Chapitre 75 : Le goût de la peur

Ah… C’était bizarre mais il était couché sur un lit d’hôpital, la jeune femme assise sur une chaise juste à côté du lit. Enfin, ce n’était pas réellement un hôpital, l’endroit où il se trouvait mais bon… Ah… Il observait le plafond sans rien dire, ses yeux bleus posés sur celui-ci.

« Je n’aime pas me retrouver dans un hôpital… On ne sait jamais ce qu’ils peuvent te faire s’ils tentent de t’anesthésier… Peut-être que tu te retrouveras avec un rein en moins ? Qui sait… Je n’aime pas du tout ça… »

« Il n’y a que à toi pour imaginer ce genre de choses, Orion. Personne ne va te retirer un rein. Tu dois passer la nuit ici et j’ai la permission pour veiller sur toi pendant ce temps. De toute façon, même si je ne l’avais pas, je serai quand même restée. »

« Mademoiselle Samus défie l’ordre et l’autorité à chaque fois. » alla t-il dire en haussant les épaules avec un grand sourire qu’elle lui rendit.

« Orion… Maintenant… que nous avons… fait la paix… temporairement… Est-ce que tu veux bien… me donner ton mode d’emploi ? »

« Mon mode d’emploi ? Pour me comprendre ? Je ne peux pas, Samus. Evite juste de me poser trop de questions, d’accord ? Surtout des embarrassantes, ce n’est pas comme si je te demandais si tu avais déjà eu un petit copain ou une relation sexuelle non ? »

« Je n’ai le temps, ni pour l’un, ni pour l’autre. Cela répond à ta question ? »

« Je ne te demandais pas une réponse, de toute façon, Samus… Enfin bon… Si tu vois ou plutôt comprends ce que je veux dire… Je pense que ça sera bon… pour nous deux… »

« Je ne t’embêterai pas avec ça… pour l’instant. »

Pour l’instant ? Cela voulait dire qu’elle comptait l’embêter à nouveau ? Il poussa un profond soupir désabusé alors qu’elle se mettait à légèrement rire devant l’air du jeune homme. Il n’était pas sorti de l’auberge avec elle ! Il en était sûr et certain !

« Est-ce que tu as faim ? Ou soif ? Je vais me chercher quelque chose. »

« Je ne crois pas que le fait que l’on m’ai planté un truc dans le torse et dans mon armure m’empêche de manger correctement… Donc la même chose que toi s’il te plaît. »

« Alors, attends quelques minutes si tu le veux bien, je vais me dépêcher. » annonça t-elle tout en se levant de sa chaise.

« De toute façon, je ne risque pas de bouger contrairement à toi. »

Elle lui fit un léger sourire, quittant la chambre pour le laisser seul. Le reste de la soirée se déroula tranquillement, la jeune femme ne lui posant plus de questions qu’il pouvait considérer comme embarrassante. Voilà ce qu’il pouvait appeler une bonne soirée… Une soirée calme et tranquille où nul ne cherchait l’autre. Il s’endormit paisiblement alors qu’elle continuait de le surveiller en fermant néanmoins ses yeux.

Le lendemain matin, le jeune homme avait déjà commencé à se lever de son lit alors qu’elle se redressait subitement de sa chaise. Elle commença à lui parler :

« Tu ne bouges pas de là ! C’est à moi de t’aider ! Maintenant qu’on a échangés nos places, je vais devoir te porter… »

« Me porter ? Et puis quoi encore ! Si je sais parfaitement marcher, je n’ai pas besoin de ton aide ! C’est bon, lâche… Lâche-moi ! » s’écria t-il alors qu’ils étaient sortis du bâtiment.

Elle venait de le soulever subitement, une main au niveau du haut du dos du jeune homme, l’autre au milieu des cuisses. BON DIEU DE BON SANG DE BONSOIR ! Ce n’était pas son genre de se faire porter de la sorte ! Surtout qu’ils étaient en public quoi ! Il reprit la parole :

« Lâche-moi tout de suite, Samus ! Tu ne vois pas qu’il y a trop de monde ! »

« Tu préfères me porter que d’être porté ? Et moi dans tout cela ? Est-ce que je me suis sentie gênée ? Je ne pense pas… »

« Mon égo d’homme va en prendre un coup, s’il te plaît… Dépose-moi. »

Elle ne l’écoutait pas, continuant de marcher en le logeant bien contre elle, le jeune homme aux cheveux blancs se mettant à rougir légèrement en évitant de regarder les gens autour d’eux. La seule chose qu’il pouvait observer… Ce fut la poitrine de la jeune femme. Purée… Pourquoi est-ce qu’elle faisait ça ?! Il avait honte d’être là !

