Chapitre 16 : Sa lumière

ShiroiRyu
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Chapitre 16 : Sa lumière

« Raor … Est-ce que tu regrettes ce que tu as fait ? » murmura Earnos, serrant de toutes ses forces ses deux lances. Le jeune homme en face de lui pencha la tête sur le côté, soufflant :

« Si je te tue, il y a des chances qu’elle revienne non ? Je ne voulais pas lui faire de mal … Je ne voulais pas du tout. Je ne voulais pas … Je veux juste … »

« BORDEL ! EST-CE QUE TU T’EN VEUX OU NON ? MERDE ! »

« Je vais te tuer … et elle reviendra ! ELLE REVIENDRA ! »

« ELLE NE REVIENDRA PAS CAR TU L’AS TUEE ! FOUS-TOI CA DANS … »

L’adolescent aux cheveux blonds se stoppa, une entaille se faisant voir sur sa hanche sans même qu’il ne puisse réagir. Ce n’était rien … A peine une goutte de sang. Mais l’attaque avait été si imprévisible voir même … invisible.

« Un peu de sang ! Ce n’est pas suffisant ! Ça ne suffira pas à la faire revenir ! Il en faut beaucoup plus ! Il en faut beaucoup plus ! Je vais devoir te tuer … Oui … Oui … Puis si ça ne suffit pas … Je tuerai ses sœurs, puis ses parents … Puis ses amis, tout le monde. »

« TU NE TOUCHERAS PAS A UN SEUL CHEVEU DE MA FAMILLE ! »

« Earnos ! Arrête tout de suite de te battre si tu ne peux pas te contrôler ! » cria Olistar après les paroles du Coconfort. Celui-ci s’immobilisa aussitôt, se tournant vers la Drascore.

« Je ne vais pas … Ne t’en mêle pas … C’est mon problème, Olistar ! C’est mon problème ! »

« Si tu le tues, tu ne seras pas mieux que lui. » répondit la jeune femme aux cheveux violets, croisant les bras au niveau de sa poitrine alors qu’il répliquait :

« Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? J’ai déjà tué auparavant, ça ne changera rien ! »

« Pas sur le coup de la colère, pas par pur souci de vengeance … Mais libre à toi. Je ne m’occupe plus de ce combat qui est le tien. Mais tu vas me décevoir. »

Qu’importe ! Pour le moment, il s’en fichait de décevoir ou non ! Il avait Raor en face de lui et il était temps de lui faire payer tout ce qu’il lui avait fait ! Cette souffrance … Ah … Ah … Il avait les larmes aux yeux, comme Raor. Comme Raor ? Le Papinox était en train de pleurer, un sourire aux lèvres.

« C’est si bon … Tout ce sang qui s’écoule … Earnos, tu vas faire revenir Cassina, ce n’est pas ce que tu veux hein ? Hein ? Tu ne veux pas la faire revenir ? »

« Je voudrai qu’elle revienne ! Si tu pouvais mourir pour qu’elle revienne, je le ferai ! » hurla l’adolescent, fonçant vers le Papinox, ses deux lances en avant.

Pourtant, les deux armes passèrent à côté du Papinox, ne le touchant pas … En fait, le Coconfort venait de se casser la figure à côté de Raor, celui-ci lacérant son dos.

L’adolescent cria de douleur, des lignes de sang se faisant voir sur son dos avant qu’il ne se relève, repoussant Raor d’un coup d’épaule. Il récupéra ensuite ses lances mais celles-ci volèrent dans les airs avant d’atterrir au loin. Olistar ouvrit la bouche, disant :

« Earnos, il utilise des pou… Non, rien. »

Ca exaspérait la jeune femme de faire cela mais elle devait bien ancrer tout ça dans le crâne de l’adolescent. Celui-ci ne se tournait même pas vers elle, ne l’écoutant pas. De toute façon, vu à quel point il était enragé, ça ne servait à rien de lui adresser la parole.

« Pourquoi tu ne veux pas mourir ? Tu ne veux pas qu’elle revienne ? »

« Elle ne reviendra pas … Elle ne reviendra pas … Elle ne reviendra pas. »

Il devait retrouver son calme mais ce n’était pas facile. Cet être était tellement insensible. C’était tout simplement affreux de le laisser vivre encore une minute de plus ! Mais il allait régler ça ! Il allait régler cette histoire avant que …
Ses lances … Il n’arrivait pas à les tenir correctement en main. Il n’y arrivait pas. Il sentait comme une force supérieure pour l’empêcher de les prendre. Mais il ne se laissait pas faire. Il faisait son maximum pour ne pas les lâcher. Il était hors de question … Hors de question de le laisser faire comme il le voulait !

