Chapitre 69 : Crime et châtiment

ShiroiRyu
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Chapitre 69 : Crime et châtiment

« Terria … Tu … Tu es vivante. » murmura le Yanmega, Terria hochant tout simplement la tête sans pour autant s’approcher de lui. C’était même plutôt le contraire. Elle se dirigea vers Earnos, le prenant dans ses bras tout en regardant son père.

« Je suis vivante mais non pas grâce à vous. Maintenant que je suis là et que j’ai Earnos dans mes bras, il est hors de question que je le laisse. »

« Tu as été … jusqu’à tuer ton propre père pour lui ? Il est vraiment … si important, Terria ? Il a décidé de se battre jusqu’au bout … pour que je le reconnaisse. » murmura le roi, crachant de plus en plus de sang.

« Earnos est l’être le plus important à mes yeux, père ! Tu devrais le savoir ! Mais tu as quand même osé dire que c’était de sa faute ! Tu es impardonnable ! »

Les mots semblèrent toucher le vieil homme en plein cœur, sa jambe qui le retenait encore à moitié debout semblant faiblir de seconde en seconde. Pourtant, la jeune femme reprit tendrement et avec douceur :

« Du moins, ça devrait être le cas … Mais je ne peux pas. Tu es mon père et même si … Je t’ai blessé mortellement comme tu l’as fait … Je veux que tu comprennes … que j’aime Earnos de tout mon cœur, que tu le désires ou non. »

« Je comprends … Je comprends depuis le début mais … J’avais peur qu’il ne soit pas assez fort. Pas assez fort, je voulais éviter qu’il t’arrive … la même chose que ta mère. Ah ! Seiry ! Seiry … Je n’ai pas été assez fort pour elle … Je … Si seulement, j’avais été présent, je … Je … Ah … Earnos, tu me jures de la … D’être toujours à ses côtés hein ? Tu as gagné. »

« Je ne considère pas cela comme une victoire … Mais est-ce que vous avez besoin de celle-ci pour me donner l’autorisation d’être votre gendre ? » demanda le jeune homme.

« Bonne réponse. » souffla le roi dans un dernier sourire, ses yeux rubis se posant sur le visage de sa fille avant qu’il ne les ferme, s’écroulant au sol pour ne plus bouger.

Il était mort ? Son père était mort ? Elle avait du mal à le croire, n’arrivant même plus à pleurer. Elle avait déjà tout déversé lorsqu’elle avait porté le coup fatal. Là ? Ce qu’elle avait envie surtout, c’était de serrer Earnos dans ses bras, chose qu’elle fit avec douceur à cause de ses blessures. C’était terminé … réellement terminé. Elle le garda contre elle, lui murmurant à quel point elle l’aimait alors qu’il répondait la même chose. Il ne savait pas comment elle était revenue à la vie, il savait qu’elle était morte mais le plus important était là. Elle était vivante, en chair et en os, devant lui. Il ne voulait plus la lâcher.

« Qu’est-ce que … Le roi a été tué ? Qui a tué le roi ? QUI ? » cria une voix, des soldats Yanmegas arrivant les uns après les autres. Le couple se redressa, les soldats semblant plus qu’étonnés de voir Terria. « QUI A TUE LE ROI ? PRINCESSE TERRIA ? VOUS ÊTES VIVANTE ? Eloignez-moi de cet homme ! Il est le meurtrier du roi ! »

« Mais non, ce n’est pas … » commença à dire la jeune femme aux cheveux blonds, Earnos l’arrêtant. Si les gens apprenaient que c’était elle, alors, le royaume était vraiment perdu.

« Je l’ai tué, oui. C’est vrai. J’ai fait mon devoir. »

« TON DEVOIR ? PRINCESSE ! PROTEGEZ-LA ! »

Qu’est-ce que … Elle n’eut pas le temps de réagir que déjà tous les Yanmega se jetaient sur Earnos, Terria essayant de s’agripper à lui. Le jeune homme se retrouva couché au sol, la princesse étant emmenée de force, choquée par la violence des soldats alors que ces derniers pensaient que cela était à cause de la mort de son père. Quelques heures plus tard, il se trouvait dans un cachot gardé par quatre soldats Yanmega, l’une d’entre eux disant :

« La princesse continue de déclarer qu’elle a tué son père. Pourquoi continue-t-elle de dire une telle chose ? Tu devrais le savoir non ? »

« Car elle vient à peine de reprendre conscience de ce qui se passe dans le royaume. Je suis le meurtrier du roi, je l’ai tué après un combat éreintant. Ces blessures que vous avez vues sur mon corps sont celles causées par le roi. »

« Pourquoi déclares-t-elle le contraire ? Pourquoi dit-elle qu’elle l’a tué ? »

« Je ne sais pas et je ne veux pas le savoir. Normalement, elle est morte à mes yeux. J’ai fait ce que j’avais à faire : tuer le roi. Pourquoi aurai-je loupé mon coup après plus deux ans, non ? » dit le jeune homme aux cheveux blonds.

« Laissez-moi seule. » dit une voix soudainement dans le dos du soldat qui s’adressait à lui.

