Chapitre 299 : Cristalliser la vie

ShiroiRyu
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Chapitre 299 : Cristalliser la vie

Ce ne fut qu’un instant … L’instant où la lame de l’épée de Kéran se planta dans le visage vert se situant au niveau du ventre de Sélia. Sauf qu’il continuait à courir, emportant la jeune femme aux cheveux bleus avec lui sur sa lancée.

« J’ai juré que je vous sauverai … Je le ferai … Jusqu’au bout … »

La lame se planta dans l’arbre, le corps de Sélia toujours planté. Kéran pourtant, ne fit aucun pas pour reculer. Il avait un petit sourire aux lèvres, murmurant :

« Kyurem … Vous m’avez dit que j’étais de votre lignée … Pour vaincre cette gelée … Il faut alors provoquer un froid égal au zéro absolu … n’est-ce pas ? »

« Je m’y suis souvent rapproché mais je n’y suis jamais arrivé. » murmura Sélia bien que ce n’était pas le même ton que d’habitude.

« C’est pour cela que cette gelée a survécu jusqu’à aujourd’hui … mais aujourd’hui, je vais régler ce problème une bonne fois pour toutes … et vous sauver tous … Même vous, Kyurem. Même toi … Sélia. »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »

C’était encore Kyurem qui lui posait la question alors qu’il faisait un grand sourire. La garde de son épée se brisa, ne laissant plus que la lame ancrée dans le visage vert. Le visage qui se tortillait de douleur, s’écriant :

« VOUS NE POURREZ PAS ! Je suis immortel ! Je suis immortel ! »

« Non. Tu ne l’es pas … Personne ne l’est. Je vais te faire une démonstration. »

Avec lenteur, sa main se posa sur l’arbre dans lequel la lame s’était plantée. Aussitôt, un froid des plus glacials vient de former sur l’arbre, gelant son écorce … Peu à peu, le froid commençait à parcourir l’intégralité de l’arbre mais aussi la lame de Kéran.

« Je pense que ça suffira … pas … Il faut encore plus de force … Encore plus … Encore plus … Toujours plus … Ce n’est pas suffisant. »

« ASSEZ ! JE T’EN EMPÊCHERAI ! »

La glace au niveau du dos du ventre de Sélia vint se briser, l’arbre retrouvant quelques couleurs, des racines se plantant de toutes parts dans le corps de Kéran … avant de se geler subitement et de se briser.

« Ca … Ce froid … Je ne peux même pas … Je ne peux … Ce froid qui provient de son corps … C’est encore plus … Encore plus que Kyurem. »

« Je te l’avais dit. Tu ne peux pas y arriver maintenant … C’est trop tard. Le destin est en route … Regarde donc cela … Cet arbre, incarnation de ta puissance et de ton être … Regarde ce qui lui arrive … Ce que je vais lui faire … »

« JE NE TE PERMETTRAIS PAS ! JE T’EN EMPÊCHERAI ! »

Le visage vert disparu du ventre de Sélia, se transférant de la lame jusu’à l’arbre, un gigantesque visage vert apparaissant en son centre, des racines sortant à nouveau de tous les côtés pour tenter de toucher Kéran. Mais dès l’instant où les racines arrivaient jusqu’à lui, elles se brisaient … comme du cristal.

« Tu ne comprends pas ? Je vais te le montrer … »

Avec lenteur, il posa son unique main sur l’arbre, sa main se brisant à son tour … comme du cristal … Doigt par doigt, ces derniers se brisaient comme du verre.

« Ce froid ancré en moi … est maintenant ancré en toi … Mais c’est suffisant … C’est largement suffisant … Je crois … Ah … Ah … »

« Kéran ! Arrête ça maintenant ! ARRÊTE ! »

La voix d’Elyséa. Il se tourna vers elle, faisant un petit sourire tandis que Sélia était tombé au sol. Sans la gelée verte en elle, elle avait rejoint les cieux … ou presque … Il avait juré de la sauver … Et il allait y arriver.

« Pourquoi ?! Pourquoi est-ce que j’ai si froid ?! »

L’arbre avec ce visage peint sur lui continuait d’hurler, tentant de briser Kéran mais rien n’y faisait. Le jeune homme posa son regard sur sa jambe droite, celle-ci se fissurant avant de se réduire en morceaux. Il s’écroula en arrière, assis contre l’arbre.

« Il vaut mieux fermer les yeux … »

Ainsi, il ne verrait pas le visage d’Elyséa. Il cligna les yeux une première fois, remarquant que la glace qui bloquait tout le monde n’était plus présente. Une seconde fois et Elyséa était déjà en train de courir vers lui.
Il ne pouvait pas s’empêcher de sourire … Il ne pouvait pas s’en empêcher … Mais … Elle ne devait pas le toucher. Elle ne devait pas. Avec lenteur, il leva ce qu’il lui restait de bras, une paroi glacée et translucide se formant autour de son être, Elyséa commençant à frapper de toutes ses forces contre la glace.

