Chapitre 36 : Du monde à côtoyer

ShiroiRyu
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Chapitre 36 : Du monde à côtoyer

« Tu as entendu parler d’Earnos ? Il paraitrait que c’est le fils du général Walane, le grand ami du roi. Il paraitrait qu’il a aussi tué la princesse ! »

« Ouais, enfin, ça, c’est des rumeurs. La vérité, c’est que le roi a tué la princesse car celle-ci était amoureuse d’Earnos. Maintenant, il crie vengeance et réclame la tête du roi. »


Des rumeurs, toujours des rumeurs mais pas n’importe lesquelles. Des rumeurs sur le jeune homme Dardargnan, celui-ci qui combattait le roi et qui avait promis de mettre à mal la monarchie depuis que Terria était morte. Le roi n’était plus légitime et de nombreuses voix s’étaient levées, lui demandant de quitter le trône. D’autres disaient que de toute façon, le royaume était perdu … Et de nombreux assassinats se faisaient entendre. Mais était-ce Earnos le responsable de ces derniers ? Nul ne le savait à part lui-même.

Le Dardargnan était en train de combattre, plusieurs hommes se trouvant au sol tandis que lui-même était qu’égratigné. Les hommes étaient blessés, non tués alors qu’il pestait contre lui-même. Il était tombé dans un guet-apens.

« Qu’est-ce que tu attends pour nous tuer comme tu l’as fait avec la princesse ? »

« C’est ce que vous désirez réellement ? Que je vous tue ? Je peux facilement régler le problème si c’est ça que vous voulez. »

« Fais le comme tu l’as fait avec la princesse ! Nous ne croyons pas ces rumeurs qui disent comme quoi, la princesse était tombée amoureuse d’un homme comme toi ! »

Il donna un violent coup de pied dans les hanches de l’homme qui avait pris la parole, celui-ci criant de douleur avant qu’Earnos ne lui prenne la tête par les cheveux. Ses yeux rubis montraient toute la rage emmagasinée depuis ces derniers mois :

« C’est ça le problème ! C’est ça ! Elle était tombée amoureuse de moi, un petit Dardargnan de rien du tout ! Un Dardargnan comme il en existe tant dans le royaume ! Non pas d’un grand et puissant Yanmega, non pas d’un majestueux Libegon ! Non, d’un simple Dardargnan ! MOI ! Mais elle m’aimait et c’est pour ça que le roi voulait me tuer ! C’est pour ça que le roi a tué sa fille par accident ! Car elle a décidé de me sauver ! Tu comprendras ça ou il faut que je te l’explique dans une autre langue hein HEIN ? »

« Tu es complètement dingue. Tu crois vraiment que tu peux combattre le roi ? »

« Oh … Oui, je le combattrais et je le tuerai pour m’avoir retiré la femme que je chérissais le plus au monde. Au oui, je vais m’occuper de lui ! Je m’occuperai de lui et de tous ceux qui oseront se mettre en travers de mon chemin ! COMME TOI ! COMME VOUS TOUS ! » hurla le jeune homme avant de redonner un coup de pied dans le corps du soldat.


Pourtant, Earnos laissa les soldats au sol, s’éloignant sans un mot. Ils avaient osé s’en prendre à lui et ensuite, qu’est-ce qu’ils espéraient ? Qu’il allait se laisser faire ? Il en était hors de question ! Personne ne pouvait l’arrêter ! Personne ne pouvait stopper sa marche ! Le roi allait tomber un de ces jours … Quand ? Qu’importe le temps que cela prendrait, il s’en fichait complètement. Il voulait juste sa tête !

« Mon ventre est quand même devenu bien rond. Ça me fait bizarre … J’ai l’impression de ne pas être la mère. Mais en même temps, je vais être maman à dix-huit ans ! »

« C’est plutôt jeune … Et je ne pense pas que tu aies la capacité de prendre tes responsabilités. De même, je te rappelle un petit détail : tu es morte. Tu auras du mal à élever cet enfant. »

« Ça ne fait rien … Tant qu’Earnos sait qu’il a un enfant et qu’il l’élève, ça me suffit. » déclara l’esprit alors que Douély poussait un profond soupir.

« Faut-il encore qu’Earnos soit vivant … Mais d’après les rumeurs, il fait beaucoup de grabuge donc il a l’air d’aller plutôt bien. Tant mieux pour lui. »

« J’aimerai tant le revoir. Pourquoi est-ce que je ne peux pas le revoir ? Même si je suis … »

« Il est déjà dans un sale état psychologique, ressemblant un peu à celui de ton père. Tu veux qu’il devienne exactement pareil ? Et que cette tragédie se répète ? La future Apireine aura encore un père complètement dingue ? »

« Non, je ne pensais pas à ça du tout. Je ne veux pas … que … Enfin, je veux juste … »

« Tais-toi et continue d’observer ce qui se passe. De toute façon, tu ne peux rien faire d’autre, c’est compris ? » déclara la Munja, fatiguée.


