Chapitre 227 : Comprendre sa place

ShiroiRyu
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Chapitre 227 : Comprendre sa place

« Je n’accepte pas ce genre d’explications. Et d’ailleurs, je voudrai une chambre pour moi seul la prochaine fois, est-ce bien compris ? »

« Tu as donc décidé de rester avec moi, c’est ce que je dois comprendre, Kéran ? »

« J’y suis bien obligé car tu m’y forces contre mon gré. Voilà tout. Ce n’est pas par plaisir et tu le sais parfaitement, Sélia. »

« Tu y trouveras du plaisir bien assez tôt, Kéran. Je te le promets. On va vivre comme auparavant, je te le promets. »

« Non … Ca ne sera jamais comme avant et ça, il faudra vraiment que tu te le rentres dans le crâne, je tiens à te le signaler. »

Mais elle eut tout simplement un petit rire tendre et amusé alors qu’il poussait un profond soupir. Ca ne servait à rien … Si elle ne voulait pas comprendre, il ne pouvait pas lutter contre ça malheureusement. Stupide … Elle était particulièrement stupide.

Il la laisse partir alors qu’il se relevait. Il pouvait au moins quitter la chambre … et voir où il se trouvait. Descendant pour regarder au rez-de-chaussée, il remarqua qu’il était dans une auberge plus que bien entretenue. Vraiment d’une bonne qualité de vie.

« Elle a dû dépenser une fortune pour ça … Je parie. Elle a encore fait une bêtise. Elle ne changera jamais … Dès que c’était pour moi, je … »

« Elle tient énormément à toi et tu le sais parfaitement. »

Il le savait plus que bien ! Le nombre de fois où elle avait été le soigner, cherchant quelqu’un pour s’occuper de lui et de ses maladies. Quand il était plus jeune, après cette noyade, il avait toujours eu un corps assez faible malgré le fait qu’Elyséa était en lui. Alors … Sélia avait toujours été auprès de lui … durant plus de dix ans.

« Tu vois donc où je veux en venir, Kéran ? »

« Je le sais parfaitement … Mais je ne peux pas oublier aussi ce qu’elle a fait récemment. »

« Je le sais parfaitement … Mais je veux que tu comprennes sa situation, voilà tout. »

« Je la comprends mais je ne l’accepte pas, c’est bien différent. »

Il préférait encore parler avec Elyséa … d’autre chose. Mais quel sujet ? Ah ! Il devait vraiment trouver un sujet de conversation avec elle. ET VITE ! Pourtant, il entendit la voix d’Elyséa qui lui chuchotait :

« Essayerais-tu de détourner la conversation, jeune homme ? Tu me déçois grandement, je ne m’attendais pas à cela de ta part. »

« Blablabla, mademoiselle. Si tu as quelque chose à me dire, fais-le en face. »

« Oh … Maintenant, on joue le petit provocateur ? »

Une fumée noire s’échappe de lui mais il murmure aussitôt d’arrêter. Ils sont en plein dans l’auberge ! La fumée se rétracte mais il entend sa voix qui lui demande de l’emmener dans la chambre. Il s’exécute, fermant la chambre à clé avant que la fumée ne sorte une nouvelle fois, prenant l’apparence de la femme aux cheveux blancs dans son armure d’onyx.

« Alors comme ça … Kéran veut jouer au grand garçon, est-ce bien cela que j’ai cru comprendre ? Ou alors, peut-être que mes oreilles m’ont joué des tours ? »

« Oh … Je pense qu’il y a de fortes chances que ça soit le cas. » répliqua le jeune homme en souriant, Elyséa s’approchant peu à peu de lui, arrivant à sa hauteur. Elle se pencha vers lui, mettant son visage au niveau du sien.

« Kéran … Regarde-moi bien s’il te plaît. Ne te trompe jamais de voie, d’accord ? »

« Je crois que c’est déjà fait depuis tellement de mois … Quand j’ai rejoint l’Enceinte aux Esclaves … Enfin, pas que ça. Mais bref, je … »

« Je … veux parler sentimentalement. » souffla la femme aux cheveux blancs. Elle vint s’asseoir à côté de lui, prenant sa main gauche dans les siennes recouvertes de métal. D’ailleurs, c’était bizarre qu’elle soit dans cette tenue. A force, il n’avait plus du tout l’habitude de la voir dans son armure.

