Chapitre 35 : Remarqué

ShiroiRyu
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Chapitre 35 : Remarqué

« Tu as entendu parler de ce Dardargnan ? Earnos ? Enfin, l’ancien chevalier de la princesse ? Il paraitrait qu’il se balade de ville en ville sans que l’on sache pourquoi. Dans tout le royaume, on peut apercevoir sa présence. »

« Mais comment est-ce qu’il fait ? Il ne peut pas être partout à la fois ! Et même avec la distance entre chaque ville, il ne devrait pas pouvoir s’y rendre sans se reposer non ? »

« Hey, qu’est-ce que tu veux que je te dise moi ? Je ne sais pas ! Je ne lui ai pas posé la question non plus ! Tu crois que je vais aller le chercher et lui demander comment il fait ? »

« MOUARF ! Comme si tu pensais qu’il était à côté de nous aussi tant qu’on y est ? »

Et pourquoi pas ? Il ne se présenta pas mais il était camouflé derrière une cape brune alors qu’il écoutait les conversations dans la taverne où il se trouvait. Oui, il y avait quelques soldats, oui, il y avait quelques pochtrons mais voilà, il se ressourçait et il avait de quoi boire. Bon, en même temps, il avait réussi à se raser et donc à faire disparaître la barbe et la moustache … Pfiou, il voulait quand même paraître un peu « distingué ».
« De toute façon, il faut savoir que le roi a tué sa propre fille. » murmura-t-il sous sa cape, plusieurs têtes se tournant vers lui.

« Qu’est-ce que tu dis, l’inconnu ? » demanda l’un des soldats plutôt éméchés.

« Faut-il que je me répète ? Je viens de dire que le roi a tué sa propre fille. C’est ce que les rumeurs annoncent. Il paraîtrait que le Dardargnan s’était enfui avec la princesse mais que le roi les as retrouvés tous les deux. Il a tenté alors de tuer le Dardargnan mais la princesse Terria s’est mise en rempart et a protégé Earnos, perdant la vie sur le coup. Le roi n’ayant plus toute sa tête depuis la mort de la reine Seiry, il a alors accusé Earnos du meurtre de sa fille, ce qui fait de lui un coupable idéal. »

« Comment est-ce que tu sais tout ça, toi ? Et ce ne sont que des rumeurs ! » déclara un second soldat, moins saoul que le premier.

« Si ces rumeurs existent, c’est qu’elles sont fondées en soi, non ? Sinon, comment pourraient-elles voir le jour ? »

Il avait dit cela tout en terminant son verre, s’en allant en laissant de quoi payer la consommation. L’argent ? D’où il provenait ? Des rares personnes qui croyaient en son histoire. Ce n’était qu’une ville comme une autre. Il venait de mettre les graines de la discorde parmi les villageois, certains penseront à ce qui s’est passé, pourquoi le roi ne voulait pas montrer le corps de la princesse, toutes ces choses.

« Hey, attends un peu, toi ! » dit une voix derrière lui alors qu’il venait de quitter l’auberge. Sans y prêter attention, il s’enfonça dans une ruelle, jetant quand même un regard derrière lui avant de remarquer que c’était deux soldats de l’armée. Il se retourna pour leur faire face, dévoilant son visage. L’un des soldats : « Attends un peu mais tu es … »

« Earnos, c’est le cas. Je suis le seul survivant de ce qui s’est passé cette nuit-là … Oui, vous ne le saviez pas mais quelques soldats sont morts sans que l’on ne sache pourquoi. Les soldats qui accompagnaient le roi ce soir-là. Aucune trace … Aucune preuve. Mais bon, je ne pense pas que vous m’écouterez … contrairement aux villageois. »

« A quoi est-ce que ça te sert de t’enfuir ? Si tu es capturé vivant, tu pourras alors te défendre ! » dit l’un des soldats, qui, malgré l’alcool dans son sang, semblait avoir encore toute sa tête, chose assez étonnante.

« Et vous pensez vraiment que le roi va me laisser vivant ? J’étais avec sa fille ! Nous étions amants tous les deux ! Il nous a découverts et il a voulu me tuer. Voilà l’unique vérité, la vérité qu’il ne veut pas vous révéler car il sait que cela mettrait encore plus à mal sa réputation. Déjà qu’il est devenu complètement fou depuis la mort de la reine Seiry … Et … Je ne vois pas pourquoi je reste ici. »

Sans un mot, il fit apparaître ses ailes dans son dos avant de décoller dans les airs, s’enfuyant en laissant perplexes les deux soldats. Voilà ce qu’était son projet, l’un de ces nombreux projets. Pour une fois, il était tombé sur des soldats moins bêtes que d’habitude.

Mais ce n’était pas toujours le cas malheureusement. Des fois, il y avait des personnes bien plus stupides … et qui tentaient de le combattre. AH ! Le combattre ! Ils ne comprenaient pas comment il faisait pour se déplacer de ville en ville sans interruption ? L’endurance … La rage … La haine … Tout cela cumulé lui donnait une énergie capable de le faire marcher ou voler pendant des heures durant sans même qu’il ne s’arrête un instant. C’était cela … Et aussi ses pensées tournées envers Terria. Il était peut-être devenu un peu fou … mais au moins, son plan se mettait en marche peu à peu.