Aussitôt, les quatre soldats firent le salut militaire alors que l’Apireine se présentait à eux … mais nullement seule ?C’était qui ? Les deux enfants qui lui tenaient la main, marchant faiblement. Earnos cligna des yeux, aussi surpris que les soldats qui s’éloignaient.

« Qui … Qui est-ce ? Je … Terria ? »

« Est-ce que tu veux vraiment nous abandonner, Earnos ? Même si les gens savent que je suis coupable, ils ne me tueront pas. Mais toi … Ils n’hésiteront pas un instant. C’est cela que tu veux ? » murmura faiblement la jeune femme aux cheveux blonds, la tête baissée.

« Terria, est-ce que ce sont tes … enfin mes … »

« Saularos et Louna. Ce sont nos enfants, oui. Tu veux donc qu’ils vivent sans leur père ? Les enfants, regardez votre père. C’est lui … C’est lui qui a permis au royaume de tenir le coup. »

Les deux enfants observaient le jeune homme aux cheveux blonds, celui-ci se mettant à genoux, se rapprochant des barreaux de sa cage. C’était ses enfants ? Les siens ? Ceux de Terria et les siens ? Ils étaient nés ? Mais comment ? Pourquoi ? Il n’avait toujours pas eu de réponse et en même temps … Il …

« Terria, je … S’il y avait vraiment une autre solution … Mais ce n’est pas possible. Les gens ne voudraient plus d’une Apireine qui a été jusqu’à assassiné son propre père pour avoir le trône. Terria, c’est la meilleure chose à faire pour nous deux. Je … Je suis désolé … Je suis vraiment désolé. » bredouilla le jeune homme, Terria s’en allant sans un mot avec ses enfants. Elle ne voulait pas qu’il soit désolé, elle voulait qu’il soit en vie.

L’heure de la mort ne tarda guère. Il devait servir d’exemple. Emmené devant une foule de citoyens en colère, il fut traîné par les soldats jusqu’à la guillotine. C’était là-bas … Il allait perdre la tête, n’est-ce pas ? Il ne voyait pas Olistar, il ne voyait que les autres, que sa famille. Ils étaient tous présents, tous présents pour cet évènement.
Il voyait ses sœurs et sa mère en train de pleurer, cette dernière dans les bras de son père. Ah … Son père qui avait toujours les bandages. Il revoyait Herakié, Férast et les autres. Ils semblaient bien aller. Tant mieux pour eux alors. Il était content … vraiment content. Tellement heureux … Non, il ne l’était pas. Il était en train de pleurer, non pas car il avait peur, loin de là, mais tout simplement car il s’était retiré la petite parcelle de bonheur qu’il avait pu avoir en retrouvant Terria.

« TUEZ-LE ! Qu’il meure ! Mon mari est mort par sa faute et celle de ces foutus rebelles ! »

« Après avoir tenté de tuer la fille, il a réussi à tuer le roi ! Qu’il meure ! »

« ID… IDIOTS ! » hurla une voix plus forte que les autres. Elle avait décidé d’être prête à tout pour le sauver. Sans même crier gare, l’Apireine arriva du ciel pour atterrir à côté d’Earnos. Les soldats n’osèrent guère la bloquer alors qu’elle venait enlacer Earnos. « Je préfère encore mourir avec lui ! Maintenant que vous avez une nouvelle Apireine, vous n’avez plus besoin de moi ! Je préfère être avec l’homme que j’aime ! »

Les citoyens se regardèrent, incrédules et incapables de parler à ce moment précis. L’un des soldats fit un geste, d’autres venant extirper Terria pour libérer Earnos de son étreinte. La sentence devait être appliquée, qu’importe ce qui se passait. La jeune femme, en pleurs, tentait de se libérer des soldats sans y arriver. Qu’on la laisse ! Qu’on la laisse ! Elle voulait mourir avec lui ! Elle préférait encore ça plutôt que de laisser partir seul !

La tête posée ainsi que ses bras, il fut immobilisé définitivement, étant incapable de bouger le haut de son corps. Le couperet se retrouvait au-dessus de sa tête, prêt à faire son office alors que Terria continuait d’hurler :

« IMBECILES ! Vous êtes tous des imbéciles ! Je ne dirigerai pas un royaume qui me retire l’homme que j’aime ! JAMAIS ! JE PREFERE ENCORE ME DONNER LA MORT ! »

« Terria … Arrête s’il te plaît … Ils ont besoin d’un coupable, je suis celui qu’il faut. » déclara Earnos avec calme et sérénité.

« ET TOI, ARRÊTE DE TE FAIRE PASSER POUR UN MARTYR ! Ta mort ne fera gagner rien du tout ! RIEN DU TOUT ! »

« … … … Tu as sûrement raison … C’est un acte vain … mais nécessaire. »

C’était peut-être pour ça qu’il pleurait grandement ? Car il ne voulait pas mourir ? Car il savait que tout ça pouvait être évité … si les gens acceptaient ? Non … Peut-être pas … Il ne savait pas. Il ferma les yeux, prêt à subir la sentence. Il ne devait pas … avoir de regrets, pas du tout même. Le couperet tomba, appliquant le jugement du peuple.

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