Chapitre 50 : Dans l’ombre

ShiroiRyu
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Chapitre 50 : Dans l’ombre

« Merci pour tout. C’est bon de se sentir accompagnée par des personnes. »

« De rien princesse Terria. Néanmoins, ce qui vous attend lorsque vous rentrerez au château sera bien plus terrible que tout ce que vous aviez vécu auparavant. » annonça l’un des Maskadras, loin de la rassurer. Elle passa néanmoins de l’autre côté du mur, prenant le petit trou qu’elle avait l’habitude d’utiliser.

« Qu’est-ce qu’ils sont encore en train de raconter eux … Comme si je pouvais avoir des problèmes ? Hum ? Hein ? Qu’est-ce que … » balbutia l’adolescente aux cheveux blonds, remarquant le climat d’alarme dans lequel le château s’était mis. Il n’y avait qu’une raison … Une unique raison qui poussait les soldats et les Apitrinis à être ainsi : elle.

« Euh … Plus besoin de rechercher comme des fous … Je suis là et je vais bien. » reprit-telle faiblement en levant la main droite en l’air. Elle était un peu rouge car bon, déplacer autant de monde faisait toujours son petit effet mais quand même.

« Princesse Terria ! Vous étiez donc là ! Que faisiez-vous en pleine nuit dehors ? Vous avez une interdiction de votre père de quitter votre chambre ! Vous ne savez pas ce qui vous attend dehors ! » s’écria l’un des généraux qui était un Cizayox. Recouvert de son armure rouge, il semblait très impressionnant mais aussi très inquiet. « Votre père, le roi, a donné des ordres bien précis. D’ailleurs, lui-même est parti à votre re … »

« TERRIA ! TERRIA ! » hurla une voix tonitruante, semblant capable de faire trembler tout le château si elle le désirait. Le roi arriva d’un pas rapide vers l’adolescente.

« Père … Je suis désolée mais ce que j’ai fait est peut-être … »

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une baffe vint la frapper avec violence, la faisant tomber sur le côté si seulement la même main ne l’avait pas agrippée par le bras. Rapidement, l’adolescente fut tirée derrière le roi, celui-ci s’écriant avec rage :

« Tu m’accompagnes tout de suite ! Et dès demain, je demanderai à ce que l’on mette des barreaux à ta fenêtre ! Quand je te refuse le droit de sortir de ta chambre, ce n’est pas par plaisir mais par sécurité ! Est-ce que la mort de ta mère ne t’a rien appris ? Et encore, nous étions en paix à ce moment-là ! Maintenant, c’est la guerre au sein même du royaume ! »

« Père ! Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! Vous me faites mal ! » sanglota l’adolescente, plus par la joue baffée et la douleur à son bras que d’avoir été claquée par son père devant une majeure partie des soldats du château.

« Comme si j’allais réellement te lâcher ! Pour que tu t’enfuis encore ? Je pensais que c’était ce petit Coconfort qui t’avait pourri le cerveau avec des idées aussi absurdes mais il semblerait que ça ne soit que toi qui sois responsable de toutes ces choses ! Espèce d’idiote ! Qu’est-ce que ta mère penserait de toi si elle savait ce que tu fais ? »

« Mère serait plus qu’heureuse que j’œuvre pour le royaume ! Car elle était sûrement au courant de la création absurde de celui-ci ! Un royaume qui se fait en excluant différentes espèces d’insecte n’est pas le véritable royaume des insectes ! Et vous, vous avez continué à faire ça pendant des siècles ! Vous vous fichez pas mal des autres races tant que vous restez au pouvoir ! Vous n’avez jamais fait un mouvement envers les Drascores et les Scorvols ! »

Le roi Tanator s’arrêta devant la porte de la chambre de sa fille, posant son regard rubis sur elle. Elle fit un petit mouvement de recul tout en commençant à trembler. C’était quoi ses yeux posés sur elle ? HEY ! Son père n’était pas dans son état normal ! Elle voyait à son regard ! Il semblait complètement perdu.

« Tant … Tant que tu es en vie, la monarchie continuera … C’est le plus important pour moi. Tu es ma fille … L’unique personne qui est de mon sang. Je ne laisserai pas partir le dernier souvenir de Seiry comme ça. Si tu ne veux pas comprendre à quel point il est important que tu restes dans ta chambre, moi-même, je sais ce qui est important. »

« Père … Vous devriez sérieusement consulter les médecins du royaume. Vous n’allez vraiment pas très bien. » murmura-t-elle, essayant de calmer la situation.

« Mon état de santé n’est pas intéressant ! Seul le tien importe, ma fille ! Pardon de t’avoir frappée … Sur le moment, je … Je … Je ne pensais pas à mal. » bredouilla l’homme qui commençait à faire paraître quelques rides.

Il relâcha son bras pour venir la serrer contre lui. L’adolescente se laissa faire, fermant ses yeux rubis. Ça ne servait à rien de lutter contre son père. Elle savait qu’il n’avait jamais voulu réellement cette situation. Elle savait aussi que ce n’était pas son désir réel de l’enfermer, tout simplement de la protéger. Son père souffrait autant qu’elle de toute cette situation mais … Ce n’était pas bon ce qu’il faisait, ce n’était pas bon du tout.

