Chapitre 251 : Grand frère

ShiroiRyu
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Chapitre 251 : Grand frère

« Grande sœur… Je n’aime pas cet endroit… Pourquoi est-ce que l’on doit se rendre ici ? »

« Je te l’ai déjà petite sœur… Sans ça, nous ne pourrons pas avoir de nourriture aujourd’hui. »

Deux filles âgées d’onze et dix ans se tenaient la main, main crasseuse. Un peu comme le reste de leurs corps quand on les regardait attentivement. Oui… Les deux fillettes étaient sales et crasseuses… Cela devait faire plusieurs jours voir semaines qu’elles n’avaient pas pris de bain. Des haillons sur le corps, elles vagabondaient à travers les ruelles marchandes. Cette planète n’était pas forcément très pauvre… Un peu comme ce quartier mais ce n’était pas pour ça que c’était le top du top.

« Encore en train de préparer un mauvais coup, toutes les deux, n’est-ce pas ? Ne vous approchez pas un seul instant de mon stand sinon je risquerais d’être encore plus méchant que d’habitude. On ne veut pas de vous ! »

« Hum ? Le message est bien passé. Petite sœur, allons-y, visiblement, nous ne sommes pas acceptées en ce lieu, je ne vois pas pourquoi nous resterions. »

« D’accord grande sœur. Allons-t y alors. » répondit la petite fille aux cheveux noirs en deux tresses tout en tenant la main de sa grande sœur. Celle-ci avait la même coloration de cheveux bien qu’ils étaient libres. Elles s’éloignèrent sans un mot, mettant le plus de distance avant de s’enfoncer dans une ruelle sombre et sordide.

La plus grande des deux filles sortit une pomme de ses haillons, la tendant à sa petite sœur. Celle-ci l’observa quelques instants avant de croquer dedans avec appétit. La fille aux yeux verts observait les alentours alors que sa petite sœur lui tendait la pomme à moitié croquée :

« Pour toi, grande sœur. »

« Je n’ai pas faim, tu peux la manger complètement. » murmura la fille aux longs cheveux noirs tout en se tenant le ventre pour qu’il évite de grogner. Elle ne devait pas penser à avoir faim et elle n’aurait pas faim. La jeune fille aux yeux bleus regarda sa grande sœur avec inquiétude, continuant de mordre dans la pomme avant de dire d’une voix calme :

« Grande sœur… Reste ici… Je vais faire quelque chose ! »

« Où est-ce que tu vas ? Non ! Attends un peu ! Ils vont se poser des questions ! »

Trop tard ! Elle était déjà partie alors qu’elle-même restait dans la ruelle. Zut de zut ! Elle ne pouvait pas laisser faire ça ! C’était beaucoup trop dangereux ! Dès l’instant où l’homme allait remarquer qu’elle avait volé cette pomme, elles allaient devoir se cacher et se faire oublier pour quelques jours. Aller dans une autre ruelle pourrie et puis c’était ainsi.

« REVIENS PAR ICI PETITE PESTE ! »

HEIN ?! Elle tourna son visage vers la rue marchande pour voir sa petite sœur qui se faisait poursuivre par l’homme qui gérait son stand de pommes ?! Elle avait plusieurs d’entre elles entre ses mains, courant à toute allure pour échapper à l’homme bien que la distance se réduisait inexorablement entre eux deux.

Elle devait aller aider sa petite sœur ! Elle sortit de la ruelle, arrivant à la hauteur de la jeune fille aux deux tresses noires avant de bousculer l’homme de tout son corps. Il tomba en arrière bien qu’elle gémissait de douleur, cela avait été bien plus difficile que prévu surtout qu’elle était morte de faim. L’homme se releva alors qu’elles se remettaient à courir pour lui échapper, bousculant diverses personnes sur leur passage.

