Chapitre 402 : Sérénité

ShiroiRyu
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Chapitre 402 : Sérénité

« Elle n’a pas dit un mot depuis que le vaisseau a décollé. » murmura un soldat discrètement alors qu’ils étaient tous dans une pièce immense. La jeune femme aux cheveux blonds était tout au fond, isolée des autres. Elle avait retiré son casque, sa tête soutenue par son coude alors qu’elle observait l’espace à travers le hublot. Même l’explosion de la Meta-Zebes ne l’avait pas faite bouger de cet emplacement.

Enfin … Le soldat avait un peu menti … Elle avait parlé lorsqu’ils étaient tous remontés. Elle avait simplement signalé à Orion d’utiliser un peu de son phazon blanc en posant sa main sur le front d’Héméra. S’ils conjuguaient leurs phazons, ils seraient capables de lutter contre le virus. Et elle avait entièrement raison … Tout avait été résolu aussi facilement ? Héméra avait été déposée dans un lit d’infirmerie, ayant besoin de se reposer alors que les blessés les plus graves, que ça soit pokémons ou humains se trouvaient dans des cuves, parfois à plusieurs à l’intérieur. Malgré le fait qu’ils avaient les bras cassés, Oria et Slifor avaient préféré attendre. Orié, ce n’était que de la fatigue. Lui ? Il était aussi assez isolé, jetant quelques regards discrets en direction de Samus. Il ne savait pas du tout comment lui adresser la parole. Il avait l’impression que tout était si différent …

« Orion ? Tu ne devrais pas aller lui parler ? » demanda Slifor en s’approchant de lui.

« Pourquoi faire ? Je n’ai rien à lui dire … Je ne sais pas quoi lui dire plutôt … »

« Mais est-ce que … C’est vrai ce qu’Héméra nous a dit par message télépathique ? » demanda Oria à son tour.
Le jeune homme posa son regard saphir sur sa petite sœur, ne faisant aucun geste ou signe qui pourrait lui répondre. Il repositionna discrètement son visage vers Samus, ne proférant aucune parole bien que son silence était des plus éloquents.

« Nous sommes dé … » commença Orié avant qu’il ne lui coupe la parole :

« Ca ne sert à rien. Il vaut mieux que vous ne disiez rien. Ca ne changera rien du tout. Vous devriez allez vous faire soigner. Slifor … »

« Oui ? Qui y a-t-il, Orion ? Un problème ? » demanda l’ancien pirate de l’espace.

« Bravo pour ta mission. C’était une réussite parfaite. »

De l’ironie ? Il parlait ironiquement ? Le saurien humanoïde haussa un sourcil avant de comprendre que ce n’était pas du tout le cas. Non, il le félicitait sincèrement. C’était encore plus dur comme ça … Slifor murmura :

«Si cette mission était parfaite, elle ne se serait pas passé comme ça. Je vais voir si je peux aller me faire soigner les deux bras … Oria ? Vous voulez m’accompagner ? »

Il lui demandait cela alors qu’elle le regardait. Peut-être … Oui … Il valait mieux … C’était une bonne chose … que de laisser seul. Ou presque … Après quelques pas pour se diriger vers la salle de soins, ils furent néanmoins entourés par quelques soldats, tous félicitant Slifor pour sa mission. Il avait réellement tenu sa promesse et ça, ils n’allaient pas l’oublier.

Orié était toujours là, observant son grand frère qui tournait sa tête vers le hublot comme pour voir ce que Samus apercevait. Rien … Le vide cosmique … Ils allaient sûrement être complimentés pour la réussite de la mission et le coup dur porté aux pirates de l’espace. Même si ce n’était que pour quelques mois, la disparition de Mother Brain constituerait un bon moyen pour éradiquer le reste des pirates de l’espace avant qu’ils ne se regroupent à nouveau. Oui … C’était exactement ça qu’ils allaient dire … sans avoir que Mother Brain ne reviendrait plus. Les pirates de l’espace allaient se dissiper … Cela serait beaucoup plus simple pour les abattre et les faire disparaître de l’univers.

