Chapitre 26 : Sous les bandages

ShiroiRyu
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Chapitre 26 : Sous les bandages

« Hmmm … Hmmm … Sent bon. » marmonna le jeune garçon en bougeant dans un lit.


Il ouvrit ses yeux, remarquant qu’il ne dormait pas chez lui. Ah … Oui … C’était vrai … Il avait oublié … pendant quelques instants … Mais maintenant, tout était revenu. Il se releva du lit, remarquant que Douély n’était plus là.

« Mademoiselle Douély ? Où êtes-vous ? » demanda t-il d’une voix faible sans obtenir de réponses. Il quitta la chambre, entendant quelques murmures comme une chanson qui était chantée. C’était vers la cuisine ? Il se dirigeait vers l’origine des sons, disant : « Hein ? Euh … Qui êtes-vous ? » en apercevant une personne entièrement recouverte de bandages de couleur blanche de la tête aux pieds. On ne voyait rien du tout, même pas ses cheveux ou un simple morceau de peau. Elle n’était pas visible du tout.

« Hum ? Tu ne me reconnais pas, Earnos ? Ne t’inquiète pas, tu sais parfaitement qu’aujourd’hui, tu ne travailles pas, n’est-ce pas ? »

« Trava … AH ! Si ! Je dois aller travailler ! Il est quelle heure ?! » s’écria t-il subitement sans même remarquer qu’il s’adressait à Douély. Celle-ci portait un tablier par-dessus ses bandages, le jeune garçon se demandant si c’était vraiment nécessaire.

« Tu n’iras pas travailler, de toute façon, tu serais déjà en retard de plusieurs heures. Alors retournes t’asseoir et dis-moi ce que tu en penses. Je ne cuisine que très peu pour moi car je n’ai pas besoin de trop manger mais cela devrait être plus que convenable. »

Plus que conve … Ses yeux s’ouvrirent en grand alors qu’il apercevait un gâteau d’anniversaire circulaire sur une assiette. C’était vraiment un petit gâteau … pour deux personnes ou trois au grand maximum. Mais il était juste magnifique. Comment est-ce qu’elle avait réussi à faire ça ? Il la regardait avec émerveillement, la jeune femme disant :

« Et bien … Tu veux que je te chante une petite chanson ? Même si c’est avec un petit jour de retard ? Je ne pense pas que le jour en lui-même soit un problème non ? »

« C’est vraiment vo… toi qui a fait ça ? »

« Et bien … N’aurais-tu pas confiance en mes talents culinaires, Earnos ? Sache que je sais parfaitement cuisiner et faire diverses choses. Une Munja qui a passé autant de temps que moi possède bien plus de connaissances qu’une majorité de personnes. »

« Wah … Mais c’est juste que … Je viens de me lever et manger du gâteau … Même d’anniversaire … Enfin ! Je veux bien un effort ! » dit-il bien qu’il était parfaitement visible de voir qu’il se forçait pas le moins du monde.

« Bon et bien … Je vais devoir chanter, il me semble. »

Elle ouvrit la bouche en même temps que celle du jeune garçon bien qu’à des buts différents. Alors qu’elle chantonnait gaiement, Earnos attaquait une partie du gâteau. Aussi succulent dans le goût que dans l’apparence. Pourtant, il n’arriva même pas à en manger un quart, tendant un morceau à la jeune femme, celle-ci se laissant nourrir par Earnos.

« Alors ? Alors ? C’est bon ? » demanda t-il tandis qu’elle lui répondait :

« Suis-je sensée dire que c’est mauvais alors que je l’ai fait ? Enfin … Je ne suis pas aussi imbue de moi-même pour dire le contraire mais oui, je suis plutôt contente de moi. Il faut dire que j’ai mis tous mes sentiments dans ce gâteau … Comme tu fais de même pour ton travail. »

« Tant mieux alors … Je suis content si tu es contente. »

« Et si tu me racontais finalement ce qui s’est passé hier ? » dit-elle alors qu’il reposait la cuillère sur l’assiette. Lui raconter … D’accord … Il n’avait rien contre mais … C’était juste un peu gênant quand même.

Il commença à parler, lui expliquant la journée d’hier. Le fait qu’il n’était pas parti travaillé, le fait qu’il était vraiment content d’aller la voir alors qu’il avait oublié de prévenir ses parents. Il racontait tout depuis le début jusqu’au moment où il parlait de l’interdiction de ses parents. Dès qu’il eut terminé, elle sembla songeuse, comme réfléchissant à la situation.

