Chapitre 12 : Liés par la famille

ShiroiRyu
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Chapitre 12 : Liés par la famille

Des bandages autour du ventre et passant jusqu’à son épaule droite, le jeune garçon avait put sortir dès le lendemain. Même si tout cela restait un mystère, Malixo avait tout fait pour que Personne ne reste pas une journée de plus dans l’hôpital. Le jeune garçon n’avait pas réellement compris la raison qui poussait Malixo à se comporter ainsi. Tout ce qu’il savait, c’est que Crusaé lui faisait à nouveau la tête et cette fois-ci, il ne savait même pas pourquoi.


Sauf que cette fois, il n’allait rien faire pour se faire pardonner puisqu’il n’avait rien à se faire pardonner ! Là, il avait plutôt envie de passer la journée à parler avec Metsubi de tout et de rien. Après ce qu’il avait dit hier, il se sentait encore fautif et il ne voulait absolument pas rendre la jeune fille aux couettes noires à nouveau malheureuse.

« Dites … Au sujet de Rokan … Qu’est-ce que vous pensez qu’il va faire ? »

« Si il va t’attaquer à nouveau ? Je ne sais pas mais tu as réussi à salement le toucher. Par contre, que tu te sois soigné de toi-même indique que Rokan peut faire de même. On va devoir faire REELLEMENT attention chaque jour. » annonça Malixo qui semblait aller bien mieux depuis que le jeune garçon était en sécurité et surtout hors de danger.

« De toute façon, je l’attendrai, je n’ai pas d’autres choix. Ce n’est pas moi qui va chasser les légendaires mais l’inverse. Même si on ne veut plus se battre, ça ne changera rien. »

« Ne pense pas comme ça, Personne. Un jour, tout sera réglé … Un jour … Hum … Nous sommes dans une cité … Ca me fait penser … Je vais devoir y aller, les enfants. »

Il avait dit cela avec neutralité, du moins, essayant d’être neutre alors que le jeune garçon aux cheveux noirs hochait la tête d’un air positif. Personne reprit la parole :

« Euh … Tu pourras réellement dire pourquoi tu fais ça hein ? Moi … Je veux pas y penser plus … Mais euh … Si tu ne veux pas le faire, ne le fais pas hein ? »

« Tu parles de mon métier ? Je ne vais pas renier ce que je suis … Et Crusaé peut balancer que c’est le plus vieux métier du monde et que je suis pathétique, ça ne change rien que l’argent domine ce monde. On ne peut pas vivre d’amour et d’eau fraîche, Personne. Mets-toi cela en tête, nous ne voulons pas vivre dans l’illégalité alors il nous faut de l’argent. Pour avoir de l’argent, il faut travailler. Pour travailler, il faut … »

« Pourquoi est-ce que tu fais pas un autre travail ? Tu es pas bête du tout ! Et tu es beau ! » répondit le jeune garçon alors que Malixo semblait surpris par ses paroles, rougissant légèrement à ces dernières. Il fallait dire que si même les enfants le trouvaient charmant, cela commençait à devenir embarrassant.

« Ce n’est pas aussi simple que cela … Personne. Il faut aussi avoir des diplômes, des preuves comme quoi, je suis intelligent et je ne les aie pas. C’est pour cela que j’espère qu’un jour, on pourra régler toute cette affaire pour que tu puisses aller à l’école. Les pokémons vont rarement dans un tel bâtiment … »

« … … Ca voudrait dire que je ne serai plus avec Crusaé et Metsubi ? Hors de question ! Alors je préfère être bête plutôt que d’aller à l’école ! »

Le jeune homme rigola légèrement, tapotant le crâne de Personne avant de s’en aller, les mains dans les poches. Personne se retrouvait à nouveau avec les deux filles, Crusaé semblant songeuse alors qu’il se tournait vers elle :

« Alors ? Crusaé ? Tu veux bien me parler ? Pourquoi est-ce que tu me fais la tête ? »

« Pas envie … de te répondre … Puis zut … C’est pas le problème ! On va passer le reste de l’après-midi à nous amuser. »

S’amuser ? C’était bien elle qui venait de dire ça ? Il la regarda avec un peu d’étonnement alors qu’elle lui prenait la main. Il récupéra rapidement celle de Metsubi, les trois enfants s’éloignant de leur côté pour aller s’amuser.

Le soir, ils avaient tous quitté la ville pour retourner dans les bois, comme à leurs habitudes. Ils étaient rares les jours où ils dormaient dans une auberge mais bon, c’était bien mieux que rien hein ? On n’allait pas se plaindre de cet endroit alors qu’ils se faisaient maintenant attaqués ! De toute façon, Personne avait refusé de dormir dans un lit malgré ses blessures même si elles avaient disparu.

