Chapitre 36 : Immobiliser

ShiroiRyu
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Chapitre 36 : Immobiliser

« Comment vas t’elle ? »

« Assez mal… Plutôt très mal même… »

« Mais aucune envie de vengeance ou autre ? »

« Non, simplement des sanglots mais elle vient de s’endormir. »

L’être à la robe blanche et à la capuche de même couleur se tenait devant Ekriné. Celle-ci venait de sortir d’une chambre en baissant la tête. Elle poussa un léger soupir avant de serrer les dents. Comment… était-ce possible ? Une telle barbarie…

« Nous avons fait de même à leurs amis de l’autre monde. »

« Mais vous aviez une bonne raison ! »

« Et eux… N’ont-ils pas une ? Néanmoins, cela m’étonne. Retournons voir Miviari et les autres pour mettre les choses au point. »

Elle n’était pas sûre, loin de là même. Déjà que ses sœurs étaient revenues sous leurs véritables formes, cela voulait dire que… Et puis… Miviari était revenue tâchée de sang argenté. Quelque chose se passait ici et ça commençait à prendre des tournures qu’elle n’appréciait pas. Une dizaine de minutes plus tard, tout le monde était présent : Les trois Rois à part Rocagiri ainsi que les quatre Atouts.

« Vous savez parfaitement pourquoi je vous ai réunis ici. Nous devons parler… de ça. Miviari, pourrais-tu nous expliquer parfaitement ce qui s’est passé ? »

« Alors je vais vous raconter depuis le moment où j’ai été envoyée. Comme vous le savez tous, les trois Rois ont eut pour mission de s’occuper du Joker Blanc en utilisant leurs formes mêlées à la puissance de Gigana. Quand à vous autres Ekriné, Orvonix et… Granor, vous deviez vous reposer à cause du combat que vous avez mené et que vous avez perdu. »

Ekriné et Orvonix baissèrent leurs têtes, préférant ne rien dire. Heyrisi avait même évité de mâcher du chewing-gum pour cette réunion. Néanmoins, elle gardait les bras croisés à hauteur de la poitrine, le regard fixé sur Miviari sans pour autant réellement s’intéresser à ce qu’elle disait. La personne aux cheveux rouges, blancs et bleus reprit la parole :

« Lorsque que les Rois sont partis, nous avons remarqué très rapidement que Granor les avait suivis. Ainsi, il n’avait pas respecté les paroles de Gigana et je fus envoyée à votre recherche pour le ramener et le rapporter. Ce n’était pas aussi facile que prévu… »

Ce fut au tour d’Iglaré et de Sterivia de baisser leurs têtes. Les deux filles se sentaient responsables de la mort de Granor et à juste cause : Elles avaient laissé le treizième Atout les accompagner malgré les recommandations de Gigana. Miviari continua :

« Néanmoins, vous étiez déjà assez éloignés et j’ai eut du mal à vous retrouver et lorsque ce fut le cas… Vous n’étiez plus que trois. Je vous ai demandé de rentrer aussitôt chez Gigana en prétextant que cela allait chauffer pour vous mais vous m’avez parlé de Granor et de ce qu’il avait dit. C’est là que j’ai commencé à m’inquiéter. »

Miviari, inquiète ? Malgré sa tentative de donner du bonheur à tout le monde, elle était capable de ressentir de telles choses ? Chacun avait son regard dirigé vers elle, attendant qu’elle énonce la suite de l’histoire.

« Granor… n’était pas n’importe qui. Malgré le fait qu’il représentait la puissance brute d’un Tyranocif, il n’avait pas leurs caractères. Nous avons tous une forme de pokémon si nous le désirons et nous savons très bien à quoi correspondait celui de Granor mais… Il n’était pas destructeur et violent contrairement à ce que l’on pouvait penser. Il était aimant et protecteur envers Gaiarma et Rocagiri. Vous savez tous aussi bien que moi que Granor n’aurait jamais osé lever la main ou crier sur l’une d’entre vous et encore moins sur celle qu’il considérait comme sa fille. Si il faisait une telle chose… Cela voulait dire qu’il y avait un problème à l’horizon. J’ai donc décidé de me mettre à sa recherche. C’est à ce que moment que je l’ai vu… Cette femme aux ailes de coton. »

« Elle se nomme Shala et est l’Arme du Dieu Originel. »

Gigana accentuait les informations de Miviari alors que chacun se taisait. La femme aux longs cheveux blancs plaça sa main sur sa robe, la plongeant à l’intérieur avant d’en sortir un morceau de coton blanc. Rien qu’à le voir, il était facile de deviner qu’il était très doux.

