Chapitre 21 : Des règles

ShiroiRyu
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Chapitre 21 : Des règles

« Comment va le prisonnier ? » demanda une voix féminine.

« Il est à moitié inconscient mais on ne l’a pas trop amoché, madame la maréchale. »

« Est-ce que vous avez tout fait comme je vous l’avais demandé ? Je veux bien entendu parler de la torture : aucun écartèlement ou os brisé, je ne veux voir que des marques de fouet ou du sang sur son corps, rien d’autre sinon…  »

« Non, non ! Nous n’avons pas outrepassés vos règles ! »

Le garde se décomposait devant elle : comme s’il allait tenter de ne pas respecter les consignes qu’elle avait données à son arrivée en tenant ce jeune homme évanoui. Avec respect et une peur bien visible dans sa voix, il demanda :

« Pardonnez moi mais… Qu’est-ce que ce type a fait ? »

« En quoi cela te concerne ? » répliqua-t-elle aussitôt sèchement.

« Je n’ai rien dit ! Pardonnez moi ! Je… »

« Il a simplement été irrespectueux des règles établies. Voilà ce qui arrive lorsqu’on décide de le faire devant moi. Que l’on me conduise dans sa cellule. »

« Vous êtes sûre ? Ce n’est pas un espion de nos ennemis ou alors un traître ? »

« Emmenez-moi… Me suis-je faite mal comprendre ? » termina-t-elle de dire.

Bon, bon ! Il n’allait pas se la mettre sur le dos surtout qu’il savait pertinemment ce qu’on disait d’elle. Froide et insensible, elle avait ce titre de maréchale alors que d’autres le méritaient bien plus à ses yeux mais qu’importe… Elle avait démontré ses capacités mais avec une brutalité et violence que peu de gens pouvaient connaître puisque rares étaient ceux encore en vie chez l’ennemi pour le savoir.


Pendant quelques minutes, ils traversèrent des couloirs sordides, quelques plaintes et gémissements se faisant entendre bien qu’ils ressemblaient plus à des faibles râles qu’autre chose. Finalement, ils arrivèrent devant une porte faite de métal et avec une petite fenêtre grillagée pour permettre de voir la personne à l’intérieur.

« C’est ce que vous vouliez non ? On l’a mis dedans même si d’après ce qu’on a pu voir, il n’a pas l’air vraiment folichon. En fait, c’est à se demander si vous ne l’avez pas trouvé dans la rue en tant que mendiant. C’est qui au passage ? » demanda une nouvelle fois le garde.

« Abstenez vous de faire des commentaires et ouvrez cette porte tout en me donnant les clés. Je veux rester seule avec lui. J’ai à discuter avec cet imbécile. »

Comme elle voulait, c’était elle la patronne. Il prit son trousseau de clés, regardant laquelle correspondait à la serrure avant de la désigner à la maréchale Nali. Celle-ci lui prit le trousseau de clés sans le remercier, faisant un geste de la main pour qu’il s’éloigne. Elle pénétra à l’intérieur de la pièce avant de refermer la porte derrière elle.

« Alors, Tery, comment s’est passée ta première journée en prison ? »

Il ne lui répondit pas alors qu’elle avait dit ça sous un ton neutre, l’observant. Il était agenouillé sur le sol, torse nu alors que ses cheveux bruns cachaient un peu son visage. Elle marcha en sa direction, observant son dos avant de voir qu’il avait quelques marques de fouet. Aucune n’allait rester… pas pour l’instant.

« Tu n’es pas capable de répondre ? Pourtant, ça ne fait que quelques heures que tu es là. Tu sais, c’est vraiment dommage… que tu te comportes comme un imbécile fini. »

« J’ai mal… J’ai très mal… » murmura-t-il avec faiblesse.

