Chapitre 130 : Le regret

« Samus… Aran… Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda d’une voix un peu apeurée le jeune homme, surtout après ce qu’elle avait dit auparavant.

« Je suis venue te voir… Puisque tu n’as même pas eu la décence de venir me le dire en pleine face… n’est-ce pas, Orion ? » répondit-elle d’une voix neutre en croisant ses bras au niveau de la poitrine. Il reprit la parole sur le même ton qu’auparavant :

« Je croyais que tu voulais… que je disparaisse… de ta vie… Tu me l’as répété et même dit… plusieurs fois… Samus… »

« Je ne vois pas de quoi tu veux parler, Orion. Tu es sûr que tu vas bien ? Tu m’as l’air un peu pâle… Tu es malade ? Est-ce que tu es sûr que tu manges correctement ? Que tu dors bien ? »

« En quoi est-ce que ça te concerne maintenant ! Je… J’ai dit qu’on ne devait plus se voir ! Et tu l’as dit toi-même ! Messieurs ! C’est elle la femme dont je parlais ! Vous pouvez vous en occuper s’il vous plaît ? »

« Mademoiselle… Veuillez partir. Vous n’êtes pas la bienvenue ici. » alla dire l’un des deux hommes ressemblant plus à un gorille, que cela soit au niveau de la taille et du physique, qu’à un simple humain.

Les deux personnes s’approchèrent d’elle, ayant l’air menaçant mais d’un geste simple, elle frappa dans les bourses du premier avant de soulever le second par-dessus son corps. Elle termina d’achever le premier par un coup de tête avant de reprendre la parole :

« Orion… J’ai mis cette tenue… Car c’était l’un des deux premiers vêtements que j’ai achetés… lorsque tu m’as dit que je n’étais pas féminine… Aujourd’hui, tu envoies des personnes pour m’empêcher de te voir… Qu’est-ce qui te prends ? »

« Je… Je… Je suis désolé, Samus. C’est vraiment trop dur… Je sais qu’Aurora et toi, vous devez me détester mais… Je ne veux plus avoir de relations avec vous… Je risquerai de vous faire trop de mal… »

« En dépit de TE faire du mal ? C’est ce que je dois comprendre, Orion ? Tu préfères souffrir dans ton coin ? Ne pas me laisser décider de la façon dont je veux mourir ? Si elle consiste à disparaître à cause du fait que je suis auprès de toi, ce n’est pas un problème. Je suis prête à disparaître quand il le faut… »

« Mais moi, je ne suis pas prêt à te voir disparaître ! Samus, il serait stupide que tu meures maintenant alors que tu as tellement de choses à vivre ! Je suis un oiseau de mauvais augure ! Je ne fais que causer la mort de celles qui m’ai… qui… qui m’aim… »

« Qui t’aiment ? Et alors ? Tu voudrais que je te plaigne ? J’en suis désolée mais ça ne sera pas possible. Je n’ai pas à te plaindre, j’ai juste à m’énerver… contre toi… Orion… Car tu n’es qu’un idiot qui veut se renfermer sur soi sans prêter attention à ce que les gens ressentent pour lui… Tu préfères rester dans ton cocon de désespoir et de tristesse plutôt que de t’ouvrir aux femmes qui veulent t’aimer. Combien de fois faudra t-il te l’expliquer ? »

Elle faisait un premier pas vers lui mais il fit de même en reculant. Non… Qu’elle ne s’approche pas… Il refusait de la voir se rapprocher ! Il n’allait pas fléchir maintenant ! Pas du tout ! Il en était hors de question ! Elle reprit la parole d’une voix douce :

« Orion… Est-ce que tu me trouves belle comme cela ? Dans cette tenue ? »

Elle tourna légèrement sur elle-même, rougissant en même temps que le jeune homme, celui-ci ne pouvant s’empêcher de la regarder avant de dire d’une voix faible :

« Oui… Tu es tout simplement splendide… Tu es devenue une véritable femme. Tu rendras heureux tout les hommes que tu aimeras… »

« Ca n’a pas l’air d’être le cas… avec celui que je vois en face de moi… Celui que j’aime actuellement… Visiblement… »

« Se faire aimer est quelque chose que l’on doit mériter… Et je ne te mérite pas… »

« Et moi ? Est-ce que je ne te mérite pas ? » répliqua t-elle dans un murmure.