« Pourquoi … Pourquoi est-ce que tu ne tombes pas ? Laisse-toi faire, c’est pour Cassina, Earnos. On fait cela tous les deux pour Cassina. »

« Elle ne reviendra pas ! FOUS-TOI CA DANS LE CRÂNE ! Elle ne deviendra pas une Munja ! Elle ne deviendra personne ! »

« NE RACONTE PAS N’IMPORTE QUOI ! Elle reviendra ! Elle reviendra ! Comme avant ! On sera à nouveau ensemble ! On a été séparés, c’est tout ! »

Quel idiot ! Quel idiot ! Mais quel idiot ! Ce Papinox était plus à plaindre qu’à vouloir tuer. Il ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver de la pitié envers lui. C’était bien l’unique chose qu’il éprouvait envers le jeune homme. Et cette pitié cumulée à la rage qu’il avait au fond de lui, il était impossible pour lui de tomber. Les Papinox n’étaient pas très forts à la base, juste imprévisibles, plus qu’imprévisibles, non ?

Pourtant, il tenait bon. Bien qu’il n’avait pas l’ascendant, il continuait de garder ses lances dans ses mains. Il voyait aussi que le Papinox était en train de s’épuiser. Comme souvent, avec la majorité de ses adversaires, c’était ainsi. Il ne gagnait pas sur la puissance mais sur la durée et là, il était en train de prendre l’ascendant.

« LAISSE-MOI RETROUVER MA LUMIERE ! LAISSE-MOI FAIRE REVIVRE CASSINA ! » hurla le Papinox, poussant en arrière Earnos par ses pouvoirs psychiques. Pourtant l’adolescent n’avait reculé que de quelques mètres.

« Tu ne la retrouveras pas. Par ta faute, elle est morte … Reconnais que tu l’as tuée ! Que c’est par ton unique faute qu’elle est morte ! Que c’est toi le responsable de ton malheur ! »

Comme choqué d’apprendre la sinistre vérité, le Papinox balbutia, se tenant la tête entre ses deux mains pour la secouer de gauche à droite. Non et non ! NON ET NON ! Ce n’était pas possible ! Il voulait sauver Cassina ! Il veut la garder pour lui ! Il ne voulait pas qu’elle parte ! Il ne voulait pas qu’elle s’éloigne ! Earnos profita de la confusion pour courir vers lui mais surtout en terminer une bonne fois pour toutes.
Pourtant, lorsque ses deux lances arrivèrent à hauteur de Raor qui était statufié sur place, les deux lances vinrent simplement blesser les hanches du Papinox. Olistar regarda la scène, poussant un profond soupir de soulagement alors que Raor s’écroulait à genoux, continuant de se tenir la tête. Il ne semblait même pas avoir remarqué ses blessures.

« J’aimais Cassina, j’aimais Cassina, je l’aimais toujours. Je ne voulais pas qu’elle s’en aille, je ne voulais pas qu’elle m’abandonne, je l’aimais, je l’aimais comme un fou. Je ne pouvais pas vivre sans elle, je ne pouvais pas me passer d’elle. Elle était la seule à me considérer différemment des autres. Elle était la seule à être aussi gentille, à s’inquiéter pour moi. »

« Disparais de ma vue … Je ne te tuerai pas. Je ne te tuerai pas car ça n’arrangerait pas la situation. Ça ne changerait rien à ce qui se passe. »

« Cassina … Je ne retrouverai jamais Cassina … Ma lumière … Cassina … Cassina est morte. Cassina ne reviendra pas. Si elle voulait vraiment revenir … Si elle était vraiment triste, elle serait revenue en tant que Munja. Ça veut dire qu’elle n’était pas triste de mourir de mes mains. Ça voulait dire ça … Les Munjas sont des insectes revenus à la vie car leur première existence n’a jamais été satisfaisante ou heureuse … en un certain point. Ah … Ah … Cassina, CASSINA ! Pourquoi tu n’es pas revenue ? POURQUOI ? »

« Arrête, tu es ridicule, Raor. » murmura Earnos, continuant de pleurer en même temps que le Papinox. Ils ne pouvaient faire que ça tous les deux dorénavant. Ils ne pouvaient que pleurer la perte d’un être cher. Raor éclata de rire, se redressant, la tête penchée sur le côté.

« Attends-moi, Cassina. Je viens … Je viens… » chuchota le Papinox, Earnos criant :

« Raor ! ARRÊTE CA ! RAOR ! »

Pourtant, le Papinox venait de planter ses doigts dans sa jugulaire, du sang giclant de l’ouverture au niveau du cou. Raor hoqueta, commençant à marcher avec lenteur vers Earnos et Olistar. Le Coconfort voulut interrompre la marche du Papinox mais Olistar vint placer ses mains autour de la taille et des bras du Coconfort. Elle le tira sur le côté, Earnos lui hurlant dessus pour savoir ce qu’elle comptait faire.

« Ma lumière … Ma lumière … Ma lumière … Elle va … Elle est là … Je la vois … Je la vois … Cassina est là. Elle m’attendait tout simplement. Elle ne m’en veut pas. Earnos, elle ne m’en veut pas. Ta grande sœur ne m’en veut pas. Elle m’aime encore. »

« Laisse-le … Earnos … Laisse-le sombrer dans sa folie jusqu’à la fin. »

Une folie qui soignait les plaies de l’âme brisée d’un Papinox. Un Papinox qui s’approchait de la tombe de Cassina. Avec lenteur, l’être s’écroula sur la tombe, ses larmes se mélangeant à son sang. Il était partit rejoindre celle à qui il avait retiré la vie, celle qu’il aimait.

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