« Mais pourquoi est-ce que tu as fait ça, espèce d’idiote ?! Là, c’est sûr qu’on ne pourra plus se rendre là-bas ! C’est terminé pour aujourd’hui ! Pfff ! On doit courir maintenant ! »

« Mais… Mais… Grande sœur avait faim… Je voulais qu’elle n’ait plus faim… »

Rahhhh ! Devant le regard triste de la jeune fille aux tresses noires, elle ne pouvait pas lui en vouloir ! Et puis, cela partait d’une bonne intention ! Dommage que cette intention signait leur arrêt de mort si elles se faisaient attraper ! Là, c’était fini… Vraiment fini… Déjà qu’à la base, elles avaient été abandonnées à l’âge de cinq et quatre ans… par leurs parents sur cette planète complètement pourrie ! C’était l’une de ces planètes bidonville, là où la pire racaille et les mendiants de toutes espèces venaient s’installer… Il ne fallait rien attendre de cet endroit. Non… Il y avait même quelques pirates de l’espace qui venaient faire leur achat en ces lieux…

« Grande sœur… C’est… C’est… On court vers là… »

« On n’a pas le choix, petite sœur ! Si on ne fait pas ça, c’en est fini de nous deux ! »

« HAHAHA ! Je viens d’en attraper une ! » s’écria l’homme tout en soulevant par le col la plus petite des deux sœurs. L’autre se tourna en continuant de courir, percutant quelque chose de métallique qui la fit tomber en arrière.

« Saleté d’humains… Même quand c’est petit, ça me cause que des emmerdes. »

Un unique tir… Cela n’avait même pas attendu… L’homme qui occupait le stand de pommes venait de se prendre un tir de pistolet laser en plein dans le front, le faisant s’écrouler en arrière et lâcher la plus petite des sœurs. Celle-ci courut vers l’aînée, se cachant dans ses bras alors que la fille aux longs cheveux noirs s’était relevée. En face d’elles… se trouvaient un pirate de l’espace dans son armure noire ? Prise de tremblements, l’aînée murmura :

« Mer… Merci… Nous… Nous étions poursuivies… et… »

« Des remerciements ? Tu crois que j’ai besoin de remerciements de la part de faibles créatures comme vous ?! Vous n’avez même pas à me remercier ! Vous m’avez dérangé pendant mes achats et je ne vais pas hésiter un seul instant à vous tuer ! Dommage que vous ne puissiez pas apprendre de vos erreurs car c’est la dernière que vous ferez de votre vie ! »

Tout de suite, elle se positionna devant sa petite sœur, faisant barrage de son corps pour la protéger alors qu’elle fermait les yeux. Elles… Elles n’avaient pas mérité ça ! Elles ne l’avaient pas mérité ! Pourquoi est-ce qu’elles devaient mourir ainsi ?! Elles… Elles… Elles… seraient au moins ensembles… jusqu’à la fin.

« OUPLA BOUM ! » s’écria une voix alors qu’un craquement sonore se fit entendre, les deux filles ouvrant leurs yeux pour apercevoir un jeune garçon aux cheveux blancs qui avait frappé en pleine face le pirate. Le jeune garçon avait deux sortes de gantelets aux poings, des livres vertes brillant sur ces derniers.

« Voilà une bonne chose de faite ! Vous allez bien mesdemoiselles ? »

« ORION ! ORION ! Reviens par ici ! PFFFFF ! Je t’ai pourtant déjà dit de ne pas faire le héros inutilement ! » s’écria une voix féminine, Personia courant entre les personnes pour arriver à la hauteur du jeune garçon.

« Maman… C’est bon ! C’était un pirate de l’espace ! Il a de quoi dormir pour quelques heures après ce coup ! »

« Je t’ai déjà dit de ne pas utiliser le phazon à tord et à travers ! Surtout le phazon vert ! »

La dranienne venait prendre la main d’Orion, l’éloignant de cette scène alors que personne n’osait prendre la parole après ce qui s’était passé. Il venait de mettre à terre… un pirate ? Le jeune garçon s’arrêta néanmoins, posant son regard sur les deux filles qui ne s’étaient toujours pas relevées, trop apeurées et étonnées pour dire quelque chose.