« Qu’est-ce que tu veux dire par … sentimentalement ? »

« Kéran … Je ne lirai pas dans tes pensées, je ne suis pas en toi mais … Est-ce que tu es sûr de ne pas te tromper ? »

« Mais me trompe sentimentalement sur quel point ? »

« Katérina et toi … Ou alors Sélia et toi … Sans mentir, est-ce que … tu es sûr de tes sentiments ? Je suis là pour te conseiller. »

« J’en suis sûr et certain. Pourquoi est-ce que je me tromperai à ce sujet ? Pourquoi donc ? Tu n’aimes pas Katérina, je sais bien … Elle s’imagine des choses mais bon … »

« Et donc, tu aimerais une femme qui n’arrête pas de s’imaginer tout cela en permanence ? »

« Je … Non, ce n’est pas aussi simple que ça. On ne fait rien pour arranger le tout aussi. »

Il le savait parfaitement. Il était en faute, vraiment en faute même. Mais les moments avec Elyséa, il ne voulait pas les abandonner comme ça, d’un claquement de doigts. Et puis … C’est vrai qu’il était un peu confus quand même. Mais est-ce qu’il pouvait lui dire que c’était à cause d’elle ? Et pas forcément de ses paroles ? Il n’était pas sûr. Enfin bon … Il resta parfaitement muet sans chercher à continuer à parler. Elyséa garda sa main gantée de métal posée sur la sienne alors qu’il baissait la tête. Il aimait Katérina … Et il savait que … Enfin, il sentait que ses sentiments étaient réciproques. Il ne pouvait pas se tromper … pas à ce point quand même. Se tromper sur les sentiments de Katérina ?

Ce n’était pas possible … Mais maintenant, il était plus que perturbé par les propos d’Elyséa. Elle avait encore réussi à le faire hésiter sur tout. A quoi est-ce que ça l’aidait ? En quoi est-ce que tout cela lui était utile ? Il eut un petit hoquet avant de dire :

« Elyséa … Si c’est pour m’embêter de la sorte, s’il te plaît, ne ressors plus. »

« Comme tu le désires, Kéran. »

Elle ne cherchait même pas à protester ? Même pas à lui demander pourquoi ? Est-ce qu’elle n’en avait réellement rien à faire de tout ça ? C’est comme … ça qu’il devait le prendre ? Il la laissa s’insinuer en lui, trouvant l’absence de réaction bien plus douloureuse que tout le reste. Il revint ouvrir la porte, juste au moment où Sélia fit son retour.

« Pourquoi est-ce que tu avais fermé la porte, Kéran ? Et c’est quoi cette mine ? »

« Pas grand-chose … Tu n’as pas à t’inquiéter, je pense. Sincèrement … »

« Sincèrement ? Et tu veux que je ne me fasse pas de soucis ? C’est de la faute à qui ? Si c’est celle de cette … créature en toi, je … »

« Même si c’était le cas, tu ne ferais rien du tout à Elyséa, c’est compris, Sélia ? » coupa sèchement Kéran en la fixant de ses yeux saphir. « C’est bien la dernière personne à laquelle je te laisserai poser la main dessus. J’espère vraiment que le message est très bien passé, Sélia … Sinon, je préfère encore me faire disparaître à jamais. »

« D’accord, d’accord. Je ne toucherai à un cheveu d’Elyséa. Mais quand même … Tu te préoccupes plus d’elle que de Katérina. »

Hein ? Quoi ? Qu’est-ce que … Non … Ce n’était pas vrai ! C’était juste qu’Elyséa était en lui. Donc si elle la tuait, lui aussi était destiné à mourir. C’était aussi simple que ça ! Et pas autrement ! Voilà tout ! Il ne se faisait pas d’idées ! Loin de là même ! C’était … juste une réflexion basique et calme, rien de plus. Enfin … Il croyait.

« Elyséa est en moi, c’est tout. »

« Et ? Ca ne change rien que par rapport à la dernière fois, tu étais … »

« Il n’y a pas besoin que vous parliez autant de moi. » coupa la voix en Kéran. « Pas le moins du monde même. Alors, arrêtez cela. »

« D’accord, d’accord, on change complètement de sujet. De toute façon, je n’aime pas parler d’Elyséa non plus. » déclara le jeune homme aux cheveux argentés.

« Ah ? Et pourquoi ça ? Tu serais à court de compliments ? » dit Sélia avec ironie.

« Pas du tout ! Je ne vois même pas pourquoi tu dis une telle chose ! C’est vraiment absurde de ta part sur le coup ! » répondit Kéran.

C’était vraiment … bête. De toute façon, à cause de toute cette histoire, il était perplexe.

« JE LUI FERAI LA PEAU ! JE LUI FERAI LA PEAU ! LA PEAU ! »

Un rocher se brisa en morceaux alors que Katérina fulminait sur place. Peut-être qu’une journée s’était passée mais sa colère était toujours clairement visible et présente.

« Katérina, ce n’est pas en … »

« LA FERME TOI ! Tu n’as eu aucune blessure ! Tu n’as fait que regarder ! Résultat ?! Elle a kidnappé Kéran ! Voilà tout ! Par ta faute ! »

« Ne me mets pas tous les maux du monde sur mes épaules. Je ne suis pas responsable de cet échec, loin de là même. Tu as été trop présomptueuse. »

Qu’est-ce que … ELLE ALLAIT ECRASER LOA ! Elle allait lui apprendre à avoir laissé Kéran dans cet état ! Elle allait le payer de sa vie ! SALETE ! Elle allait le payer salement ! Elle n’allait pas se laisser faire par cette garce ! Elle allait comprendre sa douleur et son existence comme ça ! IL EN ETAIT HORS DE QUESTION !

