Chapitre 111 : Montée en grade

ShiroiRyu
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Chapitre 111 : Montée en grade

« … … … Elle me chevauche. »

Il avait dit cela avec neutralité alors qu’il était couché dans sa tente. Il fallait dire qu’ils étaient en pleine nuit et que le feu ne crépitait plus. Cela permettait d’éviter de se faire repérer en pleine nuit, rien de plus, rien de moins. Alors bon … Même si Katérina avait son propre sac de couchage, chaque nuit, elle venait se réfugier auprès de lui. La dernière en date était la nuit actuelle. Katérina était réellement couchée sur lui, ses lèvres au niveau de son cou, le jeune homme tremblant à chaque souffle chaud qui venait caresser son cou.

Pourquoi est-ce qu’elle était toujours ainsi sur lui ? Pourquoi est-ce qu’à chaque fois, elle finissait auprès de lui ? Ce n’était pas déplaisant, loin de là, il appréciait même grandement. Ah ! Par contre, quelque chose le dérangeait à moitié. Avec lenteur, alors qu’il caressait les cheveux de Katérina, il demanda d’une voix faible :

« Dumasch … Est-ce que tu dors ou non ? C’est une question qui a une certaine importance. »

« Penses-tu vraiment que les créatures comme moi dorment ? Pose-donc ta question, je sens qu’elle te brûle la langue mais que tu n’oses guère la dire. »

« Est-ce que … tu vois tout ce que Katérina voit ? Est-ce que tu entends tout ce que Katérina entend ? Je veux dire … Est-ce qu’elle a encore une vie privée à cause de toi ? »

« Je me demande où tu as été cherché une telle question. En quoi cela t’intéresse-t-il ? »

« C’est juste pour savoir … Si elle n’a aucune vie privée, tu donnes plus l’impression d’être un voyeur qu’autre chose. Bref, tu ne peux pas partir de son corps quelques instants ? »

« Oh ? Tu as quelque chose à lui dire de personnel ? Ou plutôt, quelque chose à lui faire de personnel ? Je dérange tant que ça pour que tu ne puisses pas le dire ou le faire quand je suis présent ? Pourtant, tu vas devoir t’y faire car je ne compte pas quitter son corps avant très longtemps. C’est bien triste, je le sais mais ainsi va la vie. »

« Je n’ai rien à cacher. Rien du tout même. De toute façon, ça se lit parfaitement sur mon visage et dans mes gestes. » déclara Kéran.

« Et donc … Au sujet de ton corps, il semblerait que ton amie Loa avait la langue un peu trop bien pendue. Elle nous a parlé de quelque chose. Que s’est-il passé pendant ce laps de temps entre le moment où tu as pu voir la petite « surprise » de Katérina et celui où tu as réussi à la retrouver. Le changement a été radical. »

« Je ne vois pas en quoi cela te concerne. Je le dirai le moment venu … Mais pour l’heure, je n’ai pas besoin d’en parler, pas du tout même. »

« Hahaha ! Peut-être que je devrai manipuler Katérina comme un pantin et te faire du charme ? Je suis sûr que tu serais plus enclin à parler si elle s’amusait à rendre ivre de plaisir chaque parcelle et particule de ton corps. Tu es déjà si excité quand elle est à peine à côté de toi. Ça serait un jeu d’enfant que de pouvoir se distraire avec vous deux. Qu’en penses-tu ? Je pourrais te livrer ce corps pour des plaisirs charnels si tu le désires. »

« Et je désire surtout qu’elle soit celle qui manipule son corps. Pour de telles choses, je préfère encore que l’autre personne soit consciente de ses actes ! »

« Hahaha ! De bien belles paroles mais que diras-tu au moment où il faudra « fusionner » avec elle ? Je pense que tu n’es pas stupide et que tu connais l’histoire de la petite graine, n’est-ce pas ? Mais qui va la planter dans qui ? J’espère que tu aimes les plaisirs sodomites avec elle, hahaha ! » s’exclama la voix en Katérina.

« Ta gueule. » répondit sèchement Kéran, peu habitué à insulter ou à parler de la sorte.

Il avait essayé de discuter avec cet être mais ça ne servait à rien. Le pire est que maintenant, il ne savait pas quoi faire ou comment réagir avec Katérina. En même temps, comme il avait tout le temps Swar avec lui, ça ne devait pas le déranger plus que ça.

« Swar est toujours là, ça ne m’empêche pas de faire comme si elle n’existait pas … Je devrai faire pareil avec Dumasch, ça serait plus simple. Ce qui n’a pas de forme n’existe pas. »

« Kéran ? Qu’est-ce que tu racontes encore ? » marmonna Katérina, ouvrant faiblement ses yeux. Les pupilles étaient rouges, la jeune femme le fixant longuement.

« Oh ? Désolé, je t’ai réveillée. Tu sais que tu t’es encore endormie sur moi ? Pour pas changer ? Je suis si doux que ça ? »

« Pas vraiment mais … C’est bizarre, j’ai quand même plus chaud quand je te vois d’aussi près, Kéran. » murmura la jeune femme aux cheveux argentés. Les doigts de Katérina vinrent caresser les lèvres de Kéran, celui-ci rougissant faiblement.

