Chapitre 69 : Pour une paix éphémère

ShiroiRyu
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Chapitre 69 : Pour une paix éphémère

« Tu es de retour Earnos ? Qu’est-ce que … Du sang sur ton casque ? Retire-le ! » dit Olistar, ne laissant guère réellement le choix à l’adolescent aux cheveux blonds. Lorsqu’il lui enleva le casque, le Rapion fut surpris de voir … qu’il n’avait rien du tout. Mais aussi le regard qu’il avait. Qu’est-ce qui s’était passé avec le Coconfort ? « Quand tout ça est terminé … Il faudra que l’on en parle un peu tous les deux, Earnos. »

« Hors de question, Olistar. Tu as tes secrets, j’ai les miens … Et je ne peux surtout pas te révéler celui-ci, ça serait beaucoup trop dangereux pour tout le monde. »

« Earnos … Tu ne me fais donc pas confiance ? » demanda le Rapion, Earnos cherchant à lui sourire sans pour autant y arriver. Il hocha la tête positivement néanmoins avant de reprendre son casque. Il le remit devant le Rapion, murmurant :

« Ce n’est rien de bien grave … Voilà tout … Il n’y a pas à s’inquiéter. »

« Bien entendu. Tu veux essayer de me rassurer ? Ça ne marche pas comme ça. Bref, tu peux compter sur moi si cela s’avère nécessaire. De toute façon, je suis à tes côtés quoi qu’il en coûte au royaume. C’est envers toi que je partage mon existence et non pas envers le royaume, Earnos. Est-ce que tu comprends ? »

… … … Il ne répondit pas au Rapion car bizarrement, cela lui rappelait quelque chose d’assez … pathétique. C’était un peu ce qu’il pensait envers la princesse. C’était elle qu’il servait, pas le royaume. C’était elle qu’il protégeait, pas le royaume.

« Merci beaucoup, Olistar. Tu es plus qu’un ami. »

Il avait dit cela avec une certaine nonchalance, espérant que cela servirait à combler le désir d’Olistar. Il ne voulait pas l’inquiéter plus que cela … Pas du tout … Mais juste qu’il venait de sauver la famille de Passy … Il venait de laisser en vie le père de sa nièce … mais le sien ? Le sien ? Est-ce que l’on y pensait hein ? Est-ce que l’on pensait à ce qui se passait hein ? Non … Personne ne s’en inquiétait ici présent sauf lui.

« Il faut que l’on arrive jusqu’à la salle du trône, le plus rapidement possible. Il le faut le plus vite possible. Il faut retrouver tout le monde. »

« Calme-toi, Earnos. Nous y sommes presque non ? A partir de là, la majorité des personnes ici présentes connaissent le chemin. » dit Olistar, Holikan étant resté muet le long du chemin. Il n’avait plus ouvert la bouche depuis que le Rapion l’avait remercié de le sauver.

« Je suis calme … Je suis très calme. Mais si on pouvait juste accélérer. »

« Earnos … Ton père va très bien. » annonça Holikan, prenant finalement la parole. « Ton père n’est pas n’importe qui. C’est lui-même qui protège le roi et la princesse à l’heure actuelle. S’il devait lui arriver malheur, nul doute que le château serait au courant … Or aucune nouvelle, c’est une bonne nouvelle. »

« D’accord, Holikan. Comme tu es proche du roi … Tu ne mens pas. » chuchota Earnos, bien qu’il ne laissait transparaître aucune émotion à travers sa voix sous son casque.

Pourquoi mentirait-il pour une telle chose ? Mais maintenant, de nouvelles troupes avaient rejoint le groupe qui s’agrandissait de plus en plus. Sur son passage, nul ne pouvait espérer les arrêter alors qu’ils avançaient peu à peu vers la salle du trône. Là-bas se trouvait le gros des troupes ennemies mais donc aussi le dernier rempart pour protéger le roi.

« Veuillez nous laisser passer. » demanda Earnos avec calme devant les nombreux Scorvols mais aussi autres insectes munis de différentes armes et armures sur leurs corps. De nombreux nobles et militaires d’après ce qu’il voyait. Dire qu’il en connaissait une partie … même de loin. L’un des Scorvols s’esclaffa :

« Mais c’est un petit comique ce gars ? Il croit vraiment qu’on va … »

« C’était l’un des chevaliers de la princesse. D’ailleurs, l’autre chevalier l’accompagne et l’ambassadeur des Rapions aussi. Si on arrive à tous les tuer, autant dire que cela arrangera notre situation pour de nombreuses choses. » coupa l’un des militaires, un nouvel Insecateur d’après ce qu’Earnos remarquait.

« J’ai eu ma réponse … Vous allez recevoir la vôtre alors. Nous pouvons commencer l’assaut pour sauver le roi et la princesse. »

Malgré qu’il ait donné les commandes à Holikan, celui-ci lui avait laissé la possibilité de parler. Et voilà ce que le résultat donnait : des combats d’une violence inouïe alors que l’adolescent dans son armure dorée faisait de son mieux pour protéger le maximum de personnes bien que de nombreux trous commençaient à se faire percevoir dans son armure.