« Nous serons bientôt arrivés, Orion Accroche-toi bien. »

« Je veux descendre de là ! » commença t-il à crier avant de gesticuler mais elle le serrait avec plus d’insistance, lui arrachant un cri de douleur.

« Arrête de bouger, Orion. Tu vas avoir plus de mal qu’autre chose… Tu as encore tes bandages non ? Au niveau du torse… »

« Oui… Mais bon… Tu sais bien que les femmes ne sont pas sensées faire ça ! »

« Arrête avec tes pensées de mâle rempli de testostérones et reste tranquille. Ce n’est pas forcément à l’homme de faire ce genre de choses. »

« Oui mais bon… J’ai la honte là… Les gens doivent nous observer… »

« Ces personnes là, je risquerai d’être impolie si je te disais ce que j’en pense. »

Alors il valait mieux pour elle qu’elle se taise. Ils continuèrent de marcher ou plutôt, il continuait d’être porté, gardant sa gêne pour lui. Samus pouvait vraiment se comporter comme une idiote des fois… Le porter lui… C’est vrai qu’il était plus petit… et plus maigre qu’elle… Enfin… Mais quand même… Elle n’avait pas honte de faire ça ? Non… La jeune femme n’était pas de ce genre… Sauf quand c’était en privé… Ah… Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas être comme ça des fois ? Il était une grande gueule mais il n’y avait jamais rien… derrière tout ça. Pfff… Samus…

Ils arrivèrent dans l’appartement, le jeune homme tentant de se mouvoir mais remarquant que Samus ne voulait toujours pas le lâcher. Elle l’emmenait dans son lit ? Hého hého ! Ca devenait dangereux ! Mais… Mais… Non… Attendez un peu ! Elle le déposa doucement sur le lit alors qu’il s’était imaginé mille choses. Il prit une profonde respiration avant de dire :

« Merci… beaucoup… mais je ne veux pas rester couché… »

« Non… Tu resteras couché car aujourd’hui, c’est moi qui m’occupe de tout ! » annonça t-elle d’une voix légèrement enjouée alors qu’il soupirait.
« Mais sinon… Ton dos ne te fait pas trop souffrir ? Ou ton torse ? » lui demanda t-elle d’une voix assez douce.

« Non… C’est bon… Ca va parfaitement. Je me débrouillerai seul. »

« Soit… Alors… Je vais m’en aller si tu n’as pas besoin de moi, Orion. » annonça Samus avant de quitter la chambre.

Hum… Elle manigançait quelque chose mais quoi ? Il ne le savait pas mais il prit un livre posé sur sa table de chevet, réfléchissant à la situation. Il devait peut-être se reposer un peu ? C’est vrai… qu’en y réfléchissant… bien… Il s’était occupé des tâches ménagères depuis qu’ils étaient là… Donc bientôt deux semaines. Et il n’avait guère eu réellement le temps de souffler. En plus, il… AH ! Il n’avait pas du tout confiance ! Il entendait même le bruit d’un seau qui se faisait bouger ! Il se redressa subitement dans le lit, poussant un gémissement de douleur avant d’ouvrir légèrement la porte de la chambre pour jeter un œil.
Et dieu que c’était affreux ! La jeune femme tentait de faire le nettoyage du sol ?! Avec un balai qu’elle trempait dans l’eau ?! Et cela sans torchon autour du balai ?! Et elle ne semblait même pas comprendre pourquoi elle avait du mal ?! RAHHHH ! Il sortit subitement de la chambre avant de dire :

« Bon ! Laissez-moi faire, Samus. J’aime bien quand tu fais ça. Tu es bien gentille, bien mignonne, tu mets de la bonne volonté mais visiblement, tu n’es pas habituée à ça. Ca ne s’apprend pas en une journée non plus. »

