Chapitre 99 : J’ai été heureux de te connaître

ShiroiRyu
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Chapitre 99 : J’ai été heureux de te connaître

« Xano, pourquoi être resté avec moi ? »

« Car si je n’étais pas là… Vous seriez mort, n’est-ce pas ? »

« C’est exact… Mais tu dois penser à toi aussi. »

« Je penserais à moi quand tout sera terminé. »

« Tout est terminé… Il n’y a plus personne à faire revivre… à part toi. »

Le vide… Le noir… Le néant… Il n’y avait rien à part deux voix qui se parlaient entre elles. Deux voix facilement reconnaissables : Celle de Charkrowos et celle de Xano. Les deux hommes étaient en train de discuter bien qu’ils n’avaient plus de forme physique.

« Je sais très bien ce qu’il en est : Si vous me faite renaître, vous disparaîtrez. »

« En quoi cela est-il un problème ? Ne veux-tu pas être heureux ? »

« Je le suis… Je le suis. Tant que je fais plaisir à tout le monde, tant que tous sont heureux… Je suis heureux et je ne vais pas vous abandonner. »

« Mais tu as une vie… »

« Et vous avez la vôtre aussi. Gigana et ses trois sœurs ! »

C’était une discussion de sourds. Aucun ne voulait accepter la réalité : Ils avaient tous les deux une chose qui leur disait de revenir… et une chose qui leur en empêchait.

« Xano… Je crois que tu as été beaucoup trop longtemps à mes côtés. »

« C’est normal, je suis une partie de vous ! J’ai vos idéaux et vos… »

« Mais c’est mal ! Tu ne comprends donc pas que tout ce qui est arrivé est à cause de moi ? De mes idéaux ? De ma personnalité ? Ne refais pas la même erreur que moi ! »

« Je sais très bien ce que je fais et je ne trouve pas que c’est une erreur. »

« Et Faran… Tyrania dans cette histoire ? Est-ce que tu y as pensée ? »

Oh… Tyrania… Il était sûr qu’elle compren… Non. Elle n’allait pas pouvoir comprendre et cela était normal. Il était certain qu’elle ne pouvait pas accepter ce qu’il était en train de faire. Pfff… C’était bas de parler d’elle en ce moment.

« Xano… Suis moi… Je vais te montrer ce qu’elle est devenue depuis la dernière fois. »

Lui montrer ? Comment ça ? Qu’est-ce qu’il allait faire ? Un flash de lumière et si il avait des yeux, il aurait pu voir… de l’herbe… Une plage… De l’eau… Et une maisonnette isolée de tous et de toutes ? C’est là-dedans que vivait Tyrania ? Il pénétra à l’intérieur à la façon d’un fantôme, accompagné de Charkrowos. Comme ils n’avaient pas de consistance physique, personne ne pouvait les voir. La première remarque de Xano fut :

« C’est vraiment propre ici ! C’est vraiment ici… »

« C’est exact. Elle habite en ce lieu. Continuons. »

Bien sûr qu’ils allaient continuer ! Ils se dirigèrent vers une autre pièce, pénétrant dans la chambre de Tyrania. Un lit double recouvert d’un drap rouge… avec une couverture en laine à l’intérieur. De nombreux rideaux, une lampe de chevet, un bureau en bois, tout était bien ordonné et rangé et il se demandait si c’était bien réel.

« On doit s’être trompés, ce n’est pas possible. »

« Pourquoi cela ? Il y a un problème ? »

« Ca ne peut pas être Tyrania qui vit ici. Je ne la vois pas aussi ordonnée ! »

« Il y a des choses que tu connais pas sur elle, loin de là. »

« Hey… Charkrowos… Enfin… Dieu Originel, j’ai vécu avec elle pendant plus de six ans, je sais quand même le caractère de Tyrania. »

« Ou peut-être que tu ne sais rien du tout ? »

Pffff ! Comment ça : Il ne savait rien du tout ? Et puis encore ! Ils quittèrent la chambre et il entendit subitement des bruits. Cela provenait de la cuisine ! Il demanda au Dieu Originel de la guider vers cette dernière où il vit la jeune femme aux longs cheveux dorés qui coupait quelques légumes. Elle avait un tablier par-dessus sa robe noire et bleue.

