Chapitre 72 : Mise en garde

ShiroiRyu
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Chapitre 72 : Mise en garde

« Hum ? Pourquoi un tel choix ? Car je ne pense pas que tu aies décidé une telle chose sans une quelconque réflexion. Tu semblais pourtant motivé à rester quand tu es venu ici pour me demander une mission. Ou alors, tu avais prévu cela après l’avoir reçue ? »

« Je ne peux pas vraiment vous l’expliquer … Je ne sais pas comment l’exprimer mais je pense que je préfère passer mon temps à côté d’une personne plutôt que de rester dans une organisation, qui, malgré tous vos efforts, ne m’accepte pas. Ce n’est rien contre vous mais je sais que peu à peu, les autres personnes continueront de m’en vouloir pour ma Stalgamin. »

« Pourquoi ne pas demander à cette adolescente de venir nous rejoindre ? Ainsi, la solution serait facilement réglée, non ? N’est-ce pas une meilleure idée ? Car là, tu vas te retrouver sans travail, comment comptes-tu vivre alors ? »

« Je ne pense pas me préoccuper de cela pour le moment. Mais j’ai d’autres questions avant de partir … si bien entendu, je le peux. Je parle des questions et aussi du fait de partir de l’organisation. » reprit l’adolescent, cherchant à s’exprimer correctement.

« Si tu t’inquiètes au sujet de ton départ, tu n’as pas à t’en faire. Je te donne l’autorisation de quitter l’Enceinte dès maintenant. Je pense qu’après tout ce que tu as fait, tu la mérites. »

Pfiou … Il était déjà soulagé sur un point mais maintenant, il y avait d’autres questions. Car oui … Il n’y avait pas que ça comme futurs problèmes. Il demanda :

« Est-ce que je vais me faire poursuivre par l’Enceinte ? Car je l’ai quittée ? Vous savez, du genre vous m’envoyez des assassins ou autres car personne ne quitte jamais l’Enceinte vivant. Enfin, c’est juste pour savoir. »

« Sérieusement, penses-tu que si c’était le cas, je te le dirai ? La surprise dans ce genre d’initiatives, c’est bel et bien que celui qui quitte l’organisation ne soit pas au courant non ? Mais non, il n’y aura pas de membres de l’Enceinte sur ton dos … sauf si bien entendu, tu vas rejoindre la Sainte Alliance pour donner quelques informations à notre sujet. Mais je ne pense pas que tu en connaisses beaucoup. »

« Euh … Sincèrement, on va dire que les autres ne se sont pas montrés trop coopératifs de ce côté. Mais oui, pour les assassins, c’est juste que comme on a essayé de me tuer ainsi que ma Stalgamin au beau milieu de l’Enceinte … Je préférai être sûr. »

« Ne penses-tu pas regretter ton choix ? Tu semblais très prometteur. Cela fait le troisième pokémon ténébreux ou spectral que tu abats et qui est capable de ramener la lumière dans ce monde. Je ne connais personne d’autre qui a fait un tel résultat. Même en plus de vingt ans, je n’ai jamais vu une telle chose. Généralement, il faut plusieurs dizaines de personnes pour réussir à abattre de tels pokémons. »

« J’ai quand même souvent été aidé, c’est pourquoi j’ai réussi à m’en sortir. » rectifia l’adolescent, peu enclin à recevoir des compliments.

« Cela ne change en rien ce que vous avez réussi à accomplir tous les deux. Hum … Je pense que tu te feras un grand nom, sans que tu sois dans l’Enceinte. »

Un grand nom ? Une célébrité quoi ? Il n’était pas sûr que c’était vraiment ce qu’il voulait. En fait, ça ne lui avait même pas traversé l’esprit. La seule chose qui le préoccupait réellement, c’était plutôt d’aller annoncer la nouvelle à Katérina. Mais l’homme ne semblait pas vouloir le laisser partir, lui disant avec calme :

« La Sainte Alliance … Je te conseille de te méfier d’elle. »

« Ne vous en faites pas, j’ai déjà pu voir ce qu’ils étaient capables de faire à des pokémons ténébreux innocents, j’ai déjà eu ma réponse de ce côté. »

« Hum … Ce n’est qu’une partie de la vérité. La Sainte Alliance est bien plus forte qu’on ne le croit. Tout son équipement, son armada, tout cela a bien une origine. Je te conseille de te méfier de chacun de ses membres, tu ne peux pas leur faire confiance. »

« C’est pour cela que vous m’avez envoyé les espionner ? » demanda l’adolescent avec neutralité tandis que l’homme hochait la tête positivement.