« Euh … Avec le fait que tu te sois endormie sur moi, que nous étions deux dans le même sac de couchage et donc très serré, je … »

« Chut … Tais-toi, Kéran. Tu sais, j’ai vraiment pu entendre tout ce que tu disais avec Dumasch et je crois que … Je peux bien faire ça. »

Qu’est-ce qu’elle pouvait bien … HEIN ? Elle rapprochait ses lèvres des siennes mais subitement, il la repoussa. Il s’exclama avec rage :

« DUMASCH ! Espèce de … Non, je préfère ne rien dire, tu ne le mérites pas ! »

Mais il allait le penser bien fort ! Cet enfoiré avait manipulé Katérina pour qu’elle fasse ça ! Il avait failli tomber dans le piège ! Ayant poussé Katérina sur le côté, il se releva avant de quitter la tente, légèrement en colère à cause de la situation.

« Je pensais l’embrasser sur la joue … mais c’était peut-être trop arriviste de ma part. Je crois qu’au final, il n’est toujours pas prêt à m’accepter comme je … Attends un peu ! DUMASCH ! CONNARD ! Pourquoi est-ce qu’il a dit ton nom ? »

« Oh ? Je ne sais pas du tout, je dois te l’avouer. Il y a surement une raison obscure mais je n’arrive pas à voir laquelle, j’en suis vraiment désolé, Katérina. » déclara la voix au fond d’elle avant d’éclater de rire, Katérina poussant un cri de colère. Il était responsable mais de quoi ? Elle ne pouvait pas le savoir s’il ne parlait pas !

RAH ! Ca la foutait en boule ! Elle sortit de la tente, cherchant Kéran qui n’était plus dans la grotte. Où est-ce qu’il était passé cet enfoiré ! Ils allaient discuter tous les deux ! Qu’il ne l’insulte pas de Dumasch alors qu’elle avait voulu être sympa quelques instants ! Voilà comment elle était remerciée ! Comme une chienne !

« KERAN ! Bordel ! Si tu es dehors, je vais t’attraper, te sauter dessus et t’émasculer ! » hurla la jeune femme aux cheveux argentés avant de sauter du plateau sur lequel se trouvait la grotte, partant à la recherche de Kéran.

« Hum … Ils en font beaucoup … du bruit. » murmura faiblement Loa dans la seconde tente.

« Ils ne sont pas parmi les plus discrets, oui. »

« Ah … Tu es aussi réveillé, on dirait bien. Tu as bien dormi, Harno ? »

« Disons que j’ai eu des réveils un peu moins mouvementés mais sinon, le sommeil ne m’a pas dérangé. » déclara le Mélancolux. Loa passa doucement sa main sur la créature, la caressant avec affection avant de se lever à son tour.

« Tant mieux alors, Harno. C’est une nouvelle journée qui commence. Accompagnons donc Kéran et Katérina qui se sont encore disputés. Vraiment … » soupira Loa bien qu’elle rigolait intérieurement. Elle était amusée par la situation.

Dans un bâtiment de la Sainte Alliance, Sélia regardait les différents soldats en face d’elle. La jeune femme les fixait les uns après les autres, ses yeux rubis semblant les étudier avec insistance. Puis finalement, sa lame s’enfonça dans le corps de l’un d’entre eux, tous les soldats poussant un cri de surprise.

« Qu’est-ce que … Mademoiselle Sélia ? Vous êtes folle ?! »

« Un spectre en moins. » murmura calmement la jeune femme aux cheveux bleus, regardant l’autre soldat qui avait pris la parole. Aussitôt, elle traça une ligne horizontale au niveau du crâne de celui-ci, le tuant à son tour.
Les autres soldats commencèrent à reculer mais elle ne fit plus rien. Les deux soldats morts commencèrent à émettre une aura noire avant que deux pokémons spectres n’apparaissent à leur tour. Sélia soupira, murmurant doucement :

« Le ménage a été fait dans cette section. Dorénavant, vous pouvez disposer. Prévenez juste votre chef qu’il n’y a plus rien à craindre pour le moment. Tous les effectifs sont purifiés. »

« Purifiés … Purifiés … Mais il y a surement d’autres méthodes ! »

Pourtant, nul ne vint réellement la contredire. Il fallait avouer qu’elle avait été d’une efficacité exemplaire. Nulle faute commise. Elle avait été capable de repérer chaque personne possédée sans même se tromper ne serait-ce qu’une seule fois. D’où tirait-elle une telle puissance ? Une telle déduction ? Nul ne le savait.

