Chapitre 249 : La dernière fois que l’on l’a vue

ShiroiRyu
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Chapitre 249 : La dernière fois que l’on l’a vue

« Sélia … Tu n’es pas un peu triste ? »

« Hmmm ? Pour Kéran ? Je sais qu’il est bien accompagné, je ne m’en fais pas le moins du monde à son sujet. Ne t’inquiète pas … Il s’en sortira parfaitement, je pense. »

« Si tu le dis … C’était juste pour toi, pour être sûre, tu n’as pas l’air très souriante. »

« Oh, tu sais, je me sens un peu vide, Hyathéna. Mais je pense que c’est normal dans ce genre de situations. Après tout, je ne le reverrai peut-être plus jamais. J’espère quand même qu’il comprendra ce qui se passe avec lui. »

Pourtant, elle ressentait quand même de la tristesse en Sélia bien qu’elle n’en faisait pas la remarque envers la jeune femme aux cheveux bleus. C’est vrai … De la tristesse mais aucune haine. Aucune haine … Rien du tout. Elle était définitivement calmée.

« Hyathéna ? Dès qu’on en aura terminé avec ces dragons et cette montagne, on ira revoir ton frère, d’accord ? Est-ce que tu serais prête à faire quelques … concessions ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là, Sélia ? Expliques-toi … »

« Je pensais à ce qui s’était passé avec Katérina. Je ne lui pardonne pas … ce qu’elle a fait avec Hodan, pas du tout même. Mais si Hodan arrive à t’avoir, est-ce que tu serais prête à lui pardonner cela ? »

« Ce qu’il a fait ? Bien entendu, pourquoi pas ? Il peut avoir cinquante femmes s’il le désire, tant que je suis sa préférée et que je fasse partie de ces cinquante. »

Hein ? Sélia s’immobilisa sur place, choquée et étonnée des propos de la Trioxydre humanisée en elle. Elle n’avait pas rêvé, n’est-ce pas ? Hyathéna n’était clairement pas insatisfaite à ce sujet … Comment était-ce possible ?

« Tu peux me donner quelques explications s’il te plaît ? J’ai l’impression que ça va être nécessaire et pas qu’un peu, là. »

« Hein ? Oh … C’est vrai. Pour les humains basiques, vous êtes dans la conception : un homme doit aimer une femme pour le reste de sa vie. Je respecte cela et je trouve vraiment admirable ce que Kéran fait au niveau de la fidélité. »

« Alors qu’est-ce qui cloche avec toi ? Avec ce que tu viens de dire ? »

« Attention, je n’aime pas Katérina, je la hais même. Sur le coup, quand j’ai retrouvé mon frère et qu’il m’a dit cela, j’étais comme enragée mais maintenant, après ce qui s’est passé avec toi et Kéran, je me suis dit que je dois me calmer. Et puis, ça ne serait pas illogique, loin de là. Lorsque nous avons été élevés par les dragons, il est loin d’être anormal pour les pokémons d’avoir plusieurs amants ou amantes. Du genre un seul pokémon masculin pour plusieurs pokémons féminins. Ou alors l’inverse, nous avons toujours vécu de la sorte. Comme un peu l’absence de pudeur ou autre, ce qui expliquerait ma tenue … un peu décontractée. Hodan a un peu changé mais je ne pense pas que ça le dérangerait non plus. »

« Je ne sais pas … vraiment ce que je dois penser. »

« Oh ça, ne t’en fait donc pas, c’est normal … J’aurai bien dit de t’y habituer mais bon, c’est compliqué pour une humaine normale. »

« Mais je ne pense plus être réellement normale, enfin bon … »

Enfin bon … Oui … C’était bien ça qu’il fallait dire avant de se remettre au travail. Car ils avaient beaucoup de chemin à faire, énormément même. Enfin, elles, plutôt. Oui ! La montagne des dragons était dans un coin reculé où personne n’osait se rendre.

« Il faudrait juste être fou pour y aller, n’est-ce pas ? »

« Mais nous ne sommes pas un peu folles, toutes les deux ? » dit Hyathéna après les propos de Sélia, celle-ci rigolant légèrement.

« Sûrement … Oui … Il y a de très fortes chances même. »

« Je me disais bien … hahaha. »

Elle trouvait cela drôle … et elle aussi d’ailleurs. Mais enfin, ça ne changeait rien au fait que ce n’était pas encore terminé, loin de là. Elles avaient encore beaucoup de chemin.

« Je tiens à te préciser, je ne connais rien des dragons véritables, Hyathéna. »

« Tu crois que je suis là pour quelle raison, Sélia ? »

« Pour me posséder et tenter de prendre mon corps après tout ce temps ? Bientôt, je serai parfaitement utilisable, tu t’en doutes, n’est-ce pas ? »

« Hahaha … Même si je le voulais, je ne le pourrai pas et tu sais pour quelle raison ? Je vais te le dire … Car tu as tellement de chair en toi … »

« Tu parles de celle de dragon, n’est-ce pas ? C’est vrai qu’avec tout ce que j’ai ingurgité … »

Elle n’était plus vraiment humaine de toute façon. Mais tout cela influençait aussi sur son mental ? Et puis, elle savait parfaitement qu’Hyathéna ne ferait pas ça.