« Je… J’étais simplement en train de nettoyer et cela semblait bien plus facile quand tu le faisais… Le balai ne glisse… pas aussi facilement. »

« Car il manque un torchon ! » s’écria t-il alors qu’elle baissait légèrement la tête, se disant qu’il venait de la gronder avant qu’il ne rigole.
Bon… Il allait lui montrer comment faire ! Il alla dans la cuisine, revenant après quelques secondes avec un torchon avant d’entourer la brosse du balai avant de plonger cette dernière dans l’eau. Hum… Non… Il lui demanda de tenir le balai avant de revenir avec un peu de produit vaisselle. Il en déversa une légère partie dans l’eau avant de lui dire que c’était ainsi que ça marchait sinon… Comment nettoyer correctement la saleté ? Ce n’était pas en mettant seulement de l’eau que ça marchait… Elle paraissait tellement stupide… et idiote qu’elle s’en voulait… Dans leur duo, c’était celui qui semblait… le plus responsable… et adulte… Pourtant, elle avait vécu des choses hor… Non… Ca ne pardonnait pas son incompétence.

Que cela soit pour nettoyer le sol, laver la vaisselle, cuisiner… Elle était complètement à côté de la plaque par rapport à Orion… Elle était si honteuse… de voir que malgré ce qu’elle avait dit, c’était le jeune homme qui s’occupait de tout ça. Elle ne pouvait que l’observer mais maintenant elle avait une question qui la taraudait. Lorsque le jeune homme termina de préparer le repas et en attendant que cela chauffe, elle lui demanda :

« Orion… Comment est-ce que tu connais tout ça ? »

« Hum ? Faire la cuisine ? Le ménage ? Toutes ces choses ? Et bien… Je te le dirai simplement si tu me dis… »

« Non mais comment tu as vécu depuis toutes ces années… depuis tes treize ans… »

« Hum ? D’abord si tu me dis comment toi tu vis depuis toutes ces années ! »

Hum… Elle pouvait bien lui dire ça non ? Il commença à remplir les deux assiettes avant de s’asseoir en face d’elle. Elle débuta pour manger, remerciant le jeune homme pour ce repas alors qu’il disait que cela n’était rien. Elle prit finalement la parole :

« Alors… Qu’est-ce que je pourrai te dire ? Je vis seule comme tu peux le remarquer… Et je n’ai plus vraiment de chez-moi. En fait, je ne fais que dormir dans mon vaisseau ou alors plus rarement à l’hôtel… Je n’ai pas de maison avec vue sur la mer ou la galaxie… »

« Ca doit être assez triste… Tu n’as jamais voulu te reposer ? Mettre un terme à tout ça… »

« Et me reposer dans un endroit bien à moi ? J’avoue que l’idée m’a traversé l’esprit… depuis que je te connais. Ne t’imagine rien… Mais j’aimerai bien avoir une maison… ou autre… Enfin, un endroit où on pourrait loger tout les deux. Maintenant que tu es là, je vois à quel point… ça peut faire du bien d’avoir quelqu’un avec soi. » murmura t-elle.

« Surtout pour te préparer quelques plats, c’est ça ? » alla t-il dire en rigolant.

« Exactement ! Bon, maintenant, c’est à toi ! Dis-moi… Attends un peu… Je voulais te demander… Puisque tu avais treize ans, il y avait peu de chances que tu trouves du travail non ? Alors… Comment tu faisais… pour vivre ? »

« Hum… Si tu veux tout savoir… Je vais donc te le dire Samus. Mon suicide… était prévu… Las de risquer ma vie à chaque instant, je décidais donc d’attaquer le comité des entreprises Astrum de plein front et je leur ai fait simplement une proposition : Je disparais de leur vue et en échange, ils m’envoient une rente mensuelle qui devait tourner dans les environs de deux cent ou trois cent mille… »

« Deux cent ou trois cent mille ?! Mais tu devais être sacrément riche, Orion ! Tu avais quoi ? Un palace ou une maison à quinze étages ?! » s’écria t-elle en terminant de manger.