« Bonne nuit ma fille … Repose-toi bien. Demain, je t’enverrai un médecin pour voir si tout va bien. » murmura le roi avant de refermer la porte derrière lui.

Elle se massa le bras faiblement, comme perturbée par tout ça. Ce n’était pas bon … Pas bon du tout. Dès demain, les barreaux allaient être mis à sa fenêtre et elle pouvait tout simplement oublier l’idée même de sortir de sa chambre dorénavant.
Elle allait devoir trouver une occupation, quelque chose à faire. C’était l’unique moyen pour elle de ne pas devenir folle comme son père. Car oui, pour elle, ça ne faisait aucun doute. Son père était en train de perdre peu à peu la raison. Elle le savait parfaitement, elle savait que son père avait perdu la tête depuis la mort de sa femme.
Il l’aimait … Il l’aimait tant … Contrairement à ses apparences, le roi avait toujours été doux avec sa famille. Il avait toujours été à l’écoute de sa femme, prêt à respecter la moindre de ces décisions et voilà le résultat : la reine Seiry était maintenant morte depuis plusieurs années … tellement d’années.

« Si seulement Douély pouvait ramener à nouveau maman … Ca serait tellement plus simple mais elle n’acceptera jamais, jamais … »

Elle commença à pleurer, mais non plus à cause de la douleur. Ca devenait une situation impossible à cause de toute cette histoire. Elle n’arrivait plus à en vouloir à son père après ce soir. Elle ne savait même plus vers qui se tourner pour espérer trouver une solution. Peut-être que si … Peut-être que si toute cette guerre civile se terminait, tout s’arrangerait pour elle ?

Ailleurs, dans un endroit qui était secret, plusieurs personnes étaient réunies autour d’une table. Une faible lumière provenait du sommet de la pièce, éclairant à peine les personnes encapuchonnées et les différents papiers déposés sur la table.

« Quelle est la situation actuelle concernant le royaume ? Devrions-nous intervenir ? »

« Je pense qu’il vaut mieux que nous laissions les autres races s’occuper de tout cela. Nous n’avons pas à nous en mêler. Ils se débrouillent très bien de l’intérieur. »

« Je ne parle pas uniquement de cela … Ce que je veux savoir, est-il nécessaire que nous commencions à faire parler de nous pour que le peuple nous suive ? »

« Je ne pense pas … Pas maintenant mais plus tard. Notre première mission n’est pas de nous faire remarquer mais d’éliminer la dernière Apireine de ce royaume. D’ailleurs, à ce sujet, il semblerait qu’elle tente quelques escapades pour quitter le château. Il faut profiter de l’une de ces excursions extérieures pour réussir à l’assassiner. »

« Après la mort de sa femme, la mort de sa fille plongea le roi dans une douleur sans fin. Nous pourrons alors en terminer avec la royauté. D’ailleurs, avez-vous remarqué les changements psychologiques chez le roi ? Il semblerait que … »

Et les discussions s’éternisèrent pendant de longues minutes. Une réunion comme quelques autres. Une ombre sortit du bâtiment dans lequel ils avaient discuté. Moins de deux minutes plus tard, le bâtiment s’effondra, ne devenant plus que des ruines. Nulle personne ne pouvait deviner dans ce climat de tension qu’ils étaient derrière ces manœuvres.
L’ombre commença à se mouvoir à travers les ruelles, semblant savoir où elle devait se rendre. Finalement, la forme d’une petite maison se présenta devant lui. Avec lenteur, l’être pénétra à l’intérieur de la maison, faisant attention à ne guère faire de bruit. Il monta les escaliers de sa demeure, se dirigeant vers une chambre avec discrétion.

«  Tant mieux … qu’elle dorme. » murmura doucement l’être en regardant un bébé aux cheveux rouges comme ceux de sa mère. « Bonne nuit, Cassiopi. Papa est rentré. »

« Hum ? Saralos ? Tu es enfin rentré ? » marmonna une voix dans le couloir, la lumière étant allumée dans celui-ci. Un homme aux cheveux rouges sortit de la chambre, se présentant face à la femme qui était en robe de nuit, les yeux à moitié clos.

« Oui … Je suis désolé, mon amour. Le travail n’est plus ce qu’il était. Pardon de rentrer aussi tard. Tu ferais mieux d’aller te recoucher. Je te rejoins dans quelques minutes. »

« Hors de question. Maintenant que tu es là … Tu ne t’échapperas pas pour le reste de la nuit. » répondit la jeune femme avant d’enlacer son mari pour le tirer vers l’autre chambre.

« D’accord, d’accord, j’ai compris, Passy. » chuchota l’homme en rigolant.

Tout ce qu’il faisait à côté … Elle ne devait pas être au courant. Il devait protéger son enfant et sa femme … tout en pensant à éliminer celui d’un autre. C’était peut-être pour cela qu’il ressentait un peu de remords en ce moment même ?

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