Combien de temps ? Depuis combien de temps faisait-il tout cela ? Il ne savait pas … Pas du tout même. Mais il comptait les jours et les semaines, les mélangeant dans sa tête. Il savait juste au minimum que cela faisait déjà trois mois … Trois mois voir bien plus … Mais personne n’avait réussi à mettre la main sur lui et un vent de rébellion recommençait à souffler dans le royaume. Un vent mauvais … Celui de la mort du roi.
Il avait finalement peu à peu de nombreux « fidèles » qui voulaient le suivre non pas car il les manipulait mais car il avait … ce qu’ils appelaient du charisme. Il n’avait pas cherché à en avoir mais visiblement, cela affectait les personnes autour de lui. Bien entendu, cela ne voulait pas dire qu’il voyageait en groupe ou qu’il se montrait à visage découvert la majorité du temps. Il n’était pas fou, loin de là.

Il voulait juste … que le roi s’inquiète. Que le roi commence à perdre encore plus la tête. Il voulait que tout cela … Ah … AH … Il devait aussi trouver Douély ! Il devait aussi la trouver ! Il devait retrouver DOUELY ! Douély qui n’avait plus donné de nouvelles depuis des mois ! Il ne savait pas où elle était ! Il ne savait pas où était le cadavre de Terria !

« Si j’attrape Douély … Si je l’attrape … Ah … Ah … Je vais lui faire payer ce qu’elle m’a fait. Je vais lui faire regretter ça ! »

Il allait lui faire payer ce mensonge ! Comment est-ce que Douély avait osé faire une telle chose ? COMMENT HEIN ? COMMENT ? Il … Il en était hors de question ! Hors de question de ne plus revoir Terria ! HORS DE QUESTION !

« Mon ventre est en train d’enfler. Qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Quoi ? Tu ne sais pas comment naissent les bébés ? Alors, tu vois, le papa a mis la petite graine dans le corps de la maman. La petite graine a fleuri dans le pot à l’intérieur de la maman puis neuf mois plus tard, le bébé va naître. »

« NON ! Ce n’est pas ça que je veux dire ! Ce que je veux dire, c’est que … Je ne sais pas … Ça me fait bizarre de voir mon corps vivre sans que je ne sois à l’intérieur. »

Humpf ? La Munja posa son regard sur l’esprit de l’Apireine. Celle-ci semblait plutôt bien prendre le fait que cela faisait maintenant plus d’un trimestre qu’elle était au-dehors de son corps. Ce corps qui ressemblait à celui qu’il avait été avant de subir un trou dans le ventre. Il ne respirait pas, pas du tout mais le cerveau était irrigué par le sang et ainsi, tous les muscles fonctionnaient correctement. De même, la Munja semblait s’occuper du ventre qui gonflait maintenant depuis quelques temps.

« Je ne savais pas que tu connaissais tellement de choses. »

« Il y a beaucoup à apprendre que tu ne le crois. Ce genre de techniques était utilisée par divers insectes il y a de cela plusieurs siècles. Les pouvoirs d’un Munja se développent de plus en plus au fur et à mesure de son existence. »

« C’est pour ça que tu as pu ramener l’esprit de ma mère il y a quelques années ? »

« L’esprit d’une Apireine est l’esprit le plus difficile et complexe à ramener ou … à dévorer pour un Munja. C’est pourquoi il n’existe que peu de Munjas qui sont capables de ce que j’ai fait. Si tu as le temps de parler, tu ferais mieux de te concentrer à ne pas perdre le lien avec ton corps. Si tu le perds, tu ne le retrouveras jamais. » marmonna Douély, la jeune femme aux cheveux bruns étant en sueur, semblant avoir fait de nombreux efforts.

« Je devrais te remercier non ? Pour tout ce que tu fais … et même si tu faisais semblant de me dévorer, je sais que tu fais tout cela pour Earnos et non pas pour le royaume. »

« Tais-toi. Tu ne peux pas savoir pour qui je fais cela. Tu risquerais d’être surprise le jour où tu le découvriras … Si tu le découvres un jour. »

« Pour l’instant, j’accepte ma condition ectoplasmique. Tant que l’enfant né, c’est le plus important non ? Est-ce qu’il y a déjà eu des jumeaux ou plusieurs enfants chez une Apireine ? Comme tu sais tellement de choses, je me le demandais. » dit la jeune femme fantômatique.

« Des jumeaux ? C’est le cas bien que généralement, ce ne sont que des jumelles et l’une d’entre elles meure soit souvent à la naissance soit quelques mois après sa naissance. Quand je te parlais d’une malédiction, elle n’était pas à prendre à la légère. »

D’accord. Elle comprenait parfaitement. Mais quand même, la vie des Apireines était vraiment triste. Et elle ne savait pas pourquoi mais elle se disait que celle de Douély n’était surement guère mieux. Il suffisait de voir comment la jeune femme se comportait depuis ces trois mois. C’était grâce à elle qu’elle était encore « vivante » si on pouvait dire cela. Mais en contrepartie, il y avait tant de sacrifices à faire.

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