« Non… Un simple appartement… Bien entendu, ils m’ont rétorqué qu’ils pouvaient me faire disparaître définitivement mais comme ils n’avaient guère confiance en moi… et que je leur ai annoncé que si je tombais, ils tomberaient aussi, ils ont tout simplement accepté. Et j’ai donc vécu sept ans comme un homme mort… Sous le nom d’Orion. »

« Continue donc… Mais si tu avais autant d’argent… Mais un simple appartement… »

« J’avais des fois les services d’une servante dans mon appartement pour faire le ménage… Mais bon… Tu peux t’en douter : Elle travaillait pour le comité. Elle est vite repartie et j’ai décidé de me débrouiller tout seul. Parfois, j’avais un petit coup de main d’une voisine… que j’appelais justement ma bonne… pour s’amuser…. »

« Tiens donc… Une voisine ? Et elle était plus qu’une voisine ? » lui demanda Samus en le regardant avec un léger sourire pour voir sa réaction.

« Juste une voisine qui ne venait me voir que très rarement car je suis très rarement chez moi. Bon… Enfin… Voilà, je vivais dans mon appartement avec Garmi… Et donc, je devais me débrouiller tout seul… J’ai donc du apprendre à préparer mes repas, laver le sol, nettoyer les couverts, enfin toutes ces choses… Qui me semblent normales et logiques. Enfin, comme je savais que je devais avoir une bonne alimentation, je ne me traînais pas sur le sol comme une loque… Enfin, ça m’arrivait…Car je n’avais personne… mais bon, c’est le passé ! »

« J’ai… une dernière question, Orion… Où est-ce que l’argent passait ? Tu m’as l’air d’avoir vécu une vie assez simple non ? »

« Très simple… Je me contentais du strict minimum mais je voulais extorquer le plus d’argent à ces conseillers pourris et avides. Cet argent, je le donnais à de nombreuses associations pour la sauvegarde de quelques pokémons assez rares… Surtout les Minidracos… C’est stupide non ? De me voir comme bon samaritain… C’est pour ça… que lorsque j’ai vu Tatsu, je t’ai empêché de le tuer… »

« Tu n’es pas stupide du tout, Orion. Tu es un jeune homme remarquable, voilà tout. »

Elle se releva avant de prendre les assiettes, lui signalant que pour ça, elle pouvait quand même se débrouiller non ? Néanmoins, il restait près d’elle au cas où. Une simple mesure de confiance… ou de vérification.

« C’est vrai qu’il n’y a pas grand-chose à nettoyer… »

« Et oui ! Et même moi, je devrai être capable de laver deux assiettes, deux fourchettes et deux couteaux quand même ! Je sais que je ne suis pas douée mais bon… »

« Je n’ai jamais dit ça, Samus… Ne me fait pas dire ce que je n’ai pas dit ! »

« Vas donc te reposer sur le canapé, je termine ça et ensuite, nous pourrons parler et discuter… Il est dommage que nous ne soyons pas assez en hauteur… pour… »

« Observer les étoiles ? Pendant ces dix jours où tu me faisais la tête, j’ai quand même été faire un achat, Samus… Tu verras bien ce soir, d’accord ? »

Elle allait être pressée d’être ce soir ! Il était à peine midi ! Néanmoins, elle ne montrait pas sa joie, préférant la contenir. Elle n’était pas du genre à s’exalter et s’exciter pour un rien non plus hein ? Elle devait quand même se contenir calmement… Ah… Il alla sur le canapé alors qu’elle terminait la vaisselle.

Dix minutes plus tard, elle s’était essuyée les mains, allant s’asseoir à côté de lui alors qu’il restait parfaitement immobile, ne sachant pas quoi dire. Les deux personnes restèrent là, sans parler alors que les minutes s’écoulaient. C’était cela qui était bien pour l’un comme pour l’autre : Personne ne forçait le second à parler pour ne rien dire. Néanmoins, ce fut elle qui stoppa le silence après une bonne dizaine de minutes :

« Le soleil se couche à quelle heure cette nuit ? »

« Aux environs de dix-huit heures quarante-deux. »

« Quand tu parles comme ça, Orion, tu pourrais retirer le environ, tu sais… »

« Mauvaise habitude, je suis désolé, Samus. »

Il rigola légèrement, rire qu’elle rendit alors qu’il se levait finalement. Elle lui demanda où il allait mais il lui signala qu’il aimerait bien marcher un peu si ça ne la dérangeait pas. Elle lui dit qu’elle allait simplement remettre sa veste rose, son haut noir, enfin les habits qu’elle avait la dernière fois. Il haussa les épaules, poussant un petit cri de douleur alors qu’il lui disait de ne pas trop forcer.