« Maman… On peut les prendre avec nous ? Surtout qu’à la base, nous étions là pour tes recherches ! » dit-il en retirant sa main, courant vers les deux filles. Il tendit ses deux mains vers elles, faisant un grand sourire en reprenant : « Venez avec nous ! Vous allez prendre un bain car ce n’est vraiment pas du luxe ! »

Elles le regardèrent avec étonnement, la plus grande des deux filles serrant le poing droit. Pour… Pour qui est-ce qu’il les prenait ?! Elle s’apprêtait à lui répondre mais sa petite sœur prit sa main, tendant l’autre en direction de sa grande sœur pour lui dire de faire de même. Personia était revenue vers Orion, poussant un profond soupir avant de dire :

« A part moi-même et Garmi, tu ne t’es jamais attaché à quelqu’un et là, ça te prend comme ça ? Tout d’un coup ? Hum… Attends un peu… Ma foi… Il est vrai qu’elles sont plutôt jolies, Orion. Visiblement, même si ça ne te prend que comme ça… Tu sais très bien choisir. Comment est-ce que vous vous appelez mes petites ? »

« … … … … … Cela ne vous concerne pas… … … … … Nous n’avons plus de nom. »

« C’est ma grande sœur ! Et moi je suis sa petite sœur ! » répondit avec amusement la plus petites des deux filles tandis qu’elle gardait sa main dans celle d’Orion. Celui-ci fit un grand sourire tout en se tournant vers sa mère :

« Maman… Je ne sais pas pourquoi… Mais je veux absolument qu’elles viennent avec nous. Je le veux vraiment… tout au fond de moi… Je sens que ça brûle… Il faut que ça s’éteigne. »

Hein ? C’était la première fois qu’elle le voyait se comporter ainsi. Absolument ? Elle observa une nouvelle fois les deux filles. Hum… Elle ne savait pas pourquoi… mais elle avait le même sentiment que le jour où elle avait trouvé Orion… Ah… C’était peut-être ça… Oui… C’était peut-être un autre signe d’Arceus ? Cela devenait plus qu’intéressant.

« Ne dérange pas les deux filles pendant que je vais prendre quelques papiers. »

Cela avait prit plusieurs jours pour retourner sur Daiban et les deux filles n’avaient pas hésité à signaler que cela ne les dérangeaient pas d’attendre qu’ils soient rentrés pour prendre une douche. Ah… Elles étaient très aimables, mais très timides aussi. Elles mangeaient même très peu… Un peu trop peu à son goût. Personia était partie alors qu’il entendait le bruit de la douche.


Ah… Elle le laissait seul avec deux filles de son âge ? C’était quand même imprudent non ? Surtout quand on y réfléchissait bien… Elle avait décidé de leur donner un nom… Théodora et Dorothéa… Enfin non… C’était lui qui avait dit que ça sonnait très bien ! Ces noms allaient être ceux qu’elles allaient porter dorénavant…

« C’est bon… Nous avons terminé… de prendre notre douche. »

« Ben c’est une bonne ch… » dit-il avant de s’arrêter, les deux filles étant complètement nues devant lui… Elles s’approchèrent avec lenteur tandis que lui-même reculait sur le lit, reprenant aussitôt : « Vous devriez… vous mettre quelque chose… Vous allez avoir froid… Surtout que vous n’êtes même pas sèches… »

« Nous n’avons pas l’habitude de nous sécher… La seule eau qui s’écoulait sur nos corps était celle de la pluie… Nous… Nous… »

« C’est bon, je préfère ne rien savoir, Oria. » dit-il avant de se relever, allant prendre rapidement des peignoirs pour qu’elles puissent cacher leurs nudités. Il se tourna vers Théodora, murmurant à nouveau : « Et couvres-toi bien Orié. »

« Merci… beaucoup… » commença la plus petite en rougissant légèrement. Elle voulait terminer sa phrase, regardant Oria puis Orion avant de baisser la tête. Elle semblait avoir du mal à dire la fin mais finalement, les dernières paroles sortirent : « Grand frère ! »

Il éclata subitement de rire, tapotant le crâne d’Orié avec affection avant que la jeune fille ne vienne lui sauter dans les bras. Il la réceptionna affectueusement, Oria restant en retrait. Avec lenteur, elle souffla d’une voix distante :

