Chapitre 238 : Abandon

ShiroiRyu
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Chapitre 238 : Abandon

« Pourquoi est-ce que je suis un forgeron ? »

Pourquoi ? Ce n’était pas normal ! Pas du tout normal même ! Il essayait de se montrer raisonnable mais rien n’arrivait dans sa tête. Il ne pouvait pas être raisonnable ! Surtout qu’il avait plusieurs flash blancs qui arrivaient jusqu’à lui !

« Ah ! Tu es enfin là ! J’avais peur que tu ne reviennes plus ! »

Voilà qu’il entendait la voix du forgeron … En fait … Sa voix … C’était sa voix. Il se tenait en face d’une jeune femme aux cheveux bleus. Une magnifique jeune femme … Mais qui avait vraiment tout de l’allure d’une femme froide.

« Est-ce que tu as préparé de nouvelles armes ? »

« Bien entendu … mais tu ne veux pas discuter un peu ? Je peux facilement faire une pause. Tu es la seule personne qui vient me voir … donc bon … Un peu de compagnie me ferait le plus grand bien. » murmura le forgeron avec lenteur et tendresse.

« Tu sais pertinemment que je n’ai pas le temps pour ça. Qu’est-ce que tu regardes ? »

« Attends un peu … J’ai vraiment … l’impression que … »

Il se dirigea avec rapidité vers la porte de la forge, l’ouvrant avant de sortir dehors. Il regarda autour de chez lui pendant deux bonnes minutes avant de revenir. Il murmura :

« C’est étrange … Vraiment étrange même. J’ai l’impression que quelqu’un m’observe depuis quelques temps et … »

« Tu es dingue ? Tu as vu comme il fait froid ?! Je ne comprends pas que tu puisses sortir de la sorte sans même trembler ! »

La femme aux yeux dorés lui criait dessus alors qu’il souriait doucement. Qu’il aimait cela … lorsqu’elle se mettait en colère doucement. Il s’approcha d’elle, chuchotant :

« Si tu as froid, tu sais, je pense connaître une bonne méthode pour … »

« Tu blagues, j’espère ? Tu es en sueur et tu n’as jamais connu personne. Comment est-ce que tu pourrais savoir comment faire dans ce genre de moments ? »

« Oh … Oui … C’est vrai … Attends, je vais un peu me laver. »

Il retira son marcel blanc trempé de sueur, ses légers muscles saillants se faisant voir. La femme aux cheveux bleus vint rougir légèrement, détournant la tête alors que le forgeron se dirigeait vers le bac d’eau, s’aspergeant le visage et le torse plusieurs fois.

« Quant à tes armes, ne t’en fait pas, elles sont là … Mais quand même … Tu es sûre que tes pokémons et toi, vous arriverez à tout prendre ? Ca serait mieux que … je vous … Non. Qu’est-ce que je pense. Je préfère ne pas quitter ma forge. »

« C’est pour ça que tu ne connais personne. Tu ne sors pas de ta tanière et … »

« Le plus important pour moi, c’est juste d’avoir ta compagnie. Rien d’autre. Mais est-ce que la guerre dont tu parles est bientôt terminée ? »

« Je ne sais pas … J’en ai pas vraiment grand-chose à faire. Je m’occupe juste des armes et des armures que tu nous forges. Il y a au moins une chose de positif dans tout ça, il faut l’avouer. Je ne sais pas comment tu peux créer de tels objets. »

« Oh … Tout s’apprends. Si tu veux, un jour, je pourrai t’expliquer. »

« M’expliquer ? Je ne veux pas devenir forgeronne ! Bon … Je crois que j’en ai assez fait pour aujourd’hui. Ce sont ces différents sacs sur les côtés ? »

« C’est le cas … Merci de les avoir ramenés … Ça permet au moins de bien entreposer tout cela. Tu reviendras quand ? Tu n’es pas resté très longtemps … »

« Quand j’en aurai du temps … Et pour l’heure, avec cette guerre, je suis occupée. »

« Oh … D’accord. Alors, on se revoit quand tu peux. » murmura le jeune forgeron avec déconfiture alors qu’il se rapprochait d’elle, tendant ses lèvres. La seule réponse qu’il obtint fut le fait qu’elle l’ignora.

« Aller … Je m’en vais. Reste en bonne santé quand même. »

C’était bien ce qu’il comptait faire ! Sauf que … Kéran … qui voyait la scène à travers les yeux du forgeron … Il enrageait intérieurement. Comment cet homme pouvait-il se laisser marcher sur les pieds ? COMMENT ?!