« KERAN ! RETIRE CETTE GLACE ! RETIRE-LA ! KERAN ! »

« Non … Si tu me touches … Tu seras gelée … toi aussi … Mon corps a atteint le zéro absolu … Je ne suis plus que … »

« JE VEUX VENIR AVEC TOI ! KERAN ! NE ME LAISSE PAS SEULE ! »

« Tu m’excuseras ? Cette fois-ci … C’est moi qui pars ah … en premier. Ah … Mon bras … » murmura le jeune homme, posant ses yeux saphir sur son épaule gauche. Il n’en restait plus rien maintenant. Maintenant, Katérina frappait de ses lames contre la glace mais rien n’y faisait. Aucune fissure n’était visible … sauf sur son propre corps et sur l’arbre.

« KERAN ! BORDEL ! Ne lâche pas maintenant ! »

« Mon corps est fatigué … très fatigué, Katérina … Mais je suis soulagé. Je sais que je vais sauver tout le monde. Regardez cette gelée verte … Regardez cet arbre majestueux. N’est-il pas beau ? N’est-il pas magnifique ? »

« NON ! C’est l’incarnation de tout ce qui a causé du tort dans ce monde ! »

« Non … C’est ce qui va tous vous sauver … Tous … Elyséa … Tu trouveras un gentil jeune homme, n’est-ce pas ? »

« Qu’est-ce … Qu’est-ce que tu racontes encore là, Kéran ?! » bredouilla la femme aux cheveux blancs, ordonnant à tous de reculer. Avec rage, elle concentra toute sa force ténébreuse dans ses poings, frappant la glace. Des fissures apparurent … mais sur le sol autour d’elle, signe de sa puissance.

« Je t’ai donné la mort … auparavant … Aujourd’hui, je t’offre la vie, Elyséa. Profites-en … D’accord ? » murmura le jeune homme aux cheveux argentés.

« Mais … Mais … Mais … Kéran … »

« Il est l’heure, ma douce … Adieu. »

Il ferma les yeux, sa tête penchant sur le côté alors que des fissures étaient visibles sur son visage. Sa peau commença à craqueler comme au niveau de ses brûlures. Sa secondes jambe se brisa en morceaux, la voix dans l’arbre éclatant de rire :

« MORT ! IL EST MORT ! ET J’AI TOUJOURS SURVECU ! Cet imbécile pensait que j’allais mourir ?! Il pensait réussir à me battre ?! HAHAHA ! Cet idiot ! Je sais ce qu’il avait en tête ! Je suis capable de donner la mort … mais aussi la vie … Je suis comme un dieu ! Je … Que … Quoi ? »

« Kéran a juré de t’éliminer et de t’emporter avec lui … Il a dit que ce qu’il touchait allait se geler avec lui. Regarde contre quoi il est adossé. »

« Non … Non … Non ! Je ne le permettrai pas ! Je ne le permettrai pas ! JE NE LE PERMETTRAI PAS ! Je vais tous vous tuer ! TOUS ! »

Les racines mais pas seulement, les branches de l’arbre gigantesque se dirigèrent vers Elyséa et les autres personnes présentes. Mais pourtant, aucun ne vint bouger, Elyséa reprenant :

« Kéran a fait une promesse … Il m’a demandé d’en faire une aussi … Il tiendra la sienne. Adieu … Et bon débarras. »


Tel du cristal, les branches et les racines se brisèrent, seconde après seconde … Mais c’était maintenant au tour de l’arbre de devenir translucide … La glace autour de Kéran vint disparaître, signe qu’il avait quitté ce monde. Elyséa fit un mouvement vers lui, posant un genou au sol, tendant la main. Il avait le sourire aux lèvres, le sourire de l’être qui avait accompli ce qu’il désirait.

« Je n’ai pas peur … de mourir une seconde fois, Kéran. Pourquoi … est-ce que tu me refuses ça ? Pourquoi ? Tu es un idiot … Je t’avais promis de t’attendre … Nous nous étions promis … n’est-ce pas ? Alors … Pourquoi ? »

Pourquoi ? Avec lenteur, sa main droite caressa la joue de Kéran, l’effritant. De toute façon, maintenant, son corps ne laissait plus transparaître aucun froid. Elle vint le serrer contre elle, un dernier cri résonnant dans l’immensité de la montagne des dragons et des alentours. Puis … Une pluie … Une fine pluie … Ou de la poudre.

Elyséa ne tenait plus rien entre ses bras et il en était de même pour l’arbre devant elle. L’arbre avait fini par être réduit en une fine poudre qui tombait maintenant sur la montagne des dragons. La femme aux cheveux blancs chuchota :

« Je comprends … ce que tu voulais faire, Kéran. Mais je suis désolée, je ne pourrai pas tenir la promesse que tu voulais que je fasse. Katérina, Hodan … Iyasminé … Bonne vie à vous tous. Je ne l’accepterai pas si Kéran n’est pas avec moi. »

Bonne vie ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire ? La poudre commença à tomber sur leurs corps alors qu’Elyséa disparaissait dans le sol. Elle comprenait … les paroles de Kéran. Elle les comprenait maintenant. Cette gelée verte … Même si elle était détruite … et réduite en poudre, elle avait toujours son aspect bénéfique.

