Chapitre 26 : La foule qui se soulève

ShiroiRyu
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Chapitre 26 : La foule qui se soulève

« Les nouvelles ne sont pas bonnes, pas du tout même. »

C’était ce que les Ninjask annonçaient … Du moins, les rares qui arrivaient à faire la communication entre eux et l’intérieur même du royaume … et des villages à l’intérieur. Enfin … On appelait cela un village mais au final, quand il y pensait plus sérieusement, c’était juste une gigantesque … ruche à plusieurs étages … avec des zones d’habitation où vivaient différentes races … En fait, le royaume lui-même était juste une gigantesque ville décomposée en plusieurs parties elles-mêmes séparées par plusieurs chemins. Il s’en rappelait puisqu’à la base, c’était quand même son métier.

« Comment est-ce que j’ai pu oublier ce que j’étais auparavant ? »

« Hum ? De quoi est-ce que tu parles encore ? » murmura Olistar en s’approchant de lui, le garçon aux cheveux blonds haussant les épaules.

« Rien de bien grave, y a pas vraiment à s’en faire à ce sujet. »

« Hum … Maintenant, je suis encore plus intrigué. Alors, je te conseille de me dire tout de suite ce qui ne va pas avant que je devienne méchant, Earnos. »

« Bon … C’est juste au sujet de ce que je faisais avant d’être … là … Au moins, cette vie était bien tranquille et calme. En même temps … Je … Je ne sais pas comment dire cela … J’étais doué … Là-bas. Ici, je suis plus pitoyable qu’autre chose, voilà tout. »

« Arrête de te dévaloriser ! Tu n’es pas plus nul qu’un autre ! Quand est-ce que tu comprendras ça hein ? » marmonna le Rapion avec un peu d’énervement.

Quand est-ce qu’il allait comprendre ça ? Peut-être jamais … Oui … C’était sûrement ça … Jamais … Car il n’en avait pas l’attitude. Voilà tout … C’était ainsi … Et on ne pouvait pas le changer. Il ne répondit pas à Olistar, ne faisant que pousser un soupir. Néanmoins, ce soupir ne plu guère au Rapion qui reprit :

« Tu demandes à Férast de changer de comportement mais toi-même, tu ne fais aucun effort. Ne demande pas à des personnes ce que toi-même, tu ne fais guère. »

« Oui … Bien entendu, Olistar. Je ne crois pas que j’ai envie de parler avec toi à ce sujet. Je suis vraiment désolé … mais ça sera sans moi pour cette fois. »

« Oh … Ca risque d’être sans toi définitivement si tu continues comme ça. Je te déconseille de dormir ce soir, Earnos. Tu risquerais de ne plus te réveiller. » murmura doucement Olistar.

« Hein ? Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire … par-là ? » osa demander Earnos, un peu intrigué mais surtout apeuré par le ton utilisé.

« Oh … Rien de bien grave, n’est-ce pas ? Tu ne fais aucun effort, tu es alors obsolète, qu’est-ce que tu en penses ? Il vaut mieux se débarrasser de toi. » termina de dire le Rapion avec un grand sourire aux lèvres qui était bien plus terrifiant qu’autre chose. Le jeune garçon aux cheveux blonds déglutit avant de baisser la tête. Il valait mieux … ne rien dire.

« Nous n’avançons que très peu car nous nous faisons attaqués bien trop souvent par les Scorvols et les Scorplanes. » murmura Férast, coupant le silence.

« Il marque un point à ce sujet. Nous n’avons pas eu de répit depuis plus d’un mois et demi. Avec tout ce temps qui se passe, plus on en perd, moins ça nous arrange. »

Lui ? Il ne répondait pas. Il n’en avait pas la motivation. Il observa Herakié qui lui fit un petit sourire discret, tout en rougissant. Après tous ces derniers mois … Elle n’avait pas eu vraiment la possibilité de lui parler … et il se sentait un peu mal pour elle. Il en était de même pour Lisian, qui était forcée de rester auprès des autres Chenitis et Cheniselles. Vraiment, cette vie était bien plus compliquée qu’il ne le croyait.

« Si tu veux leur parler … Je pense que tu as l’autorisation. Il faut juste que tu évites de trop en faire … Et je pense que ça leur fera plaisir. »

« Tu ne m’en veux plus, Olistar ? » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds alors que le Rapion s’était adressé à lui.