« On ne peut jamais savoir ce qu’ils prévoient de faire. C’est donc une simple mesure de sécurité pour être sûr qu’ils ne trament rien de mauvais. D’ailleurs, ils sont déjà partis … »

Hum ? Le ton avait un peu changé comme teinté de mélancolie. L’adolescent cligna des yeux, un peu étonné mais ne proféra aucune parole. Sélia était donc partie, c’est bien ça ? Ah … Il aurait quand même aimé … Ah non. Il valait mieux qu’elle ne sache rien de sa décision, surtout de la raison qui l’avait poussé à faire ça.

« Je tente une dernière fois : est-ce que tu comptes réellement quitter l’Enceinte ? »

« Je pense qu’il vaut mieux pour moi … Par contre, je voulais vous demander : est-ce que les Doctes sont considérés comme des monstres ? Du moins, sont maléfiques ? J’en ai entendu brièvement parler mais je ne sais rien d’eux. »

« Les Doctes … Hum … Je vois la raison qui te pousse à poser une telle question et je peux t’y répondre. Les Doctes, dans la grande majorité, sont des personnes avec une grande empathie. C’est pourquoi elles arrivent à se lier plus facilement aux pokémons spectres et ténébreux que les autres. Certaines profitent néanmoins de cette empathie pour obtenir leurs pouvoirs et les utiliser à mauvais escient … ce qui perverti alors le spectre ou le pokémon ténébreux. C’est pourquoi la majorité des Doctes ne sont pas appréciés. »

« Je vois … Je vois … Merci beaucoup de cette réponse mais surtout de me laisser partir. »

« Si tu m’as posé une telle question, c’est bel et bien que tu espères en devenir un ? Tu l’es déjà en partie avec l’arme que tu possèdes … puisque l’être à l’intérieur ne semble pas vouloir te posséder ou alors « brisé » comme les nôtres. De même, ta Stalgamin est la preuve que tu es en bonne voie pour devenir un futur Docte. Ce n’est pas une mauvaise chose … même s’il faut toujours se méfier des spectres ou créatures ténébreuses que l’on rencontre … comme des humains. » murmura l’homme aux cheveux rubis.

« Je penses que je vais m’en aller maintenant. Contrairement aux autres personnes de l’Enceinte, ça a été un plaisir de vous connaître. »

L’homme fit un petit geste de la main pour lui dire de se retirer sans pour autant lui répondre. Il le laissait partir alors qu’il s’en aille avant qu’il ne regrette sa décision. L’adolescent s’inclina poliment devant lui, quittant la pièce puis le bâtiment. Où se trouvait donc Katérina ? Il avait une bonne nouvelle à lui annoncer.

« Ou alors … Je peux peut-être jouer avec elle à ce sujet ? »

Hahaha ! Ça serait une bonne idée mais il valait mieux se méfier de la réaction de Katérina. On ne savait jamais comment elle pouvait … se comporter. AH ! Mais elle n’était pas là ? Où est-ce qu’elle se trouvait ? Il ne la voyait pas du tout ! Maintenant, il était plus qu’anxieux. Beaucoup plus même.
Il déglutit, se dirigeant à toute allure vers le dortoir. Il espérait qu’elle était là ! Elle ne serait quand même pas partie sans lui dire au revoir non ? Enfin, ça irait bien avec son comportement mais quand même ! Il n’avait pas envie d’une telle chose ! Ça ne se faisait pas du tout ! Il n’avait pas du tout envie de ça ! NON NON ET NON !

« Katérina ! Katérina ! Dis-moi pas que tu es partie ! » cria-t-il alors qu’il pénétrait dans la chambre avec vivacité. L’adolescente était là, couchée sur le lit, sur le dos.

