec tes trois pokémons. »

« Ils ont trouvé le moyen de se débarrasser de moi ? » ironisa l’adolescent avant de baisser la tête et de serrer les poings. Qu’est-ce qui se passait avec lui ? Ce n’était pas lui qui parlait comme ça ! Ce n’était pas dans ses habitudes ! Il n’était pas comme ça ! Pas comme ça ! C’était de leur faute … s’il agissait de la sorte.

« Si tu préfères le prendre de la sorte, aucun problème. C’est le cas. Tu vas être envoyé au siège de l’Enceinte aux Esclaves. »

« Hum ? Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? » demanda Kéran, un peu étonné.

« Quand un gamin comme toi arrive à battre un spectre des plus puissants sans aucune aide, tu ne crois pas que ça parait suspect ? Ils veulent te voir et t’étudier là-bas, c’est tout. »

« Ah … D’accord, d’accord. Je vois ce que vous voulez dire. Bon … C’est tout ? »

« C’est tout. Tu partiras dans la soirée ou demain matin, libre à toi. Tu sais te débrouiller seul visiblement. » annonça le chef calmement.

« Alors, je partirai pendant la nuit. Il me faudra juste une carte pour me repérer … si bien entendu, on ne me m’emmène pas dans un guet-apens encore une fois. Je vous laisse, merci. »

Il se releva de sa chaise, saluant d’un geste de la même l’homme avant de quitter son bureau.

POURQUOI ? POURQUOI ?! Qu’est-ce qui clochait avec lui ? Qu’est-ce qui n’allait pas ? Cette réflexion ! Ce genre de paroles ! Ce n’était pas lui ! Pas du tout ! C’était de leur faute ! Tous de leur faute ! Pourquoi est-ce qu’ils avaient tout fait pour qu’il soit comme ça ? Dans sa chambre, il se tourna vers ses épées, criant :

« Swar ! C’est de ta faute ! Tu es aussi responsable que les autres ! »

« Avant de me juger de la sorte … De quoi parles-tu donc ? »

« Ne fait pas semblant, je sais que tu me possèdes discrètement. Sinon, pourquoi est-ce que je parlerai comme ça aux autres, hein hein ? »

« Car tu es libre de tes actes. Tu es le seul responsable d’un tel langage provenant de ta bouche. Ne cherche pas de coupable à tes actions. »

… … … Qu’il aille se faire voir. Il se coucha sur le lit, enfonçant sa tête dans le coussin comme pour s’étouffer. Il chercha à retenir sa respiration le plus longtemps possible, évitant de regarder son arme. Il voulait mourir … tellement mourir à cause de toute cette histoire.
Il n’était pas crédule, il n’était pas candide, il avait déjà tué, il avait déjà vu des morts, des morts dont il était responsable ! Voilà ! Il n’avait rien à se reprocher ! Rien du tout même ! MAAAAAAARE ! MARRE ! MARRE ! MARRE !

« Pourquoi vous me fatiguez tous ? Pourquoi est-ce que vous me faites ça ? »

« Tu es le seul à t’infliger une pareille souffrance. »

« NON ! CE N’EST PAS VRAI SWAR ! CE N’EST PAS VRAI ! Vous êtes tous sur mon dos ! Vous êtes toujours là à me critiquer ! Toi, Katérina, l’Enceinte, il n’y a que Sélia qui est gentille avec moi ! » s’écria l’adolescent avec énervement.

« Imbécile. Tu es un parfait petit imbécile qui tente de vivre dans une belle où nulle personne ne voudrait le blesser. Si tu es si fragile, taille-toi les veines. »

« Hmmmmm … Swar … Tu … Tu n’as qu’à le faire toi-même ! » répondit Kéran, se tenant la tête entre ses mains. On avait essayé de le tuer, de tout faire pour que ses pokémons soient blessées, on n’arrêtait pas de lui reprocher quelque chose. Est-ce qu’on l’avait félicité ? Même pas. Aucune félicitation, rien du tout !

La seule chose qu’on lui permettait d’avoir, c’était tout simplement d’exister et encore … juste pour être considéré comme plus bas que terre. Voilà la considération ou plutôt l’absence de considération envers sa personne. Il se leva, prenant l’épée contenant Swar dans sa main droite. Comme mue par une volonté propre, la lame se dirigea vers son poignet gauche. Il la laissait faire … comme à son habitude.

« Tu ne regrettes rien ? » murmura l’épée d’une voix neutre. Il hocha la tête négativement pour dire qu’il valait mieux en terminer maintenant. Un geste vif et rapide … mais ce fut pour que la garde de l’épée cogne sa tête et l’assomme, le faisant s’écrouler sur son lit. La voix reprit calmement : « Tu es beaucoup trop fragile … Peut-être ai-je exagéré. »

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