« Ca doit être une bonne chose … n’est-ce pas ? Je devrais être content … »

« De quoi est-ce que tu parles, grand frère ? Tu veux … que je te laisse ? »

« … … Ca ne changera rien de toute façon. Samus … C’est pire que tout. »

« Tu devrais aller la voir hein ? Elle a besoin de quelqu’un à ses côtés et puis … Tu es celui qui l’aime non ? Tu ne penses pas que c’est ton rôle ? »

« Et lui dire quoi ? Que j’ai complètement déréglé son ventre ? »

« Ce n’était pas de ta faute. Tu n’étais pas… »

« Arrête, Orié. C’est bon. Dire que ce n’est pas de ma faute pour me redonner le moral, ça ne marche pas comme ça. J’ai foutu du phazon blanc dans ma fille, elle a été tuée par Mother Brain et ça, que tu le veuilles ou non, c’est une vérité. »

« … … Je crois que je vais te laisser, grand frère. Je vais voir comment vont les autres. »

« Oui … Vas-y … Désolé de me montrer agressif. Je veux juste éviter … que l’on me pardonne … car il n’y a pas à pardonner. » souffla t-il.

« C’est simplement parce que l’on te pardonne que l’on est comme ça. Si nous n’étions pas capables de pardonner à autrui, nous ne serions même pas du niveau des animaux. »

… … Il ne lui répondit pas, ne faisant qu’observer la jeune femme aux cheveux noirs qui s’éloignait. Ce n’était pas de sa faute … Pas de la sienne.

C’était la sienne … Pourquoi est-ce qu’il n’arrivait pas à utiliser son phazon correctement ? Pourquoi est-ce qu’il avait fait ça ? C’était stupide … Vraiment stupide … Il reposait son regard sur Samus, sentant son cœur se serrer dans sa poitrine. Il n’avait jamais été aussi triste de son existence … Quand il la voyait, il avait l’impression que tous ses malheurs personnels ne valaient rien du tout.

« C’est à moi … de faire le premier pas. Je dois … aller lui parler. » s’était-il dit pour se redonner du courage, commençant à faire les premiers pas.

Quelques regards se détournaient, se posant sur lui. Un silence s’était installé mais il ne s’en souciait pas. Le bruit de ses pas résonnait dans l’entièreté de la pièce. Pourtant … Il n’entendait rien. Samus continuait d’observer l’espace à travers le hublot.

« Je peux m’asseoir, Samus ? » demanda t-il tout simplement alors qu’elle tapotait une fois le siège à côté d’elle, le jeune homme s’exécutant.
Et ? Et rien du tout … Il restait assis sans un mot, une main dans sa poche droite, serrant l’œil de verre rubis qu’il avait récupéré. Cet œil … Samus … Samus … Samus … Samus … Samus ! Il serra le poing gauche, décidant finalement de prendre la parole.

« Samus … Je … Au sujet du phazon blanc … »

« Ce n’était pas intentionnel. Tu pensais être sauvé de ce dernier même pour une nuit. »

« Ca ne change rien à ce que j’ai commis. Mais maintenant, il faut que l’on continue à parler. » répondit le jeune homme alors qu’elle arrêtait finalement d’étudier l’espace.

« Pourquoi faire, Orion ? Tu penses qu’il est nécessaire de parler ? »

« Samus … Je … Est-ce que tu veux bien retirer tes gantelets ? » demanda t-il alors qu’elle faisait ce qu’il lui demandait. Il posa ses deux mains sur les siennes, commençant croiser leurs doigts alors qu’elle restait parfaitement immobile et neutre.

« Pourquoi tu me demandes cela, Orion ? Tu as une raison, n’est-ce pas ? Alors dis-moi ce qui te passe par la tête, Orion. » murmura t-elle tandis qu’il serrait avec plus d’insistance les deux mains de la jeune femme pour la garder près de lui. Il ne voulait pas la lâcher … Il n’allait pas la lâcher maintenant qu’elle était là, avec lui.

