Chapitre 275 : Comprendre et accepter

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 275 : Comprendre et accepter

« Tout le monde est destiné à mourir un jour ou l’autre. Moi, ça sera seulement plus tôt que prévu. Alors bon, qu’est-ce que tu veux que ça me fasse hein ? Comme si ça avait une quelconque importance à mes yeux. »

« Et si je te disais … que je risquerai de mourir moi aussi ? »

« … … … Tu es déjà morte, je tiens à te le rappeler, au cas où. »

« JE PARLE DE DISPARAITRE DEFINITIVEMENT ! Tu me hais tant que ça alors ?! Parce que j’ai voulu te protéger ?! »

« Est-ce que tu étais au courant pour Katérina et Hodan ? » demanda le jeune homme. Mais le silence qui plana quelques secondes plus tard lui donna la réponse … Une réponse qu’il connaissait déjà … « Me protéger ? C’est bien ça … Ne soit pas ridicule. Je ne suis pas fait de porcelaine. Mentir est une chose, cacher la vérité en est une … Mais ne rien dire du tout … Je préfère encore souffrir sur le moment quand on me l’annonce plutôt que de me le prendre de pleine face comme ça ! »

« Et qui me dit que tu m’aurais cru ? »

« Je t’aurai cru … Je t’aurai écouté… Tu n’es qu’une idiote si tu penses que je ne te croirai pas … Elyséa. Tu es tellement … importante pour moi. Comme si je ne pouvais pas te croire ? Tu es Elyséa, tu es celle qui m’habite depuis des années … »

« Alors pourquoi est-ce que tu ne me regardes pas ? Pourquoi est-ce que tu me fais la tête ? Pourquoi est-ce que tu ne veux plus que je sois en toi ? »

« Car tu ne m’as rien dit. Tu voulais me protéger ? Non … C’est une blague. Ce n’est pas de la protection, c’est de la surprotection. Je ne suis pas un petit objet de verre. Je ne vais pas me briser comme ça et … »

« Kéran, n’oublies pas ta réaction, s’il te plaît. Tu sais parfaitement que … S’il te plaît. Retournes-toi … » coupa la femme aux cheveux blancs.

« Pour la … quatrième fois ? J’ai dit non … Je ne me retournerai pas, c’est compris ? »

« Et pourquoi ça ? Est-ce que tu ne veux pas me faire face, Kéran ? Qu’est-ce qui t’empêche de me regarder droit dans les yeux ? Et de me le dire … »

« De te dire quoi ? Qu’est-ce que tu voudrais que je te dise ? JE NE VEUX PLUS PARLER A RIEN, NI PERSONNE ! En plus, tu détournes la conversation ! »

« Kéran. Je suis dans ton corps depuis des années. Tu as failli mourir à l’époque … Et ton corps en a toujours gardé des séquelles. Si je te quitte, c’est comme si Hodan quittait définitivement le corps de Katérina, les séquelles seraient très graves. Tout ce que nous avons protégé pendant des années … risque de se briser à nouveau, comme du verre. Tu ne veux pas ça, n’est-ce pas ? Kéran … S’il te plaît. Retournes-toi et regardes-moi … Je veux que tu me voies … Est-ce trop te demander ? »

« Bon sang ! Qu’est-ce qu’il y a avec ça ?! Qu’est-ce que … »

Il s’était retourné vivement, énervé, mais il s’arrêta de parler en regardant la jeune femme en face de lui. Une mèche de cheveux blancs cachait son œil droit mais le reste de ses cheveux flottaient au vent. Elle avait les épaules nues mais aussi le haut de sa poitrine … qui était à l’air … En fait, il remarquait surtout le rubis juste au-dessus de sa poitrine, plus haut que son décolleté … Un décolleté qui était parcouru par des rubis lui aussi en haut de son tissu noir … Car elle portait une robe noire ? Si le haut était terminé par des rubis, le bas, quant à lui s’arrêtait au niveau du haut de ses cuisses. Ce n’était pas que ça … Le bas semblait comme déchiré ou … brûlé ? Il flottait comme des flammes … et elle portait des gants noirs lui allant jusqu’aux bras. Si on rajoutait ses collants troués en de nombreux endroits mais aussi de lourdes bottes noires, elle était …