« Il est sûr que lorsqu’on n’a point l’habitude de prendre des coups de fouet, ça laisse toujours une certaine surprise à la personne. Néanmoins, ne t’inquiète pas, tu t’y habitueras si tu continues sur cette voie. Sinon… Tu peux très bien commencer à respecter les règles. »

Respecter les règles ? Hey, ce n’était pas de sa faute si il avait eut un petit problème de déviance mais maintenant, c’était différent non ? Enfin, il allait devoir se calmer. Il ouvrit fà moitié ses yeux verts, observant la femme à l’armure de plaque noire. Elle avait toujours son visage couvert par son casque intégral et il lui demanda dans un petit gémissement :

« Ca vous arrive de retirer votre armure ? »

« Tu fais encore la forte tête ? La torture ne te convient pas ? La prochaine fois, je pense que tu garderas des marques à vie. Ca serait dommage… »

« Non ! Non ! Je ne veux… Je ne veux pas … »

Il s’arrêta, toussant un peu. Cet endroit était insalubre et il avait un peu de mal à respirer correctement. Il tenta de se redresser pour se mettre assis, y arrivant avec difficulté alors qu’on pouvait apercevoir sur son torse un magnifique D noir. Avec une légère pudeur, il tenta de camoufler sa lettre alors qu’elle disait :

« Je l’ai déjà vu donc ça ne change rien. De toute façon, j’ai vu des milliers de lettres alors bon… Tu peux retirer tes mains. »

« Oui mais non… Enfin… Je devrais obéir aux ordres. »

Il disait ça avec une légère ironie, la maréchale restant debout sans rien dire en le jaugeant du regard. Il n’avait rien de bien exceptionnel à part… cette marque. Ce n’était pas la lettre qui était intéressante mais la couleur de celle-ci. Une couleur noire si… parfaite.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Je sens votre regard… C’est au sujet de mes lignes noires ? »

« Cette lettre ne changera jamais de couleur. Tout est décidé depuis ton enfance. C’est pourquoi tu peux encore espérer qu’elle change de couleur mais n’y crois plus vraiment. Cela serait stupide de se focaliser là-dessus. »

« Se focaliser dessus, se focaliser dessus, vous en avez de bien bonne, j’aimerais quand même savoir c’est quoi ces fameuses lignes, moi ! » s’écria-t-il sans force.

Il poussa un petit soupir, reprenant peu à peu ses esprits. Il avait la gorge sèche avec toute cette histoire ! Zut de zut ! Il avait soif maintenant. Il posa son regard émeraude sur la maréchale Nali : il n’allait pas lui demander de l’eau quand même ?

« Tu sembles soucieux maintenant. Si tu as faim et soif, tu as de quoi te nourrir et t’abreuver. Ce n’est que du pain rassis et de l’eau mais tu ne mérites pas mieux. »

« Sympathique… Enfin, il ne fallait pas que je m’attende à autre chose. »

Il dirigea une main vers le morceau de pain, l’emmenant vers sa bouche avant de croquer à l’intérieur sous le regard de la femme. En y réfléchissant, elle n’avait pas répondue à sa question. Est-ce qu’il devait se montrer plus insistant ? Ca pourrait lui causer beaucoup plus d’ennuis et il fallait dire qu’il en avait déjà pas mal. Enfin, il était comme ça et on ne pouvait pas le changer ! Peut-être qu’il pouvait le dire d’une façon plus édulcorée ?

« Sauf si ça vous dérange… Pourquoi vous portez toujours cette armure noire ? A force, elle doit être assez lourde non ? Vous n’avez pas mal ? »

« En quoi cela te concerne t-il ? Je ne gère pas ta vie, ne tente pas de gérer la mienne. »

« C’est bon, c’est bon… C’était une question comme ça. »

« Je la retire quand je suis seule, voilà tout. Le reste du temps, elle est sur mon corps. Cela te satisfait comme réponse ? »

C’était mieux que rien. Il émit un petit sourire, finissant son morceau de pain rassis avant de boire quelques gorgées de l’eau se trouvant dans la cruche. Il se sentait un peu mieux : la maréchale Nali lui adressait la parole maintenant et il reprit :

« Je suis sensé rester combien de temps dans cette cage ? Un tel endroit me fait plutôt mal et je ne crois pas que ça soit bon pour mon corps. »

« Arrête de faire l’être espiègle, je n’apprécie guère ce genre de comportement. Pourquoi as-tu rejoint exactement l’armée ? Tu dois te douter qu’ici, il y a des règles et il faut les respecter. Ton comportement n’a rien à avoir avec un futur soldat. »

« Disons que… J’ai rejoins l’armée de Midès à cause de ce type là ! »

« Lequel ? Ce type n’est pas vraiment très descriptif. »

« Vous savez pas ? Le nain ! Il était là hier… ou avant-hier…  Et puis bon, je le trouvais un peu trop prétentieux et colérique. Il m’a quand même… »

« Tu insultes un supérieur dans son dos, Tery. » coupa la maréchale.

