Chapitre 9 : Un couple impossible

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 9 : Un couple impossible

« Earnos, tu es donc quand même venu à la fête ? J’avais peur que tu ne viennes pas car je ne t’avais pas invité. Tu sais, c’est de ça dont parlait les lettres que je t’écrivais. »

« Je ne suis pas vraiment festif, je suis désolé de vous l’annoncer, princesse Terria et … Pourquoi faites-vous cette tête, princesse ? »

« Nous sommes seuls. Du moins, nous … ne sommes pas en public si tu restes avec moi. Alors je veux que tu me tutoies ici. Et d’ailleurs, pourquoi est-ce que tu as pris tes deux lances avec toi ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda l’adolescente avec interrogation.

« Rien de bien spécial. » mentit le Coconfort, n’osant pas lui annoncer qu’il avait prévu ses armes au cas où pour la protéger. Visiblement, l’adolescente ne semblait pas stupide, le regardant longuement de ses yeux rubis avant de dire :

« Qu’importe, Earnos, est-ce que je peux te demander quelque chose ? Et s’il te plaît, ne refuse pas, ça serait tout simplement de me surveiller et de me protéger. Mon père ne sait pas que j’ai échappé aux deux soldats qui devaient venir avec moi mais s’il me voie avec toi, ça ne devrait pas poser tellement de problèmes, non ? »

« Ne pas me faire apprécier par le roi, je ne suis pas sûr que ça soit la meilleure chose à faire entre nous. Et arrête de… me regarder avec ses yeux là, tu sais très bien que je ne pourrais pas refuser si tu fais ça. Princesse Terria, s’il te plaît. C’est vraiment risible de ta part de faire une telle chose. Tu es la future reine de ce ro… Bon, j’accepte. »

Elle poussa un petit cri ravi alors qu’il soupirait. Difficile de résister à un tel regard rubis. Mais quand même, qu’il était ridicule face à elle. Elle faisait une bonne quinzaine voir vingtaine de centimètres que lui. Il ressemblait à un gamin par rapport à elle alors qu’ils avaient le même âge et …
Il arrêta de penser alors qu’il sentait les doigts de l’Apireine qui vinrent croiser les siens. Qu’est-ce que … Hey ? Il la fixa longuement, celle-ci lui souriant avant de rire faiblement, un peu de rouge aux joues. Elle murmura :

« Si tu veux me surveiller, il vaut mieux ne pas être séparés non ? Je pense que c’est une bonne idée que de faire ça, tu ne crois pas ? »

« Je ne suis pas sûr que de se tenir la main soit très … respectable. Qu’est-ce qu’Holikan ou le roi diraient à ce sujet ? Essaie d’avoir un peu de tenue. »

« Mais j’ai beaucoup de tenue. Il n’y a aucune honte ou indécence à avoir quand tu es à mes côtés. Earnos, il faut que tu comprennes que toi et moi, cela fait depuis des années que l’on se connait. Même si les gens ne sont pas forcément au courant, c’est normal que toi et moi, nous nous tenions la main, non ? Ou alors, tu vas encore me dire que tu ne te considères pas comme mon ami, ce qui, franchement, me ferait souffrir terriblement, Earnos. »

« S’il te plaît, ne me regarde pas comme ça en disant une telle chose. Nous sommes … proches, c’est tout. Mais je ne sais pas, je ne veux pas que les gens se fassent des idées, c’est tout. » souffla-t-il, Terria rougissant une nouvelle fois.

C’est vrai quoi … Est-ce qu’il était particulièrement idiot ou quoi ? En même temps, elle savait que ce n’était pas normal … Enfin, à ses yeux à elle, ça l’était mais bon … Pourquoi est-ce qu’il ne comprenait pas qu’elle était amoureuse de lui ? Voilà, elle l’avait clairement déclaré … mais dans ses pensées.

« C’est plus dur à dire … qu’on ne le croit. »

« De quoi parles-tu, Terria ? » demanda l’adolescent aux cheveux blonds, la regardant avec interrogation alors qu’elle hochait la tête négativement.

« De rien, ce n’est pas bien important. Dis … Est-ce que l’on peut se rapprocher un peu plus ? Je veux dire, du spectacle. Je ne suis pas sûre de le voir. »

« Si toi, malgré ta taille, tu es incapable de le voir alors moi, je suis plutôt mal barré. Enfin bon, je vais tenter de te faire de la place. » déclara Earnos, tenant la princesse dans sa main alors qu’elle rigolait discrètement. Voilà ce qu’elle attendait de son chevalier servant.