« Elle fait la cuisine ? Ou je rêve ? »

« Xano… Sincèrement… Comment considères-tu Tyrania ? »

« Et bien… Je la vois plus couchée sur un canapé en train d’attendre que je fasse le reste du travail et non pas l’inverse. »

« Et là, quel est ton sentiment ? »

« Ben… Je me suis trompé lourdement, je le reconnais. »

C’était bizarre de voir la jeune femme en train de préparer un repas. Elle passa à travers lui en tenant un couteau de cuisine, s’arrêtant devant le réfrigérateur en s’observant dans le reflet que lui montrait la boîte métallique.

« Pauvre fille… Tu es vraiment pathétique. Comme si il allait revenir… Je ne sais même pas pourquoi je devrais continuer à garder mes cheveux comme ça. »

Elle prit ses longs cheveux dans son autre main, tranchant d’un coup sec ces derniers pour lui redonner sa coiffure d’antan. Néanmoins… Elle gardait le couteau en main, le détaillant de tous les côtés comme pour l’étudier. Elle semblait si triste, mélancolique… et sérieuse.

« Mais qu’est-ce qu’elle fout ? Je n’aime pas son regard ! »

« Xano… Si elle meurt… Elle ne reviendra pas te voir. Je tiens à te le signaler… Son âme ira déjà dans un autre corps. Est-ce que c’est ce que tu veux ? »

« Hein ? Mais non ! Je ne veux pas ça ! HEHO ! TYRANIA ! TU M’ENTENDS ?! »

Il lui criait dessus, espérant qu’elle l’entende mais rien. Même en haussant la voix, elle ne bougeait pas d’un poil comme obnubilée par le couteau. Elle le présenta au niveau de son bras gauche, l’observant longuement.

« Je pourrais… toujours vérifier si c’est vrai ou faux. »

« ARRÊTE TOUT DE SUITE TES CONNERIES ! Repose ce couteau immédiatement ! »

Pourquoi n’avait-il pas un corps physique maintenant ?! Il devait la stopper avant qu’elle ne commette une bêtise ! Finalement, d’un geste désinvolte, elle jeta le couteau en arrière, celui-ci tombant dans le lavabo comme si elle avait déjà tout prévu. Elle soupira longuement, observant les cheveux dorés au sol avant de dire :

« Je vaux mieux que ça. Vraiment bien mieux… »

Elle quitta la cuisine sans un mot alors qu’ils disparaissaient complètement pour retourner dans le néant. Tout était redevenu complètement noir autour d’eux et Charkrowos prit la parole d’une voix lente mais assez dure :

« Alors Xano ? Quel est ton constat ? »

« Je reste avec vous ! Enfin non… Ou si… Ou non… »

« Tu ne sais plus quoi décider ? »

« Je sais que ce que je fais est bon. Si je vous abandonne, vous disparaîtrez ! Vous êtes beaucoup trop faible et moi aussi… Nous sommes tous les deux affaiblis. »

« Et alors ? J’ai encore la force… nécessaire pour te ramener mais seulement si tu le désires… Je n’aimerais pas te forcer contrairement aux autres. »

« Je ne sais plus quoi faire… vraiment plus… »

Il était tiraillé de tous les côtés, ce n’était pas normal d’être aussi complexé ! Il voulait retrouver Tyrania mais d’un autre côté, il avait tellement vécu avec le Dieu Originel… Il était une partie de son âme ! Il ne pouvait pas… le laisser seul en ne pensant qu’à lui ! Si il faisait cela, il serait vraiment… égoïste.

