Epilogue : Une carapace autour de son cœur

ShiroiRyu
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Epilogue : Une carapace autour de son cœur

« Pour le bilan des morts, on va attendre. Veuillez plutôt vous occuper des blessés. »

C’était terminé … C’était finalement terminé … Il avait été emmené dans la salle des soins intensifs, au même titre que son père. Il avait réussi à protéger son père … Il avait réussi à le sauver. C’était le plus important pour lui. C’était …

« Earnos ? Est-ce que je peux te parler ? » demanda Olistar, arrivant jusque lui. Le Rapion avait quelques bandages mais un petit sourire aux lèvres. Il semblait heureux et soulagé … par de nombreuses choses. Le Coconfort hocha la tête, regardant brièvement son père qui était à quelques mètres de lui. Il était blessé mais conscient, c’était le plus important. Et avec ce qui venait de se passer, il y avait de fortes chances qu’il n’y ait plus de rébellion de la sorte pendant de nombreux mois voir années.

« Euh … Tu le peux … Mais bon … Ca a l’air assez important non ? »

« Ça l’est. Je vais être bref, Earnos. Je vais devoir partir … Et je ne suis pas sûr de revenir malheureusement. Je ne peux pas te donner d’explications mais si je reviens, tu sauras tout, d’accord ? Il est temps pour moi de passer à mon rite pour devenir un Drascore. »

« Je co… comprends, Olisatr. J’espère que tu y arriveras. Bonne chance … »

Le Rapion hocha la tête pour le remercier de ses paroles avant de quitter la pièce. C’est bizarre … Il se sentait un peu vide sans Olistar. Ce genre de paroles n’était pas à prendre à la légère, n’est-ce pas ? Pas du tout même … Mais bon … Il devait lui faire confiance.

Ailleurs, le Rapion traversa les couloirs pour se diriger hors du château. Dire qu’il allait falloir du temps pour que tout soit nettoyé, tout aille pour le mieux mais bon … Ce n’était pas pour ça qu’il devait s’en faire : Earnos allait bien.

« Tsss … Maintenant, tu comptes t’en aller ? Puisque votre plan a échoué ? » dit une voix avec ironie, le Rapion se tournant vers le Yanma. Avec lenteur, Olistar s’approcha de lui, gardant un sourire aux lèvres avant de dire :

« Ce n’est pas bien important de toute façon … Mon projet pour mettre à mal la royauté peut attendre quelques années, n’est-ce pas ? Désolé, Holikan … »

Désolé ? Pour quelle raison ? Même si les paroles du Rapion avaient été dites avec ironie, l’excuse ne l’était pas. Il n’eut pas le temps de lui demander ce qui se passait qu’Olistar posa ses lèvres sur les siennes pendant quelques secondes. Lorsque le Rapion les retira, il était plus qu’étonné et surpris, Olistar reprenant :

« Je dois m’en aller. Tu as fait un grand geste aujourd’hui. C’était ma façon à moi de te remercier de m’avoir sauvé, Holikan. Dorénavant, tu vas devoir te trouver un autre rival, n’est-ce pas ? Mais garde cette avancée dans tes relations avec les Drascores. Apprends à mieux les connaître … Merci bien, je m’en vais. Je ne suis pas sûr que nous nous revoyions. »

Comment ? Hey ! Il avait besoin d’explications ! Il venait de se faire embrasser par un garçon, son pire ennemi en plus ! QU’IL NE S’EN AILLE PAS ! BORDEL !

Il pouvait finalement souffler … Un peu … Prendre un peu de repos tandis qu’il observait son père qui cherchait à se lever. Il voulait prévenir sa femme qu’il allait bien. C’était normal, tout à fait normal. Sa famille était inquiète, plus que tout.

« Je peux marcher normalement. Ca devrait aller … Vous m’avez soigné et je suis juste bon pour avoir quelques blessures, rien de plus. » dit le Dardargnan avant de se lever, montrant qu’il allait plutôt bien malgré tous les coups qu’il avait reçus.

« Messire Walane ? Le jeune Earnos ? Le roi aimerait vous parler à tous les deux. » demanda un soldat en rentrant dans la salle des soins. Le roi voulait le voir lui aussi ? Il se leva avec difficultés, observant l’armure dorée qui avait fait son office après toutes ces années. Dommage … Vraiment dommage … Mais elle avait servi à quelque chose de noble. Accompagné de son père, ils se dirigèrent vers la salle du trône où le roi et la princesse Terria les attendaient tous les deux. Il y avait des Libegons et des Drascores à côté d’eux ainsi que des Yanmegas. Son père posa un genou au sol devant le roi, Earnos faisant de même une seconde plus tard.