« Je ne veux pas croire que vous n’avez aucune idée en tête… Nombreux sont ceux qui ont essayé de torturer ma sœur ou moi-même… J’ai toujours réussi à leur échapper… Et à protéger ma sœur… J’ai accepté simplement de vous suivre car vous nous avez permis de quitter cette planète. Maintenant que nous sommes… sur Daiban, une nouvelle vie s’offre à nous et je ne veux pas la gâcher avec vos idées lugubres. »

« Ou alors, vous pouvez rester ici et vivre avec moi et ma mère ? Ca te parait une mauvaise idée, O-ri-a. » dit-il alors qu’elle tressaillait.

… … … … … Elle savait parfaitement qu’il venait de toucher un point sensible. Outre le fait que Personia leur avait donné un nom, celui d’Oria qu’elle portait et Orié pour sa petite sœur… était assez spécial… Il avait le ton du secret… de l’intimité… Et cela… Elles n’en avaient jamais eu après toutes ces années… Alors quand le jeune garçon parlait ainsi… Et bien… Elle reconnaissait sa défaite. Elle baissa la tête, s’approchant de lui :

« Pendant des années… J’ai protégé ma sœur de toutes ces choses affreuses… Et je compte faire que cela dure… Est-ce que tu penses sincèrement être capable de la protéger ? »

« De vous protéger plutôt, n’est-ce pas ? »

« Ne joue pas sur les mots… Je veux une réponse claire et concise… »

« J’en suis sûr et certain… Est-ce que cela te satisfait comme réponse ? »

« Plus que tout… Oui… Je pense que nous serons enfin en sécurité… »

Elle vint se jeter à son cou à son tour, le jeune garçon se retrouvant avec les deux filles contre lui. Il tenta de se débattre mais s’arrêta aussitôt, voyant au bout de cinq minutes qu’elles s’étaient déjà endormies. Et bien… Elles avaient dû en vivre des épreuves pour qu’elles soient aussi exténuées. Il avait même l’impression que c’était la première fois… qu’elles se libéraient de tout… Ah… Surtout Oria… Il l’embrassa dans les cheveux, murmurant avant de fermer les yeux à son tour :

« Bonne nuit… Dormez bien les filles. »

Lorsque Personia revint, elle remarqua que les trois enfants étaient endormis au beau milieu du lit, Orion entre les deux filles. Les deux filles tenaient chacune une main du garçon entre leurs deux main alors qu’ils étaient tous les trois collés les uns par rapport aux autres. Et bien… Les papiers d’adoption pouvaient bien attendre le lendemain.

« Bon… Visiblement… Vous dites la vérité… Et après plus de dix jours, vous êtes libre de pouvoir retourner sur Terra. Un vaisseau va venir vous chercher. »

« Je ne peux pas partir en les laissant dans cet état ! Il en est hors de question ! »

« Mademoiselle Cynthia, vous avez déjà crée assez de problèmes… Vous pensez que vous n’en avez pas déjà assez fait ? »

« Mais… Je ne sais même pas comment ils vont… Et… Et… Je n’ai pas le choix… n’est-ce pas ? » souffla t-elle alors qu’un lieutenant de la fédération hochait la tête d’un air positif.

« Soit… Alors… Je vais retourner sur Terra… Mais j’aimerais des informations sur l’avancement… de leur état de santé… Il me préoccupe toujours autant. »

« Nous vous donnerons de plus amples informations dès que nous en aurons. »

« Ah… Et au passage… Il me faut du papier… pour leur transmettre un message… Au sujet de Personia… Ce sont ses dernières volontés… Et ils doivent savoir à son sujet. »

Hum ? Comme elle le désirait. Elle allait avoir du papier pour qu’elle puisse écrire. Néanmoins, elle savait que cette lettre serait lue par les gens de la fédération galactique avant que cela soit par Orion… s’ils se réveillaient un jour. Cela faisait déjà bientôt deux semaines… et il n’y avait rien eu de nouveau… Cela devenait vraiment très préoccupant… Mais elle n’avait plus sa place à Daiban… Seule cette lettre sera la preuve de son passage.

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