Il fut décontenancé par la question de la jeune femme, celle-ci faisant un nouveau pas vers lui avant de s’arrêter. D’un geste nonchalant, elle envoya un nouveau coup de pied en direction du garde près d’elle. Qu’il se rendorme va… Il était bien trop tôt de toute façon… Elle frissonna légèrement, le jeune homme la regardant d’un air inquiet :

« Tu as froid, Samus ? Tu veux peut-être que j’aille prendre… »

« Idiot… Tu crois que j’ai encore ta chaleur auprès de moi chaque nuit ? J’ai froid… Mais ce n’est pas à cause du vent matinal… Mais à cause de ton absence. »

« ARRÊTE ! » s’écria t-il, tremblant de tout son corps en serrant ses poings.
Qu’elle arrête ! Qu’elle arrête maintenant ! Il avait l’impression d’être le dernier des salopards ! Non ! Il était le dernier des enfoirés ! MAIS… MAIS… Si elle continuait, il allait faire des choses qu’il regretterait toute sa vie ! Non… Il n’allait pas le regretter… Son cœur serait heureux et apaisé mais… mais… Ah… NON NON ET NON ! Il était atteint par le phazon ! Et maintenant, il était promis à une mort certaine ! Il était hors de question qu’elle soit avec lui ! HORS DE QUESTION !

« Orion… J’ai besoin de toi… Tu es une part importante de ma vie… Et cela qu’importe ce qu’Aurora dira… Car elle… Par contre… Elle ne te pardonnera pas avant longtemps. »

« Pour une intelligence artificielle… Elle peut causer des problèmes… »

« C’est elle qui m’a dit où tu étais… Tu crois que j’ai su comment que tu étais là, Orion ? Grâce à elle… Elle n’a pas hésité à pirater tout ce qu’il fallait… pour te retrouver… Elle voulait te punir… Te faire souffrir… »

« Ca… Je n’ai pas besoin d’elle… Je me fais très bien souffrir tout seul. »

« Alors arrête tes souffrances, Orion… Arrêtons tout ça… Et rentre avec moi… »

Elle tendait ses deux bras en lui faisant un petit sourire triste et ému. Elle voulait simplement le garder auprès d’elle… Et cela qu’importe ce qu’il avait fait… Car il ne l’avait jamais trompé… Non… Il était un imbécile… Mais cela pouvait se soigner… Comme cette blessure au cœur qu’il avait… Elle serait son baume réparateur…

Pourtant… Il ne bougeait pas… Elle sentait qu’il allait venir… Qu’il suffisait d’un peu de volonté… pour qu’il vienne vers elle… Mais rien… Il ne se passait rien. Avec lenteur, elle rabaissa ses deux mains alors qu’Orion détournait le regard. Plusieurs fois… Il n’arrivait pas à la voir en face… Il avait trop honte de lui.

« Orion… Je te donne la possibilité de revenir ici… De revenir avec moi… Mais je veux que tu sois sincère… Que tu sois sincère envers moi… Dis-moi… Simplement ces deux mots qui te brûlent les lèvres et j’accepterai de te voir revenir auprès de moi. »

« Je sais ce que tu veux… Mais… Ce n’est pas aussi… simple que ça, Samus. »

« Avec toi, rien n’est simple… Et je le sais depuis le début. Orion… Sois sincère… Juste une fois… envers moi… Dis-moi ce que tu penses vraiment de moi… »

Il se frottait le bras, gêné et incapable d’exprimer quoi que ce soit. Non… Ce n’était pas possible une seule fois… de s’imaginer comme ça… D’imaginer que ça soit réalisable… Il lui fit un léger sourire tout en disant d’une voix qui tombait comme un couperet :

