Chapitre 24 : Aux petits soins

ShiroiRyu
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Chapitre 24 : Aux petits soins

« Où est-ce que je suis ? » demanda-t-elle alors qu’elle ouvrait les yeux.

« Dans la chambre d’hôtel que nous avons à notre nom. » annonça une voix qu’elle reconnaissait parfaitement.

Elle se redressa, remarquant qu’elle portait de nombreux bandeaux autour du corps, de la hanche, de la poitrine, de l’épaule et de la cuisse. Il reprit rapidement :

« Oui, c’est moi qui t’ai mise complètement nue, j’ai violé ton corps pendant que tu dormais et ensuite, je t’ai fait des bandages pour faire semblant de croire que je t’ai soigné. Me remercie pas, c’est tout à fait normal, t’as de ces mamelons. »

« Je ne crois pas du tout à ce que tu viens de dire… Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Cet imbécile de clébard de presque deux mètres de haut m’a forcé à te prendre avec nous. Si ça ne tenait qu’à moi, tu serais restée là-bas, je te préviens tout de suite. » dit-il alors qu’il refermait un livre, se relevant en rappelant Cerberus qui était couché près du soleil.

« Cela ne me dit pas ce qui s’est passé depuis mon évanouissement. Tu ne veux pas m’en dire plus au lieu de tourner en rond, Orion ? Cela serait vraiment sympathique. »

« Je t’ai ramenée ici et je t’ai foutue dans ce lit. A partir de là, j’ai ordonné à personne de rentrer dans la chambre et j’ai cherché un médecin de sexe féminin. Je l’ai dragué et il t’a soigné. Par contre, tu devras payer tes soins plus tard mais tu n’es plus dans un sale état. De même, c’est ce médecin qui t’a déshabillé et t’a mis ces bandages. »

« Pourquoi as-tu précisé qu’il était de sexe féminin ? »

« Peut-être que tu n’aurais pas aimé qu’un homme voit ton corps. Simple mesure de précaution. » annonça t-il en haussant les épaules.

« Ou alors élan de jalousie pour que personne ne voit mon corps ? »

« Arrête de te faire des idées… Au passage, tu vas devoir aussi payer pour quelques livres, vivres et diverses choses sans importance. »

Elle le regarda d’un air surpris. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Qu’il avait acheté… des livres avec son argent à elle ? Un bref regard sur la couverture du livre qu’il tenait et elle voyait que cela parlait des étoiles de ce système solaire. Des étoiles… Elle demanda d’une voix calme en se couchant à nouveau dans le lit :

« Est-ce que tu aimes l’astrologie, Orion ? »

« Hein ? Que quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? Rendors-toi, ça ne fait qu’une journée ou deux que tu es couchée, ce n’est pas assez à mon goût. Je préférais que tu restes allongée pour l’éternité. » répliqua t-il comme si il s’était senti touché en plein cœur, balançant le livre en arrière. Le livre alla glisser contre un mur alors qu’il quittait la chambre, d’un air énervé.

« Et bien… Et bien… Observons-donc ce livre. »

Elle se leva avec un peu de difficultés. Son corps avait peut-être tout ce qu’il fallait pour être préparé à tout… mais ce n’était pas une raison pour faire l’imbécile avec. Elle se pencha, gémissant légèrement avant de récupérer le livre, retournant se coucher dans le lit. Elle l’ouvrit, ayant un léger murmure de surprise.

« A peine une journée… et déjà… »

Elle devait se l’avouer. Elle ne comprenait pas une partie des annotations qu’il avait faites. Pour chaque étoile, pour chaque carte, il avait griffonné des petites phrases au crayon de papier, des chiffres, des lettres, des heures, des degrés… Il y avait de tout dans ce livre. Lorsqu’il revint une bonne demi-heure plus tard, elle tendit le livre au jeune homme :

« Je devrais te remercier, n’est-ce pas ? Au sujet de m’avoir emmenée jusqu’ici. Peut-être que je serais morte à l’heure actuelle. »

« Dommage pour moi que ça ne soit pas le cas. » grogna t-il en récupérant son livre, la jeune femme remarquant pendant un bref instant quelques rougeurs au niveau des joues du jeune homme. Oh… Elle ne venait pas de rêver ?