« Kéran m’appartient ! Je ne laisserai pas cette sale garce me le voler ! »

« T’appartiens ? Est-ce que tu es sûre de cela ? Est-ce que tu ne te trouves pas un peu trop présomptueuse par hasard ? »

« Que … Toi … Toi … Toi tu cherches vraiment la bagarre hein ? Tu sais quoi ? Tu risques de l’avoir ! Tu risques de l’avoir bien rapidement à cette allure ! »

« Je ne cherche rien du tout. Je ne fais qu’une simple remarque anodine. Tu parles que Kéran t’appartient … Est-ce de l’amour ou alors tu veux le posséder ? »

« Ça ne te concerne pas, toi … d’accord ? Ce que je veux faire de Kéran, ce n’est pas à toi de le savoir, c’est compris ? »

« Tu peux toujours être menaçante, ça ne changera rien à la situation actuelle, même si elle te déplait fortement. »

« … .. … Si je m’énerve, tu vas le regretter fortement ! »

Et elle était déjà sur le point d’exploser alors il valait mieux qu’elle se la ferme ! Kéran … Kéran n’était plus là ! Plus du tout ici ! De quel droit est-ce qu’elle pouvait se permettre de l’ouvrir ! Elle l’avait tout simplement laissé aux mains de Sélia !

« HEY ! TOI ! HODAN ! »

« Hmmm ? Ne crie pas mon nom de la sorte, c’est assez exaspérant. » murmura la voix en Katérina bien qu’elle fut possible à entendre pour Loa.

« Pourquoi est-ce que tu n’as rien fait pour sauver Kéran aussi ? Réponds-moi ! » cria Katérina comme à son habitude bien que l’être en elle plongea dans son mutisme. Pourquoi cela ? Pourquoi est-ce qu’il lui dirait la raison ? Cette raison ?

« Ah … Ah … Ah … Cette Sélia … »

Elle se tient le ventre, se plantant ses ongles dans celui-ci comme pour se faire saigner. Elle ne le supporte pas ! ELLE NE LE SUPPORTE PLUS ! Elle ne peut pas ! Elle n’en a pas assez ! Ce n’est pas assez pour elle ! Elle ne peut pas laisser passer ça !

« Il faut que je devienne plus forte … PLUS FORTE ! BEAUCOUP PLUS FORTE ! »

« Et comment est-ce que tu comptes faire ? »

« Je ne sais pas … mais je vais trouver … Je vais trouver une solution, hahaha ! »

Elle éclata d’un rire tonitruant comme si elle venait de vaincre quelqu’un ou quelque chose de plus que puissant. Pourtant, c’était loin d’être le cas. Elle avait juste … aucune idée en tête mais trouverait une solution, oui ! UNE SOLUTION !

« Tu commences à faire un peu de zèle, calme-toi, Katérina. »

« Pourquoi je devrai me calmer alors que tu as été parfaitement inutile Hodan ?! »

« Je n’ai pas été inutile … Néanmoins, la force utilisée par Sélia était bien trop haute pour que nous puissions faire quelque chose. Il vaut mieux battre en retraite, ne pas mourir et s’entraîner pour récupérer Kéran … plutôt que de décéder bêtement au combat. »

« HAHAHA ! Ne me parle pas de ça, stupide abruti ! Tu n’y connais rien ! Je saurai me débrouiller seule ! Comme d’habitude ! »

« Comme cela fut le cas face à Sélia ? »

… … … Elle s’arrêta de sourire, émettant un grognement sonore. Elle détestait quand il parlait comme ça ! C’était la bonne méthode pour qu’elle cherche à l’écraser ! Alors qu’il se la ferme sinon … SINON …

« Allons chercher un endroit où nous reposer. Demain sera une autre journée. Pour aujourd’hui, visiblement, l’émotion est trop forte. »

« NE ME DIT SURTOUT PAS QUOI FAIRE ! COMPRIS ?! »

« Est-ce que tu arriverais à la calmer, Hodan ? »

« Je vais le faire … bien que cela ne soit pas de bonté de cœur. »

Le corps de Katérina fut pris de soubresauts avant que la jeune femme ne plonge dans un sommeil des plus profonds. Néanmoins, son corps ne vint pas tomber au sol, ses yeux restant grands ouverts alors qu’Hodan regardait les deux mains de Katérina, son corps qu’il possédait. Il poussa un nouveau soupir avant de se tourner vers Loa. La femme qu’il contrôlait avait besoin de se reposer après les derniers évènements, c’était une chose plus que normale. Qu’ils se mettent en route maintenant, il ne voulait pas perdre plus de temps. Ils trouveraient une solution pour Kéran plus tard.

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