« Tu n’as aucune fierté personnelle ou quoi ?! Ca se voit parfaitement qu’elle joue avec toi ! Elle en a rien à faire de ta personne ! Rien du tout ! Elle veut juste tes talents de forgeron pour cette fichue guerre … qui a coûté la vie à Elyséa. »

Oui … C’était de cette guerre … dont ils parlaient, n’est-ce pas ? Il en était sûr et certain, il n’y avait pas vraiment tellement … d’autres choix de toute façon quand il y réfléchissait bien. Du moins, ce n’était pas une question de choix, loin de là. Pas du tout même.

« Quand même … Qu’est-ce qui n’arrête pas de m’observer ? »

Comme il était ancré dans le forgeron, il pouvait lire ses pensées et donc … Il était troublé car deux yeux bleus l’étudiaient dans la neige … Oh … Pas tout le temps … Mais comme la montagne des dragons était perpétuellement recouverte par la tempête de neige … C’était problématique, très problématique même.

« J’espère quand même que ce pokémon n’a pas froid … Ca serait vraiment ennuyeux. Si au moins, il cherchait à se présenter, ça serait plus simple. »

Mais rien à faire, rien du tout même. Rien de rien … ah … Bon ! Il devait se remettre au travail, il avait encore beaucoup de choses à accomplir malheureusement !

D’autres flashs … et il pouvait alors constater la mine déconfite et défaite du forgeron. La raison était simple … Il avait pu voir ce qui s’est passé. Cette femme aux cheveux bleus et aux yeux dorés était revenue, déclarant :

« La guerre est terminée, nous avons gagné. »

« Mais c’est merveilleux alors ! Je n’aurai plus jamais besoin de créer des armes et des armures ! Plus besoin de construire des objets de mort ! Et puis, maintenant que c’est terminé … Est-ce que tu veux bien venir avec moi ? Enfin … Habiter ? »

« Hein ? Comment ça ? Pourquoi est-ce que … »

« Puisque la guerre est terminée, tu n’as plus besoin de revenir là-bas, n’est-ce pas ? Ca serait tellement merveilleux de t’avoir à mes côtés. »

« Je … vais y réfléchir. Je ne peux pas partir sans même prévenir. » dit la femme avant de quitter la forge à toute vitesse.

Et c’était la dernière fois qu’il vit la femme aux cheveux bleus. Elle ne revint jamais … Les journées s’écoulèrent et il gardait le sourire lorsqu’il forgeait. Mais quand ce n’était pas le cas … Quand ce n’était plus le cas … Alors … C’était différent …
Il perdait son sourire, se demandant ce qu’il n’allait pas chez lui, ce qui clochait. Pourquoi est-ce qu’elle était partie ? Qu’est-ce qui n’avait pas … réussi à l’attirer chez lui ? Il ne savait pas … Il ne comprenait pas … du tout même.

« Pourtant, je fais des efforts, je suis … gentil, non ? Ou alors, c’était peut-être ce qu’il m’avait dit depuis le départ. Peut-être que je dois vivre seul … en fin de compte ? Cela fait tellement longtemps qu’il est parti. »

Et il n’avait pas compris son message … réellement … mais à l’époque, il n’avait été qu’un enfant. Maintenant, peut-être que … Non. Ca ne servait à rien ! AH ! Il ressentait à nouveau cette présence !

« Cette fois-ci, je te mettrai la main dessus, pokémon ! »

Il n’allait pas se montrer menaçant mais les deux yeux bleus l’avaient fixé une nouvelle fois ! C’était hors de question d’ignorer plus longtemps cela ! Il ouvrit la porte de sa forge, sortant dehors avant de tomber à la renverse.

« AIE ! Mais qu’est-ce que … Ca fait mal ! »

Il avait percuté du métal en plein nez ! Rien que ça ! Mais c’était affreux comme il souffrait ! Enfin … Ca faisait … mal ? Il releva son visage, remarquant une étrange femme dans une armure de métal gris. Elle était gigantesque !

« Qu’est-ce que … Vous êtes ? »

« Tu es le forgeron, n’est-ce pas ? Celui qui nous fournit depuis des mois, n’est-ce pas ? »

« Oui … Bien entendu … Vous voulez rentrer ? »

Il reprit aussitôt sa contenance, se disant que cette femme était étrange, très étrange. Mais en même temps, Kéran, lui … Il avait déjà entendu cette voix. Elle était un peu différente de celle d’habitude, mais il était convaincu … de qui était cette personne.