« Tu remercieras aussi Cerberus de ma part ? Néanmoins, tu sais… Tu ne devrais pas avoir honte d’avoir une passion pour l’astronomie. Ca n’a rien de malsain ou mauvais. Ca te rendra un peu moins immature et gamin que l’impression que tu donnes quand tu ne joues pas ton rôle de pervers, celui que tu as habituellement. »

« La ferme, Samus. Tu n’as pas à me dire ce genre de choses. La prochaine fois, abstiens-toi de me sauver. Je ne veux rien avoir avec toi. Surtout quand tu balances des phrases toutes faites du genre : Arrête de ne croire en personne, Orion. Non mais sincèrement, on n’est pas dans un mauvais film ! Tu crois que c’est parce que maintenant que tu as dit ça, je vais te faire confiance ? CREVE ! »

« Pourquoi est-ce que tu t’emportes, Orion ? Je n’ai rien fait de mal, je crois… J’ai dit simplement ce qui me passait par la tête. »

« Moi, je sais ce qui te passe par la tête. De l’air ! Et tu sais pourquoi ? Car elle est complètement vide ta boîte crânienne ! »

Elle devait s’empêcher de rire… Car ce n’était pas son genre… Elle devait aussi s’empêcher de sourire… Et pour éviter cela, il n’y avait qu’une chose à faire : Parler.

« Et dire qu’il y a une semaine, c’était moi qui te criait dessus à cause de ton caractère. Maintenant… C’est l’inverse. L’ironie du sort n’est-ce pas, Orion ? »

« Pourquoi est-ce que tu m’appelles encore Orion ? Je suis Théodore… Astrum. »

« Car c’est ainsi que tu t’es présenté à moi et aux autres. Si tu n’aimes pas Théodore, je ne vais pas t’embêter à t’appeler ainsi. Je ne suis pas une enfant qui va prononcer ton prénom simplement pour t’embêter. Est-ce que tu veux me parler un peu de l’astrologie ? »

« Imbécile… Tu es vraiment une imbécile… »

« Hein ? Mais pourquoi est-ce que tu dis cela, Orion ? » demanda t-elle alors qu’il se mettait à trembler légèrement de colère. Il se tourna vers elle en reprenant la parole de vive voix :

« Ce n’est pas de l’astrologie, espèce de sale conne MAIS DE L’ASTRONOMIE ! Tu ne sais même pas faire la différence, pauvre idiote ! JE ME BARRE ! »

Il était reparti aussi vite qu’il était revenu, claquant la porte avec violence. Elle avait les yeux écarquillés de surprise. S’énerver et s’emporter pour ça… C’était quand même un peu… exagéré non ? Mais…Wahou… Elle passa une main dans ses cheveux blonds, ne sachant pas quoi dire ou faire… Ah… Elle prit son ruban rouge, rattachant ses cheveux blonds en queue-de-cheval. Elle savait quoi faire lorsqu’il reviendrait.
Mais il ne revenait pas… Plusieurs heures étaient passées et la porte restait définitivement fermée… Qu’est-ce qui se passait ? Est-ce qu’il avait décidé de s’enfuir ? Non… Ce n’était pas le cas car la porte s’ouvrit finalement, laissant paraître le visage las du jeune homme aux cheveux blancs. Dès qu’elle tenta de parler, il positionna sa main vers elle pour lui dire de se taire. Il n’était pas d’humeur à l’écouter mais cela n’empêcha pas Samus de dire :

« Pardon, Orion. Je ne savais pas ce que cela te tenait tant à cœur… »

« C’est pas de ta faute cette fois… Je le dirais qu’une seule fois ! Ne confond plus… »

« Est-ce que l’astronomie est si important pour toi ? »

Il la regarda pendant quelques secondes avant de détourner le regard sans lui répondre. Il lui annonça qu’il allait se coucher alors que la nuit venait à peine de tomber. Il s’engouffra dans le lit sans la regarder, la jeune femme poussant un léger soupir avant de prendre le livre. Avec lenteur, elle se dirigea vers la fenêtre, attendant plusieurs minutes que la nuit tombe complètement. Elle alla dire d’une voix calme :

« Alors si je ne me trompe pas … Cette étoile tout au nord-est… est celle d’Alistor. Et celle-là est donc… » continua t-elle alors qu’il engouffrait sa tête sous l’oreiller.

