Chapitre 43 : Abandonnés

ShiroiRyu
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Chapitre 43 : Abandonnés

« Olistar … Est-ce que je peux te parler un peu s’il te plaît ? » demanda le garçon aux cheveux blonds. Le Rapion se tourna vers lui, un peu étonné du ton employé par Earnos.

« Bien entendu … Qu’est-ce qu’il y a ? Tu fais un peu peur. » répondit Olistar, l’invitant à s’asseoir à côté de lui. Le Coconfort s’exécuta, triturant ses doigts. C’est vrai qu’il était anxieux depuis qu’il avait appris au sujet du royaume. Les secondes s’écoulèrent, le silence s’installant sans que l’un ou l’autre ne prenne la parole.

« Je comptais demander à retourner au royaume des insectes. » lâcha finalement le jeune garçon aux cheveux blonds, Olistar ne paraissant pas surpris le moins du monde.

« Tu es libre de tes choix mais lorsque tu seras là-bas, qu’est-ce que tu feras hum ? Je ne suis pas sûr que tu connaisses la réponse, n’est-ce pas ? Tu n’es pas assez fort, Earnos. Reconnais-le … Il vaut mieux que tu restes ici à t’entraîner. »

« Et à me faire exploser par un Kraknoix alors que nous sommes trois dessus ? C’est bien facile pour toi. Tu es fort, très fort, Olistar. Moi, je ne suis qu’un simple Coconfort, pas un puissant Rapion ou un puissant Yanma … ou même un Kraknoix. Je sais très bien que les Coconforts ne sont pas très … forts … »

« Hum ? Et où est passé le garçon qui se fichait royalement de sa faiblesse ? Mais qui voulait donner le maximum pour réussir à protéger son royaume et sa princesse ? Tu sais, Earnos, je crois qu’il faut que je te dise pourquoi je suis auprès de toi … Pourquoi je suis toujours à tes côtés. Mais attention, il ne faudra pas le révéler. Est-ce que tu comprends ce que je veux dire par là, Earnos ? C’est quand même très important … C’est vraiment secret. » murmura le Rapion sur un ton mystérieux. C’était la première fois qu’il lui parlait de la sorte. C’était vraiment si important que ça ? Et puis, il attendait une réponse de sa part. Il devait lui …

« Ah ! Tu étais là, Earnos ! » s’écria la voix de Lisian avant de se jeter à son cou. Férast était derrière elle, ne disant rien du tout avant de s’installer aux côtés d’Olistar et d’Earnos.

« Lisian ! Je t’ai déjà dit quelque chose à ce sujet ! Argl ! Tu m’étrangles ! »

« Roh … Ne fait pas l’enfant, je ne serre pas aussi fort. Tu n’avais pas l’air d’aller très fort alors je me suis dit que ça pouvait te faire plaisir que je revienne près de toi. Je suis sûre que tu t’inquiètes un peu trop du royaume, c’est ça ? »

« … … … C’est le cas, Lisian. Pourquoi est-ce que tu me dis ça ? »

« Si tu t’inquiètes des Papilords, tu n’as vraiment pas à t’en faire. Ce sont juste des rebus de la société ! Les femmes de ma race s’occuperont d’eux avec facilité ! Tu n’as pas à t’inquiéter pour eux. Ils ne sont pas du tout dangereux face à nous. »

« Pourquoi est-ce que tu les traites de rebus ? » demanda le garçon aux cheveux blonds, plus que surpris encore une fois. Le ton utilisé … était railleur et condescendant.

« Hum ? Hein ? Ben, parce que c’est le cas. Pourquoi ça serait différent ? Ce sont vraiment que des rebus … Rien d’autre non ? Des déchets du royaume, des mendiants, des … »

« Je pense que tu peux t’arrêter là, Lisian. Tu ne vas pas arranger ton cas. » coupa sèchement Olistar, fronçant les sourcils et semblant en colère envers la jeune fille aux cheveux bruns.

« Et pourquoi ça ? Je ne fais que dire la vérité ! Je ne vois vraiment pas ce que vous avez tous ! C’est ce que ma mère m’a toujours dit ! »

« Et qu’est-ce que ton père t’a dit à ce sujet ? » demanda Olistar avec une pointe d’ironie.

« Hein ? Pourquoi est-ce que tu parles de mon père ? Il est mort alors que je n’avais que trois ou quatre ans … Il a été emporté par la maladie. Là, ce n’est vraiment pas sympa de ta part, Olistar ! Que je sache, je t’ai rien fait et je ne t’ai pas insulté ! » s’écria Lisian.

Cette fois-ci, le Rapion haussa un sourcil. Elle ne semblait pas jouer la comédie à ce sujet. C’est vrai que depuis maintenant un bout de temps, elle traînait un peu trop du côté d’Earnos. Peut-être que les femmes Cheniselles ne lui avaient rien dit ?

« Tu as de la chance … Je pense que tu peux t’en tirer … Mais il vaudrait mieux s’arrêter là, maintenant, Lisian. Ce que l’on t’a dit est complètement faux. » répondit le Rapion.

« Mais qu’est-ce que tu racontes encore ? T’es vraiment bizarre comme garçon, tu sais ? Aucune Cheniti ne voudra de toi si tu te comportes comme ça ! »

« Malheureusement, ce n’est pas mon intention d’aller chercher une Cheniti. Arrêtes maintenant, Lisian. Sincèrement … Sinon … » murmura Olistar, Earnos et Férast restant muets. Ce genre de disputes semblait un peu risible.

« Sinon quoi ? » demanda un Libegon qui se présenta à eux, ayant remarqué les accès de colère des deux enfants. La Cheniti se tourna vers lui, il devait avoir une cinquantaine d’années d’après les rares rides sur son visage.

