Chapitre 35 : Une lettre et une disparition

ShiroiRyu
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Chapitre 35 : Une lettre et une disparition

« Bonjour ! Est-ce que vous avez bien dormi aujourd’hui ? » demanda Léa.

« Encore… Encore… Quel jour sommes-nous si ça ne vous dérange pas trop ? »

La femme aux cheveux noirs lui répondit avec un grand sourire alors qu’elle allait s’asseoir à la table de la cuisine. Elle avait tellement envie de retirer son masque devant cette femme mais elle ne pouvait pas. Cela lui était interdit et elle le savait très bien. Elle ne devait plus y penser. Elle observa quelques instants l’assiette devant elle puis Léa. Pendant ces quelques jours, elle avait eut l’impression que cette femme n’était pas la mère de Tery. Que tout cela était faux mais pourtant elle savait très bien que c’était le cas.

« Vous semblez songeur, messire… Ne vous inquiétez pas, vous trouverez rapidement ce que vous cherchez dans les alentours. Qu’est-ce que vos recherches ont donné ? »

« Rien de rien… A part quelques Gnomolds, je n’ai rien trouvé. Je ne sais plus du tout par où commencer. Cela fait déjà une semaine mais je n’ai pas avancé d’un poil. »

« Il ne faut pas perdre espoir ! Vous trouverez bien ce que vous cherchez en temps et en heures. Je ne peux pas vous laisser abandonner maintenant ! » s’écria la mère de Tery.

« Ne vous en faites pas pour cela. Je n’ai jamais parlé d’abandonner quoi que ce soit. Je vais simplement intensifier mes efforts et tout faire pour y arriver. Je vais arrêter de me reposer. Je pars tout de suite, je reviendrais dans la soirée. »

Elle s’était levée, son masque blanc sur le visage avant de pousser un léger soupir. Elle s’inclina devant Léa, la femme aux cheveux noirs la regardant quitter la cuisine puis la maisonnette avant de passer une main sur son front, ses yeux posés sur l’assiette remplie de Neel. Elle murmura pour elle seule :

« Mais vous… n’avez rien mangé du tout. Tery a vraiment rencontrée une étrange personne. »

Plus qu’étrange même, il fallait se l’avouer. Peut-être que lorsqu’elle allait revenir, elles allaient avoir une discussion un peu plus poussée. Elle n’était pas d’un naturel curieux mais le fait que Neel porte ce masque en permanence même quand elle dormait, cela était quelque chose d’intriguant. Et puis le fait de dire qu’elle était simplement le maître d’armes et de magie de Tery, cela l’étonnait. Il y avait quelque chose de plus profond entre eux mais quoi ?

« Il me faudra bien m’en dire plus ou alors lorsque Tery reviendra, il me racontera exactement ce qui s’est passé. Mais pour cela, il faudrait que j’aie des nouvelles de lui. Les entendre de la part d’une personne que je ne connais pas est une chose, l’entendre de voix propre ou alors les lire, c’est déjà autre chose. Oh. Voilà que je me mets à parler toute seule. Vraiment, tout est vide sans mon fils … ou son ami. » murmura la femme aux cheveux noirs.

Vraiment vide. C’était comme ça depuis qu’il était parti. C’était bizarre mais elle avait pris l’habitude d’être seule. Déjà sentimentalement avec la mort de son mari, elle n’avait jamais eu l’audace et l’idée de refaire sa vie amoureuse. Elle était fidèle à un seul homme et celui-ci reposait en paix dans le cimetière. Ah, que Tery revienne vite. C’était tout ce qu’elle voulait. Elle voulait se faire pardonner d’avoir été aussi autoritaire avec lui. Elle voulait simplement qu’il soit présent ici. Qu’il remette de la vie dans cette maisonnette, dans le salon même s’il ne faisait rien d’autre.