« Ah… Tu veux peut-être que l’on aille faire quelques courses, Orion ? Il y a plusieurs choses à acheter. Mais bon… Ca peut attendre demain aussi… »

« Autant tout faire en une seule fois et comme cela, si nous prenons notre temps, la nuit sera déjà tombée. N’est-ce pas mieux comme idée ? »

Parfaitement ! Elle se dirigea vers sa chambre, s’enfermant dans celle-ci avant de revenir dix minutes plus tard, correctement habillée comme la dernière fois. Il détourna le regard, Samus lui demandant si ça n’allait pas alors qu’il préférait ne pas parler. Bah… Si il voulait ne rien dire, libre à lui ! Elle alla lui chercher sa main pour la prendre, l’autre tenant quelques sachets. Hum… Donc ils allaient vraiment faire les courses ?

Pendant la balade qu’ils firent ensembles, ils achetèrent tout ce dont ils avaient besoin, Orion remarquant un livre d’astronomie que la jeune femme lui paya. De toute façon, ce genre d’achat était pour tout les deux car elle s’était mise à apprécier plus que de raison l’astronomie. Autant dire qu’avec un professeur comme Orion, apprendre cela était un réel plaisir, surtout qu’on pouvait sentir la motivation transparaître dans sa voix.

L’après-midi se déroula tranquillement au parc après les quelques achats, les deux personnes allant s’asseoir sur un banc pour observer les quelques oiseaux dans les arbres et les familles jouant entre elles à divers jeux. Ah… Il put même remarquer avec surprise un pokémon… Oh… Ce n’était qu’un Roucool mais une famille d’extraterrestres semblait avoir acheté un petit Roucool pour son fils. C’était vraiment bizarre… mais les pokémons allaient s’installer un par un dans les différentes planètes pour les peupler… et cela sans aide des pirates ou non. Ah… Les pirates… En y réfléchissant bien… Il n’y pensait même plus… Il n’avait qu’une idée en tête… Se venger de Ridley mais pour l’instant, il restait avec Samus et profiter de cette journée ensembles. Plusieurs heures passèrent mais il n’avait pas bougé de sa position. Seule Samus était partie acheter deux glaces, le jeune homme et elle les mangeant tranquillement. Ah… Ils ne disaient vraiment rien… Un peu comme si tout était platonique.

Enfin, la nuit allait tomber et ils décidèrent de rentrer, la jeune femme prenant les courses en signalant à Orion qu’il valait mieux pour lui qu’il évite de porter des charges trop lourdes. Il lui répondit qu’un simple sachet n’allait pas le tuer mais elle ne lui laissa pas le choix. Il poussa un léger soupir alors qu’ils arrivaient finalement dans l’appartement, Orion ouvrant la porte en la laissant rentrer en première.

« Bon… Tu veux manger quoi ce soir ? »

« Comme tu veux, je laisse le chef cuisinier m’étonner encore une fois. »

« Hum… Visiblement, pleine de confiance, la demoiselle aux cheveux blonds. »

« Orion… J’ai passé une excellente journée… en ta compagnie. J’espère qu’on en aura d’autres si tu le veux bien. » alla t-elle lui dire.

« Merci beaucoup… Ca me touche énormément… Et c’est tant mieux… »

« Je vais dans ma chambre en attendant que le repas soit prêt ? Je vais me changer et me mettre en short et top bleu. Ca sera mieux pour passer la nuit. »

« Comme tu le désires, tu n’es pas obligée de me dire ce que tu vas porter hein ? »

« Je ne pensais à rien de mal, Orion… »

« Moi non plus. On ne va pas se disputer, aujourd’hui, d’accord ? »

Elle hocha la tête d’un air positif avant de lui tendre la main. Il l’accepta, la baisant légèrement comme pour lui montrer sa bonne foi. Elle lui murmura qu’il était un imbécile et qu’il n’avait pas besoin de faire ça avant d’aller dans sa chambre.