L’Apireine hocha la tête positivement, semblant attristée par les paroles de Douély. Il fallait dire que cela faisait bien cinq mois qu’elle était morte … et que depuis tout ce temps, Douély continuait de maintenir son corps en vie pour l’enfant qu’il portait. Mais elle ? Et Earnos ? Elle ne savait pas du tout où se trouvait le jeune homme. Elle savait juste … qu’il avait un peu perdu la tête à cause d’elle.
Elle voulait le rassurer, lui dire que tout allait bien mais … Mais … Elle ne pouvait pas malheureusement. Douély ne lui permettait pas tout cela. Elle ne savait pas dans le fond ce que Douély voulait faire. Elle ne savait pas quel était le véritable but de Douély.

C’est vrai quoi ! La jeune femme ne disait rien du tout à ce sujet, continuant juste d’observer le ventre de l’Apireine qui gonflait au fil des journées. C’était gênant. Elle avait l’impression de ne pas être la mère de l’enfant qui était en train de naître. D’ailleurs, d’après ce qu’elle avait entendu de la part de Douély, c’était une fille … voir même deux ! C’était des jumelles ! Ou des jumeaux ! Elle ne savait pas ! Elle ne savait pas exactement mais Douély lui avait annoncé que l’âme s’était scindée en deux avant de devenir deux âmes distinctes ! Et elle qui pensait que … Ah non …

« Je n’y avais pas pensé. » bredouilla l’esprit, soudainement mélancolique et triste, ce qui sembla déranger Douély. Celle-ci lui demanda :

« Qu’est-ce qui se passe encore ? Tu es vraiment lunatique. »

« Je … Si ce sont des jumeaux … Cela veut dire que … »

« Arrête de te tracasser l’esprit pour le moment. » coupa aussitôt la Munja.

C’était bien plus difficile qu’elle ne le pensait. Comment ne pas imaginer que l’une de ces deux petites vies allaient disparaître sans même qu’elle puisse exister réellement ? Sans même pouvoir … bouger ? Ah … C’était pour ça qu’elle se sentait vraiment triste. A cause de toute cette histoire, de tout cela. Voilà pourquoi elle se sentait mal.

« Roi Théor, roi Théor ! Le village de Loran a décidé de s’affranchir du royaume. Ils ne veulent être sous votre monarchie ! »

Le monarque poussa un profond soupir. Ce n’était pas le premier village qui réagissait de la sorte. Earnos … Ce Dardargnan. Ce Dardargnan qui lui mettait tant de bâtons dans les roues ! Ce Dardargnan qui avait osé souiller sa petite fille !

« Ça ne fait rien ! S’il le faut, utilisez la force pour passer au peigne fin ce village ! Un village où Earnos peut vivre librement est un village où la force est nécessaire ! »

« Roi Théor, je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée. » déclara un homme aux cheveux blond mais au visage fatigué et vieillissant.

« Général Walane, je sais parfaitement que l’on parle de votre fils. »

« Non, ce n’est pas de ça dont je parle. Mais utiliser la force pour trouver Earnos ne nous mènera à rien, sauf à plus de villages qui seront opposés au royaume. Cela est une mauvaise chose. » reprit le Dardargnan avec lassitude.

« Et que proposes-tu alors comme idée pour calmer les villages dissidents ? »

« Nous devrions plutôt tenter de tracer le chemin qu’Earnos a choisi. Cela nous permettrait alors de savoir où nous rendre et de l’attraper avant qu’il ne tente de s’enfuir. Pour l’instant, nous ne pouvons rien faire mais il faut noter chacun de ses déplacements et ensuite tracer une carte pour voir s’il suit un chemin en particulier ou non. »

« Cela me semble assez astucieux et ingénieux. Soit … Nous allons faire cela, Walane. Je te laisse prendre les commandes et appliquer les directives pour capturer ton fils. Tu peux faire qu’il soit vivant. »

« Comme vous le désirez, roi Théor. » murmura le Dardargnan en s’inclinant respectueusement devant le monarque.

Quelques secondes plus tard, il s’éloigna, l’air pensif. Juste à côté des portes menant à la salle du trône, la Drascore était présente, croisant les bras. Le Dardargnan se tourna vers elle, un petit sourire triste aux lèvres.

« Alors … Qu’est-ce que vous comptez faire ? »

« Ce que je dois faire pour mon royaume : l’arrêter. »

« Vous ne serez pas le seul à vouloir le stopper. Sa folie n’a que trop duré. » déclara Olistar, ne précisant pas de quelle folie elle évoquait. Elle comme l’homme d’âge mûr savait pertinemment que les deux côtés étaient devenus fous.

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