Chapitre 60 : Famille

ShiroiRyu
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Chapitre 60 : Famille

« Ca ne sert à rien. Tu n’y arriveras pas. »

Une bulle éclata devant son visage alors qu’il était allongé sur le sol, de nombreuses blessures sur le corps. Il avait devant lui deux femmes, les deux avaient des cheveux roses et l’une d’entre elles mâchait quelque chose.

« On s’en va, Heyrisi. Il n’écoutera pas de toutes façons. »

« Pfff… J’ai beau être la Seconde Atout, il faut qu’il comprenne que même son statut d’Atout Majeur ne peut l’aider pour un truc comme ça. »

« Je vous… Je vous aurais ! JE VOUS AURAIS UN JOUR ! Vous serez les premières à tomber ! Comme les autres ! »

« Ouais, ouais, Bal. Mange de la soupe et deviens peut-être un peu plus grand. »

MARRE ! Pourquoi étaient-ils toujours regroupés ?! Même cette fichue Pandora semblait protégée par une force mystérieuse qui l’empêchait de l’atteindre ! Même la plus faible des Atouts était inatteignable ! C’était quoi ce bordel ?! Il se releva après une bonne heure, observant ses blessures sur son corps. Elles allaient se refermer très rapidement mais la blessure qu’il avait au niveau de son cœur n’allait pas se refermer aussitôt.

« Bande de bon à rien, ils ne savent pas se débrouiller tout seuls. »

« Hey toi ! Repose cette pomme, espèce de petit voyou ! »

Sans même se soucier du marchand qui tentait de l’arrêter, il fit apparaître ses bandelettes dans son dos, venant entourer l’humain pour l’écrabouiller entre elles. Cri de terreur, affolement général et voilà que des soldats portant des armures s’approchaient de lui, munis de lances et d’épées :

« Suis nous monstre ! Il ne t’arrivera rien de mal ! »

« C’est plutôt à moi de vous dire une telle chose, humains pathétiques. »

« Qu’est… Qu’est-ce… TUEZ LE ! »

Mais c’était déjà trop tard, il disparaissait dans une faille qu’il avait crée dans le sol, projetant une sphère remplie d’un énergie maléfique en direction du groupe de soldats. Une forte explosion se produisit à leurs contacts, les tuant sur le coup. Ces humains se croyaient au-dessus de lui… Ils allaient devoir apprendre à se méfier de lui. Il était le Seizième Atout, celui qu’on surnommait le Dévoreur des Âmes. Le Dévoreur qui n’avait rien dévoré, c’était particulièrement ironique et… pathétique. Il se retrouva sur un chemin de terre, observant le ciel de ses yeux rubis. Un jour, il atteindra les cieux et tous le craindront après s’être moqués de lui. Il allait leur faire regretter de ne pas avoir cru en sa puissance. C’était comme ça qu’il fonctionnait : Il allait les avaler les uns après les autres. Il pouvait bien entendu travailler avec d’autres mais personne n’accepterait de le voir avaler l’âme d’un Atout, un être au-dessus des humains et des pokémons comme eux.

« Keli ? Tu n’y as pas été un peu fort sur ce coup ? »

« C’était ça ou alors te voir mourir et absorber ton âme par Bal, Snakiante. »

« Allons, allons, je suis bien plus malin que cet enfant. Il aurait pensé qu’il me tuait… et il aurait simplement trouvé une mue à ma place ! »

« Si tu le dis… Si tu le dis… Bon… On en fait quoi de Bal ? »

« Je vais m’occuper un peu de… Où est-il ? »

ENCORE une défaite ! Il en avait marre ! Même ce type était accompagné d’une Atout Supérieure ! C’était pas possible de se débrouiller seul comme lui ?! C’était comme ça qu’il fonctionnait depuis tout ce temps ! SEUL ! TOUJOURS SEUL ! C’est ainsi que ça se passait normalement ! Toujours croire aux autres ?! Et puis quoi encore !

« Tu… Tu… Tu es l’incarnation du Démon ! »

« Voilà une appellation que je préfère. »

Il éclata de rire alors qu’il venait guillotiner une poule avec l’une de ses bandelettes. Le corps ruisselant de sang dans sa main droite, il traîna avec lui le cadavre de la poule, s’éloignant du modeste village où il avait décidé de faire son apparition. Assis contre un arbre, il s’était mis à déplumer la poule jusqu’à la rendre entièrement nue.

