Chapitre 59 : Plus homme, plus mûr

ShiroiRyu
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Chapitre 59 : Plus homme, plus mûr

« Tiens … Prends ma main, Katérina. » dit l’adolescent pour l’aider à monter dans le charrette.

L’adolescente aux cheveux argentés posa son regard doré sur Kéran, restant immobile pendant quelques instants. Finalement, elle posa sa main dans le sienne, Kéran venant la tirer vers lui tout en regardant les emplacements libres. S’ils étaient aussi nombreux, ils devaient sûrement avoir un second charrette non ? Car sinon, ils risquaient de manquer de beaucoup de places. Comme si son vœu avait été exaucé, un second charrette présenta à plusieurs mètres de là, deux personnes la gardant.
Ah … En clair, une partie avait été se reposer, l’autre surveillait le second charrette. Toute la troupe se sépara en deux, Katérina restant avec Kéran bien qu’elle ne semblait pas vouloir ouvrir la bouche. Elle était énervée ? A cause de lui ? De sa proposition de venir avec l’Antre des Artisans ? C’était bête de s’énerver pour ça.

Mais bon, il ne pouvait pas la comprendre aussi. Il savait juste qu’elle était du genre à être solitaire … même si elle se présentait un peu trop souvent devant lui. Peut-être qu’elle l’appréciait dans le fond ? Avec ses rêves d’adolescent, il se disait cela bien qu’une part de rationalité lui rappelait tout ce qu’elle lui avait fait subir. Il valait mieux … ne pas trop y penser plutôt que de se faire du mal.

« Maintenant, il n’y aura plus de pauses avant la tombée de la nuit. Aucun problème à cela … Hum ? Kéran, c’est bien ça ? » demanda la femme qui dirigeait la troupe.

« C’est … C’est exact … Je ne crois pas que ça embête Katérina non plus. » bredouilla-t-il avec confusion. C’est bête … mais il était gêné de parler à cette femme. Elle avait quand même un regard chaleureux et convivial. Cela devait être sûrement quelqu’un habitué à utiliser son sourire pour obtenir ce qu’elle désirait pour son rôle de marchande.

« Moi, je m’en contrefous. Puisque tu veux être la patron ici, tu n’as qu’à l’être. » répliqua l’adolescente aux cheveux argentés, croisant les bras sans pour autant croiser les jambes, laissant paraître sa culotte aux yeux de tous.

Pourquoi est-ce qu’elle faisait ça ? Pour l’embêter ? Ça ne marchait pas comme ça. Il n’était quand même pas jaloux que d’autres la voient. Enfin, peut-être juste un petit peu. Il ne savait pas vraiment, il devait se l’avouer … C’était un peu perturbant en soi.

Ah … Pourtant, assis l’un à côté de l’autre, ils étaient dans le charrette sans prendre la parole. Les personnes de l’Antre discutaient entre elles tandis que les soldats faisaient de même de leur côté. Bref, pour l’heure, ils étaient les seuls à ne pas dialoguer.

« Katérina, tu m’en veux vraiment beaucoup pour ça ? » demanda l’adolescent après quelques minutes, quelques têtes se tournant vers eux.

« Les cons, je leur adresse pas la parole, ça les instruis. »

Bon ben … Elle lui en voulait vraiment. Il eut un petit sourire triste avant de baisser la tête. Bon ben … Il suffisait juste qu’il se taise alors puisqu’elle ne voulait pas lui parler. Les bras croisés sur ses genoux, son visage était collé contre ces derniers, ses yeux comme ceux d’un Caninos en manque d’affection. Il avait réellement la tête à cela sur le moment.

« ET MERDE ! Me fait pas passer pour la méchante de service ! De toute façon, tu ne sais même pas de quoi tu veux parler avec moi ! Alors pourquoi est-ce que l’on devrait parler tous les deux ? Donne-moi une bonne raison ! »

« Et bien … Euh … Parce que ça serait bien ? On pourrait discuter de tout et de rien. »

« … … … Tu me fatigues, Kéran. T’es encore plus exaspérant que tout et … » commença à reprendre Katérina avant qu’un soldat de la Sainte Alliance ne s’approche d’eux.