Qu’elle arrête de parler ! Surtout qu’elle racontait n’importe quoi ! Alistor n’était pas visible à cette période de l’année ! Et elle ne se trouvait pas au nord-est par rapport à la fenêtre où ils se trouvaient mais tout à l’ouest. Quelle idiote ! Mais quelle idiote ! Elle continuait de parler à voix haute avant qu’il ne pousse un cri d’énervement :

« Arrête de raconter des conneries ! Tu n’y connais rien ! »

Il se leva subitement, s’approchant d’elle avant de lui prendre les livres des mains. Il commença à parler à son tour à voix haute, fouillant dans le livre :

« Zabran est visible, c’est même celle qui brille le plus ce soir ! Regarde par là ! Et ensuite, celle juste à côté, c’est Ectir. Tu vois ? Alors arrête de raconter des conneries plus grosses que ta poitrine et vas te coucher si c’est pour… »

« Tu pourrais plutôt continuer, non ? » dit-elle en le coupant.

Il s’arrêta, la regardant brièvement avant de hocher la tête. Elle lui demanda d’attendre quelques secondes, se dirigeant vers la couverture de son lit avant de la tirer. Elle s’enroula dedans, lui disant qu’il faisait plutôt frais la nuit. Il ne releva pas la phrase de la jeune femme, reprenant la parole :

« Alors qu’est-ce qu’il y a à savoir aujourd’hui ? »

« Tu peux raconter tout ce que tu veux. Tu sais aussi bien que moi que nous sommes insomniaques… donc on va y passer toute la nuit. »

« C’est exact… et c’est correct. Bon… Reprenons là où nous en étions. »

Il se comportait maintenant comme un professeur, observant brièvement la jeune femme aux cheveux blonds. Celle-ci semblait l’écouter réellement ? Est-ce qu’elle était intéressée par l’astronomie ? Ou alors… Ce n’était qu’un mensonge… Un voile passa dans son propre regard… Il ne voulait pas réitérer… la même erreur. Il s’adressa à elle avec moins d’entrain qu’au départ. Tant qu’elle faisait semblant… Ca pouvait lui convenir…
Trois heures passèrent et ils n’avaient pas bougé de leur place. La jeune femme aux cheveux blonds passait ses yeux du ciel étoilé au visage d’Orion, celui-ci faisant de même mais de son livre jusqu’au ciel. Il semblait vraiment si cultivé… et si passionné dans ce qu’il disait. Finalement, elle alla l’interrompre, lui demandant :

« Qui t’a appris à aimer l’astronomie ? »

Il s’arrêta de parler, baissant la tête pendant quelques secondes sans la regarder :

« Bartholomé Astrum… Je pense que tu t’en doutais… mais ce n’est pas mon véritable père… J’ai été adopté par lui… à l’âge de deux ans. »

« Ca veut dire que… tu … »

Orion était un orphelin comme elle ? Si c’était le cas, cela changeait légèrement sa vision du jeune homme. Elle pouvait comprendre à quel point… c’était difficile de vivre sans parents… Sans ses vrais parents… Mais Orion hocha la tête d’un air négatif avant de dire :

« Non… Je ne suis pas orphelin… Mes parents m’ont vendu à Bartholomé Astrum… Cela sans remords… Sans une once de remords… Contre une coquette somme. »

Il referma son livre, poussant un léger soupir avant de se tourner vers elle. Elle recula d’un pas, apeurée parce qu’elle voyait. Le visage du jeune homme était complètement figé, un sourire à glacer le sang tracé sur ses lèvres alors qu’il murmurait :

« A combien estimes-tu le prix de ta vie ? »

Les rares larmes qui s’écoulaient le long de ses deux yeux pour tomber au sol contrastaient avec le reste du visage. Cette phrase… Il l’avait déjà prononcé auparavant… Avant que les pirates n’attaquent… C’était ça… C’était donc ça… Son existence toute entière avait été achetée dès son jeune âge. Elle baissa la tête sans répondre, ne sachant pas quoi dire.

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