« Impossible, Samus. Je ne ressens rien pour toi. »

« Redit-le moi clairement… Redit-le moi en pleine face… à quelques centimètres de mon visage… sans trembler… sans rien… Dis-le-moi… véritablement… »

Il resta parfaitement immobile, la jeune femme s’approchant de lui alors qu’il baissait la tête. Enfin… Elle se retrouvait juste en face de lui, son visage descendu vers le sien alors qu’elle lui soulevait le menton de la main droite pour le forcer à la regarder. Il demanda en retirant sa veste noire pour la mettre sur ses épaules :

« Tu n’es pas blessée ? Tu n’as pas froid ? Qu’est-ce que le médecin t’a dit ? »

« Je n’ai aucune blessure… Phoebe ne m’a rien cassé… Donc il suffisait juste de me soigner… Et il ne se passait plus rien… Voilà tout… Mais redis-moi… ça… Redis-le-moi clairement ! AVOUE QUE CE N’EST PAS VRAI ! » hurla t-elle subitement.

« Ce n’est pas vrai… Mais je ne peux pas… Samus… »

« Tu… Tu… Orion… Tu… vraiment ? » demanda t-elle avec lenteur alors qu’il hochait la tête d’un air positif, son visage complètement rouge.

Pourquoi… alors… Elle s’apprêtait à lui caresser sa joue mais il recula subitement, l’empêchant d’accomplir ce geste. Il… avait la même chose… pour elle… n’est-ce pas ? Alors pourquoi… Il ne voulait pas… Ce n’était pas possible… d’être aussi stupide… d’être aussi borné… Elle voulait tout simplement que son cœur prenne les devants… et non son cerveau… Mais visiblement… C’était impossible. Elle murmura d’une voix lente :

« Orion… Est-ce que… Je dois prendre ta réponse comme un non ? »

« Il vaudrait mieux… Samus… Et pardonne-moi… »

« Non… Je ne te pardonnerai pas cette fois… Je t’ai donné ta chance… J’ai tout fait pour nous puissions nous aimer… Mais à chaque fois que je faisais des efforts… Toi… Tu t’enfonçais… Tu trouvais toujours un moyen… de ne pas… répondre à tout ça. »

« Sois heureuse avec un autre, Samus… C’est tout ce que je te souhaite. »

« Ton souhait s’est déjà réalisé, Orion. »

Hein ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Il n’arrivait pas à comprendre. Elle passa à côté de lui, le visage ferme avant de s’enfoncer à l’intérieur de l’hôtel. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Il pénétra à son tour dans l’hôtel, l’entendant demander où se trouvait une chambre. Elle alla dans l’ascenseur alors qu’il restait muet. Qu’est-ce… qui se passait ? Pendant plusieurs minutes, il attendait qu’elle redescende.

« Mais c’est quoi… Sieg… »

Il alla réagir au quart de tour se mettant dans un coin en leur tournant le dos. Siegfried… Qu’est-ce qu’il faisait là ? Et pourquoi est-ce que Samus était partie le chercher ? Non… Ce n’était pas pour lui… Ce n’était pas pour lui qu’elle était venue… C’était pour Siegfried… Elle lui avait dit là… Que son souhait s’était déjà réalisé… La jeune femme aux cheveux blonds lui lança un petit regard que Siegfried ne remarqua pas alors que les deux personnes quittaient l’hôtel.

« Monsieur Ophiuchus ? Vous n’êtes pas sorti ? Vous êtes déjà revenu ? Mais ça ne fait même pas une demi-… Monsieur Ophiuchus ? »

Sidé s’était approchée de lui, voyant le corps tremblant du jeune homme dirigé vers le mur. Elle posa une main sur son épaule, inquiète avant d’entendre de profonds sanglots de la part du jeune homme. Celui-ci explosa en pleurs, s’enfonçant dans les bras de Sizé alors que les rares autres personnes tournaient leur tête vers eux.