« Ne vous en faites donc pas pour lui, jeune demoiselle. Il n’est encore qu’un enfant et il lui faudra bien comprendre que des fois, certaines personnes préfèrent être tranquilles. »

« Ouais, c’est un peu mon cas par rapport à la tienne de personnes. Disparais de ma vue. » rétorqua Katérina avec colère.


Pourtant le soldat vint s’asseoir à quelques centimètres d’elle. Kéran commença à l’étudier. Il portait une armure de métal sur le corps, l’emblème de la Sainte Alliance gravé dessus. Il devait avoir une vingtaine d’années, vingt-cinq grand max et avait un peu de bouc au menton. Des cheveux bruns ébouriffés, il tenait son casque dans une main.

« Vous n’avez pas besoin de vous emporter envers moi. Je ne vous veux pas de mal. Je veux simplement dialoguer avec vous mais de choses bien plus importantes que les futiles conversations de la part de votre compagnon. »

He … HEY ! C’était lui ou alors il était en train de se faire insulter ? Il voulut lui répondre quelque chose mais rien n’arrivait à ses lèvres. Surtout que Katérina avait maintenant son visage tourné vers le soldat, un sourire aux lèvres.

« Bon, t’as l’air d’avoir un peu de jugeote. Et de quoi est-ce que tu veux parler alors mon grand ? Vas-y, je t’écoute, je suis sûre que ça peut être intéressant. »

« Hum ? Eh bien, nous pourrions alors parler déjà de vos cheveux argentés. C’est la première fois que je vois une aussi belle chevelure chez une jeune femme. »

« Ouais bien entendu. Tu sais, quand on a eu les ch’tons quand on était gamin, ben, des fois, les cheveux deviennent comme ça. Enfin, dans mon cas, je les avais déjà de la sorte dès que je suis née. Paraitrait que ça me donnait un certain charme, t’en penses quoi ? » questionna l’adolescente alors que le soldat hochait la tête positivement.

« Je ne vais pas vous mentir car je trouve que cela vous va à merveille. »

« Ouais, bien entendu, continue donc à me parler. Tu m’intéresses. »

Elle avait sa tête soutenue par ses coudes, eux-mêmes posés sur ses genoux tandis qu’elle l’observait longuement. Kéran cligna des yeux plusieurs fois de suite, tentant de prendre la parole sans y arriver. Ouais … Enfin bon, si elle avait quelque chose à dire, autant qu’elle ne parle avec ce type. A la base, elle était libre comme l’air.
Pendant une bonne heure, elle continua de discuter avec l’homme, ne se privant pas de faire quelques allusions perverses comme à son habitude. Quelques toussotements se firent entendre tandis que l’adolescent ne savait plus où se mettre. Il était gêné, plus que gêné même et en même temps, il semblait être le seul à comprendre ce que Katérina disait réellement.
C’est vrai … Dans ses dires, à chaque fois qu’elle parlait, elle semblait menacer l’homme. Les autres personnes ne semblaient pas le comprendre mais lui … A force, il commençait à la connaître. Le soldat prenait cela sur le ton de la plaisanterie, se montrant parfois un peu insistant en lui proposant de parler un peu plus cette nuit.
Elle lui répondait alors qu’elle n’avait pas peur de cela mais qu’il valait mieux pour lui qu’il ait BEAUCOUP de conversation car s’il n’était pas capable de tenir le dialogue avec elle, cela pouvait très mal se passer. Elle n’aimait pas du tout quand son interlocuteur était en panne d’inspiration … Elle était même du genre très … violente à ce sujet.

Brrr ! Il était en train de trembler rien qu’à l’idée d’y penser. Si cela avait été lui, il aurait pris cela sur le ton de la rigolade. Mais là … Il n’avait pas envie de rire. Pas du tout. Finalement, le soldat arrêta d’être bloqué sur son idée, s’éloignant de Katérina après avoir longuement parlé avec elle.
« Jaloux le puceau ? » souffla-t-elle entre ses dents pour que Kéran soit le seul à l’entendre.