« Ca va être dégueulasse mais j’ai pas le choix. »

Il mordit à pleines dents dans la poule déplumée, du sang aspergeant son visage et dégoulinant entre ses dents. C’était ainsi qu’il passait ses journées… Voler, se nourrir de cette façon et dormir à même le sol. Heureusement qu’il était un Atout et donc d’une constitution bien supérieure à celle d’un gamin normal sinon il n’aurait pas donner cher de sa peau. Un vieil homme s’approcha de lui :

« Et bien… Mon garçon. Ce n’est pas une tenue. Tu as froid ? Tu as faim ? Vu ce que tu viens de faire… Je me le demande. »

« Je vous en pose des questions ? Déguerpissez si vous ne voulez pas que je vous tue. »

« Allons, allons… Ce n’est pas une raison pour me parler comme ça. Suis moi, je vais te donner quelque chose de chaud, ça sera bien meilleur. »

Hum ? Le vieux avait du mal à comprendre ou quoi ? Pfff ! Tant qu’il pouvait avoir un petit coin qui ressemblait de près ou de loin à un lit, il n’allait pas trop rechigner. Il se releva de son arbre, se mettant à suivre le vieillard en se disant que les humains n’étaient pas tous aussi mauvais que ça. Du moins… En apparence.

Il s’était retrouvé rapidement dans une cage mais il était resté dans celle-ci pour voir ce qui se déroulait. Un esclave, lui ? Il avait mis résolu ce petit problème en trucidant la personne qui voulait l’acheter et surtout en lacérant longuement les membres de la famille de ce vieillard qui s’était cru plus malin que lui. Finalement, il en avait terminé avec le vieillard en lui plantant une bandelette dans l’œil droit, lui extirpant l’œil pour le tuer sur le coup.

« Hoooo, le pauvre garçon. Maman, on peut lui donner un peu de nourriture ? »

« Vous moquez pas de moi ! Je n’ai pas besoin de votre pitié ! »

Oui, il était devenu acariâtre au fil des siècles et il jeta un bref regard aux trois personnes qui passaient devant lui. Cette odeur… Il la reconnaissait parfaitement bien que l’inverse ne semblait pas être de mise. Il était assis contre un mur, son visage camouflé par sa robe brune de paysan qu’il portait. Il avait abandonné l’idée même de trouver les Atouts et de les combattre pour récupérer leurs âmes. Il avait tout abandonné… Il regarda le morceau de pain que l’une des deux filles venait de lui donner. Si elle connaissait la vérité à son sujet, elle n’aurait jamais fait une telle chose. Mordant dans le morceau, il laissa ses pensées vagabonder au loin, sans se soucier du reste du monde.

« Tiens… Tu veux encore un morceau ? »

« Je croyais t’avoir dit de ne pas t’approcher de moi ! »

« Mais si tu as faim, il faut te nourrir. »

Encore une fois, la jeune fille aux cheveux violets venait le voir, lui tendant un morceau de pain pour qu’il puisse se nourrir. Qu’est-ce qu’elle ne comprenait pas dans non ? Pourtant, elle semblait sérieuse, pas du genre frivole et donc incapable de raisonner correctement. Au passage… Elle était seule non ?

« Où sont les deux autres qui t’accompagnaient ? »

« Elena et maman Terranuelle ne sont pas là aujourd’hui. Tu voulais les voir ? Tu t’appelles comment sinon ? »

« Le Dévoreur… Je m’appelle le Dévoreur. »

« Car tu dévores la nourriture ? »

Elle le regardait de son œil libre, l’autre caché par la frange violette qu’elle avait sur son visage. Elle se moquait de lui ? Non, elle semblait sérieuse dans sa phrase. C’est vrai qu’il… avait dévoré sans ménagement le morceau de pain qu’elle lui avait tendu. Oui, il avait dit qu’il ne voulait pas la voir mais il ne s’était pas gêné pour manger. Il se releva de son mur, un sourire aux lèvres en observant la jeune fille aux cheveux violets :

« Et ton nom ? Quel est ton nom ? »

« Helena. Et toi, c’est quoi ton véritable nom ? »

« Tu ne vas pas tarder à le savoir. Suis moi, nous allons parler ailleurs et en-dehors de la ville. Tu comprendras ce que je suis. »

« Comme tu veux ! Je ne dois pas tarder quand même. »

« T’inquiètes pas… Ca ne prendra pas trop de temps. »

Oui… Pas beaucoup de temps. Il avait une chance… Une chance très maigre de la tuer mais il allait la prendre ! C’était comme ça qu’il devait faire ! Ils se retrouvèrent à une bonne centaine de mètres de la ville, la jeune fille ne lui parlant pas. Il n’avait pas quitté cet endroit depuis plusieurs semaines mais il n’avait aucune explication logique à ça.