« C’est pas important, monsieur. Olistar veut me faire croire qu’il connaît des choses sur les Cheniselles et les Papilords alors qu’il n’y connaît rien du tout. »

« Hum ? Et bien … Vous voulez savoir quoi à leurs sujets ? Je peux vous l’expliquer. Comme la raison pourquoi il n’y a que peu d’hommes chez les habitats des Cheniselles mais je ne pense pas que cela soit une histoire pour des enfants. »

« Il vaudrait mieux que vous ne leur disiez rien, oui. » marmonna Olistar, l’air sombre.

« Non ! Non ! Dites-moi tout ! Comme ça, Olistar arrêtera avec ses secrets ! Et comme ça, Earnos verra qu’il n’a pas à être effrayé par moi ! Il comprendra comme quoi, la vie avec une future Cheniselle, c’est vraiment une bonne chose. » s’écria Lisian avec joie.

« Une bonne chose ? Je suis désolé, jeune fille, mais je plains plus que je ne jalouse les hommes choisis par les Cheniselles. Qu’importe ce que l’on leur dit, ils n’en font qu’à leurs têtes et souvent, ils ne vivent pas plus longtemps qu’une trentaine ou quarantaine d’années. D’ailleurs, les légendes disent que si un homme donne un garçon à une Cheniselle comme premier enfant, il ne survivra pas le mois qui suit la naissance. »

QUOI ?! Earnos se redressa, Lisian mettant une main devant sa bouche pour éviter qu’un bruit n’en sorte. Qu’est-ce qu’elle venait d’entendre ? C’était juste une blague hein ? Hein ? On ne lui avait jamais dit ça ! Férast restait imperturbable ou presque. Olista passa une main sur son front, marmonnant que ce n’était vraiment pas le moment.

« D’ailleurs, souvent, les hommes sont jetés après utilisation. Lorsqu’elle obtient une fille de celui qu’elle a choisi, la Cheniselle se débarrassera souvent de son mari. Des fois, elle ira en chercher un autre pour avoir une nouvelle fille, encore plus forte que la précédente. C’est pourquoi on estime que les Cheniselles vivent dans une société matriarcale : ce sont les femmes qui ont le pouvoir car elles sont les seules à pouvoir vivre à l’intérieur. Dès qu’elles ne sont plus intéressées par rapport à un homme, elles l’éliminent. »

« C’est pas vrai ! Vous mentez ! Vous dites n’importe quoi ! » hurla Lisian.

« Il faut aussi que je vous explique ce qui arrive aux Chenitis … Les enfants masculins que certaines Cheniselles obtiennent avec leurs maris. Ces derniers, malgré le dégoût de leurs mères, sont élevés jusqu’à l’âge de trois ans. Un âge où ils peuvent commencer à marcher et à parler, même très mal. A partir de là-bas, ils sont abandonnés. »

Earnos s’était mis à trembler, serrant le poing. C’était quoi cette histoire saugrenue que le Libegon venait d’annoncer ? Et il semblerait qu’il n’en avait pas terminé d’après ce qu’il annonçait. D’ailleurs, l’homme un peu âgé reprit :

« D’ailleurs, ces enfants, livrés à eux-mêmes ne peuvent guère survivre très longtemps. Généralement, ils meurent de maladie ou par manque de nourriture. Ceux qui arrivent à vivre jusqu’à l’adolescence voir l’âge adulte sont très rares, ils portent un nom bien spécifique. Je pense que vous savez de quelle race d’insectes je veux parler. Un Papilord ne vivra rarement plus de vingt à vingt-cinq ans. D’ailleurs, c’est pour cela que les Cheniselles sont souvent promptes à avoir la possibilité de tuer le plus de Papilords. Cela permet d’effacer les échecs qui furent un jour leurs progénitures. »

« ASSEZ ! ASSEZ ! Vous mentez ! Earnos ! Earnos ! Tu ne le crois pas ? Hein ? Hein ? » bredouilla la jeune fille aux cheveux bruns, se tournant vers le Coconfort. Celui-ci tremblait de tout son corps alors qu’elle posait ses mains sur ses bras. « Earnos, je te promets que je n’en savais rien ! Rien du tout ! Maman m’a jamais dit ça ! Elle m’a toujours dit que les Papilords étaient mauvais, très mauvais ! »

« Et ensuite, si par malheur, je me retrouvais avec toi, tu comptes me tuer durant mon sommeil parce que je suis un homme, n’est-ce pas ? NE ME TOUCHE SURTOUT PAS ! Le seul déchet du royaume, c’est ton espèce, Lisian ! Tu vas devenir comme elles ! » hurla le Coconfort, repoussant violemment la Cheniti qui tomba en arrière. Il avait serré le poing, n’arrivant pas à comprendre pourquoi il était en colère mais il n’allait pas la frapper. Tout le monde avait sa place parmi les insectes ! Les Rapions, les Papilords, tout le monde ! Alors qu’une espèce décide qu’une autre n’avait pas le droit d’être parmi eux … Il devait se calmer ! Olistar et Férast étaient d’ailleurs en train de le retenir. « Disparais ! Ne m’adresse même plus la parole, espèce d’ordure ! » s’écria-t-il une nouvelle fois, la jeune fille semblant interloquée, des larmes s’écoulant de ses yeux avant de s’enfuir et de s’enfoncer dans le désert. « Et perds-toi dans le désert ! TU … » dit Earnos avant de s’arrêter, le dard d’Olistar s’étant logé dans son dos. Sous le coup de l’émotion, il risquait de dire des bêtises. Il valait mieux qu’il s’arrête là. Les révélations avaient eu lieu … mais elles ne furent guère bonnes.

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