Rien. Rien de rien. Rien du tout. Et pourtant, elle n’avait essayé mais même en inspectant le sol ou les grottes avoisinantes, interrogeant à sa manière les Gnomolds, il n’y avait aucune information ! Mais où est-ce que cette créature se trouvait ? Elle n’était pas partie, elle le savait très bien. La raison ? Divers groupes arrivaient dans le village, les uns après les autres. Celui-ci connaissait un petit moment de prospérité et cela avait de quoi faire plaisir aux différents marchands du village. Une réparation d’arme chez le forgeron ? Quelques herbes pour éviter les problèmes pendant une expédition ? Tout était disponible ! Du moins, ce n’était pas de la qualité la plus grande et même si les groupes ne revenaient pas après être partis, cela ne gênait guère les commerçants.

Mais ce n’était pas là le problème. Elle ne portait aucun intérêt aux personnes qui allaient courir à une mort certaine. Peut-être qu’elles étaient aguerries mais ce n’était pas pour cela qu’elles étaient capables de faire quelque chose contre une bande de Gnomolds complètement fous et une créature que nul ne connaissait réellement. C’est vrai ! Même en passant une heure ou deux dans l’auberge, les seules nouvelles, ce fut pour annoncer l’arrivée d’ici quelques jours de l’armée de Shunter. AH ! La même annonce d’il y a déjà quelques jours ? L’armée de Shunter était plutôt lente à la détente. Très lente même. Elle eu un petit sourire, assise sur de l’herbe alors qu’elle voyait le village du haut de la colline où elle se trouvait. Elle se coucha dans l’herbe, observant le ciel en se demandant si Tery allait venir… Peut-être que oui ? Il allait prendre des nouvelles de sa mère si c’était possible ?

« Quel idiot… Tu es un véritable idiot, Tery. Ta mère s’inquiète pour toi et toi, tu ne penses pas à elle. Même si elle était si dure avec toi, ce n’est pas une raison pour lui faire ça ! Un peu de sérieux, Tery ! » cria la personne masquée.

A qui parlait-elle encore ? A personne mais s’il elle avait eu le jeune homme en face d’elle, il y avait de fortes chances qu’elle lui tire les joues pour avoir créé autant de soucis à sa mère. C’est vrai ! Elle n’avait plus que lui au monde et lui … lui causait que des ennuis. Bon ! Ce n’était pas l’heure de ressasser les pensées. Elle devait se remettre à fouiller les plaines et la forêt, et surtout trouver des informations sur cette bête !

Plusieurs heures s’écoulèrent et ce fut avec dépit qu’elle retourna dans la maisonnette où Léa l’attendait. La femme aux cheveux noirs n’avait pas quittée la maison mais Neel avait remarqué qu’elle avait eu de la visite, la preuve étant visible sur la table avec les quelques tasses posées dessus. Quatre tasses. Et puis aussi une lettre ? Léa tenait une lettre dans sa main et elle semblait si radieuse, si joyeuse…

Qu’est-ce qui s’était passé ici pour que la mère de Tery soit aussi contente ? Elle préférait ne pas le savoir, du moins pour l’instant. Mais la femme aux cheveux noirs l’arrêta, lui faisant un grand sourire avant de lui tendre la lettre. Une lettre pour elle ? Non. Ce n’était pas possible. Il n’y avait aucune raison que l’Oracle lui envoie une lettre maintenant. De toute façon, il ne savait pas exactement où elle logeait et elle ne lui avait pas écrit. Non. Cette lettre… Elle l’ouvrit lentement avant d’être surprise. Non ! Et pourtant, c’était bel et bien le cas. C’était une lettre de Tery ! Une lettre du jeune homme ! Enfin ? Maintenant ? Est-ce que sa pensée était plus forte qu’elle ne l’aurait cru ? Peut-être que oui mais alors… Non, ce n’était qu’une coïncidence. Mais devant le visage ravi et les larmes de joie de la part de Léa, elle était sûre qu’elle était comblée.

« C’est donc une très bonne nouvelle n’est-ce pas ? » murmura la personne encapuchonnée.