« Samus … Je crois qu’au final, je ne pourrais jamais comprendre à quel point tu as souffert. Je pensais que nous étions pareils, que nous avions autant soufferts l’un que l’autre mais je m’étais trompé, complètement trompé. Ce que tu as vécu n’a rien à voir avec mon histoire. Mon existence est complètement ridicule par rapport à la tienne et je sais très bien que je ne pourrais jamais t’empêcher de te rappeler de ce qui s’est passé … »

« Où est-ce que tu veux en venir … Orion ? »

« Samus … Je … Hum … Ce qui s’est passé auparavant … Lorsque tu as dût combattre Mother Brain une seconde fois … Je ne pense pas que je pourrais subir un jour une telle chose … comme toi … Je ne pense pas … Je ne me fais pas d’illusions mais je ne veux pas te laisser seule. Je ne veux pas que tu redeviennes avant … Je ne veux pas que tu sois celle que j’ai connue au départ. Maintenant, c’est fini … Je resterai toujours auprès de toi. Je te le promets, Samus. Je resterai à jamais avec toi. Nos destins sont scellés. »

« … … … Qui es-tu pour certifier de telles paroles ? »

« Orion, de son vrai nom Théodore Astrum. Et accessoirement, je crois être ton mari. »

« … … Pourquoi est-ce que tu dis ça, Orion ? Pourquoi ? Au final, cela ne m’affecte même plus. Je ne veux pas y penser, je ne veux plus y penser … »

« … … … … … Samus, je suis ton mari. » répéta t-il. « C’est aussi mon devoir de partager tes peines … Paraitrait que c’est annoncé dans le discours de notre mariage. »

« Je n’ai pas envie de rire ! » s’écria t-elle soudainement bien qu’elle n’avait pas trop levé la voix, le jeune homme fronçant les sourcils :

« Et tu penses que je plaisantais ? Que je rigolais ? Samus ! Regarde-moi ! Regarde-moi droit dans les yeux ! » cria t-il à ton tour, leurs deux mains toujours pointes. Il se servit de ces dernières pour commencer à la pousser, la faisant se coucher à moitié sur les deux fauteuils côte à côte.

« Lâche-moi … s’il te plaît … Orion. »

« Je ne te lâcherai pas … Regarde-moi ! Je … Je suis ton mari ! Je ne plaisantais pas ! Je veux que tu penses … Non … Je veux que tu sois sûre … que je suis là … Que tu peux compter sur moi … D’accord ? Regarde-moi ! SAMUS ! »

Elle détourna le regard, n’osant observer celui de son mari alors que son armure disparaissait pour la laisser apparaître dans sa tenue moulante bleue. Tenue qui était déjà réparée au niveau du ventre. Son système était vraiment … plus que performant. Mais ce n’était pas le moment de penser à ça … Avec lenteur, il passa sa main sur son ventre, ne se préoccupant pas des regards posés sur eux.

« Ne me touche pas ici ! »

Elle repoussa la main avec une légère violence avant qu’il ne l’attrape. Il la força à rester avec la sienne sur le ventre de Samus, reprenant la parole :

« Ca ne changera rien … Ca ne changera rien du tout ! »

« Je le sais parfaitement, Orion ! Ca ne changera rien ! Qu’importe ce que je fais, Mother Brain reviendra aussitôt ! Pourquoi crois-tu que je ne suis pas aussi heureuse que ces soldats ?! Car je sais parfaitement que Mother Brain sera de retour dans quelques mois ! Car je sais que qu’importe ce que je fais, elle sera à chaque fois en face de moi ! Je suis une idiote ! UNE IDIOTE ! Je la portais dans mon ventre ! Il me suffisait simplement d’attendre simplement quelques mois ! De ne plus me préoccuper de Mother Brain ! De laisser les autres la combattre alors que je restais en retrait mais non … Il a fallut que je joue les héroïnes ! Il a fallut que je fasse tout le contraire de tout ce que je t’ai dit ! Que je me sente indispensable pour l’éliminer mais ça ne sert à rien … Ca ne sert à rien ! J’ai perdu mon enfant ! J’ai perdu notre enfant à cause de mon imbécilité ! Et tout ça pour quoi ? Pour rien ! Elle reviendra comme les autres fois ! Comme si la leçon de la dernière fois ne m’avait pas suffit, il a fallut que je me fasse sauvée par mon propre enfant ! Car c’est elle qui m’a sauvé ! C’est elle qui m’a permis de vivre ! C’est toi aussi ! C’est grâce à ton phazon et à elle que je suis en vie ! QUELLE MERE LAISSERAIT SES ENFANTS SE SACRIFIER POUR ELLE ?! »

