Chapitre 81 : Aller bien, aller mal

ShiroiRyu
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Chapitre 81 : Aller bien, aller mal

« Lili ? Lala ? Est-ce que vous m’entendez ? »

« Oui madame Sarène, nous vous entendons toutes les deux. » annoncèrent les deux petites créatures alors qu’elles s’adressaient toutes en dans le langage des pokémons pour passer inaperçues aux yeux des humains.

« Alors … Je vous répète ce que nous allons faire. Nous allons tous nous réunir et éviter de nous faire remarquer par les hommes. Là-bas, nous allons chercher des informations sur Kéran. A partir de là, nous essayerons alors de nous rendre là où il se trouve. »

« Madame Sarène, comment est-ce que nous allons nous rendre là où monsieur Kéran se trouve ? Il est si gentil, il est peut-être en danger non ? » demanda Lili d’une voix un peu inquiète tandis que Sarène hochait la tête négativement.

« C’est très simple : nous avons des pouvoirs psychiques grâce à vous. C’est pourquoi il ne faudra pas avoir peur de se téléporter et de marcher longuement. De même, si nous pouvons lire dans les mémoires des différentes personnes, nous trouverons plus facilement des informations à ce sujet. » répondit la Stalgamin.

« Madame Sarène, comment est-ce que vous savez tout ça ? Vous êtes drôlement douée ! »

« Hahaha … Malheureusement, les enfants, je ne peux pas vous le dire. Vous êtes encore beaucoup trop jeunes pour cela. Peut-être qu’un jour, lorsque vous évoluerez, je vous le signalerai alors. » murmura avec douceur la Stalgamin.

« Mais, mais mais … S’il vous plaît. » bredouilla la Scrutella, regardant la Stalgamin avec un peu d’appréhension.

« Malheureusement, non. Mais sachez que Kéran ne doit pas être au courant que je puisse parler de la sorte aussitôt. Non … Kéran ne doit jamais apprendre cela. Sauf si bien entendu, c’est moi qui le lui révèle. Est-ce que je peux vous faire confiance toutes les deux ? » demanda avec calme la petite créature conique.

« Je ne sais pas … Je ne voudrai pas mentir à monsieur Kéran. Il est vraiment très gentil. »

« Et puis … Il faudrait déjà que l’on retrouve monsieur Kéran. Snif … » bafouilla la petite Tarsal, sanglotant un peu pour bien montrer qu’elle était triste de ne plus retrouver l’adolescent. Contrairement aux apparences, elle semblait plus qu’attachée aux personnes qui étaient proches d’elle, que ça soit sa sœur ou tout simplement son dresseur ou la Stalgamin. Celle-ci posa ses petites pattes sur la Tarsal, murmurant :

« Tu n’as pas à t’inquiéter, ne t’en fait donc pas. Je suis sûre que Kran va très bien se débrouiller même s’il est seul. Il voulait juste éviter que nous soyons en danger car il a commis une bêtise mais ce n’est pas grave. D’ailleurs, nous devrions essayer aussi de trouver cette adolescente nommée Katérina. Je pense qu’elle pourrait nous aider grandement à le retrouver même si … cela est bizarre qu’elle ne soit plus avec lui. »

« Peut-être qu’ils se sont disputés ? Est-ce que nous nous sommes disputés avec monsieur Kéran ? Et alors, il voulait peut-être plus de nous ? » demanda Lala., plus qu’inquiète elle aussi par la suite des évènements.
Pour des pokémons psychiques, les deux petites créatures étaient vraiment désemparées, n’est-ce pas ? La Stalgamin vint néanmoins sourire, amusée et attendrie avant de dire :

« Je suis sûre que Kéran pensait beaucoup plus à nous que vous ne le croyez. Sinon, pourquoi nous aurait-il envoyées ici ? Tout simplement pour que nous soyons en sécurité. Kéran n’est pas un adolescent qui ne pense pas à ses pokémons, loin de là. Maintenant, veuillez me suivre et si vous sentez que nous sommes en danger, n’hésitez pas à nous téléporter. »

« D’accord, madame Sarène. Nous vous suivons. »

