Chapitre 245 : L’expérience de la haine

« Venez-donc… Grand frère… Petite sœur… Je vais vous montrer que vous ne pouvez pas me battre… Vous manquez de sentiments… Vous manquez de ce qu’il faut pour le phazon… Ce dont le phazon a réellement besoin… »

Ce dont le phazon a réellement besoin ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Elle passa une main devant son œil droit, celui-ci laissant s’échapper peu à peu une flamme verte alors qu’Orié reculait légèrement. Puis soudainement, elle fit de même avec son autre œil :

« C’est… C’est la première fois qu’elle utilise le phazon… réellement ?! »

« Petite sœur… Je jure que tu ne souffriras pas trop… Grand frère… Il en est de même pour toi… Malgré le fait que tu possèdes les trois phazons. »

Hum… Beaucoup de blablas et après ? Il n’eut pas le temps de réagir qu’une fissure se fit apparaître sur son armure noire, le jeune homme reculant de quelques pas à son tour.

« Qu’est-ce… Qu’est-ce que tu viens de faire là ? Ce n’était pas une vitesse normale ! Si tu veux jouer à ça, Dorothéa… On va être deux ! » s’écria t-il avant de disparaître, se rapprochant à toute allure de la jeune femme aux cheveux noirs et verts. Celle-ci fit un petit sourire à Orion, claquant des doigts alors qu’un crâne gigantesque apparaissait devant elle, Orion le percutant de plein fouet. Il ne l’avait pas vu venir celui-là !
Elle… Elle n’allait pas rester là sans rien faire ! De toute façon… Sa mère était bien protégée non ? Huit pokémons, deux femmes… Oui… Elle n’avait pas à s’en faire. Son katana vint s’agrandir alors qu’elle se jetait dans la bataille, elle devait aider son grand frère avant qu’il ne soit trop tard ! Sa lame percuta la faux d’Oria, celle-ci ne semblant pas être désavantagée malgré le fait qu’elle était seule.

« J’ai décidé d’insuffler tout le phazon … dans mon corps… Puisque je suis une arme… Comme ce que Personia voulait… de nous… Autant que je l’utilise et que je la retourne contre ma créatrice ! N’oubliez jamais ça ! Un jour, tous ceux qui vous ont forcé à devenir ce que vous étiez… Un jour… Tous ceux qui ont été considérés comme des objets… par leur créateur… se rebelleront… Ce jour est arrivé pour moi… C’est le jour où Personia disparaîtra ! » s’écria Oria avec un grand sourire aux lèvres, un second crâne gigantesque apparaissant pour s’occuper d’Orié alors qu’elle-même se dirigeait vers Personia.
Néanmoins, elle fut obligée de faire un saut sur le côté, évitant un missile qui arrivait droit vers elle… Puis ce fut au tour de plusieurs flammes, des sphères d’énergie, des lianes, des puissants jets d’eau… Il y avait de tout ?! Elle arriva à parer les attaquer mais fut projetée en arrière, arrêtant de sourire maintenant.

« Ah… Je vois… C’est vrai… Vous voulez toujours protéger ce monstre… Cette personne sans cœur… C’est pour ça que je n’aime pas les créatures douées de conscience… Car leurs consciences ne fait que leur donner de mauvaises idées… Tsss… Cela m’exaspère… Vraiment… Je vais vous apprendre à faire ça… A vous mettre en travers de mon chemin… mais auparavant… » murmura t-elle en poussant un petit gémissement, du sang s’écoulant très légèrement de ses lèvres alors qu’elle se redressait rapidement. Ses deux crânes venaient encore d’exploser en morceaux ? Celui détruit par Orion semblait quand même dans un plus triste état. Ah… Son frère était vraiment très fort… en y réfléchissant bien. Mais ce n’était pas assez… Pas du tout. Elle s’était faite projetée une fois…

« Oria… Tu ne peux plus bouger… Rends-toi. »

La jeune femme aux cheveux tressés et noir vint poser la lame de son katana à la hauteur d’Oria, celle-ci restant parfaitement immobile tandis qu’Orion lui-même avait son arme dirigée à la hauteur de son ventre.