« Monsieur Ophiuchus ?! Qu’est-ce qui s’est passé ?! »

« Sidé ! Emmène-le dans sa chambre, tout de suite ! Je vais appeler le médecin pour voir s’il a des calmants. Vas-y vite et maintenant ! »

« Je le fais, je le fais ! Monsieur Ophiuchus… Veuillez me suivre… »

« C’était nécessaire… C’était vraiment nécessaire… Ah… Ah… Je suis con… »

« Allons… Ne dites pas cela… Si vous voulez… Vous allez tout me raconter. »

La jeune femme alla l’aider à se tenir contre elle alors qu’ils se dirigeaient vers l’ascenseur, montant à l’intérieur. Elle appuya sur un bouton, l’ascenseur se mettant en marche tandis qu’Orion restait dans les bras de la jeune femme aux cheveux bleus.

« Mademoiselle Samus… Vous ne semblez pas très heureuse… Il s’est passé quelque chose ? » demanda le jeune homme aux cheveux noirs.

« Rien de bien spécial… Ce n’est pas très grave et important de toute façon. »

« Sachez que vous pouvez m’en parler quand vous le désirez… Je suis là pour vous ! »

Là pour elle… Elle s’arrêta, jetant un bref regard à Siegfried. Lui était là… n’est-ce pas ? Ce n’était pas un chasseur de primes… Ce n’était pas quelqu’un de célèbre ou torturé… Non… C’était un jeune homme tout à fait normal.

« Si j’ai un problème… Je t’en parlerai, sois sûr. Par contre… Je t’ai déjà dit quelque chose. »

« Pardon, pardon et pardon ! J’ai oublié de te tutoyer ! Je n’ai pas l’habitude… Par respect pour les femmes… Je n’aime pas tutoyer… Excuse-moi s’il te plaît. »

« Ca ne fait rien… Je ne t’en veux pas. Par contre, il se peut que d’ici quelques jours, je reparte en mission… Je ne sais pas ce que tu feras en attendant… »

« Je vais aller aussi au combat… Mes pokémons savent se battre elles aussi… Même si… Il est vrai que je ne suis pas aussi doué qu’Orion ou ses pokémons. Ca me fait penser ! »

Siegfried sortit une pokéball, l’ouvrant pour laisser apparaître une créature à la chevelure blanche et légèrement hirsute. Elle avait deux bouquets de roses rouges à droite et bleues à gauche à la place des deux mains. Elle tendit son bouquet de roses rouges vers Siegfried, celui-ci en retirant une avant de la mettre dans les mains de Samus.

« Je me disais… que je devais vous en offrir une… de la part de mon Roserade. »

Oh… Elle alla rougir faiblement, récupérant la rose avant d’émettre un petit sourire. Oui… Il était vraiment très mignon… Siegfried… Elle récupéra la rose, la regardant longuement avant de la loger dans le creux de sa poitrine. Voilà… C’était comme ça… Elle n’allait plus bouger… Ah… Vraiment…

« J’espère que je vous reverrai sourire plus souvent. Un visage heureux est un visage parfait. »

« Si seulement on pouvait sourire et rire à la commande, il y aurait longtemps que je l’aurai fait. Nous devrions y aller, n’est-ce pas ? »

« Mais où vous voulez aller justement ? Que pensez-vous d’un petit entraînement pour remettre à niveau votre Démolosse ? »

« Pourquoi pas ? Je suis sûre que ça lui fera du bien. Retournons dans un coin où nous pourrons faire cela sans être dérangés. »

Oui… Voilà… Elle avait décidé… Elle en était sûre et certaine… C’était cela qu’elle voulait… Elle voulait être heureuse… Mais Orion l’en empêchait… Car il ne se décidait pas… Car il ne savait pas… Alors, elle… Elle devait le remercier pour tout ce qu’il avait fait… Mais aujourd’hui, c’était différent. Le duo s’était brisé.