« Bon … On va signaler que ces derniers jours ont été sacrément mouvementés. D’un côté, nous avons eut affaire à un légendaire et … »

« Ce n’est pas le plus puissant de tous, loin de là même. De l’autre côté, il est moyen partout d’après mes souvenirs … Donc même si il est plus fort que certains légendaires, ces derniers sont quand même plus doués dans certains domaines. »

Hein ? Crusaé semblait attaquer maintenant. Elle entourait le bras du jeune garçon aux cheveux noirs avec ses deux mains, se collant presque contre lui alors que Metsubi faisait de même avec l’autre bras. Encore que Metsubi restait parfaitement muette au contraire de Crusaé. Et Personne dans tout ça ? Il semblait n’accorder aucune réelle importance à cette histoire alors qu’il semblait plus intéresser par autre chose :

« Dis … Malixo … J’ai jamais demandé … Mais est-ce que tu as un papa ? Et une maman ? Comme tu es une grande personne, c’est normal que tu ne les voies plus mais je ne sais pas si tu as une maman … Alors ? Car moi, j’en ai plus mais Crusaé aussi. »

« J’en ai jamais eut plutôt. » répliqua la jeune fille aux cheveux argentés.

« Et pour Metsubi … Euh … Ben … »

Il poussa un petit cri de surprise, sentant que les deux mains de la jeune fille aux couettes noires le serraient avec plus d’insistance. Qu’est-ce qui se passait avec elle ? Elle lui faisait légèrement mal hein ? Qu’est-ce qui lui prenait ?

« Enfin … Voilà quoi … Et donc … Euh … »

« Vous êtes des enfants donc je ne crois pas que vous pourriez comprendre. »

« Blablabla. Arrête de tourner autour du pot, je ne suis pas une gamine. » annonça Crusaé.

Malixo poussa un profond soupir. Il fallait vraiment qu’il pose cette question maintenant ? Il ne l’avait jamais fait auparavant … Etait-ce à cause du combat contre Rokan ? De tout ce qui s’était passé ces derniers jours ? Peut-être… Hum …

« Je pense que Crusaé s’en serait doutée mais ma vie n’a pas été très facile. Enfin, comme je l’ai annoncé ce matin, je n’ai pas fait ce métier par choix. Peut-être que pour certaines personnes, les Lockpins sont de chauds lapins mais nous ne sommes pas tous comme cela. Bien entendu, nos envies … Non … Je n’ai pas à parler de cela à des enfants. Bref, disons que notre race fait que beaucoup pensent que nous sommes taillés pour ce genre de métier, ce qui est simplement une légende puisque bon nombre d’entre nous ne sommes pas comme cela. C’est mon cas et je suis attristé de ce que je suis devenu. »

« T’en fais pas ! Quand je serai grand, je ferai tout pour que tu n’aies plus besoin de faire ce genre de choses ! » répondit le jeune garçon avec entrain.

« Hahahaha ! Parfait … Parfaitement … Tu réagis comme moi … Tu as des idéaux … Mais non, ce n’est pas ainsi que ça se passe, Personne. »

Hein ? La voix de Malixo tremblait légèrement. Ses cheveux verts cachaient le haut de son visage, celui-ci étant penché vers le feu alors qu’il reprenait la parole :

« Je suis l’aîné d’une famille de onze enfants. Laporeille, Canarticho, Fouinette, Goupix, comme tu peux le voir, nous … »

« Si tu veux, tu peux t’arrêter là, Malixo. J’ai tout de suite compris. » répondit Crusaé alors qu’elle disait aussitôt : « Et si Metsubi et Personne veulent en savoir plus, je les forcerai à ce qu’ils se taisent pour qu’ils évitent de te reposer la question. »

« C’est bon … Crusaé … Parfaitement bon … Je vais continuer. »

« Comme tu le désires mais je t’ai signalé que tu peux t’arrêter quand tu le veux. »

« Bien … Mais je compte continuer … Donc, comme Crusaé s’en est doutée mais je ne pense pas que ça soit pareil pour vous, moi, mes frères et mes sœurs, nous avons tous et toutes la même mère … Mais en ce qui concerne le père, c’est bien différent. »

« Comment ça se fait ? » demanda avec candeur le jeune garçon.

« Ma mère aimait énormément les hommes … Elle aimait énormément UN homme … A chaque fois, elle ne pensait qu’au bonheur de ce dernier … Mais visiblement, la fameuse réputation des Lockpins fait que ma mère n’a jamais gardé très longtemps les hommes qu’elle aimait … En fait, aussitôt ils faisaient leurs affaires, aussitôt ils étaient repartis. »

« … … … Est-ce que ta mère faisait le même métier que toi, Malixo ? » demanda sur un ton neutre Crusaé alors qu’il posait ses yeux sur elle, fronçant les sourcils.

« Non … Ma mère était déficiente mentalement … Elle n’a jamais imaginé un instant que c’était ce qu’elle faisait … Lorsque ces hommes la quittaient à cause de sa tare, lui donnant de l’argent plus par pitié que par autre chose, elle ne comprenait pas. »

… … … … … Elle aurait aimé prendre la parole pour lui dire quelque chose mais elle sentait qu’il valait mieux se taire. Le jeune homme était assis sur le tronc d’arbre abattu, sa tête toujours penchée vers le sol.