Il émit un sourire crispé, se disant qu’il allait avoir encore de gros soucis cette fois encore. Il se donna une claque sur le front, bafouillant quelques excuses en tentant de se faire pardonner. Mais quel imbécile, mais quel imbécile ! Il observa la maréchale, se disant que ça allait être sa fête encore une fois. Non ! Il ne voulait pas se faire torturé une nouvelle fois ! Il avait sa dose ! Il avait bien compris le message !

« Pour cette fois, je vais faire comme si je n’avais rien entendu. »

Hein ? Il retira la main qu’il s’était mis devant son visage pour éviter que le coup ne soit trop violent. Qu’est-ce qui se passait ? Elle n’allait pas le frapper ? Elle était malade ? Elle avait besoin d’aide ? Euh non… Ca ne se disait pas comme ça ! Il resta surpris, ne sachant pas comment réagir face aux paroles de la maréchale.

« Tu peux te relever ? Tu vas sortir d’ici et retourner voir tes camarades. »

« Mais vous n’allez pas me prévenir ? Me crier dessus ? Non pas que j’apprécie ça mais disons… Que je pensais que j’allais avoir plus que ça pour ce que j’ai fais. »

« Si ça avait été quelqu’un d’autre que moi et si tu n’avais été qu’un soldat comme les autres, tu serais en train de croupir et d’être torturé bien plus que ça. Profite de cette chance. »

« Je n’arrive pas à vous cerner, maréchale Nali. »

« Si tu t’efforces de me comprendre, la seule chose que tu te feras sera du mal alors arrête ça tout de suite et redresse toi. » répondit-elle calmement bien qu’un peu irritée.

« Je dois vous considérer comment ? Comme une ennemie ou comme une amie ? »

« ASSEZ ! Ne m’énerve pas alors que je te fais la grâce de pouvoir sortir d’ici ! »

« PARDON ! PARDON ET ENCORE PARDON ! » s’écria-t-il tout en reculant.

Il se releva, titubant légèrement pour retomber sur le dos de la maréchale Nali. Celle-ci ne bougea pas d’un pli comme si le fait qu’un homme lui tombe dessus n’allait pas la faire pencher en avant. Il tenta vivement de s’excuser :

« Pardonnez-moi ! Je me suis relevé un peu trop brusquement et je crois que… »

« ÉLOIGNE-TOI MAINTENANT ! »

Elle lui cria avec véhémence alors qu’il retirait ses mains de l’armure de plaques noire, tentant de bafouiller encore quelques excuses alors qu’elle reprenait bien plus calmement :

« Suis moi, tu ne dois pas savoir te guider hors d’ici et de toute façon, si un garde te repère sans moi, ça ne sera pas que quelques blessures dans le dos que tu auras. »

Glups… Il déglutit, essayant de s’imaginer qu’est-ce qui serait pire ? Un membre cassé ? Le supplice de l’eau ? Le mettre dans une arène contre des monstres imposants et terrifiants ? Il devait arrêter de réfléchir à tout ça ! C’était complètement stupide de s’imaginer toutes ces choses. Il allait simplement se faire peur avec ça ! Il accompagna la maréchale Nali, la suivant sous les regards des quelques soldats qu’il apercevait leur chemin.

Après une quinzaine de minutes, ils se retrouvaient en-dehors de la prison, jetant un œil pour la voir enfin. Dieu qu’elle était gigantesque : Elle devait bien faire une quinzaine de mètres de hauteur et il y avait tellement de fenêtres avec des barreaux et pourtant… Il n’y avait aucun cri, juste des râles. Il n’osait avouer à la femme qu’il avait un peu peur.