« Bien sûr que oui ! Et vous savez quoi ? Il m’a aussi envoyé une bourse d’argent. Il m’a signalé qu’il voulait que je puisse mieux vivre ! Comme si l’argent pouvait m’apporter du bonheur. Dire que je me suis débarrassée de ça. C’est vrai qu’il ne sait rien mais au final, je suis heureuse de savoir qu’il va très bien. Je vais aller de ce pas lui écrire ! J’espère que je n’ai pas oublié avec tout ce temps. »

« Je ne penses pas que vous avez besoin de moi pour cela, non ? »

Elle hocha la tête en lui faisant un grand sourire. C’était une affaire familiale et Neel ne put s’empêcher de soupirer de joie et de tristesse. Tery était donc bel et bien vivant. C’était tant mieux car … Il avait peur qu’en le laissant seul … Mais cela faisait combien de temps qu’il était rentré dans l’armée de Midès ? Et s’il décidait de venir ? Qu’est-ce qu’il devait faire ? Comment réagir ? Il devait se dépêcher d’accomplir sa mission mais celle-ci était bien plus dure que prévue ! Ah … Ah … Et si elle avait Tery en face ? Comment réagir ?

« Comme si j’étais capable de lire l’avenir. Il ne manquerait plus que Tery se présente à sa mère lors d’un petit moment de repos et si c’est le cas… »

Si c’est le cas, elle devait se préparer rapidement à partir et à faire ses adieux à Léa. En un sens. Cela lui faisait plutôt souffrir d’abandonner la femme aux cheveux noirs. Elle se dirigea vers la chambre de Tery. Elle avait besoin de compagnie mais elle était sûre qu’avec la nouvelle de son fils vivant, la lettre qu’elle venait de recevoir pour confirmer les dires de Neel, bref elle n’avait plus besoin d’elle. MAIS… Elle pouvait toujours rester quelques jours de plus non ? Couchée sur le lit, elle tendit une main vers le plafond avant d’émettre un sourire.

« Tery. Tu es donc vivant et en pleine forme. Tu as donc réussi à abattre un Glumarx ? Je ne sais pas à quoi cela ressemble mais vue la façon dont tu en parles. Héhéhé… »

Elle s’était mise maintenant en boule, ses deux mains posées sur ses genoux, ses yeux bleus maintenant dirigés vers le bureau et la fenêtre qui laissait irradier un soleil merveilleux. Tery s’était fait des amis, il était devenu lieutenant dans l’armée de Shunter. Il réussissait bien. Très bien même et cela malgré ses lignes noires, c’était merveilleux. Vraiment merveilleux. Elle se répétait ces mots dans la tête avant de se murmurer pour elle :

« Des amis. Des amis. Il ne faut pas gâcher ces choses précieuses d’aucune façon. Il ne faut vraiment pas gâcher ces relations. »

« Messire Neel ? Vous vous parlez tout seul ? » demanda une voix féminine.

AH ! Elle s’était redressée sans sa cape brune, observant Léa qui était rentrée dans la chambre. Quelle idiote ! Elle avait oublié de fermer la porte à clé ! Hum, en y réfléchissant… Elle n’avait pas réellement à fermer la porte puisqu’elle n’était pas chez elle mais voilà. Elle voulait un peu d’intimité. Personne ne devait savoir ce qu’elle était réellement. Qu’est-ce que Léa lui voulait ? La réponse ne tarda pas à venir :

« Cela fait une bon heure que vous êtes monté et je commençait à m’inquiéter. J’ai écris à mon fils et je lui ai parlé de vous, de tout ce que vous avez fait et… »

« Vous lui avez parlé de moi ? Vous avez vraiment fait ça ? » s’écria Neel.

« Oui. Je ne devais pas ? Par contre, je n’ai pas voulu le déranger avec tous nos soucis de Gnomolds et de cette créature… »

« Je pense qu’il doit déjà être au courant de ce qui arrive ici. Il se pourrait même qu’il vienne très bientôt au village s’il doit être envoyé en mission. »

« Vous… Vous le pensez vraiment ? Vous pensez vraiment que Tery va revenir ici ? Je serais si heureuse ! Je me dois de l’accueillir ! »

« Ce ne sont que mes suppositions. Je ne suis pas sûre de cela, loin de là même. »