« Putain … Tu peux arrêter d’hurler des conneries de la sorte ? Si je n’étais pas là, je t’aurai répondu comment ? Tu gueules pour rien ? Cries APRES que tu m’aies vue ! C’est compris ? Putain, on ne peut pas te laisser en liberté ou seul en fait. »

« Je sais bien … Mais j’avais peur que tu sois déjà plus là. » marmonna l’adolescent sur un ton légèrement triste alors qu’elle ne bougeait pas du lit.

« Je ne suis pas une lâche, je vais pas me barrer sans avoir vu les grosses larmes qui s’écoulent de tes joues parce que tu ne veux pas que je m’en aille. T’étais déjà presque en pleurs en croyant que je n’étais plus là. »

« Peut-être pas en pleurs mais j’avais vraiment peur. »

Hum ? Le ton de Kéran était un peu différent. Il vint s’asseoir sur le lit, à côté d’elle tandis qu’elle ne bougeait pas de sa position. Elle lui tourna le dos, lui montrant par là une magnifique vue de son postérieur en partie visible.

« Et peur de quoi ? Qu’est-ce que t’en as à foutre que je ne sois pas là hein ? Faut arrêter de venir te frotter à ma jambe comme le ferait un Ponchien. »

« Non, non ! Encore une fois, tu te trompes, il n’est pas question de ça. Pas du tout même, Katérina. C’est juste que j’en avais pas envie … Car bon, j’ai finalement signalé la réussite de la mission au chef de l’Enceinte. »

« Ben bravo, il t’a félicité, tout ça ? Il t’a dit brave garçon et tu recommenceras la même chose plus tard ? De toute façon, y avait pas besoin de le prévenir. S’il est le chef, c’est qu’il doit être moins con que la moyenne non ? »

« Je ne sais pas du tout, Katérina. Pas du tout même. »

Katérina … Elle était si proche de lui mais est-ce qu’il devait le lui dire dès maintenant ? Il ne savait pas comment le lui annoncer ? Qu’il voulait continuer l’aventure avec elle. Il n’était pas forcément intelligent, beau, fort … Enfin, il n’avait rien de spécial.

« Bon … Je me tape une petite sieste encore une fois puis ensuite, je me barre. »

« Comme tu veux, je peux m’installer à côté ? Je suis moi-même un peu fatigué et donc … »

« Non mais pour qui est-ce que tu te prends ? Dormir avec moi ? Et puis quoi encore ? Bien parce que c’est ton lit que je te laisse faire ça. » répondit-elle avec une petite voix agacée.
L’adolescente se recula dans le lit, s’y enfonçant un peu plus profondément avant de s’engouffrer dans les couettes. Ils étaient en pleine journée et Kéran vint tirer les rideaux pour empêcher les rayons du soleil de venir trop éclairer la pièce. Même s’il était présent, il pouvait être un peu trop gênant pour une telle occasion.
Il s’engouffra dans le lit à côté d’elle, observant le dos de l’adolescente. Ah … Vraiment … Quand même … Elle n’avait pas froid dans cette tenue ? Il mit correctement la couverture sur les épaules de Katérina, celle-ci ne le remerciant guère. Il ne pouvait pas voir son visage neutre et impassible bien qu’un voile s’était formé devant ses yeux dorés. Elle les referma sans un mot, cherchant le sommeil sans réussir à s’avouer qu’elle retardait l’inéluctable entre eux deux. Elle n’était … pas motivée.

« Bon sommeil, Katérina. Je préfère dire ça au milieu de la journée. »

Elle s’était déjà endormie, marmonnant un peu sans que pour autant cela soit compréhensible. Avec lenteur, il se rapprocha un peu d’elle, venant coller son dos contre le sien. Au réveil, il lui dirait alors la bonne nouvelle .Enfin, si elle la considérait de la sorte.
Trois heures plus tard, ce fut elle qui se réveilla en première, s’étant retournée pendant son sommeil. Elle observa ses mains posées sur le dos de Kéran, les retirant aussitôt. Qu’est-ce qu’elle devait faire ? Partir maintenant comme une lâche ? Ce n’était pas de son genre. Mais ensuite, est-ce que c’était pour le mieux, ce qu’elle faisait ? Elle n’en était pas convaincue. Elle ne savait pas si tout cela était bon … ou non. Elle était plutôt perdue même.