Elle venait d’hurler de toutes ses forces, plus aucune voix ne traversant la salle. Elle criait, elle disait des choses qui devaient être plus que dur émotionnellement mais … Elle ne laissait aucune émotion la parcourir. C’était une femme … forte … Elle s’était relevée, lui faisant face comme pour bien lui montrer que rien ne venait de changer en fin de compte.

« Ca ne sert à rien … Ca ne sert à rien de s’imaginer une vie tranquille et paisible pour moi. Ca ne sert à rien … J’abandonne définitivement tout espoir à ce sujet mais je n’abandonnerai pas la lutter. Mother Brain … Je me dresserai toujours en travers de son chemin. Désolée … Orion. Je suis égoïste comme femme … Je le … »

La claque était arrivée avant la fin de sa phrase. Il ne lui avait pas laissé le temps de la terminer bien qu’il plaçait sa main droite dans sa poche.

« Ne parle pas d’égoïsme alors que tu ne l’as jamais été à mes yeux. Si j’ai bien compris, tant que Mother Brain sera présente, tu continueras de ne plus penser à toi, de ne plus rien vouloir ou espérer pour toi-même … Bref, que je me retrouve face à la femme que j’ai connu il y a bientôt deux ans voir plus ? »

Elle ne lui répondait pas, ne faisant qu’affirmer par le regard ses paroles. Avec lenteur, il sortit l’œil de verre rubis de sa poche, la présentant à Samus qui eut soudainement un frisson. Elle ne savait pas pourquoi mais cet œil … lui rappelait quelque chose.

« Mother Brain ne reviendra plus jamais … Samus … Cette fois-ci … Il n’y aura plus de sacrifices, plus de pertes … Tu peux vivre tranquillement … Tu peux vivre en te disant que tu ne risques plus rien de la part des pirates de l’espace … Ils ne sont plus un fléau. »

« Cet œil … Ce n’est pas celui de … »

« Ce n’est pas celui de l’un de ces cerveaux géants innombrables … Mais celui d’une sphère volante qui voulait quitter la base des pirates avant qu’elle n’explose. Visiblement, Mother Brain n’était tout simplement qu’une simple boule de métal à l’égo surdimensionné. »

Tremblant légèrement, la jeune femme aux cheveux blonds récupéra l’œil rubis, l’observant quelques instants. Elle n’avait jamais parlé … de ça à Orion … Il ne pouvait pas être au courant sauf si … Si … Mother Brain …

« C’était … l’unité centrale … de Mother Brain … » souffla t-elle.

« C’est exact … Visiblement, les dernières fois, tu n’as détruit que ses créations. Il est vrai que c’est toujours plus impressionnant un cerveau géant qu’une ridicule petite sphère mais … Voilà … C’est fini, Samus. »

« C’est … vraiment … fini ? » demanda t-elle avec lenteur, ses deux mains tremblant vivement, l’œil entre elles. L’œil qui glissa pour tomber au sol.

« Ce n’était pas à moi d’en terminer … mais les évènements ont fait que … Pour ce qu’elle t’a fait subir durant toutes ces années … Je lui ai donné le coup de grâce … Ou non. Il reste une chose qui te rappelle Mother Brain. »

« Je … Je … Orion … Je … Je … » bafouilla le jeune femme aux cheveux blonds, des larmes commençant à s’écouler le long de son visage avant qu’elle ne lève le pied droit.

Une faible lumière, celle de sa botte dorée, vint s’abattre sur l’œil de verre rubis, le brisant définitivement en mille morceaux. Elle se jetait à son cou, le serrant de toutes ses forces contre lui. Elle ne poussait aucun sanglot, continuant simplement de pleurer alors qu’il posait son regard vers le hublot. Il caressait les cheveux blonds de sa femme, des larmes sortant de ses yeux à son tour. C’était fini … pour les pirates … mais aussi pour leur famille.

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