« Mais soit… Arrêtons de parler de mon fils ! Vous voulez bien venir ? Je vais préparer le repas d’ici quelques minutes. Cela ne sert à rien de rester. Je me demandais une chose : Je ne m’en rappelle plus mais est-ce que vous m’avez déjà donné votre âge ? Je crois que vous en avez parlé quand vous m’avez raconté au sujet de mon fils… »

« Je vais sur mes dix-neuf ans. Enfin, j’ai environ dix-huit ans et demi. »

« Vous êtes vraiment très jeune, messire. Pourtant, votre langage me fait penser que ce n’est pas le cas. Mais je ne pense pas que vous me mentez. Ca ne vous servirait à rien. »

« Vous avez entièrement raison mais assez bavardé… Allons donc à la cuisine. »

Il était las, vraiment las de tout ça. Il voulait se reposer et fermer les yeux et ne plus penser à tout ça. La mère de Tery lui avait écrit à son sujet et deux sentiments contraires l’habitaient au même moment : d’un côté, il se demandait quel serait la réaction de Tery en apprenant qu’il était chez sa mère et de l’autre. Il avait peur, peur de lui. Mais était-ce à cause de ses lignes ? Ou alors de la personnalité du jeune homme ?
Et après réflexion, il était déjà trop tard puisque le jeune homme était au courant de sa présence dans la demeure de sa mère. Il devait juste alors trouver le moyen de partir sans que cela n’attriste Léa. A la base, cela ne devrait pas lui poser de problèmes, non ? Mais il fallait quand même qu’il y aille avec des pincettes au cas où. Question de sécurité … car il ne voulait pas attrister plus que ça la femme aux cheveux noirs.

« Madame Léa … Est-ce que je peux vous dire quelque chose ? »

« Hum … Dites-le toujours. » répondit la mère de Tery.

« Cela serait au sujet de ce que je vais faire. Je vais quand même devoir quitter votre demeure, que vous le désiriez ou non. »

« Il me faudra alors une très bonne explication car je serai au regret de refuser votre départ. » annonça aussitôt la femme aux cheveux noirs.

« Si Tery doit revenir, je préfère ne pas être là. Si nous ne sommes plus ensemble, c’est bien parce qu’il y a eu une raison à cela, non ? Je ne peux pas vous dire laquelle par contre. »

« Je vois, je vois … Ce que vous voulez dire. Mais si vous partez, cela serait dommage. Est-ce que ce qui s’est passé entre vous deux est impardonnable ? » demanda Léa.

« Impardonnable dans quel sens ? L’acte commis était quand même … assez violent. Mais en même temps, il n’y a pas tenu réellement compte. C’est pourquoi je ne peux pas vraiment vous répondre car je ne sais pas du tout ce qu’il en pense de son côté. Je suis vraiment désolé … de ne pas pouvoir vous en dire plus. »

« Vous êtes désolé … ou réellement désolé ? Car ce sont deux choses bien différentes. »

« Je suis réellement désolé. J’aimerai réussi à m’exprimer plus clairement mais je ne peux pas malheureusement. Si c’était aussi simple que cela … Je … Je le ferai. » murmura l’être masqué avant de baisser la tête.


Il valait mieux pour lui qu’il se prépare à partir d’ici. Il ne voulait pas être un poids et surtout, il n’avait pas le courage de tenir tête à Tery. Il ne saurait pas quoi lui dire, il ne saurait pas quoi lui annoncer. Pourquoi est-ce qu’il était venu voir sa mère et toutes ces choses ? C’était la question que Tery lui poserait en priorité. Et ce n’était pas ce qu’il avait écrit dans la lettre qui allait le rassurer, loin de là même.
« Bon … Il vaudrait mieux que je me prépare. Le plus tôt je serai parti, mieux le monde se portera. Pardonnez-moi, madame Léa. »

« Je ne pardonne rien sans raison. Donnez-moi une bonne raison de vous en vouloir … et aussi une autre de vous pardonner. » répliqua sèchement la femme aux cheveux noirs.