Une bonne vingtaine de minutes passèrent et il alla toquer contre la porte de la jeune femme en lui disant qu’ils mangeaient. Elle sortit de sa chambre, passant une main sur son front et ses longs cheveux blonds qu’elle avait détachés. Hum… Il l’observa quelques instants alors qu’il lui servait à manger, les deux personnes ne discutant guère pendant le repas. Ce fut après le nettoyage des assiettes qu’elle lui demanda avec un léger entrain :

« Orion ! Tu peux donc me montrer au sujet de ce dont tu me parlais ? »

« Roh… Bon… D’accord, d’accord… Suis-moi, Samus. »

Elle semblait si motivée qu’il ne pouvait pas lui refuser ça. Ils pénétrèrent dans la chambre du jeune homme, Samus remarquant qu’il avait déjà pris ses aises depuis qu’ils étaient là. Néanmoins… Néanmoins… Comme elle n’avait jamais pénétré dans la chambre depuis ces dix… Non… Elle était pourtant… déjà venue… Justement… C’était hier… Lorsqu’il l’avait laissée dormir… Mais ce n’était pas ça le problème. AH ! Il allait dans le placard à vêtements et en sorti … un télescope ? Ah oui… Pour voir les étoiles, c’était l’une des meilleures façons, il était vrai. Elle le regarda longuement alors qu’il ouvrait la double fenêtre, plaçant correctement l’objet tout en le réglant. Finalement, après quelques minutes où elle l’avait observer faire, il alla lui dire d’une voix lente :

« Voilà… Tout est bon… Par contre… Comme nous ne sommes qu’au dixième étage… de cet immeuble… Et que ce n’est pas très haut… Je ne peux pas éteindre les lumières de la ville. Et puis, le soleil vient à peine de se coucher… donc il va falloir attendre un peu. On ne verra pas grand-chose mais voilà ma surprise… »

« C’est une merveilleuse surprise, Orion. Tu sais quelles étoiles nous allons voir ? Tu as le livre ? » lui demanda t-elle alors qu’il hochait plusieurs fois la tête.

« J’ai tout ce qu’il faut… Mais je ne sais pas si nous verrons quelque chose… »

« Qui ne tente rien, n’a rien, Orion ! »

Bah… C’était une phrase toute faite mais elle marchait parfaitement dans ce cas précis. Il lui fit un léger sourire alors qu’il lui demandait de venir se rapprocher de lui. La jeune femme observa le ciel à travers le télescope, Orion réglant la vue et le zoom pour éviter qu’elle ne voie trouble.

Pendant plusieurs heures comme à chaque fois qu’ils regardaient les étoiles, la jeune femme observait une étoile, la désignant à Orion avant de lui laisser la place. Ensuite, le jeune homme donnait le nom de l’étoile et racontait l’histoire de celle-ci quand il le pouvait. Plusieurs fois, ils se jetaient des petits sourires complices l’un par rapport à l’autre, comme si nul ne pouvait les déranger.

Plusieurs fois, ils se prirent la main, le jeune homme aux cheveux blancs se mettant derrière elle pour l’aider à régler correctement l’objectif du télescope. Elle le remerciait d’une voix étonnamment douce tandis qu’ils continuaient leurs diverses manipulations. Ah… C’était ce genre de moment que rien ne pouvait entraver. Finalement, après deux nouvelles heures à observer les étoiles, la nuit était déjà tombée depuis fort longtemps. Il devait bien être aux environs de quatre heures de matin. Elle commença à bâiller légèrement en mettant une main devant sa bouche, passant ses bras autour du cou du jeune homme alors qu’elle se retrouvait derrière lui. Elle lui murmura :

« Il ne serait pas bon… d’aller se coucher, Orion ? Tu n’es pas fatigué ? »

« Disons que… Le fait d’avoir… » coupa t-il en se mettant à bâiller à son tour. Il reprit d’une voix somnolente, les yeux à moitié clos :