« Si tu arrêtes tes bêtises et que tu prends ton rôle de lieutenant très au sérieux, tu n’as même plus à t’inquiéter de cet endroit. Tu ne le reverras plus. »

« Une journée, ça me suffit largement. Par contre… Pour l’entraînement, on fait comment ? »

« J’ai peut-être été un peu… dure avec toi mais quand même, qu’est-ce qui te prend ? Pourrais-je savoir comment cela se fait que tu sois à peine capable de lancer de pitoyables sorts alors que tu as réussi à terrasser ce scorpion géant ! »

« Disons que… Je ne m’en souviens plus exactement. »

« Avec ces lignes noires, tu devrais être capable de bien mieux. »

Il baissa la tête, légèrement honteux de se faire gronder de la sorte par la maréchale Nali. En y pensant, il ne se rappelait plus exactement ce qu’il avait fait… Du moins… Il se rappelait du moment où l’Ombre était tombée au sol, évanouie à cause du scorpion et puis… de la flèche qu’elle lui avait lancée. Mais entre les deux, c’était le brouillard.

« Mais je ne sais rien de ces lignes noires. Vous ne voulez pas m’en dire plus ? »

« Je partirai dans un mois. Avant cela, essaye de te revaloriser aux yeux de toute la troupe que tu vas gérer avec Alfan Ronar. Si j’estime que tu es apte à apprendre quelques brides de la vérité sur ces fameuses lignes, alors, je te les dirais avant mon départ. Néanmoins, rappelles-toi de porter des gants pour que les gens évitent de voir tes lignes. Il en est de même pour ta tenue : évite les manches courtes. Tant que tu n’es pas capable de les contrôler correctement, personne ne doit savoir que tu as ces lignes en toi. »

« Mais qu’est-ce qu’elles sont ? J’aimerais savoir ! Déjà la dernière fois… »

La dernière fois ? Quelqu’un était déjà au courant pour ces lignes noires ? Pour un néophyte ou une personne qui ne s’intéressait pas à la magie élémentaire et à son histoire, ce n’était pas si dramatique mais si cette autre personne savait… Elle feint de ne pas avoir entendue la dernière phrase, lui disant :

« Dis-toi qu’elles sont comme un maléfice… ou comme l’œuvre d’un dieu. C’est à toi seul de voir ce que ces lignes deviendront. »

« Je ne comprend pas… Ces lignes ne sont donc pas mauvaises ? »

« Ne cherche pas à saisir la portée de mes paroles. Un jour, tu découvriras ce qu’il en est réellement. Ca sera à toi de tracer ton chemin à partir de tes pensées et de tes actes. »

Il n’arrivait pas à tout cerner mais il avait l’impression que la maréchale Nali en connaissait bien plus qu’il ne le pensait. Enfin, il n’allait pas l’interroger mais maintenant, il allait devoir donner son maximum s’il voulait en apprendre beaucoup plus sur ses fameuses lignes. Elles lui permettaient d’utiliser tous les éléments mais il y avait autre chose. Il en était sûr et certain mais pour tout connaître. Il allait devoir devenir bien plus fort. De toute façon, il commençait peu à peu à cerner les règles de ce monde : toujours être plus fort que les autres.

« Qu’est-ce que je dois faire maintenant ? » demanda-t-il calmement.

« Ce n’est pas à moi de te le dire. Evite simplement de te retrouver à nouveau dans le cachot. Les personnes comme toi n’ont pas à y loger. Tu vaux bien mieux que ça. »

« Je n’ai pas l’habitude de recevoir des compliments… surtout de votre part. »

« Ca ne fait qu’une journée que tu es ici et ce n’était pas un compliment, mais un constat. Arrête de te baser sur les dires des autres pour te donner une personnalité. »

« Ca, par contre, c’était plutôt méchant. » répondit-il aussitôt.

Elle se retourna vers lui pour voir s’il blaguait. Il devait apprendre à arrêter de considérer tout le monde autour de lui avec désinvolture sinon ça pouvait très mal se terminer. Elle se positionna devant le jeune homme aux cheveux bruns.

« Retourne avec les autres. Vue l’heure qu’il est, je pense qu’ils sont déjà en train de s’entraîner à nouveau. N’oublie pas mes paroles et ça sera déjà bien suffisant. »

« D’accord ! Mais rappelez-vous de ce que vous m’avez dit : si j’arrive à devenir un véritable lieutenant, vous m’en apprendrez plus sur mes lignes. »

« Je n’oublie jamais ce que je dis ou ce que l’on me dit, tu peux en être certain. »

Alors, il n’avait plus qu’à partir maintenant. Il fit cent mètres, puis deux cent mètres devant elle avant de revenir en sa direction. Un peu gêné, il lui demanda :

« Vous pourriez me guider ? Je ne sais pas comment m’y rendre. »