… … … D’accord. Elle voyait où la femme voulait en venir. Elle comprenait parfaitement son point de vue. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de ce côté. C’était parfaitement normal … parfaitement normal, oui. Ah … Elle se leva du lit de Tery, reprenant ses modestes affaires avant de passer à côté de Léa. Celle-ci murmura :

« Je ne vous pensais néanmoins pas aussi couard … messire Neel. »

« De la couardise ? Pourquoi dites-vous cela ? Je n’ai pas peur … »

« Peur d’affronter mon fils qui est pourtant bâti comme une allumette. Oh … Je reconnais amplement qu’il a quand même une grande bouche quand il le veut mais sinon, il n’y a pas de quoi avoir peur de lui. Il n’est pas bien méchant. »

« Ce n’est pas ça ! Je n’ai pas peur de Tery ! » s’écria la personne encapuchonnée de brun.

« Alors … Pourquoi me répondre de cette façon ? Avec autant de contradiction ? Vous êtes vraiment difficile à comprendre, le savez-vous ? »

« Ce n’est pas ça … C’est juste que … Tery et moi, c’est tout simplement impossible. Je voulais juste vous tenir au courant et voilà le résultat … Pendant plusieurs jours voir même des semaines, j’ai profité de votre hospitalité. »

« Vous n’avez pas tiré profit de cela. J’ai tout simplement accepté votre présence. C’était la moindre des choses après m’avoir apporté des nouvelles de mon fils. »

Oui, peut-être … Il ne savait pas. Il ne voulait pas savoir plutôt … C’était ça. Il n’avait pas envie de savoir. C’était compliqué, beaucoup trop compliqué. Il se compliquait l’existence alors qu’il suffisait simplement d’affronter Tery. Affronter dans le sens où il fallait lui faire face pour être sûr de dialoguer entre eux deux.

« Qu’allez-vous faire alors ? Vous enfuir ? Ou attendre la venue de mon fils ? Sachant que vous n’aurez plus de toit ou dormir alors … si vous décidez de partir. »

« Je vais y réfléchir … Tery n’est pas encore prêt d’arriver, n’est-ce pas ? » questionna l’être masqué bien qu’il connaissait déjà la réponse.
La femme hocha la tête positivement. Bon … C’était décidé. Elle allait encore rester deux ou trois jours pour se motiver et se préparer mentalement à quitter cet endroit. Tout était dans sa tête … A partir de là, elle pourrait alors partir sereinement.
Elle s’éloigna de la maisonnette tandis qu’elle quittait le village pour quelques heures. Cette fois-ci, elle se motivait à explorer les environs pour être sûr de trouver un indice. Le gros souci, c’est que les gnomolds étaient plus que présents. Et surtout, elle ne trouvait rien du tout par rapport à cette créature qui possédait le dernier médaillon de Shunter.
Elle rentra en début de soirée, bredouille comme à son habitude. Pourtant, la mère de Tery vint l’accueillir avec le sourire, ayant déjà préparé à manger. C’était aussi simple que cela ? Même si elle échouait, Léa était contente de la revoir ? C’était trop simple … beaucoup trop simple. Ce n’était pas normal que ça soit aussi simple, pas du tout même.

Mais pourtant, ça lui convenait. Ce n’était pas si mal … de se dire que l’échec était permis. Comme cela avait été le cas avec Tery. Il fallait faire la paix avec lui, lui expliquer pourquoi elle avait dû faire une telle chose. Pourquoi est-ce qu’elle avait été « obligée » de le tuer et toutes ces choses. Se sentir plus sereine, ensuite, lorsqu’il arriverait, ils discuteraient pendant quelques heures s’il le fallait.

Oui … Ce n’était pas une mauvaise idée quand c’était dit de la sorte, loin de là même. Peut-être que dans le fond …Il fallait y réfléchir posément et calmement. C’était peut-être cela qu’il fallait faire … Elle ne savait pas, elle ne savait plus, elle ne se posait plus réellement de questions à ce sujet. Du moins, sur le moment.

