Chapitre 24 : Simplement des enfants

ShiroiRyu
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Chapitre 24 : Simplement des enfants

« Que la finale commence ! »

Une unique phrase de la part d’un soldat et voilà que deux enfants s’affrontaient … Mais ce n’était pas n’importe qui. Maintenant que les mois s’étaient écoulés, la haine envers les Rapions et les Drascores s’étaient amoindries et il y avait même quelques timides encouragements envers Olistar. Olistar ? Oui … Il y participait aussi et il se retrouvait en final contre Holikan. Un combat qui allait être grandiose et des plus éprouvants visiblement. Et lui ? Il était assis, quelques bandages sur le corps alors qu’il poussait un profond soupir. Il n’avait rien compris à ce qui lui était arrivé mais le roi lui-même s’était excusé de la part de son petit protégé. Il ne s’était pas attendu à ce qu’il se batte aussi sérieusement.

« … Ce n’est pas du tout la même catégorie que moi. »

Le jeune garçon aux cheveux blonds avait marmonné ses quelques mots avec un peu de dépit, ne détournant pas un seul instant le regard du combat alors qu’il savait pertinemment que la jeune fille n’était pas loin. En fait, elle était même à côté de lui, se triturant les doigts. Pourquoi est-ce qu’elle avait voulut l’encourager ? Il ne comprenait pas sa réaction mais si c’était sur le fait de se faire pardonner, ça ne marchait pas comme ça.

« … … … … Ils savent se battre hein ? Ils font ça depuis longtemps, non ? » demanda t-il alors que la reine lui répondait avec douceur :

« Ce n’est pas parce qu’une personne est moins forte qu’une autre qu’elle est pour autant moins apte à protéger une troisième personne. »

Elle jeta un regard à sa propre fille, celle-ci se demandant la raison d’un tel geste. La reine Seiry perdit son sourire, semblant un peu suspicieuse et étonnée. Normalement, avec de tels mots, cela coulait de source qu’elle parlait bien d’Earnos, Holikan et Terria. Hum … Le jeune garçon aux cheveux blonds détournait son regard de la reine Seiry, marmonnant :

«  De toute façon … Si une personne n’a pas envie de protéger une seconde, il n’aura jamais la force nécessaire pour cela. »

« C’est exact, jeune Earnos. Mais bon … Je suis sûre et certaine que tu en seras capable. » répondit aussitôt la femme aux cheveux blonds et aux yeux vairons.

Non … Il n’en serait pas capable et il avait finalement compris pourquoi il ne pardonnerait pas à la jeune fille aux cheveux blonds. C’était si simple … et si stupide en même temps … Il savait qu’elle faisait des efforts pour se faire pardonner. Et dans le fond … C’était lui qui était stupide de penser que cela avait une importance.

« Grande sœur Passy n’est pas là. Je vais aller la rechercher. »

Il se leva subitement, ayant prononcé quelques mots sans y accorder une réelle importance. Il voulait tout simplement mettre le plus de distance entre la princesse et lui. Voilà … Il le reconnaissait parfaitement. C’était une imbécillité de réagir ainsi … Mais il savait que c’était autre chose qu’il ne pouvait pas lui pardonner. Il l’avait finalement compris en revoyant la reine, en écoutant ses paroles. Ce n’était pas uniquement la destruction de la foreuse … C’était autre chose, de bien plus profondément ancré en lui. Il s’éloigna sous le regard de sa famille et celle royale, remarquant que son père discutait avec le roi de choses plus ou moins importantes. Pourquoi … est-ce que dans le fond … Il se sentait proche de la reine et du roi ? Il ne comprenait pas pourquoi … Il ne savait pas pourquoi …

« Hum … Il me semble un peu perturbé. » murmura la reine en le regardant partir, sa fille se tournant vers elle, attendant qu’elle continue de parler. Néanmoins, aucune autre parole ne sortit de sa bouche.

« Maman … Je … Euh … Holikan m’a demandé quelque chose pendant qu’il pouvait se reposer entre les matchs d’arène. C’est quoi la promesse entre Earnos et toi ? » demanda la jeune Apireine en regardant sa mère longuement.

« Hum ? De quelle promesse parle t-il ? » questionna la femme aux yeux vairons, pendant la tête sur le côté alors que la jeune fille reprenait aussitôt :

« Je ne sais pas justement … Mais Holikan m’a demandé ça car il a entendu Earnos qui parlait d’une promesse faite à toi. »

« Hum … Je ne vois pas de quoi il parle. » annonça sa mère en signalant par là que la conversation était terminée dorénavant.