« Je vais aller voir le chef Elian, il semblerait qu’il ait quelque chose à me dire. »

« … D’a… D’accord … mademoiselle Sélia. »

Les soldats la laissèrent passer alors que la jeune femme aux cheveux bleus quittait la pièce. Elle regarda les alentours qui étaient complètement vides de personnes. Elle poussa ensuite un profond soupir, murmurant :

« Visiblement, tu avais encore raison. Combien de temps te faut-il pour que tu te reposes ? »

« Cela ne se fait pas facilement, loin de là même. Je suis désolé mais il va falloir me supporter encore quelques temps. De toute façon, il semblerait que je te sois utile non ? »

« Pactiser avec une créature ténébreuse me donne envie de vomir. Le plus tôt tu seras partie, le mieux ce sera, voilà tout. »

« Et pourtant, tu es obligé d’admettre que ma présence t’a été forte utile ces derniers jours, n’est-ce pas ? Qu’en penses-tu ? Nous ne sommes pas partenaires ? » demanda la voix dans la dague alors que Sélia murmurait :

« Je te conseille de te taire. Si le chef Elian apprend que tu es là, tu seras tuée sans même comprendre ce qui t’es arrivé. Est-ce bien compris ? »

« D’accord, d’accord, je me tais. Merci de m’avoir prévenue. »

Trop polie pour être honnête. Beaucoup trop polie ! Elle se méfiait constamment de cette dague ! Mais surtout de la Solochi qui était à l’intérieur ! Elle ne pouvait croire en personne, surtout pas en cette créature à l’intérieur ! Ah … Et maintenant, faire semblant d’être calme et tranquille devant Elian. Il ne devait pas commencer à la juger sinon, ça serait très mal parti ensuite ! Bon … Rester plus calme et tranquille. Ne rien montrer.

« Vous vouliez me voir, Elian ? »

Elle se présentait maintenant devant l’homme qui était le chef de la Sainte Alliance. Celui-ci la regardait avec un sourire aux lèvres avant de commencer à applaudir. Elle resta de marbre, un peu confuse par tout cela.

« Est-ce que je peux avoir une raison à ces applaudissements ? Si ce n’est pas trop demandé bien entendu … Car voilà, cela est assez dérangeant. »

« Je ne dois pas te féliciter pour l’excellent travail que tu fais ? »

« Si ce n’est que ça, ce n’est pas grand-chose. Je ne fais que mon travail justement. Vous avez parlé de faire une purge, c’est ce que j’accomplis donc. »

« Mais avec efficacité. Je ne sais guère comment tu fais cela mais tu as vraiment toutes mes félicitations pour le travail accompli. C’est merveilleux ! »

« Pas tant que ça … Enfin, ça ne me plait pas de tuer des membres de la Sainte Alliance, ni même des humains à la base. »

« Ils n’étaient plus humains quand tu les as emmenés à la mort, ne l’oublie pas. Ils étaient déjà possédés, tu n’as pas à t’en vouloir de ne faire que ce qui est bon pour eux. »

« Et qu’est-ce qui est réellement bon pour eux ? Car les tuer ne les ramènera pas à la vie justement, c’est tout le contraire. »
« Une remarque un peu simplette mais réaliste. Pourtant, c’est bien cela qui te rend si intéressant, Sélia. Et aussi la raison qui me pousse à te contacter. Je veux que tu deviennes mon bras droit. Du moins, tu n’auras pas autant de pouvoirs que moi mais avec tes qualités et ton caractère, tu es prédisposée à prendre cette place. »

Cette place ? On parlait quand même de celle qui était juste après celle d’Elian ! Ce n’était pas rien ! Elle écarquilla les yeux, bredouillant un peu :

« Comment est-ce possible ? Je suis là à peine depuis quelques mois. C’est bien trop précipité comme décision. Je suis au regret de refuser, Elian ! »

« Je ne pense pas que tu puisses refuser. J’ai besoin de toi à mes côtés, Sélia. Tu es capable de savoir qui de nos proches est un spectre ou non. Je ne sais pas par quel pouvoir tu en es capable mais la vérité est là, elle est devant mes yeux. Tu as réussi à éliminer les menaces internes au sein de la Sainte Alliance. »

« Je ne sais pas … Laissez-moi y réfléchir, ça serait mieux. »

« Comme tu le désires. Donne-moi ta réponse d’ici la fin de la semaine. Et ne te préoccupe pas des jalousies des autres membres. Je préfère avoir une personne efficace à mes côtés, même si cela ne fait quelques mois qu’un vieux croulant qui n’a pas réussi à être polyvalent après plusieurs années. »

« Merci de ces remarques mais bon … Est-ce que je peux m’en aller ? » demanda la jeune femme une nouvelle fois, toujours confuse.

« Bien entendu … Bien entendu. Tu peux disposer. »

Elle remercia le chef de la Sainte Alliance avant de pousser un nouveau soupir. Elle quitta la pièce, se dirigeant vers ses quartiers. Là-bas, elle s’écroula sur son lit après avoir fermé la porte à clef. Elle cligna des yeux avant de les fermer à son tour.

« Tu vois ? Grâce à moi, tu as obtenu une promotion. »

« C’est ça le problème. Grâce à toi et non grâce à mes propres capacités. Voilà ce qui est regrettable. Tais-toi car je compte me reposer. J’ai besoin de réfléchir. »

« Comme tu le désires, Sélia … Dors bien. »


La voix de la Solochi avait été plus que douce et délicate alors que la jeune femme aux cheveux bleus s’enfonçait dans un sommeil réparateur.

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