Après, peut-être que … Peut-être que … Rien du tout. Non, il ne fallait pas se bercer d’illusions. Le courage n’était pas son point fort dès qu’il s’agissait du social. Alors … Autant abandonner dès maintenant. Pourtant, elle ne le signala pas à la femme aux cheveux noirs, lui souhaitant la bonne nuit avant d’aller se coucher.
« C’est dans ce lit que dormait quotidiennement Tery. J’ai l’impression qu’il y a encore son odeur … C’est vraiment saugrenue comme idée. »

Très saugrenue et assez perturbant de penser de la sorte. Il ferma ses yeux bleus à travers son masque, cherchant le sommeil en espérant que le lendemain, son cœur sera plus soulagé de tout cela … même s’il n’y avait que peu de chances que ça soit le cas.

Ou non. Pendant toute la nuit, il fut à nouveau torturé par tout cela. Chaque jour, chaque nuit, il s’imaginait cinquante scénarios qui se déroulaient tous de façon dramatique. Il avait quand même essayé de tuer le jeune homme ! De le tuer ! Et ça, ce n’était pas possible à effacer ! C’était pourquoi il fallait prendre une décision. Une décision horrible en soi … mais il fallait la prendre. Tery allait bien venir un jour ou l’autre et pour cela, il fallait se préparer déjà à partir maintenant. Se relevant du lit, l’être encapuchonné retira son masque, passant une main sur ses yeux bleus.

« Je suis beaucoup trop émotif … beaucoup trop. » se dit-il à lui-même.
Il appréciait Léa, il l’appréciait grandement même mais … mais … Voilà, les évènements firent que c’était impossible de continuer de la sorte. Neel se dirigea vers la fenêtre de la chambre, l’ouvrant en grand avant d’observer par celle-ci.

« Ah … Vraiment. Je n’aime pas faire ça mais j’y suis bien obligé. »

Bien obligé oui. On ne pouvait pas toujours avoir le choix malheureusement dans la vie. Bon … Bien qu’elles n’étaient pas visibles à cause de sa tenue, des lignes blanches apparurent sur ses jambes avant qu’elle ne se jette dans le vide. Avant qu’elle ne touche le sol, un léger vent vint ralentir sa chute, la faisant atterrir avec douceur.

« Pardonnez-moi, madame Léa. J’y étais obligé … Vos repas me manqueront. » souffla l’être masqué avant de quitter la modeste demeure de la mère de Tery. Cette mère … Tery devait vraiment la chérir au lieu de l’inquiéter pour un rien.

Il fit quelques pas pour s’éloigner l’endroit où se trouvait la maisonnette de Léa. En la regardant, isolée des autres, elle faisait peine à voir. Pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas décidé de vivre avec les autres ? En étant aussi éloignée, c’était normal alors que Léa n’avait pas beaucoup de personnes qui venaient la voir.
Enfin, elle en avait toujours quelques-unes comme cette vieille femme qui s’inquiétait drôlement pour elle alors que ce n’était pas du tout son rôle. Enfin bon, maintenant, ce n’était plus son problème. Peut-être qu’elle allait devoir dormir dehors ? A la belle étoile ? Ça ne pouvait pas lui faire du mal, loin de là, elle en était sûre.

« Mais à quoi est-ce que je pense ? » chuchota la personne encapuchonnée de brun.

Le changement allait être trop radical. Elle allait devoir juste s’y habituer. C’était aussi simple que ça … n’est-ce pas ? Aussi simple … Aussi simple. Une main posée sur son cœur, Neel quitta le village pour se diriger dans la forêt. Pourquoi aller dans la forêt et nullement dans une auberge ? Oh, la raison était facile à deviner.

« Il ne manquerait plus que madame Léa vienne me chercher à l’auberge. Je ne peux pas prendre ce risque. Je ne veux pas paraître ridicule. »

A qui est-ce qu’elle se parlait ? A elle-même tout simplement. Elle voulait se convaincre qu’elle faisait le bon choix. Elle n’avait eu aucun mal à quitter le village malgré la présence de la milice. Ce n’était pas la première fois qu’elle se déplaçait aussi discrètement. Désolé pour Tery mais il n’allait pas pouvoir la voir.

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