« Xano, tu devrais arrêter de penser à moi. »

« C’est bien simple à dire, moins à faire. Si je pars, vous n’existez plus. Vous pensez vraiment que Gigana et ses sœurs comprendront ? »

« Je pense que… ça ne sera pas le cas. »

« Alors vous voyez bien, vous êtes dans le même cas que moi. »

« ASSEZ ! JE SUIS LE DIEU ORIGINEL ET TU N’ES QU’UNE PARTIE DE MON ÂME ! EST-CE BIEN CLAIR XANO ?! »

Si il aurait eu un corps, il aurait tremblé de tout son être en entendant la voix colérique de Charkrowos. Qu’est-ce qui lui prenait ?! Il venait de lui faire sacrément peur !

« Si JE décide que tu dois retourner près de Tyrania, TU acceptes d’accord ?! »

« Mais mais… et vous ? Je… »

« Qu’est-ce que je viens de dire ?! »

« Je… Je… Je… Je… Dieu Originel, mais écoutez… »

« Prépares toi ! Je te redonne ton corps d’ici quelques minutes ! »

« D’accord… Je… veux… retrouver Tyrania. »

Il ne lui laissait pas le choix. Il devait accepter l’ordre de Charkrowos. Mais pour lui, qu’est-ce qui allait se passer ? Il n’allait plus pouvoir rester avec Charkrowos et donc… Son âme de Dieu Originel allait disparaître.

« Tu es prêt, Xano ? Par contre… Vue ma force, peut-être que… Tu n’auras plus ta mémoire… Je vais essayer de faire que tous tes souvenirs en ce qui concerne Tyrania et les autres restent en toi mais je ne peux rien te promettre. »

« Et… pour vous ? Est-ce que… je me souviendrais de vous ? »

« Tu es resté trop longtemps avec moi… Je crois que par rapport aux cinq fragments de mon âme, c’est toi… qui était le plus proche de moi. Je préfère éviter que tu te souviennes de moi, Xano. Cela vaut mieux pour toi. »

« NON ! Ne me retirez pas ça ! Ne me le retirez pas ! Je… »

Il fut coupé dans ses paroles alors qu’il se sentait disparaître pour rejoindre le monde de Gigana et de ses sœurs. Il allait retrouver Tyrania ? C’est ça ? Sa mémoire… allait-elle vraiment être détruite ? Il n’espérait pas… Vraiment… Il ne voulait pas les oublier. C’était impossible pour lui… Il… Il…

« Xano… Je crois… que mon rôle est terminé en ce monde. Si il y a une personne qui mériterait le plus d’être heureux en ces mondes, c’est toi. J’ai été heureux de te connaître. Je crois que… J’en ai assez fait. Pardonnez moi Gigana… Rocagiri… Sterivia et Iglaré. »

« C’est quoi encore tout ça ? Encore de la neige ? Ou alors quelqu’un qui apparaît ? »

Elle venait de poser son regard rubis à travers la fenêtre de la cuisine. Encore une fois, il y avait plusieurs sphères blanches qui tombaient au sol. Elle ouvrit la fenêtre, passant sa main pour remarquer que c’était bien de la neige qui disparaissait dans ses mains. Quelqu’un toqua à la porte et elle arrêta de regarder la neige. Qui ça pouvait bien être ? Elis ? Oriane ? C’est bon, elle avait sa dose maintenant.

« Qui c’est ? Je n’ouvre pas aux inconnus. »

« Je… Je… Je viens d’arriver et je suis un peu perdu. Il n’y a personne et… Vous êtes qui ? Il n’y a pas d’autres maisonnettes et… »

Pfff… Maintenant, elle avait affaire à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Si c’était un bandit ou un malfaiteur, il allait facilement se casser les dents. Elle n’avait rien à faire de toute façon. En tant que bonne samaritaine, elle n’allait pas le laisser dehors. Enfin… Elle connaissait sa voix… Du moins, elle l’avait déjà entendue quelque part.

« Il fait un peu froid dehors… Vraiment très froid… »

« C’est bon, c’est bon, j’arrive. »

Elle se dirigea vers la porte, ouvrant celle-ci en regardant la personne qui se tenait devant elle. La première chose qu’elle remarqua était ses yeux rubis… puis ses longs cheveux blancs… Et ensuite son visage… Elle restait sur le pas de la porte, l’observant longuement pour voir si il était bien réel.

