Chapitre 298 : Derniers soubresauts

ShiroiRyu
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Chapitre 298 : Derniers soubresauts

« Ah … Ah … Ah … Ma belle Elyséa, c’est fini. »

« C’est le cas, mon doux Kéran. » murmura la voix en lui.


Il avait fermé les yeux, le sourire aux lèvres alors qu’il écoutait doucement ce qui se trouvait autour de lui. Il semblait heureux … heureux et satisfait … ou presque. Ce n’était qu’une apparence, une chimère … Il ne l’était pas. Il s’était promis de sauver Sélia, il aurait voulu trouver le moyen de la sauver … Sauver sa sœur … qui avait tout fait pour combattre cette gelée. Et sauver aussi Hyathéna.

« Mais je n’ai réussi à rien faire, c’est tout. »

« Ne t’en veut pas pour ça, Kéran, ce n’est pas de ta faute, loin de là. »

« Je suis sûr qu’il y avait une solution … Une possibilité pour extraire cette gelée de son corps et la sauver. Il était possible de la sauver, j’en suis certain ! J’en suis certain, Elyséa ! »

« Et même si cela fut possible … Disons que tu aurais trouvé la solution miracle, est-ce que tu aurai pu l’utiliser ? Y arriver ? »

… … … Pas forcément. Il comprenait ce qu’elle voulait dire. Il comprenait parfaitement même. Il resta couché sur le sol, Iyasminé et Katérina près de lui, inquiètes et soucieuses.

« T’arrêtes pas de te parler à toi-même, Kéran. T’es encore en train de discuter avec elle ? »

« Bien entendu, Katérina. Bien entendu … Tous les morts ont été réunis au même endroit ? Enfin … Sur cette montagne ? Ca serait … mieux qu’ils soient enterrés ici. Pour ne pas oublier leurs sacrifices. »

« Zénark … Zénark n’est pas très loin. » bredouilla Iyasminé avec lenteur, ayant un peu de mal à contrôler ses émotions à cause de tout ce qui s’était passé.

« D’accord … D’accord … Ah … Je me sens un peu mal. »

« Hein ? Comment ça ? Kéran ! Je vais te soigner, je te le promets ! »

Elle ne voulait plus aucun mort ! Plus aucun ! Elle commença à faire apparaître des racines mais soudainement, une fumée noire s’extirpa de Kéran, prenant la forme d’Elyséa.

« Hein ? Pour … Pourquoi ? Kéran ? Kéran ? » bafouilla la femme aux cheveux blancs avant de se mettre à côté de Kéran, le corps de celui-ci ne se soulevant plus.

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu es partie de son corps, Elyséa ? Kéran a besoin de toi en lui ! » cria Katérina, Elyséa répliquant sur le même ton :

« Tu crois que je le sais ?! C’est lui qui m’a repoussée ou alors … Ou alors … Son corps… Je n’ai plus rien à posséder. Son corps m’a rejeté car … Non. Non et non. Je n’ai aucune preuve … Aucune preuve alors je ne crois pas à ça. Je n’y crois pas du tout ! »

Elle ne voulait pas ! ELLE NE VOULAIT PAS ! Alors pourquoi est-ce que le corps de Kéran ne se soulevait plus ? Pourquoi ? Pourquoi ? Elle posa sa tête contre son cœur. Il continuait de battre … mais très lentement, très lentement.

« Aie, aie, aie … Elyséa … Ca fait mal … »

« Kéran ! IDIOT ! Tu me fais peur ! »

« Ah … J’ai juste un peu de mal à respirer. »

C’est vrai. C’était à peine … si sa poitrine se soulevait. Le jeune homme se redressa avec lenteur, se retrouvant en position assise tandis qu’il ne prenait qu’un souffle toutes les vingt à trente secondes. Il murmura :

« Mon corps est saccagé … dévasté … »

« Ne dit pas … n’importe quoi. Pourquoi est-ce que tu m’as repoussée, Kéran ? Je veux rester en toi … Je veux juste rester en toi. »

« Elyséa ? Je préfère t’avoir en face de moi … à mes côtés … Au moins, tout le monde verra à quel point tu es magnifique. Les gens doivent le savoir … Les gens doivent apprendre que tu es le plus bel être qui existe dans ce monde. Je suis heureux de t’avoir connue, Elyséa. Vraiment très heureux … Plus qu’heureux … Ah … Elyséa … Il faut que je fasse quelque chose … Il faut que je le fasse. »

Avec lenteur, il posa son unique main sur la sève qui recouvrait son œil gauche. Celui qu’il avait failli se crever. Il retira la sève, regardant de ses yeux saphir la jeune femme aux cheveux blancs avant de sourire.

« Vraiment superbe … Vraiment … »

« Kéran, laisse-moi revenir dans ton corps. Je ne veux pas te quitter … Je ne veux pas … »

Elle commença à sangloter, Kéran posant maintenant ses doigts sous le menton d’Elyséa, le relevant légèrement avant de l’embrasser pendant quelques secondes. Finalement, lorsqu’il arrêta, il se tourna vers Katérina.