Pourquoi est-ce que sa mère ne voulait pas lui dire la vérité ? Car elle savait pertinemment qu’elle mentait … Mais pourquoi est-ce qu’elle avait fait une promesse à Earnos ? Et quand ? Elle n’était pas au courant de ça ! Et pourtant, elle était toujours dans les pattes de sa mère. Enfin bon … Il n’y avait qu’une solution à tout cela … Demander à l’autre personne. Elle se leva, reprenant la parole :

« Maman … Papa … Je vais me promener un peu. »

« Hum ? Tu ne veux pas voir la fin du combat ? » demanda son père avant que sa femme ne mette la main sur la sienne, disant à son tour :

« Vas donc ma fille. Je pense que toute façon, ce combat risque de durer. Tu auras largement le temps de revenir. Holikan ne risque pas de perdre et Olistar semble ne pas vouloir abandonner le combat. C’est pourquoi cela va prendre du temps. »

La jeune fille remercia sa mère avant de quitter les tribunes royales, s’éloignant en courant. Il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait lui répondre si sa mère ne voulait pas et c’était … Earnos tout simplement ! Maintenant, ce qu’elle devait faire, c’était le trouver et ce n’était pas une mince affaire.

« Earnos ? Earnos ? J’ai besoin de te dire quelque chose. »

Elle parlait quand même à voix basse pour ne pas se faire repérer. Si on apprenait que la princesse se baladait tranquillement à la recherche d’un … HEY ! En quoi ça devait l’embêter ? Elle faisait ce qu’elle voulait ! Bon ! Où est-ce qu’Earnos se trouvait ? Si elle le trouvait, elle pouvait espérer obtenir une réponse de sa part.

« Au moins … J’espère juste qu’il voudra bien me répondre. »

Où est-ce que sa sœur était partit ? Pfff … Il voulait surtout s’éloigner de cet endroit pour ne plus à avoir à le regarder … Il voulait s’éloigner, c’était tout … Juste partir … Mettre le maximum de distance … Revoir la reine, savoir qu’il était aussi faible … Ca n’avait été qu’une promesse d’enfant, mais il avait considéré … que cette promesse était importante.

AH ! Il trouva finalement sa sœur. Elle s’était quand même bien éloignée de l’arène dans le fond … Mais il avait réussi à la retrouver grâce à l’odeur particulière qui émanait d’elle. C’était bête mais il remarquait qu’il arrivait facilement à définir une odeur pour chaque membre de sa famille. Il ne savait pas pourquoi mais c’était ainsi. Hein ? Mais … Le jeune homme avec elle, c’était …

« Salaros ? »

Il avait murmuré ce nom en remarquant le Coxyclaque qui se trouvait avec sa sœur. Des cheveux verts assez courts, des yeux bruns, il semblait plutôt grand, mesurant plus d’un mètre quatre-vingts alors qu’il était facile de voir de quelle race d’insecte il était grâce à ses vêtements. Oui, sur le dos de ses vêtements verts, quelques points noirs étaient parfaitement visibles, montrant par là l’origine dont il était issu. Mais pourquoi ? Ah … Enfin non …

« Earnos. Earnos ? Tu es où ? Earnos ? Ah ! Tu es … » chuchota une voix féminine.

HEIN QUOI ?! Il se retourna pour apercevoir la petite Apireine dans son dos. Qu’est-ce qu’elle faisait là ?! Il la tira vers lui, lui mettant une main sur la bouche pour lui dire de se taire sans même remarquer l’affront dans le geste qu’il venait de faire.

« Oui, je le veux, Salaros. » murmura soudainement la voix de sa sœur avant qu’il ne se remette bien, l’apercevant … en train d’embrasser Salaros ? Celui-ci semblait s’être mis à genoux tandis que le jeune garçon apercevait un bel anneau argenté sur l’un des doigts de sa sœur aînée. Un anneau avec une améthyste dessus … Ce n’était pas une pierre gigantesque mais ce n’était pas un anneau de pacotille non plus.