« D’accord… Tu as tout à fait raison, Samus. Moi aussi, je commence à être un peu… »

Dans un concerto de bâillements, ils commencèrent à ranger le télescope tout en refermant le placard et les fenêtres de la chambre du jeune homme. Alors que celui-ci terminait de ranger correctement le télescope, il se redressa tout en disant :

« Samus… Là… C’est à moi de… »

Il s’était retourné tout en fermant correctement la porte du placard pour se retrouver en face de la jeune femme. Ou plutôt de ses lèvres…Samus s’était penchée légèrement en avant, allant déposer un fin baiser sur ses lèvres alors qu’il ouvrait en grand ses yeux, ceux de Samus s’étant clos aux trois quarts.

La réaction du jeune homme aux cheveux blancs fut simplement la stupéfaction alors que cela n’avait duré qu’un instant. Elle avait retiré ses lèvres, se frottant les yeux alors que le jeune homme s’était statufié. Elle murmura d’une voix à moitié endormie :

« J’avais envie de… te le donner… car tu le mérites… Je vais me coucher… Bonne… »

Elle ne termina pas sa phrase alors que le jeune homme s’écroulait au sol, couvert de spasmes. Tout de suite, elle rouvrit ses yeux en grand, hurlant son nom tout en le prenant dans ses bras. Qu’est-ce que ça voulait dire ?! Ce n’était pas supposé se passer comme ça ! Il… Il devait… Elle claqua des doigts devant le visage d’Orion, les yeux du jeune homme ne semblant rien voir devant lui, les tremblements de son corps s’étant arrêtés. Elle tenta de le soulever avant de remarquer qu’il était raide comme du bois. Qu’est-ce que tout ça voulait dire ?! Elle le déposa sur le lit avant de faire apparaître son gantelet droit, contactant Aurora qui était toujours dans le vaisseau de la jeune femme :

« Aurora ! J’ai un gros problème ! »

« Tu daignes enfin me contacter, Samus ? »

« Arrête tes bêtises, c’est très sérieux ! Orion ! Orion est devenu complètement raide ! Après… Après que… Je l’ai… »

« Tout s’est déconnecté dans son cerveau, Samus. Tu n’as pas à t’en faire, il n’est pas en danger de mort. C’est simplement que tu as du lui causer une peur tellement grande et immense que tout a lâché en un instant. Le mieux serait de le surveiller. Tu dois essayer de trouver la raison précise de ceci et éviter que ça ne recommence. Est-ce que tu as encore besoin de moi ? » demanda la voix d’Aurora.

« Non… C’est bon… Merci beaucoup pour tout ce que tu as dit. Je ne te dérangerai pas plus. » termina t-elle avant d’observer Orion.

C’était… de sa faute… à elle ? Peut-être… Non… Elle en était sûre… Elle avait simplement… décidé de faire ça car elle pensait que c’était le moment… Elle n’avait jamais pensé à une telle chose auparavant et il était vrai qu’elle ne s’y connaissait pas du tout… Et puis, elle ne savait pas par quoi commencer. Trop rapide peut-être ? Pourtant, elle ne l’avait pas fait durer et puis… Au fond, elle n’était même pas sûre d’elle-même, de ce qu’elle avait fait.

« Je vais… rester avec toi, cette nuit, Orion. »

Oui… C’était une évidence même. Elle s’approcha du jeune homme, ouvrant le lit avant de l’engouffrer correctement à l’intérieur. Elle alla se coucher à côté de lui, le serrant près d’elle pour voir s’il était encore raide ou non. Dur comme du bois… Même ses bras ou ses mains… Il n’était pas possible de les plier.

Elle avait peur… très peur, elle devait le reconnaître. Elle avait l’impression d’avoir commis une horrible bêtise… C’était de sa faute… Beaucoup trop rapide… On ne lui y reprendrait plus… Elle n’était pas douée pour créer des relations… La preuve en était avec Orion. Demain… Lorsqu’il se réveillerait, elle fera tout pour s’excuser et se pardonner. Demain… Oui… Elle serra avec plus d’insistance le jeune homme contre elle pour qu’il puisse mieux dormir. C’était l’unique chose qu’elle pouvait faire pour lui cette nuit.