« Est-ce que vous voulez que je vous serve quelque chose ? Je n’ai pas grand-chose à part du thé … mais j’en ai différentes saveurs. »

« Comment pouvez-vous faire pousser des théiers ici ? Cela semble hautement improbable normalement. Mais pourquoi pas ? »

« Oh ça … C’est mon petit secret. Alors … Le thé, vous vous en fichez duquel, c’est ce que je note. Mais bon … Ca ne fait rien ! Attendez un peu. »

« Cette forge est bizarre … Elle est très bien entretenue. » murmura la femme à travers son casque tandis qu’il rigolait faiblement avant de répondre :

« C’est étrange que je m’en occupe si bien ? Tenez donc. »

« Ce n’est pas ce que je voulais dire par là. Je tiens à m’excuser de mes paroles. » murmura la femme casquée, posant d’ailleurs ses mains sur celui-ci avant de le retirer. Le forgeron resta interdit, contemplant les longs cheveux blancs qu’il apercevait chez cette femme. Il y avait aussi ses yeux bleus.
Puisqu’il était dans le corps du forgeron, il pouvait ressentir les battements de son cœur. A ce moment précis, celui où elle avait retiré son casque, il avait eu le cœur qui battait bien plus rapidement. Néanmoins, il vint se ressaisir avant de déclarer :

« Voilà votre thé. J’espère qu’il vous plaira et ne vous en faites pas, je ne vous en veux pas. »

« … … … Ce thé est doux. » murmura faiblement la femme aux cheveux blancs après avoir posé ses lèvre pour goûter au liquide.

« Est-ce qu’il est plaisant ? Enfin … Surtout, c’est ça le plus important. »

« Bien entendu, qu’il l’est … Pourquoi ne le serait-il pas ? »

Oh … Elle avait donné une réplique à laquelle, il ne s’attendait pas. Il se plaça en face d’elle, décontenancé et gêné, ne sachant pas réellement quoi dire. Il la regarda pendant quelques secondes, bredouillant :

« Vous ne m’avez pas dit … ce que vous voulez faire ici … »

« Cela peut attendre la fin du thé ? » demanda la femme aux cheveux blancs.

« O… Oui ! Bien entendu ! Je … Bien entendu … Attendez un peu ! Je vais vous chercher aussi un peu de nourriture, vous avez surement faim avec ce froid ! » bafouilla le forgeron, se levant avec rapidité pour quitter la pièce.

Il était trop gentil … Ce forgeron était trop gentil … trop simplet … Mais trop gentil. Mais il était tombé sur une bonne femme. Elyséa était là … C’était la première fois qu’il la voyait de la sorte … Enfin, elle ne portait pas son armure noire, c’était étrange, très étrange.

« Est-ce que cela vous convient ? »

« Ce repas … est simple … mais très bon en même temps. »

« Je cuisine d’habitude que pour moi. Mais tant mieux si cela vous convient. »

Et c’était surtout la première fois qu’il servait à manger pour quelqu’un d’autre que lui. Tant mieux si c’était plaisant … Et puis, il n’y avait pas que ça. C’était aussi la première fois qu’une personne restait aussi longtemps chez lui. C’était plaisant … et pendant ce temps, il ne savait toujours pas ce qu’elle lui voulait.

« Est-ce que vous pouvez me dire ce que vous désirez ? »

« Est-ce que ma présence vous dérange à ce point ? Préférez-vous être seul ? Je pensais terminer le repas avant de vous demander … quelque chose. »

« Bien sûr que non ! Je suis vraiment désolé, je ne sais pas vraiment … Je n’aime pas être seul alors, je ne vais pas me plaindre de votre compagnie, pas du tout ! »

« Oh ? Ma compagnie ne vous dérange pas alors ? Tant mieux. Si vous voulez bien m’attendre, ça ne sera pas très long. »

Bien entendu mais la dernière fois … qu’on lui a dit d’attendre, elle n’est jamais revenue. Néanmoins, il ne pouvait pas arrêter cette femme qui … HEY ! Elle avait oublié son casque ! Il s’en approcha, commençant à l’étudier sous toutes les coutures. C’était du bon travail, très bon … mais … Hmm … Il manquait quelque chose.

« Me voilà … Je suis de retour. »

« Ah ! Vous aviez oublié votre casque et … WOW ! »

Wow ! C’était exactement le mot qu’il aurait aussi utilisé de son côté. Ce qu’Elyséa tenait dans ses mains, c’était tout simplement … une tête de Dracolosse ! Celle du Dracolosse blanc ! Il en était sûr et certain !

« Je … Je peux savoir votre nom, mademoiselle ? »

« Je me nommes Elyséa. »

« Je me nomme Kurym, enchanté de vous connaître. Veuillez refermer la porte. »

Cela faisait depuis bien longtemps qu’il n’avait pas été aussi … motivé ! VRAIMENT ! Motivé ! Cette tête ! Cette femme ! Il sentait qu’il allait pouvoir faire de grandes choses avec elles ! Mais bon … Il devait surtout retrouver son calme. Elyséa ferma la porte derrière elle avant de déposer la tête sur la table. Elle ne lui avait pas dit ce qu’elle voulait faire mais il sentait que ça n’allait pas tarder. Ca serait … grandiose.

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