« Vous n’avez pas écouté ce que mon Earnos a dit auparavant ? Débarrassez le plancher ! »

Son Earnos ? Il se tourna avec incrédulité vers Olistar, celui-ci émettant un petit rire avant de planter son dard dans le corps d’un militaire pour l’envoyer vers un Scorvol. Puis soudainement, les portes s’effondrèrent sous la puissance des coups donnés.

« Qu’est-ce qui vient de se passer de l’autre côté ? » demanda une voix faible.


Une voix vers qui le Coconfort se tourna aussitôt. Des Scorvols, des Insecateurs, des Cizayox, des Coxyclaques, des Apitrinis, tout … Tout … Il y avait tellement d’insectes dans la salle du trône mais il savait vers où regarder.

« Pa … Papa ? » balbutia l’adolescent dans son armure dorée trouée.

« Earnos ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu n’aurais jamais dû venir là ! » s’écria le Dardargnan.

« Bon … sang … C’est pire que prévu. » murmura Holikan. Il avait peut-être enjolivé un peu trop la situation. Beaucoup trop même.
Les gardes du roi étaient beaucoup moins nombreux qu’il ne le pensait et surtout … Les cadavres jonchaient de partout le sol. La princesse était derrière son père et de multiples soldats tandis que le roi était auprès de Walane. Walane … Celui-ci était peut-être dans le pire état parmi les soldats chargés de protéger la royauté. Ses bras pendaient lamentablement vers le sol, des entailles les parcourant de partout tandis qu’il tentait de serrer deux lances dans ses mains. Il haletait, se maintenant plus qu’autre chose grâce à ses armes plantées dans le sol. Pourtant, malgré l’inquiétude de voir son fils dans la salle du trône, ses yeux rubis et rageur étaient posés sur les soldats en face de lui.

« Comment est-ce qu’on a pu perdre autant de temps face à ces types ? Ils sont cinq fois moins que nous ! Ce n’est pas possible de se faire battre comme ça ! »

« Vas dire ça à ce général Walane hein ?! Moi, je n’ai pas envie de me faire planter par ses lances ! Bordel ! Il porte bien son surnom de Walane l’éclair ! Mais il est presque sur le point de claquer, il tient à peine debout. »

« Vous … ne toucherez pas à un cheveu … du roi et de sa fille ! » s’écria l’homme de bientôt plus de cinquante ans alors qu’il se redressait correctement, soulevant ses deux lances pour les pointer en direction de ses adversaires.
Qu’il arrête … Il en faisait trop ! Beaucoup trop ! Il n’avait plus l’âge pour ça ! Plus du tout même ! Et il voyait aussi que le roi était un peu blessé, signe qu’il avait combattu ! Il devait agir … Il devait réagir avant qu’il ne soit trop tard ! Trop tard, trop tard, c’était toujours trop tard ! C’était toujours trop tard ce genre de choses !

« Olistar … S’il … S’il te plaît, aide-moi avant qu’il … »

« ON N’A PLUS RIEN A PERDRE ! FORCEZ-LE BARRAGE ! PRENEZ SES LANCES DANS VOS CORPS MAIS EMPÊCHEZ-LE D’EN TUER PLUS ENCORE ! »

Un ennemi qui venait de crier cet ordre, des hurlements se faisant entendre alors que les dernières lignes fonçaient vers les ultimes troupes du roi et son père. NON ! IL N’ALLAIT PAS LAISSER FAIRE CA !

« Epaulez Earnos ! Attaquez-les de dos ! » hurla Holikan à son tour.

C’était les dernières attaques. C’était les derniers combattants. Ensuite, ils seraient tous sauvés ! C’était ainsi et pas autrement ! C’était comme ça que ça marchait et pas autrement ! Son père allait être sauvé, son père allait être sauvé ! Des lames vinrent frapper son armure, ses bras, ses cuisses, son casque. Il entendait même le craquellement des armes mais aussi de son armure. Elle n’allait plus tenir très longtemps mais il s’en fichait. Il ne voulait pas … Il ne voulait pas que ça se passe comme ça !

IL NE VOULAIT PAS ! De toutes ses forces, il poussa ses adversaires. La douleur était omniprésente sur la globalité de son corps alors qu’il entendait les cris des autres lui dire qu’il était complètement fou de se jeter dans la bataille. Son père n’était qu’à quelques mètres, en train de défendre de sa vie le roi et la princesse. Fou ? Il l’était sûrement ! Mais il avait de bonnes raisons pour ça ! Il avait de très bonnes raisons !

« Earnos … Tu es un idiot … de venir jusqu’ici … Tu n’es plus un soldat. »

« Papa … Je n’allais pas te laisser … seul. » répondit le Coconfort, son casque doré se fendant en deux alors qu’il n’était plus à quelques centimètres de son père. Les deux étaient dans un état plus que pitoyable, le père autant que le fils. Le Dardargnan posa une main sur l’épaule du Coconfort avant de lui sourire, s’écroulant sur lui-même en emportant son fils.

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