Pourtant, il fallait prendre une décision. Ses mains glissèrent le long du dos de Kéran avant de se retirer. Elle se redressa dans le lit, s’apprêtant à en sortir avant que Kéran ne se retourne, posant son regard à moitié ouvert sur elle.

« Si tu comptes partir … Il faut que l’on parle, Katérina. Tous les deux. »

« Ouais … Ouais … Je t’attends en bas. Tu connais le chemin. » souffla-t-elle tandis qu’il se relevait. Non … Pas besoin de l’attendre en bas.
Il prit toutes ses affaires devant le regard incrédule de l’adolescente. Qu’est-ce qu’il était en train de faire là ? Il lui murmura de bien vouloir partir de la chambre alors qu’il faisait de même. Il referma la pièce à clef, descendant avec Katérina. A l’accueil, il rendit la clé, se dirigeant dehors avant qu’elle ne pose une main sur son épaule, le forçant à se retourner. Un peu colérique car elle ne comprenait pas, elle demanda a :

« Je peux savoir ce que tu fous ? Tu vas encore déménager et marcher pendant six cents kilomètres ou je ne sais combien de jours ? »

« Pas vraiment … Pas du tout ça en fait. Katérina … Enfin, ça dépend de toi, j’ai quelque chose à t’annoncer. » murmura l’adolescent.

« Vas-y, balance la sauce avant qu’il ne soit trop tard. Qu’est-ce que tu vas encore me raconter comme connerie ? Ça ne doit pas dater d’aujourd’hui, je parie. »

« Ben en fait … En quelque sorte, si. C’est le cas … Ce que j’ai eu comme idée, ça date d’aujourd’hui. Mais ça dépend de comment tu vas la prendre. » bredouilla Kéran.

« Balance la sauce au lieu de tourner en rond ! » s’écria-t-elle.

« J’ai quitté l’Enceinte aux Esclaves. Le chef a accepté ma démission après ce que j’ai fait. Voilà … Je tenais à te le dire. Et comme ça, il n’y a plus rien qui m’empêche … de … »

« Attends, attends, un petit peu, j’ai cru mal entendre. T’as quitté l’Enceinte ? »

Elle répéta les paroles de Kéran tandis que l’adolescent hochait la tête en rougissant. Elle ne lui avait pas laissé terminer son petit discours. Elle se donna une violente claque sur le front alors qu’il soufflait dans un murmure :

« J’aimerai bien continuer à voyager avec toi … si tu en as envie. »

« Et si j’en ai pas envie moi ? T’y as pensé ? Je parie que non ! T’es du genre à ne pas réfléchir aux conséquences de tes actes ! Et si je décidais de refuser ? Tu vas faire comment ? Tu devras te débrouiller tout seul, je te signale. »

Ah … Oui. C’est vrai. Sur le coup, il n’y avait pas pensé. AH NON ! Si elle refusait, il ne savait pas ce qu’il …

« Et merde. Maintenant, je vais me sentir responsable de ta mort, enfin, c’est ce que je voulais depuis le départ mais quand même … Fais chier. Bon ! Maintenant, c’est moi ta cheffe, c’est compris ? Alors, tu ne bronches pas et tu obéis à ce que je dis. »

« D’accord ! Merci beaucoup, Katérina ! Je suis sûr que ça va être super entre nous deux. » répondit l’adolescent avec un grand éclat de rire.

« Ouais, ouais … Vraiment, y a que toi pour avoir des idées aussi tordues que de suivre une inconnue alors que tu avais un boulot pas mauvais dans les bras. Surtout que dorénavant, ça va être dormir à la belle étoile toutes ces choses. Je suis sûre que tu vas pas tenir une année comme ça. Après, tu voudras rentrer chez toi. »

Hum ? Il n’en était pas aussi sûr qu’elle ! Il était motivé à bloc. Pourtant, il entendit le long soupir de Katérina. Ca la dérangeait tant que ça qu’il l’accompagne ? Si c’était le cas, il allait faire de son mieux pour changer l’opinion de la demoiselle envers lui. Il ne remarqua pas lorsqu’elle lui tourna le dos qu’elle était en train de sourire très faiblement. Maintenant, ils pouvaient commencer une nouvelle partie de leur histoire.

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