« Tu n’en aurais pas le cran et le courage, n’est-ce pas ? »

« Tsss … Ne t’en fait pas pour ça, j’en ai bien plus que tu ne le crois, petite demoiselle, tu serais grandement étonnée même. »

Tiens donc, rien que ça ? Elle n’avait pas peur pour autant. Ce n’était avec ça qu’elle risquait d’être inquiète de toute façon. Et puis, maintenant, elles étaient toutes les deux liées par ce qui se passait. Il était temps de se rendre vers cette montagne des dragons et de mettre un terme définitif à cet hiver permanent qui s’y trouvait … mais pas seulement. Cette nuit permanente aussi. Elle ne l’avait pas oublié de son côté. Dès l’instant où cela serait terminé, le monde allait retrouver alors sa lumière.

« Prête ? » demanda Sélia en regardant droit devant elle.

« Prête …Allons-y. »

Les deux femmes furent soudainement recouvertes par le froid. Même à cette distance, alors qu’il y avait encore quelques kilomètres par rapport à la montagne, le froid était déjà omniprésent, prêt à engloutir quiconque se trouvait sur son chemin.

C’était un froid qui allait leur glacer les os mais pourtant, ni l’une, ni l’autre ne semblaient effrayées par ce qui allait leur arriver. Même si maintenant, son corps était plus … faible qu’auparavant par rapport au froid, elle n’en restait pas moins une humaine.

« J’ai les pouvoirs de ce Dracaufeu pour me frayer un chemin, Hyathéna. »

« N’hésite pas à les utiliser car ça va s’avérer nécessaire. Et fais attention au moindre pas. Là, c’est vraiment un terrain inconnu. Je n’y ai pas remis les pieds depuis des siècles voire même plus … Cet endroit est maudit. »

Maudit ? C’était surement le bon terme à utiliser. Sélia eut un petit sourire avant de se mettre à marcher dans la neige avoisinante la montagne. Là-bas … Elle allait régler le dernier problème de cette planète, le problème majeur … Ensuite … Oh … Ensuite ? Elle ne savait pas ce qu’elle ferait. Elle n’y avait pas pensé. Pas du tout même. Là-haut, dans la montagne, plusieurs yeux étaient déjà en train d’observer la femme au loin, malgré l’importante distance qu’il y avait entre elle et l’endroit.

« Aller … Kéran … Fais un petit effort, d’accord ? »

« J’en fais un, j’en fais un, je te le promets. C’est juste que … Ce n’est pas simple. »

« Ohlala … Arrête donc de faire l’enfant. »

« Je ferai un effort si tu ouvres les bras. » répliqua le jeune homme alors qu’elle haussait un sourcil, poussant un petit soupir amusé.
Elle tendit ses bras en avant, faisant néanmoins quelques pas en arrière alors que le jeune homme remarquait cela. Il dit aussitôt :

« Hey ! Ce n’est pas du jeu ! Tu n’as pas le droit, Elyséa ! »

« Hmm ? Je pense que si. Tu veux une plus grosse récompense, il faut donc faire une plus grande distance. Aller … En deux jours, on n’a pas fait grand-chose, Kéran. Aller … Encore, encore, s’il te plaît. Tu peux y arriver. »

Avec une telle motivation, il en était sûr même ! Il pouvait y arriver facilement ! PFIOU ! Enfin … Il se tenait fermement debout, levant le pied droit avant de le mettre devant lui. Ca faisait mal, quand même … Très mal même. Mais voilà, même s’il était en sueur à cause de la douleur, il marchait. Lentement mais surement, du genre un pas toutes les dix secondes. Mais … Elyséa ? Qu’est-ce qu’elle était en train de faire ? Elle … Non ! Quand même pas ! Il n’y avait pas que ça quoi ! Ah non ! Elyséa ! Bon sang !

Elle se moquait de lui hein ? Ce n’était pas du jeu de faire ça ! Elle était encore de faire un pas en arrière puis deux ! Elle se moquait de lui ! Il en était sûr et certain ! Il poussa un cri de rage avant de se mettre à courir vers elle, Elyséa ayant un magnifique sourire aux lèvres.

Puis … Il s’écroula sur elle … La jeune femme n’avait pas bougé de sa position, étant tombée au sol avec lui, le protégeant de son corps. Lui, la tête enfouie contre sa poitrine, il haletait grandement alors qu’elle lui caressait les cheveux.