« Est-ce… que je peux rentrer, mademoiselle ? »

« Xano ? Xano ? C’est bien toi ? »

« AIE ! Oui, je suis bien Xano ! »

Elle venait de lui pincer la joue pour être sûre de ne pas rêver. D’habitude c’était plutôt l’inverse mais dans ce cas, elle voulait être sûre qu’il était bien en chair et en os devant ses yeux. Elle poussa un cri de joie, sautant au cou du jeune homme pour le faire tomber au sol dans le début de neige qui s’était formé autour d’eux.

« Hey ! Hey ! Hey ! Mademoiselle… Calmez vous ! »

« Arrête de m’appeler Mademoiselle ! On rentre, il fait froid ! »

Elle le souleva, remarquant l’air surpris du jeune homme sans réellement le comprendre. Elle l’installa sur le canapé, lui disant qu’elle retournait en cuisine pour lui faire un repas bien plus chaud que prévu. Bon… Où était cette soupe ? Où est-ce qu’elle se trouvait ? Le bouillon… Voilà ! Après… Quoi ? Des légumes ou des vermicelles ? Il lui fallait quand même quelque chose de consistant ! Elle opta pour des vermicelles, un grand sourire aux lèvres alors qu’elle lui demandait si ça lui convenait. Il répondit que oui et quelques minutes plus tard, elle l’invita à s’installer à la table, la jeune femme se mettant en face de lui.

« Alors, raconte moi tout ! Tu ne bouges plus d’ici maintenant ! »

« Euh… D’accord mais… Vous êtes ? J’aimerais remercier ma bienfaitrice. »

« Comment ça, qui je suis ? Je suis Tyrania ! Farankard ! Une ancienne Feunard ! »

« Ah oui… Oui… Bien sûr. Vous êtes Farania. Merci pour votre hospitalité. »

« Arrête, ce n’est pas drôle, Xano. »

Elle le laissa terminer de manger, ne posant plus de questions en le regardant amoureusement. Ses neuf queues étaient sorties, battant l’air pour exprimer sa joie alors qu’il paraissait surpris par ces neuf queues. Après le repas, elle alla nettoyer l’assiette, lui demandant de s’installer sur le canapé car elle allait revenir dès qu’elle aurait terminé. Alors qu’il était assis, elle alla s’asseoir à côté de lui, lui prenant sa main gauche dans la sienne.

« Alors… Tu ne m’as pas dit. Enfin non… C’est bon… Je ne veux rien savoir. »

« Le Dieu Originel… Il est mort… »

« Ah… Je suis désolée… Sincèrement… Je lui en veux toujours de t’avoir ramené en dernier mais il paraît que c’était de ta faute aussi ! J’étais morte d’inquiétude après les paroles de Giradès qui me disaient que tu n’allais pas revenir ! »

« Mais pourquoi vous me tutoyez ? On se connaît ? »

« Xano… Ce n’est plus amusant du tout là. »

« Mais je ne plaisante pas, mademoiselle Tyrania ! »

Il… ne plaisantait pas ? Qu’est-ce qu’il y avait ? Il s’était pris un violent coup sur la tête ? Comment ça, il ne se souvenait plus d’elle ? Elle perdait son sourire alors qu’il retirait sa main. Elle avait besoin de savoir.

« Qu’est-ce qui s’est passé avec le Dieu Originel ? »

« Il m’a dit que… Je perdrais peut-être la mémoire. »

« Perdre la mémoire ? Il ne manquait plus que ça ! »

« Nous… nous connaissons donc ? »

« Bien sûr qu’on se connaît, imbécile ! Tu disparais et tu reviens amnésique ! »

Elle aurait du se mettre en colère contre lui… Elle aurait du… Mais ce n’était pas le cas. Elle s’écroula sur lui, le jeune homme lui demandant de se pousser alors qu’elle ne répondait pas à sa demande. Elle était simplement soulagée de le savoir près d’elle, qu’il soit amnésique ou non. Il était là et c’était la chose la plus importante à ses yeux à l’heure d’actuelle. Le reste pouvait bien attendre maintenant.

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