« J’ai préféré attendre … que tu sois majeure … et quelques mois après … Je n’ai pas encore demandé à tes parents car je n’osais pas … Je sais parfaitement qu’il fallait commencer par eux au départ mais … Est-ce que tu me pardonnes ? » demanda le Coxyclaque alors qu’Earnos voyait un sourire sur les lèvres de sa sœur. C’était la première fois qu’il la voyait aussi heureuse … La première fois …

« Tu sais parfaitement que si j’ai accepté, c’est que cela m’importe peu … Même si j’estime que je préférai avoir la bénédiction de mes parents. Pourquoi ne viendrais-tu pas à la boutique demain ? Mes deux parents seront là … Et je devrai leur annoncer mon projet. »

« Cela sera tout simplement merveilleux de savoir que la femme de ma vie sera à côté de moi-même pendant mon travail. »

« Et moi, de me dire à chaque instant la chance que j’ai eut de te rencontrer. » termina Passy, serrant la main de Salaros avant de disparaître peu à peu dans les rues.

C’était … C’était quoi ça ? Il avait vu sa grande sœur … D’après ce qu’il avait compris … Elle venait d’accepter la demande en mariage de Salaros ? Mais pourquoi est-ce qu’il s’était caché ?! Pourquoi est-ce qu’il avait essayé de savoir où elle était ?

« Est-ce que tu peux me lâcher, Earnos ? »

Hein ? Quoi ? Il retira sa main de Terria. Ah oui … Il y avait aussi son cas à elle. Il n’avait pas le temps de se préoccuper plus que de cela de sa grande sœur. Il fallait savoir pourquoi elle était ici ? Et surtout … Pourquoi en fait … Ah … Non … Voilà qu’il était embrouillé.

« C’est bon … Mais qu’est-ce que vous faites là, princesse ? » demanda sur un ton neutre, faisant quelques pas en arrière pour mettre le plus de distance avec elle.

« Euh et bien … Je … » commença t-elle à dire, se retrouvant subitement gênée. Elle ne pouvait quand même pas lui dire qu’elle était venue car elle voulait le questionner non ?

« Si c’est pour un cadeau, je vous demande de me pardonner. Je n’aie pas eut le temps de penser à vous en ramener un pour votre anniversaire. Bon anniversaire néanmoins. Si vous voulez bien m’excuser, je vais retourner avec mes parents. »

Co … Comment ça ? Lui ? Il devait se faire pardonner ? Elle avait l’impression que c’était une fausse excuse juste pour ne pas vouloir lui parler. Elle … Elle … Elle …

« Earnos ! C’est quoi la promesse que tu as fait avec ma mère ?! » s’écria t-elle subitement alors qu’il s’immobilisait avant de reprendre, étonnée de se comporter ainsi : « Pardon … Pardon … Je ne voulais pas hurler … C’est juste que … Je tente de … Je tente vraiment de m’excuser pour ce que je t’ai fait mais … mais … »

« Au final, je me demande pourquoi je vous accorde de l’importance, princesse Terria. Si c’est au sujet de la foreuse, considérez que je viens de vous pardonner. J’accepte vos excuses, surtout que vous me les avez dites en face … Mais de l’autre côté, je me dis que ça sert à rien que je perde mon temps avec vous. Si vous ne savez pas pourquoi, vous n’avez qu’à y réfléchir. Dans le fond … J’ai une question dont je n’espère pas de réponse de votre part. Qu’est-ce que je suis par rapport à vous ? Juste une personne comme une autre. Au revoir et bonne route, si vous avez des questions, veuillez les poser à la reine, votre mère. »

… … … Elle resta interdite, le regardant retourner vers l’arène. Il venait encore de lui faire une longue tirade. Elle aurait dû être heureuse de savoir qu’il lui avait pardonnée pour la foreuse mais … mais … Pourquoi est-ce qu’elle pleurait ? A cause de ses paroles ? Elle ne savait pas du tout de quoi il parlait et c’était sûrement la raison des mots si durs de la part d’Earnos. Qu’est-ce qu’elle lui avait fait pour mériter ça ? Elle avait réussi à lui dire en face qu’elle s’excusait et lui … Et puis, c’était quoi cette promesse ?!

Oui … Il avait finalement compris … Il n’y avait pas que le comportement de la princesse qui était à remettre en cause … Mais aussi sa mémoire … Il n’était au final qu’un garçon comme les autres … Pourquoi est-ce qu’il devait faire une promesse où il la protégerait ? Alors qu’elle-même l’avait oubliée ? Ca servait à quoi de se battre pour une personne qui ne savait même pas que vous existiez ou presque ? Il ne voyait pas ce qu’elle voulait faire avec lui mais il valait mieux pour eux deux de ne pas chercher à discuter. Ca ne mènerait à rien de bon. Il respectait la promesse faite à la Reine … car elle était une adulte et elle n’avait pas oublié.

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