« Mais ça ne change rien ! Moi, tu es ma première amie et que tu sois une Munja ne change rien du tout à tout ça ! Moi, je n’ai pas envie de ne plus te voir, Douély ! »

« Que je sois une Munja change beaucoup de choses, je suis désolée de te dire cela, Earnos. Mais à côté, je dois te remercier. Ce sont de très belles paroles de ta part et il est rare qu’une personne porte autant attention à nous. Tu es un petit garçon très spécial … et c’est pour cela que je t’ai choisi. Si cela n’avait pas été le cas, nous ne nous serions jamais vus. »

« C’est pas possible, Douély ! Je n’écouterai pas mes parents ! Je reviendrai te voir quand j’en ai envie ! Tu es ma meilleure amie ! Tu es aussi mon professeur ! »

« Assez perdu de temps … n’est-ce pas ? Earnos ? »

« Euh … Oui … Mais perdu de temps par rapport à quoi ? » demanda t-il avec une soudaine appréhension alors qu’elle se levait pour se mettre devant lui.

« Et bien … Déjà que cela fait un jour de retard, je risque d’être en faute, n’est-ce pas ? »

« Mais en faute par rapport à quoi ? » se répéta t-il ou presque.

« Oh … Ne fait pas l’innocent, Earnos. Mais qu’importe, on ne va pas faire durer plus longtemps. » reprit-elle alors qu’il remarquait qu’elle retirait ses bandelettes autour de ses deux mains, laissant paraître celles-ci.

« Euh … Oui … C’est vrai … C’est mon cadeau … »

« Ne fait pas semblant d’être surpris, d’accord ? Tu seras l’unique personne à m’avoir vue depuis ce jour … C’est vraiment unique. »

« Gloups … Oui. » déglutit-il sachant pertinemment qu’elle avait entièrement raison. Le problème, c’est que c’était lui qui était vraiment gêné alors que c’était normalement le contraire. Il avait l’impression de passer … pour … enfin … De regarder quelque chose qu’il ne devrait pas voir normalement.

Pourtant, les bandeaux tombaient les uns après les autres. Elle avait des vêtements sous tout ça ? Enfin … Qu’est-ce qu’il pensait ?! Douély n’était pas toute nue sous ses bandeaux quand même ! Qu’il était bête de penser ça ! Il voyait deux longues bottes brunes, mais c’était surtout ses collants … Ils allaient jusqu’en haut de ses cuisses, ne laissant pas paraître un morceau de chair ou presque. Par contre, elle portait une étrange tenue au niveau de ses hanches et de ses cuisses … Une tenue grise et elle avait une ceinture jaune de toile autour de la taille, assez grande cette ceinture.

« Ne me regarde pas avec tant d’insistance, jeune homme. » murmura t-elle avec un sourire.

Gloups … Il détourna le regard, bafouillant quelques excuses alors qu’elle rigolait. Voilà qu’elle laissait paraître ses deux bras, ces derniers étant eux aussi recouvert par un long gant brun bien que les doigts n’étaient pas protégés. Enfin, elle avait aussi un ruban rouge attaché à chaque bras. Sa poitrine était vraiment de taille moyenne, loin d’être trop grosse … mais protégée par le même tissu gris. Par contre, il remarquait qu’au niveau du haut des hanches, elle avait … de la maille ? Et en fait, il voyait une longue fermeture éclair qui traversait toute la tenue de haut en bas. Il ne restait plus que le visage …

« As-tu besoin que je te montre ce qui fait de moi une Munja ? »

« Hein ? Comment ça ? Une preuve ? Comme moi avec le fait que j’aime beaucoup forer ? »

« Oh … Même un Dardargnan normal n’aurait pas autant de motivation à forer … Mais oui, c’est cela. Regarde bien mon dos. »

Son dos ? AH ! Il voyait apparaître des sortes … d’ailes de pierre ? C’était drôlement bizarre … On pouvait penser qu’elles avaient été taillées grossièrement. Mais ce n’était pas laid … C’était même tout le contraire. Enfin bon … C’était quand même spécial.

« Et le clou du spectacle, Earnos ? »

« …. Euh … Euh … Oui ? Douély ? » demanda le jeune garçon avec appréhension.