« Comme vous le savez… Shala est une Altaria… Du moins peut avoir l’apparence d’une Altaria. Or… Les Altarias et les Tyltons sont les seuls à avoir du coton dans leurs ailes. »

« Continue… Qu’est-ce qui s’est passé après ? »

« J’ai donc décidé d’aller voir l’endroit d’où provenait Shala et c’est là que j’ai découvert le corps sanguinolent de Granor. J’ai tout de suite su que ça ne servait à rien, il était déjà mort… et dépossédé de son âme. Néanmoins, j’ai découvert ce morceau de coton près de lui et j’ai tout de suite fait mes suppositions, c’est pourquoi je suis rentré… Mais je ne pouvais pas laisser son corps ici, cela aurait été abject de ma part. Je l’ai ramené pour qu’on puisse le déposer à côté de Gaiarma. »

« Si seulement il était là… Il pourrait… »

Gigana murmurait quelques paroles entre ses lèvres mais ne préféra pas continuer. Elle semblait si inquiète et troublée. Elle se releva, la conversation étant terminée dorénavant. Sterivia et Iglaré faisaient de même et elle se tourna vers les deux Rois. Elles se raidirent subitement, se rappelant qu’elles avaient désobéie à Gigana.

« Iglaré, Sterivia… Pour votre punition pour ne pas m’avoir écoutées… »

« Oui… grande sœur ? »

« Vous irez vous recueillir sur la tombe de Granor, ça sera plus que suffisant. Heyrisi, Miviari, suivez moi, je vais avoir besoin de vous. »

La femme aux cheveux roses se leva de sa chaise, le regard froncé. Encore du travail pour elle ? Enfin bon… Elle ne pouvait pas refuser. Miviari s’était déjà dirigée pour suivre Gigana tandis qu’elle faisait de même. Iglaré et Orvonix s’approchaient des deux Rois, leur disant qu’ils allaient venir avec elles.
Après quelques minutes de marche, ils se retrouvaient dans un vaste champ fait d’herbes, une route de terre toute simple les guidant vers l’endroit où étaient enterrés les Atouts déjà morts, que ce soit Birébot, Zipou ou…

« Rocagiri ! »

Sterivia et Iglaré venaient de crier le nom de leur sœur. Devant les deux Rois et les deux Atouts se trouvaient une unique tombe faite en marbre. Deux statues de glace représentant Granor et Gaiarma étaient posées derrière cette tombe… et sur cette dernière… se trouvait Rocagiri. Elle était couchée sur la tombe, les yeux fermés.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Sterivia, Iglaré… Chutttt… »

Ekriné venait de demander aux deux filles de se taire alors qu’elle s’approchait de Rocagiri. Elle posa une main sur son front avant de la soulever avec délicatesse. Orvonix ne disais rien, le visage tiré entre la tristesse et la tendresse.

« Elle s’est simplement endormie. »

« Ah… Tu es sûre ? J’ai eut… »

« Sûre et certaine. Regarde bien : Sa poitrine se soulève. Elle respire. »

« Restons quelques minutes ici… Le temps de prier pour eux. »

Ekriné restait en retrait, Orvonix ayant pris la parole pour dire aux deux Rois de s’approcher de la tombe. Sterivia et Gaiarma restaient parfaitement muettes, fermant les yeux en posant les paumes de leurs mains l’une contre l’autre. Elles allaient régler ce souci… même si elles étaient devenues moins puissantes.