« Earnos … Les Libegons et les Drascores m’ont tout expliqué à ton sujet. Il semblerait que cela soit toi qui les as réunis pour nous porter secours. Malgré mes dures paroles il y a de cela quelques années, je ne peux ignorer tout ce que tu as fait pour ton royaume. C’est pourquoi, j’ai décidé, si bien entendu tu veux en refaire partie, de te laisser la possibilité de retourner dans l’armée des insectes. Bien entendu, tu seras dans la section dans laquelle Walane, ton père, officie, il n’en serait autrement. Après ce que vous nous avez montré … C’est une chose tout à fait normale et … »

« Père … S’il vous plaît … » murmura l’adolescente aux couettes blondes.

« Hum ? Oui … Bon … D’accord, c’est vraiment parce qu’il a été exceptionnel que j’ai accepté ta requête. Earnos, si tu retournes dans l’armée, tu redev… »

« ROI TANATOR ! ROI TANATOR ! » s’écria un soldat tout en ouvrant les portes de la salle du trône. Il sembla essoufflé, comme s’il venait de faire une course des plus éreintantes. Le roi n’avait pu terminer sa phrase mais devant l’air apeuré du soldat, il décida de le laisser continuer à prendre la parole. « Messire Walane est ici ? C’est important ! Il faut absolument que vous veniez le plus rapidement possible ! Le jeune Earnos aussi ? Ah … Peut-être que pour lui … Il est encore trop jeune pour … »

« Pour ? » demanda le roi, le soldat hochant la tête négativement. Il ne voulait pas en parler ici. Pas devant les autres ! Il reprit :

« Veuillez me suivre, s’il vous plaît … Il faut que nous fassions vite … C’est arrivé … comme ça. On l’a découverte il y a trente minutes et … »

« On l’a découverte ? » murmura Walane, un peu surpris. « Pardonnez-moi, roi Tanator mais il semblerait que ça soit plus qu’important et … »

« Nous vous accompagnons. Dans ton état, cela vaut mieux que nous soyons près de vous. » annonça le roi, demandant aux Libegons, Drascores et Yanmega de les accompagner, la princesse étant priée de les rejoindre. Le soldat les emmena hors du château.

Qu’est-ce qui se passait ? Pourquoi y avait-il un tel attroupement au beau milieu de la place ? Il était à peine neuf ou dix heures du matin. Le soldat demanda aux personnes de se disperser tandis qu’il murmurait à Walane de se rapprocher. Le Dardargnan acquiesça, posant une main sur sa bouche avant de trembler.

« Co … Comment … est-ce … »

« Papa ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Earnos, forçant le passage. Il s’arrêta, s’immobilisant alors que ses yeux rubis fixaient le corps étendu sur le sol, baignant dans son sang. « Ca … Cassi … Grande sœur ! »

Il avait crié en cherchant à se rapprocher du corps de la Coxy mais les soldats vinrent l’arrêter. Il voulut se débattre, qu’on le laisse se rapprocher de sa sœur mais ils étaient beaucoup trop nombreux. Le roi Tanator et la princesse Terria s’approchèrent à leur tour, l’Apireine poussant un petit cri de surprise.

« Je veux une explication … Vite … » bredouilla l’homme aux cheveux blonds, contrôlant difficilement ses émotions pour ne pas pleurer.

« Elle a été assassinée il y a environ quelques heures. D’après les marques de son agression, il semblerait qu’un Papinox soit responsable de cela. »

« RAOR ! C’EST RAOR ! C’EST RAOR QUI A FAIT CA ! » hurla soudainement le Coconfort avant de s’écrouler à genoux. Comme son père, il n’allait pas pleurer. Raor … Pourquoi est-ce que Raor … a accompli une telle chose ?

« Comment est-ce que je vais expliquer ça … à Niny … et aux filles. »

Le Dardargnan était plus qu’abattu mais pas autant que le Coconfort. Les deux membres de la famille de la Coxy continuèrent de regarder le cadavre de Cassina. Raor … Où est-ce que le Papinox était parti maintenant ? Où est-ce qu’il se trouvait ? La bonne nouvelle venait d’être gâchée par un acte horrible.