Celui-ci arriva à l’emmener de plus en plus près du lac, usant néanmoins de bon nombre de stratagèmes pour rencontrer le moins de personnes … jusqu’à se retrouver enfoncé dans un minuscule fourré ? Une quinzaine à vingtaine d’arbres et il n’y avait personne ici ? Comment était-ce possible ? Ce n’était pas un coin secret quand même ? Il vit Terria qui s’apprêtait à s’asseoir mais il l’arrêta, retirant sa veste pour la déposer au sol. Elle éclata de rire, récupérant sa veste pour la lui redonner. Elle vint finalement s’asseoir, l’invitant à faire de même à ses côtés avant de dire :

« Tu penses quand même pas qu’une princesse comme moi a peur de se salir ? »

« Je ne sais pas … Ca n’a pas l’air très propre et … »

Il s’arrêta de parler alors qu’elle lui chuchotait de se taire. Ils étaient à une bonne place, une très bonne place même puisque le ballet volant commençait à paraître devant leurs yeux. Les Lumivoles et les Mucioles se rencontraient, tournoyaient autour d’eux alors que la danse se faisait si belle, si gracieuse.

« C’est vraiment beau … Il n’y a rien à redire de ce côté. » souffla Earnos.

« C’est vrai que c’est magnifique en soi. Il faudrait que ça continue indéfiniment et que ça ne s’arrête jamais, tu en penses quoi hein ? Je trouve que ça serait une bonne idée … »

« Je ne sais pas …Ce n’est qu’une fois par an. Mais j’aurai peut-être dû venir plus souvent ici. Maintenant, il est un peu tard. Oh … Je ferai mieux de me taire. Je dérange. »

« Tu ne me déranges pas, Earnos, tu ne me déranges pas. » répondit avec douceur l’Apireine alors qu’elle venait déposer sa tête sur ses épaules.

 

Une bonne partie de son corps était avachi sur l’épaule d’Earnos mais celui-ci restait de marbre. Du moins, il tentait de l’être puisqu’il tremblait un peu. Il ne devait pas penser au fait qu’elle était là, c’était tout. Même si elle cherchait sa main pour la serrer dans la sienne, il devait l’ignorer ou presque, c’était mieux pour tout le monde. Enfin, surtout pour lui et elle. Ce n’était rien du tout … Rien de rien, rien du tout. Oui … Ce n’était rien du tout.

« Earnos ? Est-ce que tu sais ce que ça veut dire cette parade lunaire ? »

« Non, je ne crois pas … Qu’est-ce que cela veut dire, Terria ? Je peux t’appeler ainsi puisque nous sommes seuls tous les deux. Tu vois ? Je fais des efforts. »

« Tu ne le sais vraiment pas ? Ou alors tu te moques de moi ? Je ne pense pas que tu te moques de moi alors je veux bien te le dire. Quand deux personnes voient ensemble … Enfin, quand deux personnes de sexe opposé voient ensemble la parade lunaire des Lumivoles et Mucioles, il est dit qu’elles formeront un couple uni et heureux jusqu’à la fin des temps. »

« Ah ! » dit Earnos, la repoussant doucement après avoir entendu cela. Il hocha la tête négativement plusieurs fois à la suite avant de reprendre la parole : « Il fallait que vous veniez avec Holikan, princesse Terria. »

« Et pourquoi ça, Earnos ? » demanda-t-elle en le regardant longuement.

« Car c’est avec lui que … »

« Il faut vraiment que tu arrêtes de croire ça, espèce d’idiot ! » s’écria aussitôt la princesse, le coupant dans ses paroles. « Qu’est-ce que tu crois encore ? »

« Holikan et vous, vous êtes promis à des fiançailles, bientôt, vous serez adulte comme lui et … » dit le Coconfort avant d’être stoppé par une baffe des plus violentes.

« Holikan et moi, ça s’est déjà terminé avant même d’avoir commencé ! Imbécile, imbécile, t’es qu’un imbécile, Earnos ! »

« Qu’est-ce que j’ai fait princesse pour mériter de telles insultes ? »

« Demande-toi plutôt ce que tu n’as pas fait ! » rétorqua la princesse avant de se lever. « Je m’en vais, je n’ai plus envie de regarder la parade. De toute façon, elle est terminée. »

« Je vous accompagne, princesse Terria. Il vaut mieux que vous ne paraissiez pas seule devant les soldats ou votre père sinon … »

Sinon quoi ? Elle le regarda avec fureur alors qu’il paraissait plus blessé qu’il ne le montrait réellement. Il avait aussi des choses à lui dire mais c’était impossible, tout simplement impossible. Voilà tout … Elle s’éloigna sans même lui répondre alors qu’il reprenait :

« Attends-moi quand même un peu, Terria. Je ne sais pas de quoi mais je veux m’excuser. »

« Si tu ne sais pas pourquoi tu dois t’excuser alors ne t’excuse pas, ça te rend encore plus bête. » répondit-elle sèchement.

Voilà qu’il avait tout loupé. Il ne savait pas exactement de quoi mais il savait qu’il était fautif, terriblement fautif même. Quel idiot dans le fond. Mais c’était pour le mieux s’il pensait cela. Voilà tout … Il prit un autre chemin que celui de l’Apireine, soupirant de tristesse.

Laisser un commentaire