« N … Non … Pas du tout. Tu es libre de faire ce que tu veux, Katérina. »

« Ouais bien entendu … T’étais jaloux donc ou non ? »

Il haussa les épaules sans lui répondre. Elle était une grande fille non ? Alors bon … Comment dire … Enfin, y avait juste un truc qui le dérangeait. Il souffla :

« Katérina … C’est juste que ta tenue fait penser … que tu es prête à tout. Je voulais juste que tu le saches. Les autres risquent de se faire des idées et … »

« Et si c’était le cas ? Comment peux-tu savoir que je ne suis pas de ce genre ? Peut-être que de ton côté, tu as tout simplement à chaque fois loupé ta chance non ? »

« Euh … C’est vrai ? Tu voudrais bien si … Euh non ! » répondit Kéran en secouant la tête de gauche à droite. A quoi est-ce qu’il avait pensé de stupide ?

« De toute façon, si un type m’agresse, tu seras là pour me protéger non ? »

Il se gratta le nez. Il aurait bien répondu qu’elle n’avait clairement pas besoin d’aide de son côté mais en même temps … Elle était quand même une femme. Et un homme, ça devait protéger une femme. Du moins, c’est comme ça qu’il voyait la chose.

« Bien entendu, Katérina. Bon, je ne suis pas forcément le plus doué pour ça mais je peux te promettre que je te protégerai. »

« C’est tout ce que je voulais savoir, Kéran. » termina de dire l’adolescente, ne bougeant pas de sa place. C’était quand même bizarre qu’elle lui demande cela.

Puis après tout, elle était quand même assez grande pour se protéger. Mais ça ne le gênait pas vraiment d’être … son protecteur. Il lui fit un petit sourire auquel elle ne répondit pas, restant parfaitement de marbre. Une nouvelle heure passa et il avait fermé les yeux. Sans même le remarquer, Katérina s’était collée un peu plus contre lui.


Partir à l’aventure ? Comme ça ? Enfin, si c’était comme ça l’aventure, ça ne le dérangeait pas. Quand il était accompagné, c’était mieux que s’il était seul. Largement mieux même. Et cela faisait maintenant presque un mois qu’il était avec Katérina. Il allait peut-être passer à l’âge adulte avec elle à ses côtés ? Si tel était le cas, peut-être qu’elle allait lui offrir un … beau cadeau ? Enfin, pensé comme ça … C’était un peu gênant.
Mais en même temps, ça le grisait. Ca le motivait à arriver à ses dix-huit ans ! Puis quand il deviendrait adulte … Alors … Alors quoi ? Il ne savait même pas. Pas du tout. Qu’est-ce que ça allait faire de devenir un adulte ? Quelque chose de différent ? Oh, ce n’était même pas avoir un métier car dans le fond, c’était déjà le cas. Mais peut-être qu’il serait assez mûr et grand pour Sélia ? Hahaha … Ca le motivait.

Pourtant, un point le dérangeait quand même. Mais ça ne le concernait pas. Non … Ca concernait plutôt Katérina et son allure. Est-ce qu’il n’était pas possible pour lui de retirer sa veste et de la lui donner ? Il commença à l’enlever, disant à Katérina :

« Tu risques d’attraper froid, Katérina. Tiens, prends-là. »

« Et depuis quand est-ce que tu me files ça ? T’as pas l’impression d’avoir oublié quelque chose entre temps ? Je ne sais pas … Du genre, ta réflexion ? Ça fait un mois que je me trimballe dans cette tenue et c’est juste maintenant que tu y penses ? »

« C’est juste pour que tu t’habilles un peu plus chaudement … Enfin rien de bien méchant. »

« Ouais, bien entendu, ça te gêne ma tenue ou quoi ? » demanda-t-elle à voix haute.

« Pas du tout. Tu racontes n’importe quoi. » répondit l’adolescent en rougissant, signe que c’était tout le contraire justement.