« Désolé d’avoir causé autant de problèmes, Iyasminé. »

L’adolescente aux cheveux rouges se tourna vers l’origine de la voix, ouvrant la bouche sans qu’aucun mot n’en sorte. Un jeune homme aux cheveux blancs avec une mèche bleue sombre en son milieu se trouvait devant elle. Mais elle savait qui c’était … Elle le savait parfaitement.


Des cris se firent entendre, de puissants cris alors qu’à côté de Katérina, un homme aux cheveux blonds et d’une taille plutôt impressionnante était présent. Ses yeux rubis se posèrent sur le corps de deux femmes allongées l’une à côté de l’autre.
L’une avait des cheveux bleus et des yeux rouges … L’autre avait la même couleur pour les yeux … mais des cheveux violets. L’homme aux cheveux blonds s’approcha des deux femmes, celle aux cheveux violets venant l’étreindre pendant de longues secondes.

« Je ne pensais pas … qu’il y arriverait … Mais me sauver ? Moi ? »

« Kéran adorait sa grande sœur. Pour une fois, il a voulu la protéger et la sauver. Il a toujours été celui qui se trouvait derrière elle. Utiliser les pouvoirs curatifs … de cette gelée … sans qu’elle soit encore présente dans ce monde, comment a-t-il pu penser à ça ? »

« Car sa vie était aussi fragile que du cristal. C’est pour cela qu’il a décidé de l’offrir à ceux qui l’avaient perdue bien trop tôt. » murmura Elyséa, toujours cachée dans le sol.
Cette vie … Elle ne l’acceptait pas. Elle la refusait … Elle ne voulait pas vivre. Elle voulait juste qu’il soit là, à ses côtés. Elle voulait juste l’aimer … Elle voulait juste rester avec lui. Mais maintenant, ce n’était plus possible. Que Sélia et les autres reviennent à la vie … Tant mieux pour eux. Elle … Elle venait de perdre la raison de son existence.

Dix ans plus tard.

« Kéran, Loa ! Faites attention à vous quand même ! »

Deux enfants en bas âge couraient le long d’un parterre de fleurs et d’herbes. Derrière eux, une femme aux cheveux argentés marchait paisiblement, vêtue d’une robe blanche aux épaules dénudées. Deux enfants, l’un possédait des cheveux argentés, l’autre des cheveux violets … Le garçon était à peine plus âgé que la fille, de quelques mois peut-être.

« Ecoutez Katérina, d’accord ? »

Une autre femme, cette fois-ci aux cheveux violets, comme la jeune fille. Au milieu des deux femmes, un homme aux cheveux blonds était présent. Et autour d’eux ? De nombreux pokémons dragons mais aussi métalliques. Dans le ciel, de nombreux nuages étaient présents mais de couleur blanche … ainsi qu’un magnifique soleil.

« Il fait encore plutôt bon aujourd’hui. Nous n’aurons pas de pluie pour les prochains jours. »

« Maman … Papa, est-ce qu’on peut aller voir la dame ? »

« Bien entendu, faites donc.  Mais encore une fois, ne lâchez pas vos mains et ne vous perdez pas. Même si ce n’est pas très loin, on ne sait jamais. Hyathéna, moi et votre père, nous restons ici pour prendre un peu d’air. » déclara Katérina, les deux personnes à côté d’elle hochant la tête positivement tandis qu’elle souriait.

Dans un autre endroit, au sommet de la montagne des dragons, là où même cette espèce de pokémon ne s’y rendait plus, une personne était assise sur un rocher, regardant à l’horizon comme pour apercevoir quelque chose que nul ne pourrait trouver.

« Madame Elyséa, madame Elyséa ! »

La femme aux cheveux blancs ne bouge pas de sa position. En dix ans, elle n’a pas changé. Elle tourne juste son visage vers les deux enfants, un fin sourire se dessinant sur ses lèvres.

« Kéran … Loa … Vos parents vous ont encore permis de venir jusqu’ici ? »

« Seulement si vous êtes là pour nous surveiller ! »

« Vous savez très bien que je ne peux pas faire cela … Je dois continuer de regarder au loin … en attendant qu’il revienne. »

« Le garçon qu’elle aime. » dit la jeune fille avant que l’autre enfant n’ouvre la bouche. Il n’avait même pas eu le temps de poser sa question !
Les deux enfants vinrent s’asseoir non-loin d’elle, regardant l’horizon comme Elyséa. Puis après quelques minutes, ils se relevèrent, saluant la jeune femme aux cheveux argentés respectueusement. Les heures s’écoulèrent, les jours passèrent, les semaines défilèrent et ainsi de suite. Les enfants devinrent des adultes, de jeunes adultes … Et dix nouvelles années s’écoulèrent sans même qu’elle ne bouge … sans qu’elle ne l’aperçoive.

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