« Je t’en veux toujours … Je ne change pas d’avis en cinq minutes. »

« D’accord … Désolé, Olistar. » murmura le jeune garçon avant d’aller vers Herakié. Celle-ci vint rougir en le remarquant, cherchant à dire quelque chose. Ce n’était pas qu’elle était forcément gênée ou timide mais … qu’elle n’avait plus l’habitude de parler avec lui. Lorsqu’il arriva vers elle, elle chuchota :

« Coucou, Earnos … Ca faisait longtemps hein ? »

« Oui … Ca faisait longtemps … très longtemps. Comment est-ce que tu vas ? Ce n’est pas trop dur non ? Enfin … Pardon pour ce qui s’est passé. »

Elle hocha la tête négativement bien qu’elle gardait son sourire aux lèvres. Il se sentait un peu mal pour elle … Vraiment très mal même. Elle reprit la parle avec amusement :

« Et puis … En même temps, il y a beaucoup de personnes très fortes ici. C’est amusant de s’entraîner avec elles. D’ailleurs, mon père a accepté que je rejoigne réellement l’armée. »

« Rejoindre l’armée ? Tu vas donc réellement rejoindre l’armée ? »

« Bien sûr ! Je suis sûre que je peux devenir une grande soldate comme toi ! »

« Je ne suis pas si grand que ça … » marmonna-t-il en détournant le regard.

« Pour moi, tu restes toujours … Enfin … Quelqu’un de grand. Toujours volontaire … et motivé. » termina-t-elle de dire.

Il déglutit, ne disant plus rien alors qu’il restait à côté d’elle pendant une dizaine de minutes. Après, il irait voir aussi du côté de Lisian. Elles étaient toutes les deux de gentilles filles, de très gentilles filles même. Mais lui … Il ne voulait pas qu’elles croient quelque chose à son sujet. Il n’avait rien d’exceptionnel contrairement à ce qu’elles pensaient.

« Peuple des insectes ! Veuillez nous écouter ! »

Ailleurs, dans de nombreuses villes, plusieurs citoyens se réunissaient autour de différents hommes et femmes. Ces derniers portaient de longues blouses blanches, des lunettes vertes devant leurs yeux. Ils avaient de nombreux papiers à la main.

« Nous, Ningales, avons le devoir de vous informer de ce qui se passe réellement dans le royaume ! Cessez donc de croire aux chimères que le roi et ses suivants vous disent ! Non ! Le royaume ne va pas bien ! Non, le royaume n’est pas en sécurité ! Tout autour de nous, de nombreux Scorvols et Scorplanes attendent le bon moment pour nous attaquer ! Pensez-vous réellement qu’ils sont les seuls ? NON ! Le royaume est aussi attaqué de l’intérieur ! Conspiration, trahison, rébellion, toutes ces choses vous paraissent invraisemblables et pourtant, c’est la réalité ! La dure réalité ! »

Des murmures, de nombreux murmures se firent entendre autour des Ningales. Quelques passants s’éloignèrent, d’autres arrivèrent. Certains les prenaient pour des fous, d’autres les écoutaient attentivement. Il était si rare que les Ningales se présentent en public. L’un d’entre eux désigna les documents qu’il avait en main, reprenant la parole :

« Avec cette noblesse complètement pervertie par la puissance et la richesse qu’elle a acquiert au fil des décennies, notre royaume court à sa perte ! Savez-vous ce qu’est la croûte céleste de ce notre royaume ? C’est celle qui nous protège de toutes agressions extérieures. Mais avec tous ces fléaux qui se déroulent au sein-même du royaume, nous n’avons même pas à nous inquiéter de l’extérieur … mais surtout de l’intérieur. »

« Et que devons-nous faire alors ? »

« Agir par vous-mêmes ! Arrêtez d’obéir aux ordres ! Arrêtez d’écouter et de faire ce que les autres vous demandent ! Vous n’êtes pas plus bête qu’un autre ! »

« Désobéir au roi alors que notre royaume est attaqué ? C’est simplement de la folie ! Vous êtes complètement fous ! Retournez-donc sous terre ! »

Voilà que la foule s’éloignait une nouvelle fois, sans pour autant que d’autres personnes n’arrivent. Néanmoins, les Ningales ne quittèrent pas la place alors que d’autres personnes se présentaient peu à peu. Que des hommes … Uniquement des hommes … de différents âges.

Mais surtout, ils ne portaient que des haillons comme vêtements, semblant bien plus misérables qu’autre chose. Des enfants, des adolescents et de jeunes hommes … Le plus vieux d’entre eux avait sûrement une trentaine d’années, pas plus. Ils semblaient hébétés et étonnés, comme s’ils ne comprenaient pas ce qui se passait.

« Papilords … Vous voilà donc … Vous … Vous savez ce qu’est la vérité … Vous … Vous n’avez rien à perdre … car vous ne possédez rien. Veuillez nous écouter … et une nouvelle vie s’offrira à vous … Nous sommes les Ombres … Les Ombres Ningales. »

« Vous suivre ? Vous … nous donnerez à manger ? » murmura un enfant qui ne devait pas avoir plus de dix ans, sali par la terre et la crasse sur son corps. L’un des hommes en blanc hocha la tête positivement, un sourire peint sur son visage.

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