« Alors, tu veux bien me dire ton prénom maintenant ? »

« Je m’appelle Bal. Voilà. »

« C’est plutôt joli comme nom. Tu vis seul ? Tu n’as pas de famille ? »

C’était quoi ces questions ?! Elle lui tournait le dos, s’étant accroupie pour caresser les fleurs sur le chemin. C’était le moment ou jamais. Il faisait apparaître quelques bandelettes, s’apprêtant à la tuer. Il allait pouvoir enfin récupérer sa première âme d’Atout ! Il était sûr qu’elle en était une ! Même si ce n’était pas le cas… Si ce n’était pas le cas… C’était bien la première personne à lui présenter un peu de gentillesse.

« Je n’ai pas de famille et je vis très bien sans. »

« Ma mère n’est pas vraiment ma mère. Elle m’a adoptés moi et ma sœur. »

« Je suis le Seizième Atout. »

Maintenant, deux solutions allaient s’imposer : Soit elle savait ce que cela voulait dire, soit elle était complètement ignorante de la situation. Elle se redressa, arrêtant de caresser les fleurs avant de se tourner vers lui, un petit sourire aux lèvres :

« Tu veux venir voir chez moi ? Je te présenterais à ma mère et à ma sœur. »

« Pourquoi je ferais ça ? Je ne te connais pas plus que ça. »

« Tu auras à manger et à boire. Tu pourras même rester chez nous une journée. »

« Tssss ! Tu crois que je vais tomber dans un piège aussi grossier ? La dernière fois qu’on m’a fait une telle proposition, j’ai fini dans une cage ! »

« Une cage ?! »

Elle paraissait surprise, vraiment surprise et elle avait même haussé la voix. Qu’est-ce que cela avait de si surprenant ? Les enfants étaient des esclaves, tous les hommes étaient les esclaves des autres. Mais bon… Elle ne semblait pas s’en soucier et elle reprit :

« Si je te fais quelque chose comme ça, tu pourras faire tout ce que tu veux de moi, d’accord ? Viens donc, ça te fera du bien de manger quelque chose de bon ! »

« Tu n’as pas l’air d’avoir compris… et puis zut… Je te suis ! »

Il ne lui faisait pas confiance, il ne faisait confiance à personne ! Surtout pas à une autre Atout ! Enfin… Si c’en était une. Il ne savait pas comment réagir maintenant. Il fut présenté à Terranuelle et Elena, les deux femmes semblant surprises d’une telle chose de la part d’Helena de ramener une personne avec elle. Elena taquina même sa sœur jumelle à ce sujet alors qu’il ne disait rien du tout.

« Bonne nuit, Bal. »

On lui avait permis de dormir dans un lit et il avait même… reçu un baiser sur le front de la part de cette femme aux longs cheveux bleus. Aucun doute, elle était aussi une Atout ! Plus forte que les deux petites filles mais c’était une Atout. Durant la nuit, il n’arrivait pas à dormir et il s’était relevé. Heureusement pour lui, c’était un bon moment puisqu’il entendit une conversation entre les trois femmes :

« Helena, tu es sûre de ce que tu dis ? »

« Oui, il a annoncé qu’il était le Dévoreur. »

« Et à part ça ? Qu’est-ce qu’il a dit d’autre ? »

« Qu’il était le Seizième Atout. »

« Il est donc comme nous ! On aura moins de réticence alors ! »

« Calme toi donc, Elena. Il ne sait pas que nous sommes des Atouts. »

« Mais qu’est-ce qu’on dois faire ? Il n’est pas méchant… juste affamé. »

« C’est la première fois que je te vois porter un intérêt à un jeune garçon, Helena. »

« C’est simplement qu’il… n’a pas eu de chance contrairement à moi et ma sœur. Sans toi… Nous serions devenues des esclaves. »

« Je vous considère comme mes véritables filles et ça ne changera jamais. »

Tsss ! Quel spectacle des plus larmoyants. Il voyait les deux filles venir dans les bras de la femme aux cheveux bleus. Il fit quelques pas en reculant mais le bois vint grincer et il créa subitement une minuscule faille pour réapparaître dans son lit comme si de rien n’était. Rapidement, Terranuelle pénétra à l’intérieur de la chambre, accompagnée des deux filles.