« Vous voulez me tuer ? C’est ça ? C’est ça que vous désirez ? »

« Je ne veux pas en arriver là… Donc… Je vais te demander de te calmer… »

« Théodora… Petite sœur… Est-ce que tu crois que ça sera suffisant ? Vous ne pourrez pas m’en empêcher… Mais voyez ce que Personia a fait… Nous sommes tous frère et sœurs… Et nous voilà en train de nous battre… »

« La faute à qui ? Tu as une idée ? Tu as un indice ? J’aimerai bien le savoir… » murmura Orié alors que seule elle répondait à sa grande sœur, Orion restant imperturbable.

Un indice ? Ce n’était pas difficile… Non… Elle donna un violent coup de tête en arrière, percutant le crâne d’Orié avant de s’agenouiller. Elle voulut donner un coup de pied pour faucher les jambes d’Orion mais celui-ci avait déjà réagit à temps, l’évitant tandis qu’elle se redressait aussitôt. Elle vint le pousser en avant en plein saut, reprenant sa faux dans sa main tout en courant vers Personia.
Ah ? Elle voulait encore faire cette bêtise ? Ce n’était pas très malin au final… Déjà, tout les pokémons lançaient leurs attaques vers Oria mais celle-ci fit apparaître un crâne qui explosa en morceaux alors qu’elle continuait son chemin, s’approchant de plus en plus de Personia.

« Dommage… mais la même tactique ne marchera pas deux fois. Vous êtes vraiment trop prévisibles en fin de compte. »

« Si tu le dis… Mais je ne pense pas que tu t’attendais à ce missile ! »

Samus venait de lui répondre aussitôt, sa seule arme tant à son bras droit. Elle le pointant vers Oria, envoyant un missile en sa direction tout en sachant pertinemment que même si elle la touchait, elle ne risquerait pas d’être gravement blessée. Pourtant, un second crâne apparut mais elle ne fut pas plus étonnée que ça… Le souffle de l’explosion aurait raison de son avancée ! Le crâne explosa violemment en morceaux, de la fumée se faisant voir alors qu’une ombre apparaissait dans le ciel.

« Je croyais avoir signalé que ça ne marcherait pas avec moi. »

« ATTENTION ! ELLE A SAUTE AVANT L’EXPLOSION ! » hurla Cynthia en la désignant dans les airs tandis qu’Oria reprenait :

« TROP TARD ! C’EN EST FINI PERSONIA ! »

Des morceaux d’armure furent projetés un peu partout, le jeune homme aux cheveux blancs ayant laissé tomber sa double épée pour venir croiser ses bras et parer le coup. Un flot de sang s’écoula de ses deux bras alors qu’il murmurait :

« Tu ne toucheras pas à notre mère… Oria… Je croyais avoir été clair à ce sujet… »

« … … … Cela a été plus efficace que prévu… Mais… Mais… Je ne voulais pas en arriver là ! » dit-elle avec anxiété en reculant. Samus poussa un cri, remarquant maintenant que la pointe de la faux… s’était ancrée dans le sommet du casque du jeune homme ?! Le casque qui se fissurait peu à peu avant de tomber en deux morceaux. Du sang qui s’écoulait le long du front d’Orion tandis que celui-ci reprenait :

« Ca suffit… Oria… Ca suffit… Je suis las de ce que tu fais… S’il faut te faire t’évanouir pour que tu puisses te calmer… Alors je le ferais… »

« Et moi… Je te demande d’arrêter ça… Théodore… Ce n’est pas toi que je veux tuer mais Personia ! PERSONIA ! Tu comprends ?! »

Personia qui n’avait plus rien dit depuis le début du combat… Peut-être même depuis le retour d’Oria. Elle n’arrivait pas à prendre la parole… A lui dire quelques mots… C’était impossible… Des mots qui ne voulaient pas sortir.

« Tu es complètement transparente… Personia… Et c’est pour ça que tu dois disparaître ! » répondit Oria en faisant un geste de la faux derrière elle, parant la lame du katana d’Orié avec une certaine facilité tout en reprenant : « Non… Le problème… n’est pas votre expérience de combat… C’est simplement l’émotion… Vous ne mettez pas assez de cette émotion dans votre phazon… dans votre corps… Pour se faire obéir du phazon… Pour l’utiliser pleinement… Mais vous échouez à tout ça… »

Elle disait cela alors qu’elle frappait avec violence dans le sol, créant plusieurs fissures dans celui-ci comme pour espérer emporter Personia bien que la Drattak la prenait déjà sur elle au cas où. Oria ne semblait même pas se soucier du reste… Elle voulait simplement sa tête !