Plusieurs semaines s’étaient écoulées. Quelques gardes étaient présents autour d’une tombe. C’était le strict minimum alors que rares étaient les personnes présentes pour l’enterrement de Cassina. La famille de la Coxy, la femme qui l’avait employée, de rares amis proches … puis le roi et la princesse étaient présents, la raison même des soldats autour de la tombe.

« Puisses-tu reposer en paix dorénavant … »

Voilà … Avec la jeune femme enfouie sous terre, tout venait de se terminer. L’adolescent aux cheveux blonds resta immobile pendant quelques secondes, fermant les yeux. Il n’avait pas pleuré … comme son père. Seules les femmes de sa famille s’étaient laissé aller aux larmes. Il leva la tête en direction du ciel avant de reposer son regard sur la tombe. Il fit un demi-tour sur lui-même, ignorant les condoléances des soldats et des autres personnes.

Il s’était éloigné sans un mot, espérant être seul. Les personnes de son entourage avaient expliqué que l’adolescent ne parlait que très peu dorénavant … comme auparavant, avant qu’il ne rentre dans l’armée, lorsqu’il n’avait encore huit ou neuf ans. Pourquoi est-ce que tout cela devait arriver … Pourquoi ?

« Earnos ? » murmura une voix derrière lui, l’adolescent tournant son visage de moitié.

« Terria … Je voudrais être seul, s’il te plaît. »

Même si elle était étonnée d’entendre le Coconfort la tutoyer, elle essaya de lui sourire tout en s’approchant de lui. Elle avait eu l’autorisation de réconforter Earnos comme …

« S’il vous plaît … Laissez-moi seul … Je veux vraiment être seul … » reprit l’adolescent aux cheveux blonds, ne bougeant pas de sa position.

« Tu sais, Earnos … Je crois que je dois refuser ce que tu demandes. Après tout, tu as toujours tout fait pour me réconforter … après … ça. » chuchota Terria, pensant à l’assassinat de sa mère. Earnos trembla un peu alors qu’elle était à quelques centimètres de lui. « C’est normal alors que je sois là pour toi … »

« Je veux juste être se… » murmura le Coconfort avant de se retrouver enlacé par la princesse. Impassible, il voulut reprendre la parole mais elle l’arrêta, caressant ses cheveux.

« Mais tu ne seras plus seul. Tu ne seras … »

« Je suis tout seul … Je suis tout seul … Depuis le début … Depuis le début … Comment est-ce que je peux protéger tout le monde si je ne peux même pas protéger ma famille, Terria ? Comment est-ce que je suis sensé faire hein ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal pour mériter ça ? Pourquoi est-ce que ça arrive à moi ? Mon père a failli mourir en défendant le royaume mais ma sœur est morte alors qu’elle n’avait rien demandé ! Rien du tout ! »

Ce fut le moment où il explosa en larmes contre elle. Elle le sentait qui tremblait de tout son corps. Voilà … qu’il pleure … qu’il pleure contre elle. Elle était là … Elle était là pour lui. C’était la première fois qu’elle le voyait aussi faible, aussi fragile. En d’autres circonstances, elle aurait trouvé cela charmant mais elle n’avait pas la tête à ça. Elle n’avait pas à penser de la sorte. Tout ce qui comptait, c’était le bonheur de son chevalier. Et là, pour l’instant, ce n’était pas réellement le cas. Sa main glissant dans les cheveux blonds d’Earnos, elle serrait l’adolescent contre sa poitrine. Elle … Elle … Elle aussi était triste … plus que triste. Elle chuchota faiblement pour qu’il puisse l’entendre :

« Earnos … Tu sais ce que j’ai toujours voulu de ta part ? Voir chez toi ? Quelque chose d’improbable … en ce qui me concerne. Quelque chose que j’estime plus qu’important à mes yeux que tout le reste. Je veux te voir me sourire, je veux te voir être heureux … Mais c’est si fragile … Le bonheur. Tout peut basculer en un instant. Je ne crois pas que je verrais un jour un sourire sur tes lèvres mais ça ne fait rien. Ça ne me dérange pas. Reste simplement à mes côtés en tant que chevalier et nous nous soutiendrons mutuellement dorénavant. Je suis là pour toi comme tu l’as toujours été pour moi. »
Pour ce genre d’épreuves, il ne serait plus jamais seul dorénavant.

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