« Courir pour m’atteindre, n’est-ce pas ? A chaque pas que tu faisais, je reculais … Mais tu as compris où je voulais en venir. Je pense que tu as bien mérité de te reposer. »

« Ah … Ah … Ah … C’est horrible comme tactique, ça ! C’est vraiment horrible, Elyséa ! »

« Mais cela marche… Et puis, tu as ta récompense, non ? C’est ce que tu méritais, n’est-ce pas ? Oui … Tu le mérites vraiment, Kéran. »

« Je ne sais pas ce que je mérite mais … Je suis vraiment pathétique. Je ne pourrai même pas tenir une arme dans ma main. Mon corps me fait tellement souffrir, Elyséa. J’ai mal … Tellement mal … Et regarde, tu veux me caresser les cheveux mais je n’ai plus rien. Dis … Est-ce que je suis laid ? »

Il avait relevé son visage, les yeux légèrement brillants alors qu’elle stoppait son mouvement dans les cheveux. Elle le fixa pendant de longues secondes, regardant les brûlures encore présentes sur son visage. Pour n’importe quelle autre personne, il serait horrible, vraiment … Qui voudrait d’un tel homme ?

« Tu es le plus bel être qui existe sur cette planète, Kéran. »

« Tu dis ça pour me flatter … Je suis sûr que Katérina va détester de me voir comme ça. Elle va peut-être même me haïr car j’ai voulu sauver Sélia. »

« Qu’elle fasse donc une telle chose, cela prouvera tout simplement qu’elle tient plus compte du physique que de la personnalité. »

« … … … Peut-être mais je sais qu’elle ne le fera pas. Elle n’est pas comme ça. »

« Kéran, Kéran, Kéran … Ah … Vraiment … Aller, tais-toi. »

Sans crier gare, elle plaça une main sur le dos de son crâne, lui collant bien sa tête pour l’enfouir dans sa poitrine. Pendant ce temps, elle regardait le ciel obscurci par les nuages. Aucune attaque de la part de pokémon spectre ou ténébreux, c’était une bonne chose.

« Elyséa, tu … m’étouffes un peu … et c’est gênant. »

« Ca l’est autant pour moi, Kéran mais … On a pris l’habitude, n’est-ce pas ? Et après ce que tu as fait, je préfère que tu te reposes sur moi plutôt que sur le sol. Et j’espère que tu comprendras mes paroles. Tu n’es pas laid, loin de là. Tu la plus belle âme qui existe. »

« Parce que tu crois que c’est celle de Kurym … C’est ça hein ? »

« Non. » dit-elle sèchement avec une légère pointe de colère. « Car c’est la tienne … et parce que tu es ainsi. Ne commence pas à te comparer à lui. »

« Et pourquoi pas ? Il … Il était exactement comme moi. Enfin … Avant que je ne sois défiguré et dans cet état ! »

« Oh … Tu le prends comme ça, Kéran ? » murmura la femme aux cheveux blancs avant de se lever, se mettant en position assise, Kéran dans ses bras.

« Avoue que maintenant, tu n’arrêtes pas de me comparer à lui. Tu ne peux pas t’en empêcher, j’en suis sûr et certain ! Pourquoi est-ce que tu ne le ferais pas hein ? Il était … spécial pour toi. Et moi, je suis juste son miroir ! Mais sans ses qualités ! »

« Tu commences à être fatigué, Kéran. »

« JE NE LE SUIS PAS ! ELYSEA ! Je ne fais que dire la vérité et tu le sais bien ! »

« Non, tu ne fais qu’émettre ta vérité et elle n’est pas universelle. »

Hey ! Qu’est-ce qu’elle était en train de faire ? Elle l’avait soulevé, l’emmenant dans l’auberge, le jeune homme tentant de se mouvoir et de crier, comme un enfant pourri gâté. Mais elle resta imperturbable. Elle alla dans la chambre, déposant le jeune homme dans le lit avant de le fixer de ses yeux saphir.

« Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? Hein ? Pourquoi ? Je … Ne me regarde pas. Je ne veux pas … Je ne veux pas ! »

« Je te fixe … comme je le désire. »

« Je t’interdis, Elyséa ! C’est bon ! Je crois que j’en ai assez ! Ma vie est fichue de toute façon ! Qu’est-ce que je vais … »

« Je n’aime pas faire ça. »

Hein ? Ne pas faire quoi ? Il n’eut pas le temps de serrer les dents qu’une claque vint le frapper à la joue droite, lui arrachant un hurlement de douleur. Une douleur tellement forte qu’il commença à pleurer sur le coup. Sauf que ce n’était pas ses pleurs qui parcoururent son visage mais ceux d’Elyséa.

« Endors-toi … Kéran … J’espère que demain, tu iras mieux. Et pardon … Je n’ai pas su te protéger, c’est à cause de moi que tu es … dans cet état. »

« Hein ? Mais … Non ! Elyséa, je … Attends un peu ! Je suis dé… »

Il ne termina pas sa phrase, plongé dans un profond sommeil par les pouvoirs de la femme aux cheveux blancs, celle qui utilisait la puissance du pokémon qu’elle représentait. Elle voulut prendre sa main mais arrêta aussitôt son mouvement. C’était bien … en partie de sa faute si … Kéran avait fini dans cet état. Car elle n’avait pas réussi à le prévenir face à ce Dracaufeu, c’était tout … Elle était … responsable, autant que … Sélia.

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