« Splendide ? Je crois ? »

« Comme je suis une femme aux allures de flammes … Je pensais que c’était une tenue appropriée. Je ne voulais pas trop en montrer, je ne voulais pas trop en cacher. Bien entendu, tout cela n’est que le fruit de mon imagination. Alors ? Kéran ? Est-ce que … je suis belle ? Comme femme ? »

« Tu l’as toujours été mais là … Tu l’es encore plus. Enfin, tu es très féminine … Et encore plus jolie qu’auparavant. Elle te va très bien cette tenue. »

« Les trous et les déchirures sont faits exprès. Je voulais que ça paraisse … comme si mon corps était enflammé … Est-ce que ce n’est pas dérangeant ? »

« Non non ! Tu es très bien comme ça ! Vraiment très bien ! »

En fait, il avait les yeux rivés sur le décolleté de la jeune femme, le faisant rougir comme un gamin pris en faute. Mais comment faire pour ne pas ignorer ça ? Comment faire pour ne pas regarder ce qu’il avait « côtoyé » pendant des mois ? Car là … Ils étaient « libres » et …

« Un regard aussi insistant … est quand même assez embarrant, Kéran. C’est bien pour cela que d’habitude, je préfère les recouvrir par un bandage. »

« Comme … Comme si je regardais ça ! Et puis quoi encore ! Mais voilà, je me tiens en face de toi et alors ? Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? »

« Pourquoi est-ce que tu te comportes aussi brutalement à nouveau ? » demanda la jeune femme aux cheveux blancs, faisant un pas vers lui. Il se statufia, un peu de glace se formant autour de sa main gauche mais il s’arrêta, murmurant :

« Tu ne crois quand même pas que … Parce que tu portes une autre tenue, je vais te pardonner ? Enfin … »

« Me pardonner ? Je ne sais pas … Mais Kéran, saches que je ne voulais pas que tu souffres, j’ai voulu te mettre en garde. J’ai voulu tellement de bonheur pour toi … »

« Je le sais parfaitement, Elyséa. Je sais que tu as tout fait pour moi. »

Il la regardait en poussant un petit soupir alors qu’elle le fixait de ses yeux saphir. Elle refit un pas vers lui, puis un second. Elle ne devait être plus qu’à trois ou quatre mètres de lui. Rien que ça … n’est-ce pas ?

« Alors pourquoi est-ce que tu me hais ? »

« Je ne te hais pas. Pas du tout même. Tu confonds … beaucoup de choses. Je ne veux plus personne autour de moi. C’est tout. Je veux être seul, rien de plus, rien de moins. »

« Seul ? Complètement seul même ? Sans rien, ni personne ? Et moi ? Tu ne prends pas en compte que je dois te posséder ? »

« Tu n’as plus besoin de me posséder … Et je suis sûr que tu ne mourras pas de cette manière comme moi je ne mourrai pas car tu n’es plus en moi. Tout cela n’est que des histoires et rien d’autre. Pourquoi devrais-je m’en inquiéter, hein ? Pourquoi ? »

« Kéran, tu me laisserais mourir ? Sans même te préoccuper de moi ? »

« Non … Je ne te laisserai pas mourir, je te laisserai même vivre. »

« Me laisser vivre ? Et comment est-ce que tu comptes faire ça ? » demanda-t-elle tout en s’approchant pas à pas vers lui, jusqu’à finalement être à sa hauteur. « Tu as grandi, Kéran. Tu ne l’as pas remarqué ? J’étais plus grande que toi mais il est dit que les hommes continuent de grandir encore quelques temps après leur majorité. Maintenant, nous sommes à la même taille … sauf quand je porte ces bottes. »