« Ma mère a toujours été une imbécile … Une imbécile beaucoup trop gentille … Une imbécile qui aimait tous ses enfants malgré leurs différences … Et j’étais l’aîné de la famille … Je n’ai jamais hésité à voler pour des adultes à des adultes, je n’ai jamais hésité à faire les pires choses comme emmener des femmes dans des ruelles … Je n’étais pas acteur … mais j’étais témoin de ce que ces hommes faisaient à ces quelques femmes … Ces femmes imprudentes qui ne se fiaient qu’au regard du jeune garçon que j’étais. J’ai eut de la chance d’être quelqu’un de beau et élégant … On pourrait me considérer comme une fleur dans le bidonville où nous vivions … mais ce n’était pas suffisant … Onze enfants, ce n’est pas facile à nourrir. Il me fallait de l’argent, beaucoup plus d’argent … Et certaines femmes de la haute société étaient toujours partantes pour avoir un peu de plaisir avec des … jeunots comme elles aimaient les appeler. Je crois que … je vais m’arrêter là … Non… Je dois continuer. »

« … … Malixo … Grand frère … Si tu préfères … arrêter … Fais-le. » murmura Personne en bafouillant, le jeune homme faisant un geste négatif de la main.

« Non … J’ai commencé … Je termine … J’ai quitté ce bidonville vers l’âge de quinze ans … J’ai décidé de vagabonder de cité en cité … jusqu’à m’installer définitivement dans une grande ville … où mon métier était réellement connu … La majorité de mon argent est envoyé mensuellement à ma famille. »

« Mais mais mais … ATTENDS UN PEU ! » s’écria le jeune garçon en se relevant. « Ca fait euh … Deux ans ! Je crois que ça fait autant de temps que tu es avec nous ! Alors comment est-ce que tu donnes de l’argent à ta maman ?! Et à tes frères et sœurs ?! »

« Ah … Tu t’inquiètes pour eux ? Alors que tu ne les connais pas ? Ne t’en fait pas … C’est pour cela que chaque fois que nous allons en ville et malgré le fait que cela rapporte beaucoup … malgré mes prix … Je continue de leur envoyer de l’argent. Ils vivent bien … Ils vivent très bien mais je ne les aie pas vus depuis que je suis parti. »

« Allons les voir alors ! Maintenant que tu n’es … »

« Il ne vaut mieux pas. Ma famille ne sait pas comment j’obtiens cet argent. Ils pensent que je suis une gravure de mode ou un mannequin. Ils n’ont pas besoin de savoir la vérité. »

« Comme tu le veux … Je voulais t’aider … moi. »

« Tu n’as pas à m’aider. C’est ma famille, c’est mon problème. » répondit le jeune homme avec lenteur alors que la discussion semblait être terminée. Mais est-ce qu’elle l’était réellement ? Au bout de cinq minutes de silence, tout le monde avait conclut ceci.

Et voilà que quelques plus heures plus tard, alors que tout le monde était déjà couché, Malixo ayant trouvé le sommeil très rapidement. Et lui ? Metsubi était collée contre son dos, dormant paisiblement tandis qu’il était face à face avec Crusaé.

« Tu n’arrives pas à dormir, Personne ? »

« Pourquoi est-ce que j’arriverai à dormir ? J’ai l’impression de faire autant de mal que toi. »

« Co… Comment ça ? Comment est-ce que … »

« Tu as tué mes parents pour ne plus avoir de famille … pour que je n’en ai plus … Mais de l’autre côté … Moi, j’ai sauvé Lina que je considérais comme ma grande sœur. Elle est morte par ma faute et la tienne … Puis j’ai aussi tué Solor qui était l’enfant de Rokan … Et là … Je viens d’apprendre qu’au final, j’ai retiré de sa famille une grande personne. Pourquoi est-ce que je dois faire tout ça ? Dis … Crusaé … »

« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« … … … Pourquoi moi ? Et pas un autre garçon ? »

Hein ? C’était quoi cette question ? Elle vint rougir violemment, semblant réfléchir à ses paroles pour chercher une réponse. Puis finalement, elle murmura :

« Car je pensais que tu étais mon élu … Puis maintenant, je me dis que même pour moi, je ne peux pas modifier … le cours des choses. Je crois donc qu’au final, c’était toi que je devais choisir et aucun autre. Pardon que tout te fasse du mal. »

« … … Crusaé ? J’ai besoin … de … un câlin. Je me sens vraiment triste pour … Malixo. Je crois que … Je veux pleu … »

« Viens vite par là. » souffla t-elle alors qu’il se libérait des bras de Metsubi discrètement, venant se loger contre Crusaé. Il étouffa quelques sanglots tandis qu’elle ne semblait pas comment elle devait réagir. Être heureuse qu’il vienne dans ses bras ? Ou alors triste … pour lui … et Malixo. Car oui, elle n’était pas de marbre face aux paroles du jeune homme. Elle ne l’était pas … Ah … Qu’est-ce qui se passait ? Elle n’allait pas pleurer à son tour ? Non … Personne n’avait pas besoin d’une pleurnicheuse. Elle vint l’embrasser dans ses cheveux noirs, souhaitant personnellement que cela dure toute la nuit, chose qui allait arriver.

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