« Laissez-moi tranquilles… Grand frère… Petite sœur… Je fais ça pour vous deux. »

« Si tu veux vraiment faire quelque chose, viens avec nous ! Comme Orié, j’accepterai ta présence ! Ce n’est pas un problème ! »

« Non… Le problème n’est pas là… Le problème est Personia… C’est elle le problème… C’est elle la plaie de ce monde… De cet univers… C’est à cause d’elle que je souffre autant… à chaque fois… Car c’est elle qui m’a insufflé le phazon dans ce corps… »

« Mais moi aussi ! Et pourtant, est-ce que j’ai l’air d’aller mal ?! » demanda t-il avant de se réfléchir à la stupidité de sa question. Pour la première fois, Oria fit un saut en arrière, reculant à plusieurs mètres, faisant un petit sourire à Orion… Un peu emprunt de pitié ce sourire quand on le regardait. Elle murmura avec une extrême douceur :

« Ecoute… ce que tu dis… Théodore… Ecoute l’absurdité de tes paroles ! Essaie de les comprendre ! Tu ne veux pas comprendre ! Ni toi, ni Orié ! Vous ne comprenez pas ! Elle… Elle vous a injecté du phazon… Elle ne vous a jamais aimés… et ne vous aimera jamais… Les draniens ne sont pas capables d’aimer… Ils ne peuvent pas aimer… Il suffit de voir leur planète détruite et ravagée par le phazon ! Ils ne pensaient qu’à ça… Qu’à la science… C’est ce qui les importe peu… Derrière des paroles mielleuses… Personia n’était pas différente… Elle voulait simplement vous utiliser comme cobaye… depuis le début… C’est ça que vous voulez ? Vous aimer votre scientifique ? Celui qui vous a malmené l’existence pendant toutes ces années ? Vous ne voulez pas voir à quel point elle se moque de vous depuis le début ? »

« Maman… Dis quelque chose… » murmura Orié alors qu’elle-même et Orion se positionnaient devant Samus, Cynthia, la dranienne et les pokémons.

« Je… Je… Je ne sais pas quoi dire… Théodora… Je ne sais pas… »

« TU VEUX LUI LAISSER DIRE CA ?! TU VEUX ACCEPTER CA ?! SI TU NE DIS RIEN, C’EST QUE TOUT CE QU’ELLE DIT EST LA PURE VERITE ! »

La jeune femme aux cheveux noirs et aux yeux vairons s’était tournée vers la dranienne, attendant une réponse de sa part. Elle avait son visage recouvert de nombreuses veines de couleur rouge et bleue, Orion étant étonné. C’était la première fois qu’il voyait sa petite sœur dans cet état… Il n’avait pas l’habitude de voir le phazon ainsi ancré dans son corps.

« Je… Théodora… Je… Sincèrement… Comment te dire ça… »

« … … … … C’était donc vrai ? C’est ça ? Tu n’en as rien à foutre ? De ce que notre grand frère a subit pendant des années ? Tu nous mentais en disant à quel point tu t’en voulais ? Et les fois où tu parlais de lui en pleurant ?! Je croyais que tu t’en voulais toujours d’être partie comme une voleuse ! De l’avoir abandonné ! Mais en fait, tu n’en avais jamais rien à faire ! Tu ne t’intéresses même pas à nos sentiments, c’est ça ?! »

« … Théodora… Calme-toi… C’est bon. »

Ce fut le jeune homme qui venait de prendre la parole, ayant fait disparaître son armure. Il était toujours en train de saigner au front bien qu’il ne trouvait pas cela important. Oria avait un grand sourire aux lèvres : Orié était en train de comprendre… Il ne manquait plus qu’Orion… et ça serait parfait… Ils formeraient enfin une vraie famille.