« Alors… Miviari et Heyrisi, nous allons sceller ce royaume pour qu’il n’ait plus d’attaches avec les trois autres. »

« Est-ce… vraiment une bonne idée ? »

« Nous allons simplement immobiliser le groupe du Joker Blanc. »

« Oui mais après cela ? Qu’allez vous faire ? C’est très difficile de retirer cette barrière ensuite. Vous allez devoir vous reposer pendant plusieurs années après ça. »

« Ai-je vraiment le choix ? Nous n’avons pas de temps à perdre… »

« Mouais… Allez, on le fait. »

Bien qu’elle ne semblait pas motivée, Heyrisi commença tout de suite à se concentrer, une aura blanche apparaissant autour d’elle tandis que Miviari faisait de même. Gigana releva les manches de sa robe blanche, deux fines mains apparaissant. Toute la pièce dans laquelle elles se trouvaient se mit à trembler.

« Quelle puissance… Gigana. Nous n’avons pas l’habitude de voir une telle chose. »

« Les cristaux ont été détruits… Je récupère simplement ce qui était mien. »

« Je me suis donc trompée, je m’en excuse. Cela ne prendra pas des années de repos après l’installation de cette barrière. »

Le silence régna finalement après les paroles de Miviari. Les trois femmes restaient parfaitement immobiles, chacune se concentrant sur la tâche qui était sienne. Elles devaient isoler ce royaume des autres !

« Besoin d’aide ? Héhéhé… »

« Que fais-tu ici ? Nous sommes occupées… »

« Giradès m’a envoyé… pour vérifier l’avancement. »

Une fissure se produisit derrière elle, une longue chevelure brune faisant son apparition ainsi que deux yeux rouges au regard moqueur. Bal sortit de la fissure dimensionnelle, observant la situation avec un grand sourire en reprenant de sa voix infantile :

« Je suis réellement…Comment dit-on…désolé d’apprendre la mort de Granor. Il aurait put être un bien plus puissant Atout si il n’avait pas eut ce caractère. »

« Comment es-tu au courant de sa mort ? »

« Giradès sait tout… Et je suis son humble serviteur. Tu ferais mieux de continuer avec ta barrière, elle risque de lâcher héhéhé. »

« Elle est terminée. »

Les tremblements s’arrêtèrent subitement alors qu’elle se tournait vers lui pour l’avoir en face d’elle. Miviari était restée immobile, haletant légèrement tandis qu’Heyrisi prit un chewing-gum pour faire passer la fatigue de ce qui venait de se produire.

« Les nouvelles sont mauvaises… Très mauvaises : Xano n’est toujours pas mort… PIRE ! Tu n’as même pas réussi à tuer… »

« Tu te trompes : Six Atouts sont morts. »

« Mais il y a combien de temps ? Si tu parles de Kéli et des autres, ils sont morts depuis déjà pas mal de temps. On veut de l’efficacité quotidienne ! »

« Ne me parle pas comme cela… Nous avons perdu des membres… »

« Te rebellerais-tu ? Tu sais ce que tu encoures héhéhé. »

« Nullement. Simplement, nous avons nos méthodes et nos manières. Tu n’es qu’un enfant en terme d’âme vécue. Tu ne sais pas comment se déroule ce monde… J’ai annoncé que j’occuperais du Joker Blanc. En échange… »

« Héhéhé… Oui, Giradès vous laissera tranquilles et vous pourrez recommencer à attendre comme des gamines. »

« Ne te moques pas de nous, Bal ! »

La voix de Sterivia venait de résonner derrière lui, le jeune garçon aux cheveux bruns se retournant pour apercevoir les deux Atouts ainsi que les trois Rois. Miviari s’approcha rapidement d’Ekriné en tendant les deux mains, venant serrer Rocagiri dans ses bras. La plus jeune des Rois était en train de dormir un peu plus calmement.