« … … … Je ne tomberai pas dans un piège aussi grossier. Je te préviens. C’est fini, Elyséa, que tu le veuilles ou non. C’est fini. »

« Tu mets fin à quelque chose qui n’a pas encore commencé, Kéran. Laisse-lui une chance, non ? Pourquoi pas ? Kéran ? »

« … … … Elyséa, tu ne comprends pas, hein ? Non, tu comprends et je sais parfaitement ce que tu veux faire mais je refuse catégoriquement. »

« … … … Kéran ? Est-ce que je peux rentrer en toi ? Cette tenue est un peu froide. »

Il continuait de la fixer de son œil valide, l’autre caché par la sève durcie. Il regardait Elyséa, l’observant de haut en bas avant de dire :

« Non, tu ne pourras pas. Mes pensées sont personnelles … et je ne veux plus être possédé. »

« Laisse-moi une dernière fois ? D’accord ? Et je te promets que je me retirerai. »

« … Viens donc. »

Il avait finalement fléchit ? Elle allait alors en profiter. En profiter pour lui faire comprendre à quel point … elle le désirait. A quel point elle voulait se faire pardonner et lui montrer qu’elle l’aimait. Cette tenue … Elle savait que Kéran avait observé assez souvent sa poitrine. Sans s’en vanter ou la mettre en valeur, elle savait qu’une taille un peu plus grande que la moyenne plaisait à Kéran.

Elle arriva jusqu’à lui, lui faisant un sourire des plus tendres avant de tendre sa main droite pour chercher à croiser avec celle de Kéran. Elle allait revenir en lui … Et ils allaient finalement se revoir. Cette fois-ci, plus aucune barrière ne l’arrêterait.

« Kéran, je vais venir en toi, d’accord ? »

« Fais donc … » murmura le jeune homme avec une telle neutralité et froideur que cela l’effrayait un peu. Elle commença à devenir un peu de fumée noire, cherchant à s’insinuer en Kéran … sans y arriver ?
Elle reprit une forme normale, regardant Kéran avec étonnement alors que celui-ci poussait un profond soupir. Elle se sentait maintenant terriblement froide … froide … comme la mort. Comme si quelque chose lui glaçait les os.

« Pour … Pourquoi est-ce que je n’ai pas pu ? Déjà que tu m’as expulsée, je … »

« Elyséa, tu n’es plus faite pour posséder mon corps, voilà tout. Je ne dis pas que je mérite mieux … mais il semblerait que ça soit terminé. »

« Posséder ton corps ? Plus faite ? Qu’est-ce que … ça veut dire ? »

« Tu ne vois pas ? Regardes autour de moi … Tu ne vois pas ce froid qui m’habite ? Ce froid qui est là, prêt à glacer quiconque tente de s’approcher de moi. Je vais te le dire, Elyséa … A cause de Katérina, plus personne ne peux m’approcher. Alors me posséder encore moins. Vous avez voulu jouer avec moi … Vous en payez le prix. Mais je ne suis pas mauvais de nature. Je ne vais pas vous faire du mal. »

« NE RACONTE PAS N’IMPORTE QUOI ! »

« Je ne dis pas de sottises, Elyséa. Dorénavant, je voyage seul. Je n’ai besoin de rien, ni personne. Peut-être que mon corps ne me supportera plus … Peut-être que même … Je serai mort cinq minutes après t’avoir quitté mais … Qu’importe. Je préfère encore être seul que mal accompagné. »

« Kéran … Arrête … Je veux être au plus près de toi. Pourquoi est-ce que tu refuses tout ça ? Alors que maintenant, nous pouvons … Je … »

« Elyséa ? Tu veux rire un bon coup ? Tu veux que je te dises quelque chose qui va te faire rire ? Je suis sûr que ça va te faire rire. »

« … … … Non, je ne veux rien entendre car ça ne sera pas drôle, loin de là. » rétorqua la jeune femme aux cheveux blancs, serrant ses poings.