… … … … … … Bien qu’elle était largement plus grande que lui… Le regard que lui lançait le jeune homme la rendait si faible… Si petite… Elle n’osait même pas le regarder en face… Elle… Elle était vraiment pathétique… Oui…
Samus et Cynthia ne disaient rien du tout… Ce n’était pas de leurs ressorts… Elles n’étaient pas concernées par cette histoire de famille… Oui… Pas du tout… Mais la jeune femme aux cheveux blonds et au bras droit avec son canon restait sur ses gardes. Elle ne voulait pas qu’Orion fasse une bêtise… Malgré ce qui se passait… Elle était sûre d’une chose : Personia aimait ses trois enfants… Autant que possible…

« … … … … … … … … … … Je ne te pardonnerai jamais ce que tu m’as fait, maman… Je te l’ai pourtant déjà dit… Les vies ne sont pas des jouets avec lesquels on peut s’amuser… Je ne peux pas te pardonner… ça … Je ne peux pas oublier à quel point j’ai souffert d’être seul… D’être délaissé… D’apprendre que tu étais toujours vivante… en m’ayant abandonné… Je ne peux pas… C’est trop fort… J’en suis désolé… »

Il approchait ses deux mains de Personia, des filets verts sortant de chaque doigt alors que Samus se préparait déjà à réagir, s’écriant tout de suite :

« Qu’est-ce que tu comptes faire, Orion ?! Arrête ça ! C’est complètement stupide ! Personia t’aime ! Elle vous aime tous ! Tu ne vas quand même… »

« Accepte ceci… Tu m’as donné ton sang… Je vais te donner le mien… Ce phazon que tu nous as distribué… Est-ce que tu as peur… de le recevoir, maman ? »

« … … … … … »

Elle ne lui répondit pas, fermant les yeux alors que le jeune homme plantait son index droit dans le torse de la dranienne. Celle-ci fut prise de soubresauts et de nombreux hoquets alors que tous et toutes regardaient ce qui se passait, éberlués. Quelques secondes plus tard, les yeux de la dranienne devinrent légèrement verts alors qu’il faisait un petit sourire :

« Voilà… Maman… Je t’aime… Merci d’avoir accepté… »

Elle ne répondit pas… Elle ne répondait toujours pas… Mais elle lui faisait un petit sourire… Un sourire derrière lequel se cachait tellement de choses. Elle ne savait pas quoi dire… Elle ne savait pas quoi faire… C’était inexplicable en fin de compte. Il se retourna vers Oria, continuant de sourire bien que ses deux yeux étaient complètement blancs comme à son habitude. Il murmura à nouveau :
« Et maintenant ? Qu’est-ce que tu vas faire ? Elle est comme nous… Est-ce que tu me détestes, Dorothéa ? J’ai insufflé du phazon dans ma mère… Dans la mère de Théodora… Dans ta mère… Elle est maintenant l’une des nôtres… Il est fort possible que contrairement à nous, elle ne puisse pas contrôler le phazon… Mais tu devrais être contente non ? »
« Contente… Contente de quoi ? Tu crois qu’un ersatz de phazienne peut remplacer Personia ?! Que maintenant qu’elle a du phazon, elle est comme nous ?! NON ! NE TE MOQUE PAS DE MOI GRAND FRERE ! »
« … … Dorothéa … … C’est bon. Théodore a parfaitement raison. Je n’ai jamais demandé réellement à être pardonnée … Car je sais que ce genre de choses ne s’efface pas et reste gravé dans la mémoire des personnes. Je ne peux pas revenir en arrière et je ne changerai pas le passé car … Ce que j’ai fait doit rester ainsi. Je ne peux pas t’expliquer clairement pourquoi j’ai décidé d’insuffler du phazon dans vos corps. Peut-être est-ce que je pensais qu’après l’échec sentimental envers Théodore, je pouvais réussir avec vous deux ? Mais en acceptant mes sentiments ? Tu ne m’as jamais pardonné d’avoir risqué ta vie … Et tu ne me pardonneras jamais mes paroles … De toute façon … Ca ne changera rien du tout à ce que je pense de toi … Tu restes la jeune fille qui a toujours voulu être la plus forte pour sa petite sœur … La seule chose qu’elle voulait protéger dans tout l’univers et rien que pour cette pensée … Moi-même, je continue de vous aimer. »
… … … … … Comment est-ce qu’elle osait remettre ça sur la table ?! Comment est-ce qu’elle osait dévoiler sa pensée première ?! Cette pensée qui … qui… Et comment elle osait lui sourire comme ça ?! Un sourire tendre et affectueux comme pour dire qu’elle l’aimait quand même ! ELLE SE FOUTAIT D’ELLE ! ELLE SE MOQUAIT COMPLETEMENT D’ELLE !