« Ne t’en fait pas … Je ne t’en veux plus, Katérina. Je sais juste que … nous avions fait une erreur tous les deux. Nous étions trop pressés … et nous n’y connaissions pas grand-chose en fin de compte. Je suis aussi fautif que toi dans cette histoire … »

« Ne me dédouanes pas de mes actes. Je suis celle qui a commis la faute en première. Dans ma jalousie … trop ancrée en moi, je n’ai pas pensé un seul instant à toi … et au fait que tu n’aurais jamais commis un tel acte, Kéran. C’est à moi de m’excuser et … »

« Et excuses acceptées. Je n’ai pas envie de partir en sachant que je suis en froid avec toi … Hahaha … Froid, Kyurem, montagne des dragons … »

Il éclata d’un rire tonitruant, crachant du sang avant de se mettre subitement debout. Cela aurait presque ressemblé à un rire de dément mais … Il se contrôlait correctement. Enfin … Presque … Il posa ses yeux sur Iyasminé avant que sa main ne vienne caresser ses cheveux auburn … Il murmura :

« Je sais que tu m’excuses et me pardonnes mais … »

« Tu es … mon héros … Kéran. Tu ne pourras pas changer ça … qu’importe ce que tu dis, qu’importe ce que tu fais. Tu m’as sauvé, tu as sauvé tellement de personnes et … »

« Je n’ai pas réussi à sauver les personnes importantes à nos cœurs … Je considère que je n’ai pas réussi ce que je voulais … Tu aurais aimé que Zénark soit avec toi, je le sais bien. Je voulais pareil avec Sélia … et voilà où je l’ai trouvée … Sur le sommet de cette montagne. »

« Stop, stop, stop … Il faut que tu arrêtes de parler. Sélia, Katérina, est-ce quelqu’un peut m’aider ? On part d’ici maintenant. Il faut que l’on parte et qu’on aille le soigner. »

« Non, il me reste une dernière chose à faire … Et je ne veux que personne s’en mêle. Même Elyséa … Personne … Hahaha … »

« De quoi est-ce que tu parles, Kéran ? » murmura Elyséa, inquiète, posant sa main dans la sienne, le jeune homme la retirant aussitôt.

« RELEVES-TOI ! JE SAIS QUE TU ATTENDS JUSTE QUE NOUS SOYIONS PARTIS POUR ESPERER SURVIVRE ! »

Se relever ? Qui donc ? Qui pourrait se relever ? Quand même pas … Tous les visages se tournèrent vers le corps allongé sur le sol, celui de Sélia. Il avait à nouveau une apparence humaine, c’est vrai mais …

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il a fallu après tous ces millénaires que je tombe sur quelqu’un comme toi ? Sur une plaie de ton genre ? Pourquoi ? Alors que j’avais finalement trouvé le corps parfait ? POURQUOI ? »

« Car je ne suis pas aussi stupide que ça … Nous n’avions aucune preuve de ta mort réelle. »

« Hahaha … Hahaha … J’aurai mieux fait de faire exploser ce corps … pendant cette fichue attaque. Mais le perdre serait revenu à ce que j’attende plusieurs millénaires. »

« Ton empressement coûtera ton existence. ALLER ! Relèves-toi ! »

« Kéran ? Elle … Cette gelée n’est pas morte ? » dit Elyséa, cherchant déjà à s’enfoncer dans le corps de Kéran sans y arriver. Mais elle n’y arriva pas, Kéran chuchotant :

« Reculez … Je ne sais pas ce qu’elle prépare et … »

« TU AS VU TON CORPS KERAN ?! » hurla Elyséa.

« Et ? Quel est le problème avec celui-ci ? Je peux encore courir … Je peux encore vivre … Je vais me débarrasser une bonne fois pour toutes de cette gelée. »

Sélia se releva avec lenteur, un trou béant au niveau du ventre. Sauf que le trou commença à se combler, laissant apparaître un étrange visage … entièrement vert … Même les yeux étaient complètement verts, sans pupille …

« Déchet humain … Je vais t’apprendre ce qu’il en coûte de vouloir me tenir tête. »

« Bien entendu, bien entendu et je compte … »

« TOUS DESSUS ! NE LAISSEZ PAS KERAN SE BATTRE ! »

Katérina avait crié avant qu’il ne termine sa phrase mais aussitôt, dès les premiers mouvements, tous se retrouvèrent à terre, leurs pieds s’étant gelés.

« Qu’est-ce que je vous ait dit ? C’est une affaire entre elle et moi. » murmura le jeune homme aux cheveux blancs, ses yeux saphir se posant sur le visage au niveau du ventre de Sélia … C’était là que se trouvait cette gelée … ce qu’il en restait.