« Alors donnez-moi vos pattes, les enfants. Nous nous dirigeons en ville maintenant. Et faites attention à ne pas perdre les trois noigrumes. »

Les deux petites créatures psychiques tendirent leurs mains, Sarène venant les récupérer en leur faisant un grand sourire. Les trois pokémons pénétrèrent en ville, quelques têtes se tournant vers elles avant de les ignorer. Si elles avaient des noigrumes, c’est bien qu’elles appartenaient déjà à quelqu’un, n’est-ce pas ? Sarène murmura aux deux pokémons psychiques de commencer à étudier les pensées des différentes personnes mais surtout de celles qui paraissaient louches et suspicieuses. C’était beaucoup de travail mais cela était parfaitement normal. Pendant des minutes, alors qu’elles vagabondaient les ruelles comme les trois petites demoiselles qu’elles étaient, les deux pokémons psychiques utilisaient leurs pouvoirs psychiques pour lire les pensées des personnes autour d’elles.

« Y a certains monsieur qui parlent d’aller une personne qui n’est pas leurs femmes. Puis y a aussi des dames qui parlent d’aller s’habiller moins car elles veulent être plus belles. Et y a aussi des personnes qui veulent se rendre dans des endroits bizarres. »

« Des endroits bizarres, Lili ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu peux répéter exactement ce que ces personnes disaient ? Enfin, pensaient ? » questionna la Stalgamin alors que les trois créatures se trouvaient dans une ruelle isolée.

« Ben … C’était une personne plutôt très bien habillée et qui avait beaucoup d’argent. Elle pensait qu’elle voulait aller le dépenser dans un endroit bizarre et très loin de la ville. »

« Est-ce que tu sais autre chose ? Comme le nom de cet endroit ? Tu sais où travaillait cette personne ? » questionna une nouvelle fois la Stalgamin, semblant peu réticente à secouer la Tarsal qui avait eu la bonne idée d’écouter la personne qu’il fallait.

« Ben ben ben … Je ne sais pas comment dire … Mais il faisait partie d’un Marché ou quelque chose du genre ! Je ne sais pas madame Sarène ! Je suis vraiment désolée ! » s’écria la Tarsal avant de sangloter.

« Non non … Tu n’as pas besoin de t’excuser. Le Marché de la Mort … Il fallait bien s’en douter avec l’endroit où Kéran a atterrit. Bon, même si il n’y a que peu de chances, nous allons devoir nous rendre dans l’un de ces endroits mais il va falloir que nous soyons très discrètes les filles. D’ailleurs, il faudrait même que nous fassions quelques tests avant. »

Quelques tests ? Mais pour cela, il fallait d’abord quitter la ville. Emmenant les deux créatures psychiques avec elle, elle demanda à ce que Lili et Lala tentent de créer des reflets d’elles-mêmes mais aussi de créer des illusions.
Contrairement à ce qu’avait pensé la Stalgamin, les deux pokémons y arrivèrent sans aucune difficulté, signe qu’elles étaient bien plus puissantes que la normal. Les trois pokémons attendirent que les minutes passent jusqu’à retrouver l’homme dont parlait la Tarsal. Suivant celui-ci en se téléportant d’arbre en arbre, de pierre en pierre voir même en lévitant au-dessus du sol, elles arrivèrent jusqu’à un bâtiment de petite taille.

« Et bien qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda l’homme en remarquant les nombreux gardes devant l’entrée.

« Une simple mesure de sécurité. Y a quelques temps, un fou a fait un véritable massacre dans l’une de nos « réserves » donc on préfère sécuriser le tout. Mais comme vous êtes quelqu’un que l’on connait depuis déjà pas mal de temps, vous pouvez passer. » signala l’un des gardes, laissant l’accès à l’homme qui semblait quand même plus qu’étonné.

Un fou ? Un véritable massacre ? Les trois pokémons se regardèrent entre elles. Ça ne correspondait pas à la description de Kéran car l’adolescent n’était pas comme ça mais en même temps, bizarrement, les trois pokémons sentirent que c’était bien de lui dont on parlait.