« Je préfère éviter de m’imaginer ce que tu deviendras pendant tout ce mois. »

« Je sens que ce n’est pas sensé me faire plaisir ce que vous me dites. »

Elle soupira longuement à travers son casque noir. Mais qu’est-ce qu’elle avait pour mériter un pareil subordonné ? C’était effarant comme cet homme n’était pas capable de se déplacer tout seul. A se demander comment il avait pu faire pour atterrir jusqu’ici ou alors tout simplement pour survivre. Car OUI… Elle se demandait comment il avait pu survivre au scorpion avec un tel comportement. Finalement, elle murmura :

« Bon… Suis-moi, je vais t’emmener avec ton groupe. »

« Sup… Merci beaucoup, maréchale Nali. »

Il devait se calmer. La maréchale Nali n’était pas quelqu’un de forcément mauvais : il fallait simplement éviter de la contrarier. Chaque personne a ses propres soucis et donc, il pouvait comprendre qu’elle était parfois un peu sur les nerfs. Il était loin d’être le seul à lui causer des problèmes et encore… Il n’était même pas sûr du grade de la maréchale. Peut-être qu’avec un peu de temps libre, il allait se renseigner sur les grades pour voir quelle était la position de la maréchale Nali par rapport au reste des troupes.

Une bonne demi-heure après, ils se retrouvèrent devant le bâtiment où il logeait avec les autres hommes et femmes. Il était assez épuisé par la marche : Il fallait se dire qu’il avait été légèrement torturé et que son corps réclamait un peu de repos. Positionné devant la porte qui allait le mener à l’intérieur du dortoir, il regarda la maréchale Nali avant de dire :

« Merci encore pour m’avoir sorti de ce cachot. »

« Je croyais t’avoir prévenu : Je n’ai pas fait ça pour toi. » répondit-elle sèchement.

« Mais pourtant, sans vous, j’y serais encore à l’heure actuelle. »

« Tu es désespérant, Tery Vanian. Nous nous reverrons dès demain. »

« Mais je ne dois pas aller rejoindre les autres ? » demanda le jeune homme.

Elle s’était déjà retournée pour s’apprêter à partir. Il en faisait trop, beaucoup trop. C’était désolant de voir à quel point il pouvait être fatiguant à force. Elle prononça :

« Pour aujourd’hui, repose-toi. De même, tu es consigné dans ta chambre pour la journée. »

« On dirait une mère qui parle à son fils… Ce n’est pas franchement joyeux. »

Elle tapa du pied sur le sol, un bruit métallique résonnant alors qu’il sursautait. Il n’avait pas dit une bêtise hein ? C’est sûr que considérer la maréchale Nali comme sa mère et en faire la comparaison, ce n’était pas forcément une bonne idée. Elle reprit :

« Ce n’est pas une punition. Je te rappelle que tu m’as signalée que tu avais rejoint de force l’armée de Midès. C’est une chose que je n’apprécie pas réellement. Ainsi, pendant la journée, tu vas te mettre à réfléchir à ce sujet. »

« Mais pourquoi faire ? Je n’en vois pas l’utilité. » marmonna t-il.

« Tu ne vois pas pourquoi tu as rejoint l’armée de Midès ! Tu sais au moins ce qui t’attends là-bas ? Réfléchis-y un peu ! Nous verrons bien si tu comprends la portée de ton acte en venant ici. Il est temps d’arrêter de se comporter comme un gamin. L’armée, c’est la guerre alors je te laisse imaginer les conséquences, Tery Vanian. »

Elle s’éloigna sans lui laisser le temps de répondre. Il en avait beaucoup trop dit encore une fois. Bon… Il devait réfléchir à tout ça. Se dirigeant à l’intérieur du dortoir, il alla dans sa chambre, se couchant sur son lit. Il poussa un petit gémissement en sentant les blessures sur son dos : Ces coups… Ces coups… Ouille, ouille, ouille. Réfléchir à tout ça : La guerre, c’était donc la mort… La mort… de ses ennemis, la mort de ses camarades, SA mort. En y pensant plus longuement, il aurait pu trouver un autre métier bien plus tranquille mais sur le coup, il avait eu besoin d’oublier l’Ombre. Dire qu’il pensait que ça avait été la meilleure solution, il se trompait lourdement. Maintenant, il devait corriger ses erreurs.

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