Mais ça, il n’oserait jamais lui dire en face. C’était aussi simple que ça … Enfin bon … Peut-être qu’il devait chercher à parler avec les autres ? Ca serait bien mieux … Beaucoup mieux même. Il se releva, Katérina poussant un petit cri de surprise alors que l’adolescent se positionnait en face de la femme qui dirigeait l’Antre des Artisans. Du moins, le petit groupe des membres de l’Antre.

« Pardonnez-moi mais … J’aimerai savoir des petits trucs. »

« Hum ? Et en quoi est-ce que je peux t’aider, Kéran ? » répondit la femme en lui faisant un petit sourire amusé par les paroles de l’adolescent.

« Euh … Et bien, ça serait au sujet de l’Antre des Artisans. Vous vendez quoi principalement ? Du moins, vous vendez de tout et n’importe quoi ? »

« Sans que cela soit dit aussi grossièrement, oui, nous sommes les principaux commerçants dans ce monde. Nous sommes basés un peu partout mais nous sommes pacifiques. »

« Ah … Je vois, je vois. Mais sinon, est-ce que des fois, vous vendez des pokémons ? Car j’ai eu une mission où je devais en capturer dans les noigrumes mais après, je ne sais pas du tout ce qu’ils deviennent. C’est vous qui êtes responsables de cela ? »

Elle toussa un peu, semblant gênée par la question de l’adolescent alors que Katérina avait un regard mauvais dirigé en direction de la femme. Elle semblait comme irritée par quelque chose qu’il était difficile à expliquer.

« Et bien … Disons que c’est en partie nous qui nous occupons de cela. »

« D’accord, d’accord … Mais en même temps, vous faites du commerce avec n’importe qui ? Tant qu’il a de l’argent, c’est ça ? » demanda une nouvelle fois l’adolescent. Personne n’osait l’arrêter bien que des murmures se firent entendre autour de lui. Est-ce qu’il dérangeait ? Avec ses questions ? Pourtant, ce n’était qu’un simple renseignement.

« Disons que nous n’avons pas vraiment de politique concernant nos acheteurs. Nous ne vendons aux personnes que ce dont elles ont besoin. »

C’était évasif, très évasif même comme phrase. Pourtant, cela vint le satisfaire plus que tout. Il fit un petit sourire à la femme tout en la remerciant de lui avoir répondu. Même si cela n’avait pas été forcément très utile, il était au moins certain d’une chose : l’Antre des Artisans avait aussi un « mauvais côté ».

Mauvais côté ? Oui, c’était comme ça qu’il définissait les personnes de la Sainte Alliance qu’il avait pu voir y a quelques temps. Tout le monde n’était pas mauvais … mais un pan de l’organisation était pourri. C’est pour ça qu’il savait que Sélia n’était pas ainsi. Mais cela voulait dire que l’Enceinte avait un bon côté ? Du moins, dans sa logique … Après, il n’était pas vraiment sûr que ça soit une bonne logique.
Il revint s’asseoir auprès de Katérina, celle-ci ayant le sourire aux lèvres, comme amusée par ce qui venait de se passer. Elle trouvait cela drôle ? Pourtant, il n’avait rien fait de spécial. Du moins, à son goût. Après, comme à son habitude, il n’était pas très … vivace d’esprit.

« Tu as toujours le chic pour poser les questions qui dérangent, toi. » murmura Katérina.

« Hein ? Mais je n’ai rien dit de spécial … Je voulais juste en savoir un peu plus, c’est tout. »

« Ouais, ouais, comme d’habitude. Tu es pur et innocent, bien entendu. Vas vraiment falloir que je me méfies de toi … »

« Mais non ! Y a pas besoin de ça ! Sincèrement, je ne pensais pas à mal. »

Elle le savait parfaitement. Mais c’était drôle de le voir se compliquer la vie pour une chose aussi futile et simple. C’était plus que distrayant et amusant. Elle vint se coller contre lui alors que le charrette continuait son chemin. Normalement, le voyage allait prendre un ou deux jours. C’en était bientôt fini … Oui … Bientôt fini. Il allait finalement arriver dans le bâtiment de l’Enceinte. Et dire qu’il avait voyagé … BEAUCOUP voyagé.

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