« Monsieur Kéran a fait vraiment tout ça, madame Sarène ? » demanda Lili.

« Je ne sais pas … mais vue le caractère de Kéran, ce n’est pas impossible. Néanmoins, sachez qu’il a fait surement cela pour une bonne raison … et connaissant le Marché de la Mort, je peux vous promettre que Kéran a fait cela car il sentait que c’était nécessaire. »

« Vous savez tellement de choses, madame Sarène. » répondit Lala avec émerveillement.

« Disons plutôt qu’avant de vivre, j’ai vécu … » chuchota avec tendresse la créature conique aux yeux bleus, amusée par les paroles de Lala.

« Je ne comprends pas vraiment ce que vous dites … mais maintenant, comment est-ce que l’on fait pour rentrer, madame Sarène ? »

« Hum … Bonne question. On regarder autour du bâtiment, il y a peut-être d’autres entrées, les filles. Suivez-moi et surtout, soyez discrètes. Si vous faites un petit peu de bruit, n’hésitez pas à vous téléporter quelques mètres plus loin … bien entendu en m’emmenant avec vous hein ? Car je ne peux pas faire pareil. »

« Hihihi ! Bien entendu, madame Sarène, nous ne sommes pas bêtes. » répondit la Scrutella en rigolant faiblement après les paroles de la Stalgamin. »

« Alors si tel est le cas … Continuons notre exploration pour retrouver Kéran ! » annonça la Stalgamin avec joie, rapidement rejointe par les deux pokémons psychiques.

« On va trouver monsieur Kéran et il nous prendra dans ses bras ! » termina de dire la Tarsal, bien plus heureuse maintenant. Il suffisait de peu pour contenter une pokémon.

Dans un autre endroit, c’était beaucoup moins joyeux. L’adolescent était torse nu, enchaîné aux pieds et aux bras alors que l’épée se trouvait à ses côtés. Sur son torse, de nombreuses entailles étaient présentes, laissant paraître un peu de pu alors que d’autres semblaient crasseuses et prêtes à s’ensanglanter une nouvelle fois.

« Même après une semaine, tu ne veux toujours pas comprendre, n’est-ce pas ? »

C’était un homme qui s’adressait à lui, entouré par d’autres. L’adolescent aux cheveux blancs posa son regard bleu, remarquant les auras noires qui les entouraient. Ils étaient possédés … ou leurs équipements étaient possédés.

« Et je peux toujours le répéter si c’est vous qui ne voyez pas de quoi je veux parler. Je continuerai à m’enfuir, que ça vous plaise ou non. »

« Et tu penses quoi ? Que tu vas obtenir ta liberté plus haut ? Tu es emprisonné, les arènes sont de véritables forteresses et tu ne pourras pas t’échapper tout seul ! Tu n’as pas remarqué que ton arme est étrangement calme depuis quelques temps ? C’est car elle a compris que ça ne sert à rien d’essayer de t’enfuir. »

« Mon arme … Swar, c’est vrai qu’elle est calme mais elle a toujours une bonne raison d’agir de la sorte. A force, je commence à mieux la connaître que vous je crois. »

Il leur fit un petit sourire vaniteux pour bien leur montrer qu’il ne les craignait pas. Il avait décidé de s’enfuir de nombreuses, très souvent même. Un peu trop souvent … Quand il avait fini de combattre, quand il voyait un rocher trop près des gradins. Peu à peu, une réputation s’était forgée autour de lui.

Une réputation dont il se serait bien passé puisqu’elle consistait tout simplement en des titres qui vantaient ses nombreuses tentatives. En fait, il avait l’impression de se donner en spectacle pour eux mais ça ne changeait rien. Il les détestait, il détestait toutes ces personnes, tous ces hommes et ces femmes qui n’avaient aucune honte à regarder de telles scènes chaque jour, chaque heure. Et en même temps …
En même temps, il avait aussi dû combattre d’autres personnes. Des personnes, qui, au départ, semblaient aussi perdues que lui mais qui dans le fond ne pensaient qu’à gagner. Certaines personnes adoraient ces combats et n’hésitaient pas à être ici de leur plein gré. C’était tout simplement aberrant … mais c’était la réalité de ce monde.