« Quand j’ai parlé à Katérina, du moins, quand je voulais parler à Katérina pour lui dire d’arrêter le mariage, de le considérer comme il n’était pas existant, c’était tout simplement pour être libre. Je voulais dire … Je n’aimais pas autant Katérina que je l’aurai cru. Mais j’ai été stupide, tellement stupide. Elle me trompait depuis le début. Ah … Peut-être que c’était pour se venger que le destin m’a fait ça ? Il s’est dit : AH ! Il en a pas assez bavé ! Rajoutons encore plus de saloperies ! YOUPI ! »

« Et qu’est-ce que … tu aurais fait après avoir quitté Katérina ? »

« Oh … Je ne sais pas … Je pensais accepter la proposition de vivre paisiblement et éternellement avec une autre femme. Je crois que c’est ça que le destin n’a pas accepté. Que je décide d’aller vers une autre femme. Oh ! Le pire, c’est que j’étais certain avec elle de me proposer … J’étais convaincu ! »

« Pro… poser ? » demanda la jeune femme, serrant les poings, le visage baissé.

« Oh … Je sais pas … Autant avec Katérina, cela avait été un peu vite, autant avec cette personne, je me disais que ça serait normal et logique. Ah ! Je me sentais si bien avec elle ! C’est vrai … Je me sentais bien mieux dès l’instant où elle me parlait et discutait avec moi … de tout comme de rien. Mais bon, c’était bien … auparavant. »

« Proposer quoi ? »

« De vivre avec elle. Enfin, qu’elle vive avec moi. Dans une petite hutte, toutes ces choses stupides, la voir quand je me lève, la voir quand je me couche. Faire des travaux quotidiens barbants mais qui, grâce à elle à mes côtés, me permets de supporter tout ça avec une telle aisance. Bon … C’était auparavant. Maintenant, je ne veux plus rien de tout ça. »

« Est-ce que … cela t’amuse de me faire souffrir ? Tu as décidé de te venger sur moi ? C’est bien ça ? Je sais … parfaitement que je suis en partie fautive mais … Ne gâche pas ta chance, Kéran. Il n’y en aura peut-être jamais une autre. »

« Gâcher ma chance ? Humpf … Ca ne fait rien. Je crois que j’en ai jamais eu depuis le début de mon existence. La seule chose qui se rapporte à de la chance, ce fut de te connaître. Adieu, Elyséa. Je m’en vais vers la montagne des dragons. »

« NON ! Je t’en empêcherai ! Pas dans cet état ! Pas sans moi ! »

« … …. …. Elyséa ? Tu as entendu peut-être ce qui avait été dit, n’est-ce pas ? N’oublie pas de qui je suis le descendant. »

D’un geste de son unique main, une bourrasque enneigée se forma, aveuglant Elyséa qui continua néanmoins de courir vers lui. Sauf que la bourrasque vint la repousser, la faisant tomber en arrière. Quand, après quelques minutes, elle s’arrêta … Kéran n’était plus là.

« I … Idiot … Je ne plaisantais pas sur nos corps. Pas du tout ! J’ai besoin de toi … J’ai besoin d’être en toi … mais non pas parce que je risque de mourir … mais simplement parce tu es Kéran … et rien d’autre. »

Alors pourquoi est-ce qu’il refusait ça ? Pourquoi ? Il était hors de question d’abandonner. Il en était hors de question. Elle n’avait JAMAIS abandonné. JAMAIS … Sauf contre Karos … Lorsque Kéran fut en danger de mort. Elle se battrait pour tout … même pour que Kéran redevienne ce qu’il était … et qu’il admette ce qui se passait entre eux deux. Elle allait juste prévenir les autres personnes de sa décision puis partir à sa recherche.

Laisser un commentaire