« Tu es plus fort que vif, ce corps est encore capable d’utiliser toute sa puissance. »

« Et alors ? Qui a dit que c’était ce corps que je comptais vaincre ? C’est uniquement toi et personne d’autre. Ce corps ne t’appartient pas. »

« FOUTAISES ! Je contrôle ce corps et tous les pouvoirs qui sont en lui ! TU NE PEUX RIEN FAIRE CONTRE MOI ! TU … »

Sélia s’immobilisa, faisant un pas vers Kéran alors le visage au niveau de son ventre paraissait inquiet. D’ailleurs, ce fut lui qui prit la parole :

« Qu’est-ce que … Je n’ai jamais voulu faire ça ! »

« Qu’est-ce que cela fait de ne plus avoir le contrôle de son corps ? De ne pas comprendre ce qui se passe ? » déclara une voix féminine.

« TOI ?! POURQUOI EST-CE QUE TU ES LA ?! »

« Sélia … » murmura le jeune homme aux cheveux argentés alors que tout le monde était à terre, les pieds gelés. Seul lui était debout.

« Hodan ! Fais quelque chose ! Sors de mon corps et libère-nous ! »

« Je ne peux pas … Je ne sais pas ce que Kéran a fait … Je ne sais pas du tout … » murmura l’être en elle alors que Sélia reprenait :

« Tu as voulu posséder tellement de personnes … Un peu comme moi … mais non pas pour les mêmes raisons. D’ailleurs … J’ai quelque chose à dire à Hodan. »

La dernière phrase avait changé de ton, comme si c’était quelqu’un d’autre qui parlait. Une autre voix … Une voix différente … Une voix qui était celle d’un être si cher à Hodan, un être qu’il avait perdu à jamais … ou presque ?

« Pardon Hodan pour cette mise en scène. Le fait qu’elle me dévore était voulu par elle et moi. Ainsi, en s’attribuant mes pouvoirs et mon être, je pouvais plus facilement l’épauler. »

« L’épauler ? L’aider ? QU’EST-CE QUE CA VEUT DIRE ?! » s’écria le visage dans le ventre de Sélia, commençant à se liquéfier comme pour s’échapper. Mais les deux mains se posèrent sur son dos et son ventre, le gelant … Le visage se reforma, emprisonné en Sélia.

« Ce que cela veut dire ? Tout simplement que tu as voulu posséder tellement d’êtres … qu’il est alors normal qu’ils se rebellent. Pourquoi pensais-tu qu’Hyathéna a voulu que je dévore autant de dragons ? Même ceux de la montagne des dragons. Non pas pour m’accaparer leurs pouvoirs … mais pour les libérer de ton emprise. Tu crois réellement pouvoir nous tenir tête ? A nous ? A tout le monde ? Là où tu as sonné ton glas … Ce fut lorsque tu m’obligeas à le dévorer … Ce corps que tu as gardé pendant des millénaires en attendant que tu en trouves un capable de contenir son immense pouvoir. Kéran ? Quelqu’un a un message pour toi. »

Sélia ferma les yeux pendant quelques secondes, se rouvrant ensuite. Il pouvait apercevoir les deux pupilles … sauf qu’elles étaient dorées. Et la voix qui émanait de Sélia … était douce et froide … Mais c’était une belle voix … Très belle voix féminine.

« Je sens la présence de ma lignée en toi. Ainsi, tu es donc le descendant de mon … enfant, n’est-ce pas ? Si je m’attendais à ce que tu lui ressembles tant, je pense que le destin a voulu ceci. Je dois me présenter : Kyurem. Dragonne chargée de la protection de la montagne des dragons mais accessoirement de celle de ce monde. »

« Je crois que c’est la première fois … que je vous vois. »

« Il y a de fortes chances … Et encore, je suis dans le corps de cette jeune femme et non le mien réellement. Mais ce n’est pas une excuse. Cette entité ne peut plus s’échapper de ce corps. Transperce-nous de ta lame … et finissons-en à jamais. »

« J’aurai aimé mieux vous connaître … madame Kyurem ? »

« Je ne sais pas si m’appeler de la sorte est une bonne chose mais …J’aurai voulu la même chose, ma descendance. Nous allons venir vers toi … Il faut que tu fasses de même de ton côté. Alors, nous disparaîtrons avec cette gelée. »

« NON NON ! NON ! NE FAITES PAS CA ! » hurla le visage au niveau du ventre de Sélia, de nombreux cris se faisant entendre … Des cris de dragons qui émanaient du corps de Sélia, par tous les pores de sa peau. Le jeune homme baissa la tête, disant :

« Je ne suis pas sûr que mon corps me portera jusqu’à vous. J’ai à peine assez de force pour cela … Mais … Est-ce que je serai capable de produire un froid assez fort pour geler définitivement cette chose ? »

« Tu es ma lignée, Kéran … Tu peux accomplir cela. » murmura la voix de Kyurem en Sélia.

C’est tout ce qu’il avait besoin d’entendre. Il fit tournoyer son épée de son unique main, un froid glacial émanant de tout son corps alors que Sélia courait vers lui. Il fit de même de son côté : transpercer ce visage, détruire cet arbre … et ensuite … se reposer à jamais.

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