« Je vais la ramener dans sa chambre. »

« Je ne moques pas… Je ne fais que constater. Combien de millénaires avez-vous attendu qu’il revienne ? Il n’est plus là, il a disparu, pouf ! »

« Un jour, il reviendra pour nous ! Il nous en a fait la promesse ! »

« Ohla ! Mais c’est que l’on s’énerve… Vous n’avez rien compris, rien du tout ! Vous voulez que vous je vous le dise clairement ? »

« Bal… Ta gueule. »

Orvonix se présenta devant le jeune garçon, un souffle d’air froid traversant la pièce. Il ne plaisantait plus et Heyrisi semblait apprécier le spectacle. Un sourire traversa le visage de Bal, le garçon au visage pâle reprenant la parole :

« Et pourquoi cela ? Un problème, monsieur avec le cerveau gelé ? »

« Tu en as trop dit. Arrête toi là et pars d’ici tout de suite. »

« Et si je ne veux pas ? »

Trois manches rouges sortirent subitement du dos de Bal, entourant le corps d’Orvonix sans que celui-ci ne puisse se libérer. Rapidement et avec violence, le corps du jeune homme aux cheveux blancs fut éjecté contre un mur tandis que Bal s’écriait avec un grand rire sadique :

« Pourquoi devrais-je me taire ?! Les Rois sont des imbéciles ! Elles croient vraiment que le Dieu Originel reviendra vous chercher ?! Il vous a abandonnées ! Il n’avait plus besoin de vous ! Mettez vous ça dans le crâne ! Vous n’avez été que des jouets dont il s’est débarrassé dès qu’il ne s’amusait plus avec vous ! Vraiment, vous pouvez avoir mille, dix mille ou un million d’années, vous restez toujours de pauvres enfants ! »

« Bal… Il est l’heure que tu nous quittes. »

« Et si je ne veux pas ? »

Ses trois manches rouges avaient disparu alors qu’il se présentait devant Gigana. Celle-ci s’était rapprochée de lui, une aura blanche l’entourant alors qu’elle reprenait :

« Je ne te laisses pas le choix. Je te somme de partir… »

Hum… Ca sentait le roussi. Il remarquait bien que Gigana ne plaisantait pas. Il rigola longuement alors qu’une fissure apparaissait dans le sol, juste au-dessous de ses pieds. Déjà son corps pénétrait à l’intérieur de la fissure tandis qu’il murmurait :

« N’oublie pas Gigana… Le Joker Blanc… ou ce qui t’es si précieux. »

La fissure se referma très rapidement, Bal ne laissant plus de traces de sa présence dans ces lieux. Sterivia et Iglaré s’approchèrent de Gigana, cherchant un peu de réconfort. L’aînée des Rois poussa un profond soupir avant de dire :

« N’écoutez pas ce que cet imbécile a dit. Le Dieu Originel reviendra, il me l’a promis personnellement. Pendant ce temps, nous restons ici. Allons nous préparer pour combattre le Joker Blanc. Normalement, il ne pourra plus nous échapper. »

« Tu ne vas pas combattre quand même ?! »

« Si je le dois… Je le ferais. »

« Je m’en vais. Je pars affronter Xano et ses compagnons maintenant. »

Orvonix forma subitement un mur de glace derrière lui, ne laissant pas le choix aux Rois de l’arrêter. Néanmoins, le mur éclata rapidement en morceaux, Gigana se retrouvant à sa hauteur. Lentement, elle l’intima :

« Tu restes ici, Orvonix. »

« Gigana, vous savez aussi bien que moi pourquoi je fais ça. Nous sommes à votre service mais le Dieu Originel nous a demandé il y a fort longtemps de vous tenir compagnie mais aussi de vous protéger, vous et vos sœurs. »

Une soudaine tempête de neige se produisit entre Orvonix et Gigana, le jeune homme disparaissant devant ses yeux. Il… ne l’avait pas écouté et il allait faire une imbécillité ! Rapidement, elle demanda à Heyrisi d’aller le retrouver. Au loin, à plusieurs centaines de mètres du sanctuaire où Gigana était installé, Orvonix réapparaissait dans une minuscule tempête de neige.

« Un nouveau cobaye. C’est fort intéressant. »

Quelque chose se planta subitement dans son dos. Qu’est-ce… que cette voix venait de dire ? Et cette odeur… Une drôle d’odeur… Ce parfum enivrant… Hummm ! Il devait résister… Mais… Ses yeux améthyste se refermèrent alors qu’il s’écroulait au sol. Lentement, des lianes apparaissaient autour de lui, l’emportant au loin.

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