« Hum… J’ai du rêver. Il doit dormir. Cela doit lui faire beaucoup de bien de dormir dans un véritable lit. Demain… On lui parlera de notre idée. »

« Elena, nous devrions aller nous coucher. Bonne nuit Maman. »

« Bonne nuit les filles. »

Elle laissa Elena et Helena partir de la chambre dans laquelle Bal dormait. Qu’est-ce qu’elle voulait ?! Pourquoi elle ne partait pas ?! Cinq minutes passèrent puis dix et pourtant elle restait là, attendant quelque chose. Enfin, elle s’approcha du jeune garçon et il su tout de suite que cette femme pouvait être un véritable danger non pas pour les Atouts mais pour les humains. Elle… Elle aussi semblait avoir été abandonnée ou du moins…

« Tu ne dors pas, je le sais très bien. »

« Et alors ?! J’ai tout entendu. Vous êtes bien des Atouts ! »

« Et tu es le Dévoreur. Peut-être qu’Helena et Elena ne savent pas ce que cela veut dire mais moi-même, je le sais très bien. »

« Alors vous devriez les protéger comme le font tous les Atouts qui restent ensembles ! »

« Pourquoi je le ferais ? Ce sont elles qui me protègent. »

Hein ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Les filles protégeaient cette femme ? Mais de quoi ? Qu’est-ce que deux plus faibles Atouts pouvaient faire pour elle ?

« Lorsque nous sommes des Atouts, nous vivons… Nous vivons bien plus que des humains. Il n’est pas possible pour nous de fonder des familles… et pour certains… dont moi, c’est encore plus difficile. Auparavant, j’étais animée d’une folie destructrice, tout ce qui se trouvait autour de moi était réduit en poussière. Mais depuis que j’ai rencontré Helena et Elena, je suis devenue une mère pour elle. Pour les Atouts… C’est le seul moyen d’avoir l’illusion d’avoir des relations familiales. »

« Et en quoi ça me concerne ?! Vos idéaux ne m’intéressent pas ! »

« Bal, tu peux devenir mon fils si tu veux. Je serais très contente d’avoir un fils comme toi. »

« JE SUIS LE DEVOREUR ! JE N’AI PAS DE FAMILLE ! »

Il s’était redressé dans son lit, serrant les dents en criant de toutes ses forces. Il n’y avait aucun doute que si les deux filles dormaient, elles venaient d’être réveillées et pourtant… Personne ne rentrait dans la chambre. Terranuelle poussa un soupir, venant s’asseoir sur le lit à côté de Bal. Celui-ci s’était légèrement reculé, un peu apeuré :

« Je suis Terranuelle, la Huitième Atout. Mes pouvoirs sont liés à ceux d’un Leviator : Un pokémon mythique et effroyable connu pour ses sauts d’humeur et ses folies dévastatrices. Penses-tu vraiment qu’un nom comme le tien m’inspire de la crainte ? »

« Je… Je… Je pourrais facilement vous tuer toutes les trois ! Il n’y a aucun Atout Supérieur avec vous ! Je peux m’occuper de vous trois en même temps ! »

« Ou alors, tu peux simplement décider de devenir un membre de notre famille. Nous ne t’empêcherons pas de faire ce que tu le désires et de te laisser vaguer à ton but. »

Il s’était mis à trembler de colère et principalement car il ne savait pas comment réagir. Lui… avoir une famille ? Et puis quoi encore ! Il ne pouvait pas… Il ne pouvait pas ! Ils étaient des Atouts ! Et pourtant… Terranuelle lui faisait un petit sourire tendre avant de tendre sa main gauche. Qu’est… Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Lentement, elle l’emmena contre elle, le serrant dans ses bras alors qu’il évitait d’avoir sa face enfouie contre la poitrine de la jeune femme. Une famille… Le Dévoreur ? Lui ? Une famille… Pourquoi pas ?

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