« Et alors ? T’as perdu ta langue ? On dirait que tu ne sais plus quoi dire maintenant que tu es seul. Ne t’en fait pas, on va bien s’occuper de toi. Sortez-moi donc l’un de ces fameux fouets des Florizarre, normalement, l’un d’entre eux est tellement tâché de sang que l’on sait qu’il a été utilisé contre ce gamin. »

L’un des hommes auréolés de noir s’éloigna, revenant quelques instants avec un fouet épais de couleur verte. Sur tout son long, de nombreuses épines comme celles des roses étaient présentes, prêtes à faire leur travail.

« Tu t’y es habitué n’est-ce pas ? Il paraîtrait que tu ne cries même plus de douleur. Mais c’est tellement appréciable de voir ton corps être mutilé peu à peu sur la majeure partie. Hahaha ! Tu sais ce qui est le plus drôle dans ce que je dis ? C’est de te voir t’affaiblir de jour en jour … Les gens ne sont pas stupides, ils remarquent que tu t’acharnes à survivre alors que tu es de plus en plus faible. »

Il ne répondit pas, l’ignorant superbement alors que tout de suite, le fouet claquant contre sa peau, venant rouvrir une plaie qui avait été présente depuis déjà quelques temps. Puis un second claquement, puis un troisième, et un quatrième.
Les claquements continuèrent pendant plusieurs minutes alors que les hommes restaient là, à observer celui qui faisait subir ce traitement à Kéran. L’adolescent serrait tout simplement les dents, l’épée restant inerte, ne semblant plus réagir.
Puis les chaînes furent retirées, l’adolescent s’écroulant au sol alors que d’autres claquements se firent sentir sur son dos qui n’avait pas subi autant de coups que le torse. Les hommes partirent les uns après les autres, laissant seul l’adolescent qui restait couché au sol, comme mort. Pourtant, il respirait bien, même un peu trop fort.

« Kéran … Est-ce que tu as appris ? »

« Que ce monde est … pourri jusqu’à la moelle ? » souffla l’adolescent à Swar. « Je crois que mon corps a très bien cerné cela. »

« … … … Il faut arrêter d’être gentil, Kéran. Tu pourrais l’être … mais pas avec tout le monde. Ce n’est pas de la gentillesse, juste de la stupidité. Ce n’est pas de la candeur, simplement de l’imbécilité. Les hommes comme les pokémons ne sont pas forcément mauvais par nature mais ils ne sont pas forcément bons non plus. Beaucoup n’hésitent pas à faire des choses horribles et absurdes pour des raisons seulement compréhensibles par eux. »

« … … … Peut-être, Swar. Peut-être, Swar. Je suis désolé mais je suis un peu fatigué, par contre, Swar. J’ai vraiment besoin de me reposer. »

« Dors donc … Je vais te plonger dans le sommeil … mais avant, essaie de prendre une position plus convenable. Ramène-toi sur la planche, tu ne peux pas dormir sur le sol avec ces nouvelles plaies. »

Le ton employé avait été neutre, du moins, aux oreilles de n’importe qui mais pas celles de l’adolescent. Il fit un petit sourire, se redressant faiblement avant de s’étaler de tout son long sur une planche de bois soutenue par des chaînes. C’était là l’unique lit qu’il possédait depuis une semaine. Il respira bruyamment, chuchotant :

« Voilà Swar … Tu peux m’endormir si tu veux … »

« Dors Kéran, dors. » répondit l’épée avant que l’adolescent ne s’assoupisse, un petit sourire aux lèvres. Seule sa respiration se fit entendre dans le cachot.

… … … Cela faisait une semaine qu’il n’avait pas réagi. Cela faisait une semaine qu’il avait laissé passer cela. Cela faisait une semaine qu’il voyait l’adolescent se faire consumer à petit feu. Cela faisait une semaine … que l’adolescent n’avait pas posé de questions. Cela faisait une semaine qu’il lui faisait confiance, qu’il ne lui demandait pas pourquoi il ne réagissait pas. Maintenant … Maintenant … Elle était à ses limites.

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