Voilà qu’elle prenait les bandelettes entourant son visage. Peu à peu, les bandelettes descendaient, lui montrant alors une longue chevelure brune. Elle lui allait jusqu’à la hauteur de sa poitrine et du haut de son dos. Puis finalement, elle n’était plus recouverte de bandages, laissant paraître deux yeux bruns.

« Que que … Mademoiselle Douély … Vos yeux … »

« … … … … … »

Elle ne lui répondait pas alors qu’il semblait surpris, triste et inquiet en même temps. Les deux yeux de Douély … Ils étaient bruns … Ils étaient purs … comme deux pierres précieuses polies depuis des millénaires … Mais le plus … déprimant était l’absence de vie. Il avait l’impression de ne rien voir dans le regard de la jeune femme. Aucune réaction … Aucun sentiment … Rien de rien dans les yeux de Douély.

« … … … … … Earnos ! »

Sans même réellement prévenir, elle s’était jetée sur lui, venant l’enlacer tendrement alors qu’il était à nouveau surpris mais agréablement cette fois-ci. Lorsqu’il put revoir les yeux de la jeune femme, ils étaient éclatants de vie. Rieurs, joyeux, ils semblaient si heureux qu’il soit en face d’eux. Elle colla sa joue droite contre la sienne, la jeune femme reprenant :

« Pas trop déçu, Earnos ? Tu t’attendais à peut-être mieux. »

Il hocha la tête d’un air négatif, sans oser prendre la parole. C’était encore mieux que n’importe quel autre cadeau ! Finalement, après quelques secondes, il chuchota :

« C’est le meilleur cadeau … que j’ai jamais eut … »

« Pour l’instant … Es-tu capable d’attendre huit à dix ans ? Et je peux te promettre une nouvelle fois quelque chose, Earnos. »

« De quoi ? Je peux savoir, dis ? Dis ? » demanda le jeune garçon, une nouvelle fois plus qu’intéressé par la proposition de Douély. Pour toute réponse, elle vint simplement l’embrasser sur le front, un sourire aux lèvres.

« Il te faudra simplement être patient, d’accord ? »

« D’a … D’accord … Euh … Je devrais aller parler à mes parents maintenant ? Mais avant … Euh … Mademoiselle Douély ! Vous êtes vraiment très très belle ! Ca valait vraiment le coup d’attendre aussi longtemps ! Est-ce que toutes les Munjas sont aussi jolies ? »

« Oh … Vil dragueur. Tu essaies donc d’avoir d’autres Munjas à part moi ? » dit-elle en lui tirant un peu les joues avec amusement, le jeune garçon ne comprenant pas. « Fais attention, Earnos. Je pourrai être assez jalouse dans le fond. »

« Hein ? Mais non ! Je pensais pas du tout à ça, mademoiselle Douély ! Tu n’as pas à t’en faire ! J’irai pas voir d’autres Munjas. Ils sont plus effrayants que toi … Et c’est bizarre mais j’ai pas du tout peur de toi ! »

Il disait cela en rigolant à son tour, se mettant debout avant de se diriger vers la porte de sortie. Il s’arrêta néanmoins, reprenant la parole :

« Je vais dire à mes parents que je n’arrêterai pas de te voir ! Et que ça leur plaise ou non ! Surtout pas si je dois attendre encore dix années ! »

« Fais donc … Fais donc … » répondit la jeune femme, revenant l’enlacer et l’embrasser une dernière fois sur les joues. « Les prochaines fois, je me présenterai sans les bandages puisqu’il n’y a plus besoin de me cacher. »

Il hocha la tête positivement, poussant un léger soupir apaisé avant de quitter la demeure de Douély. Il était content … et satisfait … Car ce qu’il avait vu dépassait toutes ses espérances. C’était dommage que les Munjas se cachent ainsi mais Douély venait de lui donner toute sa confiance et ça, ça n’avait pas de prix à ses yeux !

« … … … C’est encore plus proche qu’auparavant … Qu’est-ce qui se passe avec lui ? »

Elle l’observait partir, étant la seule à remarquer l’aura noire qui entourait le jeune garçon. Une aura bien sombre … L’aura de la mort. Elle allait peut-être devoir sortir de chez elle finalement. Le jeune garçon était beaucoup trop important à ses yeux. Beaucoup plus qu’un simple futur Dardargnan. Elle en était sûre et certaine.

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